Tw : lemon (léger)

L'amour. Jim détestait ce mot. Il faisait rêver tout le monde. Mais pour lui, il ne rimait à rien. Pourtant, sa pauvre mère a tout fait pour qu'il finisse par trouver une jeune femme qui arriverait à le supporter.
Il était vrai que Jim, ses sautes d'humeur et ses idées suicidaires étaient compliqués à vivre. Toutes les femmes qui l'ont rencontré autour d'une table – suppliées par la mère de ce dernier – n'ont pas tenu plus de cinq minutes. Il était si étrange. Mystérieux. Son regard sombre vous déshabillait et fouillait votre âme en un coup d'oeil. Il effrayait quiconque le regardait de travers, le bousculait malencontreusement dans la rue ou encore osait respirer à côté de lui.
Mais sa pauvre mère n'avait pas compris qu'il détestait ce sentiment. Il n'arrivait pas à le ressentir. Être menotté à quelqu'un qui vous prend votre liberté c'était bien le contraire de ce que voulait Jim. Il voulait être libre comme l'air, ne pas avoir à dépendre de quelqu'un et ne pas avoir quelqu'un qui dépend de lui. Il appréciait cette solitude.

Jusqu'à lui.

Un homme. Blond. Yeux bleus percents. Barbe rouquine.

Quand ses billes noires se sont posées sur le visage d'ange de cet homme, il a failli tomber à la renverse. Il était face à un Dieu-vivant buvant des shots avec quelques copains dans un bar miteux.
Ses joues ont commencé à chauffer, ses mains se sont mises à trembler en attrapant le verre de whisky qui venait de lui être servi, il a eu chaud, il a senti son estomac se nouer, sa gorge s'est serrée. Que lui arrivait-il ? Il n'avait jamais ressenti cela auparavant. Lorsque sa mère faisait défiler des vingtaines de femmes devant ses yeux, il ne s'était jamais senti aussi étrange.
Il savait bien garder son sang-froid d'ordinaire, mais là, c'était comme s'il perdait tous ses moyens, absorbé par l'aura angélique de l'homme au sourire charmeur.
Sa mâchoire s'est ouverte, mais s'est refermée immédiatement quand il a senti le regard du blond se poser sur lui. Il a vite tourné la tête pour noyer ses yeux dans son whisky mais l'homme s'est approché de la table où il était gentiment assis. Le grand blond a pris place en face de lui. Jim a timidement relevé les yeux de sa boisson pour les plonger dans ceux du fruit de ses pensées. Il ne faiblissait pas. N'essayait pas de fuir. Il lui fit même un sourire.

"Vous êtes seul ? Demanda-t-il soudainement, sa voix grave, malgré le brouhaha du bar, lui paraissait si audible, si proche, comme si elle n'avait été prononcée que pour lui, au creux de son oreille.
- O-oui, bredouilla Jim, hypnotisé par son charme inhumain.
- Vous voulez venir, je suis avec des collègues et je vous avoue que parler travail alors qu'on est samedi soir, c'est barbant, rit-il en désignant les hommes qui l'accompagnaient d'un geste discret.
- Nous pouvons nous en aller si vous préférez."

Il jeta un dernier coup d'oeil vers le comptoir puis se leva, synchronisé avec Jim qui n'arrivait pas à décrocher son regard du blond qui poussait la porter afin de le laisser passer.
L'air frais frappa Jim en plein visage.

"Suivez-moi, lança le Dieu-vivant en traversant la rue, son aura arrêtant les voitures."

Jim lui obéit et le suivait jusqu'à une belle voiture. Le blond sortit une clé et les deux hommes rentrèrent dans l'engin. Les sièges en cuir furent occupés pendant de longues minutes. Les fenêtres ouvertes, les pensées suicidaires envolées, Jim se sentait bien. Il ne connaissait pas son prénom mais cela l'importait peu. Il l'aurait suivi au bout du monde s'il lui avait demandé.
La voiture ralentit doucement jusqu'à la place de parking qui lui était réservée. Le moteur fut coupé et les deux hommes sortirent.

"Si jamais vous vous demandez, nous sommes chez moi." Indiqua le blond en poussant la porte brune foncée de son appartement. Jim aurait bien aimé se concentrer sur la décoration de la planque, mais ses yeux étaient toujours rivés sur le blond qui avait retiré sa veste, dévoilant une belle chemise bleue ciel qui modelait parfaitement ses muscles.

Les joues creusées de Jim reprirent leur teinte rose – qu'elles n'avaient pas vraiment abandonné. Ses yeux essayaient de le décrypter mais c'était impossible. Il n'arrivait pas à le cerner. Mais qu'importe ?

"Sebastian Moran, dit le blond, sa voix n'étant plus que le seul bruit de cet appartement.
- Jim Moriarty."

Puis il se rapprocha doucement du plus petit jusqu'à poser ses lèvres douces sur celles de Jim, qui n'ont jamais été effleurées.
Le cerveau de ce dernier se coupa momentanément, ne savant pas comment gérer ce qui venait de lui arriver, son coeur battait la chamade, et une bosse se forma dans son pantalon. Il avait peur. Il ne savait pas comment faire. Ni quoi faire. Mais il se lança tout de même et intensifia le baiser en passant ses bras autour du cou du plus grand, rapprochant leurs deux corps désireux l'un contre l'autre.
L'ambiance était chaude. Jim avait l'impression qu'il pouvait s'enflammer d'un instant à l'autre, une goutte d'essence et tout l'immeuble aurait pu prendre feu.

Leurs vêtements quittaient l'un après l'autre leurs corps bouillants, recréant le chemin qu'ils avaient pris pour aller jusqu'au canapé. Ce meuble allait devenir le témoin de doux baisers et de tendres caresses. Les murs étaient les spectateurs de leurs vas-et-viens rapides, et de leurs corps collés l'un à l'autre. Leurs oreilles se délectaient des gémissements qui s'échappaient de la bouche de Jim qui n'arrivait pas à masquer ce qu'il ressentait.
Ils atteignirent l'extase, le point de non-retour. Puis, essoufflés par ce moment de tendresse mêlé de brutalité, ils s'allongèrent sur le canapé, Jim blotti dans les bras musclés de Sebastian.

"Ce n'était pas qu'une fois, n'est-ce-pas ? On remettra ça ? Demanda le plus petit, contre l'oreille de l'autre qui sourit doucement.
- Je donnerai mon âme au Diable pour que tu restes à mes côtés."

Jim aurait aimé lui répondre qu'il était le Diable, mais le sommeil les avait déjà emporté.