32) Maléfique
Plus on avance dans les études, moins l'on a de temps pour soi. C'est ce que je suis entrain de remarquer. Et, logiquement, je lis bien moins sur Wttp.
Par contre je vais essayer de me tenir au rythme que j'avais avant les vacances qui était d'un OS par semaine posté le plus souvent le dimanche soir.
Ça ressemble un peu à ce que j'avais écrit sur Pâques, dans le sens où il faut deviner quelque chose.
C'est court, je préfère prévenir.
Ceci est une ''surprise'' pour une personne que j'affectionne tout particulièrement. Je ne suis pas très douée pour faire des déclarations donc je pense que lui dédier ce texte est une bonne idée. Et puis cela fait une éternité que je lui ai promis.
ladylarrie_ Je t'aime bébé
Bonne lecture.
Je pousse la grande et lourde porte métallique de cette usine désaffectée et débouche sur un curieux spectacle.
Une dizaine de personnes sont assises en cercle au milieu de l'endroit. J'ai la sensation d'interrompre une secte s'apprêtant à réciter des formules sataniques pour convoquer un démon.
Cela ne devait pas spécialement ressembler à ça. Je ne suis vraiment pas rassuré.
Je suis venu chercher du soutien dans cet endroit, pas sombrer davantage.
Celui qui semble être le chef, il est le plus vieux de toute la petite assemblée, s'adresse alors à moi :
- Bonjour monsieur, bienvenue dans notre groupe de parole. Venez-vous assoir avec nous.
Craintivement, je prends place entre deux personnes en me demandant dans quelle affaire je me suis fourré. Je m'assois en tailleur.
Plusieurs personnes parlent mais je n'en écoute aucune et préfère triturer mes lacets.
Au bout d'un certain temps, le gourou se tourne vers moi :
- Louis Tomlinson, c'est à vous. Nous vous écoutons.
Je lâche à regret mes chaussures pour me concentrer sur l'environnement qui m'entoure. Les regards sont curieux mais également remplis de bienveillance, ce qui ne m'empêche pas d'être angoissé. Je n'aime pas raconter mon histoire peu ordinaire, d'autant plus à des inconnus étranges.
Avant que je ne puisse ouvrir la bouche, mon voisin me serre l'épaule doucement en soufflant d'une voix rauque qui hérisse mes poils et fait tressauter mon cœur :
- Tu peux avoir confiance en nous. Personne ne te jugera. Nous comprenons ce que tu vis, on est tous dans le même cas.
J'hoche la tête, encore un peu chamboulé par le parfum subtil et viril qui a subitement envahi mes narines.
Encore heureux que je puisse parler librement ici, ça serait le comble.
Je me lance :
- Je me suis rendu compte de ma différence quand j'avais 10 ans. Au début j'étais persuadé que c'était normal, que je grandissais juste, que c'était un effet secondaire de la croissance. Et ensuite cela n'a cessé de croitre, indépendamment de ma volonté. Ça a pris une place importante dans ma vie, ça m'empêche de vivre normalement. J'en ai parlé à mes parents, ils m'ont pris pour un fou. C'est ma petite sœur qui m'a inscrit à ce groupe de parole. Le frère de sa meilleure amie, Gemma, a la même chose que moi et se rend régulièrement à vos réunions.
- C'est moi, souffle le gars à mes cotés.
Je lui offre un sourire et il rougit, absolument adorable.
Le chef interrompt notre petit échange pour me demander :
- Pourquoi voyez-vous votre différence comme quelque chose de mauvais ?
Je ris jaune.
- Tout simplement parce que ça me pourrit la vie. J'aurai adoré être comme tout le monde. Il m'arrive parfois de m'imaginer sans ce truc, la vie serait mille fois plus simple.
- N'avez-vous pas pensé à des manières de rendre cela vivable voire agréable pour vous ?
Les yeux écarquillés, je regarde la fille qui a osé proférer cette absurdité. Se moque-t-elle de moi ?
Je mets à chuchoter honteusement, au bord des larmes :
- Je suis dégoutant. Les seules personnes qui me supportent encore sont mes parents, et cela ne va pas durer éternellement. Il y a bien un moment où ils vont me mettre dehors.
Le délicieux gars à mes côtés intervient alors :
- Je t'interdis de dire ça. Tu as un véritable don. Sinon tu ne serais pas ici.
Le chef reprend :
- Harry a raison. Pouvez vous nous expliquer l'étendue de votre pouvoir ?
- Je peux lire dans les pensées des gens.
Un murmure parcoure l'assistance, je ne saurai dire si c'est de l'admiration ou du dégoût. Je n'ose pas relever les yeux de peur d'y lire un jugement négatif.
- Pouvez vous nous expliquer de quelle manière cela fonctionne ?
- Cela est assez simple. Je visualise l'esprit de chacun d'entre vous. C'est comme si vous étiez une bulle, et il me suffit de percer la membrane pour accéder à toutes vos pensées.
Cela me demande de fixer mon esprit sur la personne et de me concentrer quelques secondes. Par exemple, vous êtes entrain de penser à la nouvelle Audi que vous désirez acquérir.
Ils sont tous stupéfaits, et sourient d'éblouissement. C'est assez gratifiant.
- C'est vraiment incroyable Louis.
La réunion vient de finir. C'était intense. Je traine un peu des pieds en sortant. Je me sentais vraiment bien dans cet endroit, entouré de personnes aussi anormales que moi. C'est comme si je me trouvais au sein de ma véritable famille.
À rêvasser comme je l'ai fait en début de rencontre, je n'ai même pas entendu en quoi consistait la différence d'Harry.
Il est juste devant moi. Je me décide alors à entrer dans son esprit pour sonder ses pensées. Non pas pour l'espionner mais plutôt pour le percer à jour.
Je fronce les sourcils sous la concentration, il m'est impossible de rentrer dans son esprit.
Ça me frustre énormément. Personne ne m'a jamais résisté jusqu'à aujourd'hui.
Je trottine pour arriver à son niveau et lui demande :
- Hum c'est quoi ton truc à toi ?
- Je peux manger un ananas d'un coup.
Je le regarde, interloqué.
Il ajoute, fier de m'avoir eu :
- Tu m'as cru !
Ce mec est définitivement un drôle de numéro. Il poursuit, un poil plus sérieux :
- Regarde ma tête.
Et là, sous mes yeux incrédules, ses cheveux, initialement bruns, deviennent instantanément blonds avant de se teindre tout seul en rose bonbon.
Ça me fait glousser et cet idiot est fier de lui.
- Ce n'est pas aussi cool que lire dans les pensées des gens mais c'est plutôt rigolo.
Je suis totalement d'accord avec lui.
Toutes les semaines, je revois Harry et les autres.
J'apprends à accepter ma différence et que c'est une chance de posséder quelque chose d'aussi formidable.
Harry a même décidé de nous appeler les Power Rangers.
Quelques années plus tard, alors que j'essayais, encore une fois, de lire dans les pensées d'Harry, cet idiot m'a demandé en mariage. Il était si stressé que ses cheveux étaient blancs.
Pendant la cérémonie qui scellait notre union, je n'ai pu m'empêcher d'analyser chaque esprit présent dans l'assemblée. J'aurai pu me passer de ce que l'imagination plutôt lubrique de Gemma prévoyait pour notre nuit de noce, quoique cela m'a donné quelques idées.
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