Il est là. Je ne sais même pas pourquoi ça me surprend. Cela ne fait même pas 24h que l'on s'est « rencontré » mais il est toujours aussi rayonnant, si ce n'est plus. Et, de nouveau, il est resplendissant, au milieu de la foule, ilot central, immobile et hagard. Son regard passe de personnes en personnes, sans s'arrêter sur aucune. Ses yeux, avides, sont plissés et concentrés. Mes neurones se connectent et je comprends subitement : il cherche quelqu'un. Le froncement qui ne cesse de s'accentuer entre ses deux sourcils me prouvent qu'il commence à s'impatienter, à douter, à désespérer. Je maudis en mon for intérieur l'abruti qui ose faire attendre mon ange. Depuis le moment où mon regard s'est posé sur sa délicate personne, mon corps s'est immobilisé comme figé par sa présence.

Dans un brusque mouvement de tête, ses cristaux limpides et pures me transpercent et me mettent à nus. Il se dirige, guilleret et sautillant, dans ma direction. Un immense sourire, enfantin et sincère, prend place sur son visage. Son allure s'accélère à chaque pas. Et avant que je n'aie pu réaliser quoi que ce soit, ses deux minces bras m'encerclent sans une once d'hésitation. Dire que cette étreinte me retourne l'estomac serait un euphémisme tant mon corps entier est en ébullition et mon cerveau ne tarde pas à surchauffer. Il recule prestement de l'étau qu'il a lui-même formé, s'apercevant que je reste stoïque, ne lui rendant pas son accolade. Ma bouche s'assèche, je mets à paniquer, luttant contre moi-même pour sortir quelques sons cohérents. Je ne suis pas étonné de bredouiller des sons incompréhensibles. Comme toujours, mes pensées restent entravées dans mon gosier.

Le bel Adonis semble saisir mon malaise :

''Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise''

Il est gêné à présent, et je m'en veux de ne pas pouvoir le rassurer. Pour combler le vide, il lance, sur le ton de la rigolade :

''T'es muet ou quoi ?!''

Mes yeux larmoyants et mon regard peiné suffisent à lui répondre. C'est à son tour d'avoir l'air paniqué. Il amorce lamentablement quelques phrases pour tenter de rattraper sa maladresse. Et là, sans prévenir, cela me fait rire, de voir ce petit gars, magnifique et rayonnant, chercher ses mots en passant fébrilement ses doigts dans ses cheveux que j'imagine soyeux. Il ne se rend pas immédiatement compte de mon hilarité mais, lorsqu'il s'en aperçoit, il esquisse un timide, mais toujours rayonnant, sourire en coin qui me remue jusqu'au fond de l'estomac. Mes doigts, mus par leur propre volonté, viennent avec délicatesse redessiner le contour de ses fines lèvres. Quand je réalise la portée de mon geste, je m'empresse de retirer ma paume. Mais sa main m'attrape subitement le poignet en me suppliant de sa douce voix brisée:

''Continue... S'il te plaît''

Je rapproche donc ma paume de son délicat visage. C'est à cet instant que je remarque ses paupières closes, ses joues baignées de larmes et ses sourcils froncés. Mes phalanges effleurent ses tempes et son expression se détend considérablement. Je n'ose plus esquisser un geste, absorbé par sa divine beauté. Mon souffle en est coupé. Je le contemple, l'admire, le couve et le dévore du regard.

Et là, isolés dans cette foule bondée et bruyante, j'ai l'impression que l'on s'est créé une bulle d'éternité. J'ai eu l'illumination que ça ne me dérangerait pas de passer le restant de jours à caresser et à contempler cet ange.

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Je viens de me relire et ça sonne si niais. Il ne manque plus que les papillons, les licornes, l'arc en ciel et on atterrit au pays des bisounours. C'est à en gerber. Je ne voulais pas faire de la guimauve, mais bon, on s'en contentera. Disons que c'est un peu de douceur dans ce monde de brutes.

Merci de m'avoir lu

So'