Le titre n'a aucun sens, balecouille.
Le dessin est fantastique, je ne pouvais pas ne pas le mettre.
J'écoute Just hold on en boucle. J'espère que Louis et ses frères et sœurs vont être fort. Louis est un gars courageux, on le savait déjà mais il l'a réaffirmé il y a quelques jours. Il va devoir surmonter sa peine pour son fils.
Cet OS est léger, un peu bête même. Mais ça m'a fait du bien de l'écrire.
Il n'y a pas de sous-métiers, et je le pense vraiment.
Bonne lecture

Harry travaille de 18 à 22h tous les soirs en tant qu'homme de ménage dans un lycée prestigieux. Ce n'est ni le boulot le plus intéressant ni le plus gratifiant dont on puisse rêver, mais il s'en contente. Il le faut bien si il souhaite poursuivre son cursus en photographie.
Il a pour habitude de chantonner dans les couloirs vides de l'établissement, pour se donner du courage.
Il ne croise jamais personne, les cours finissant une demi-heure avant son arrivée.

C'est donc en fredonnant you found me qu'il entre dans sa deuxième classe à faire briller de la soirée.
Il est stupéfait de découvrir quelqu'un attablé au bureau. Un professeur, visiblement. Il est craquant avec ses lunettes sur le nez, son air concentré et ses lèvres pincées.
Harry l'observe quelques secondes avant que l'enseignant ne relève la tête.
Le bouclé se sent rougir et articule péniblement des excuses:
Excusez moi... Je... Enfin d'habitude il n'y a personne... J'ai cru que...
Le précepteur a probablement pitié du jeune employé car il lui adresse un immense sourire lumineux, dévoilant des dents éclatantes de blancheur et parfaitement alignées en lui disant:
Pas de problème. C'est de ma faute. Je voulais juste rester un peu pour corriger mes copies. Est-ce que ça vous dérange?
Harry est agréablement surpris qu'un homme aussi magnifique ne se moque pas de lui et le traite avec autant de respect. Il lui arrive de croiser des professeurs dans les couloirs, ils baissent la tête et font semblant de ne pas le voir.
Il s'empresse de lui répondre:
Non non. Pas de problème. Je ferais cette classe en dernier.
Pour être sincère, ça le perturbe quelque peu dans son emploi du temps. Mais il ne dit rien. Cet homme et son irréelle beauté l'en empêche.

C'est ainsi qu'une agréable routine se met en place entre les deux hommes. Harry lave d'abord toutes ses salles et en dernier lieu il se rend dans la classe du jeune professeur. Ils prennent toujours le temps d'échanger quelques mots, il apprend ainsi que le châtain se prénomme Louis, est enseignant de français et adore dispenser ses cours.

Un soir, la curiosité pique Harry et il ose demander au jeune instituteur: Personne ne t'attend chez toi?
C'est Louis qui a insisté pour qu'ils se tutoient.
Il lui répond en rigolant:
Pas vraiment, à part Grisou mon chat.
Harry se sent rougir bien malgré lui. Ho. J'aime beaucoup les animaux.
Il se frappe mentalement pour cette réplique totalement nulle.
Il perd toujours ses moyens devant Louis, il l'intimide. Pourtant le jeune homme n'est pas immense. Mais son sourire farceur et ses yeux d'un bleu perçant bouleversent Harry.
Est-ce que tu veux qu'on mange ensemble en ville un de ces jours? Propose Louis.
Harry en reste estomaqué et son cœur rate un battement. Il n'hésite pas une seule seconde:
Ce serait avec plaisir.

Louis a aimablement proposé à Harry de passer le prendre devant chez lui pour leur rendez vous. Le bouclé ne sait pas comment se vêtir, voilà plus d'un quart d'heure qu'il contemple désespérément sa garde robe. Louis ne lui a pas dit dans quel restaurant ils se rendraient, pour garder la surprise intacte avait-il cru utile de préciser. Ce qui n'arrange pas Harry, il ne voudrait pas se retrouver en costard dans un fast-food ni en survêtement dans un restaurant de luxe.
Il opte pour un jean et une chemise, sobre mais classe, et surtout passe partout.
La sonnerie retentit, le faisant sursauter. Il attrape son portable et son portefeuille qu'il glisse dans sa poche arrière. Il souffle un coup et ouvre la porte en grand. Un immense sourire se dessine automatiquement sur son visage à la vision du beau châtain. Il porte un pantalon de costume et une veste cintrée sur un t-shirt blanc, Harry a l'impression d'être un sac poubelle.
Louis ne paraît pas non plus très serein.
Il demande à toute vitesse: Hey. Tu vas bien?
Harry rit nerveusement, gêné: Oui oui super.
Ils montent dans la voiture de Louis dans un silence pesant. Le mécheux le brise, il demande, s'intéressant sincèrement à Harry: Et donc, tu fais des études de quoi?
Harry se sent plus à l'aise, il adore parler de sa passion:
Photographie.
Louis écarquille les yeux, admiratif: Pour de vrai? C'est génial. Ça doit être super intéressant.
Harry répond:
Ça l'est, on travaille avec une multitude de techniques différentes et on suit des cours d'histoire de la photo. On bosse sur des modèles humains et sur des objets inanimés. Parfois, on va en extérieur pour les paysages, c'est ce que je préfère, après les portraits. Il faudra que je te prenne en photo une fois, enfin si tu veux bien. Je suis persuadé que ça rendrait bien, en noir et blanc sur un papier glacé.
Il s'interrompt en se rendant compte qu'il s'est un peu laissé emporter par ses émotions. Il jette un regard vers Louis, qui ne peut s'empêcher de sourire, attendri.
Il annonce jovialement:
On est arrivé.
Il sort de la voiture et va ouvrir la porte à Harry, qui rougit imperceptiblement.
L'enseigne lumineuse du restaurant étoilé est impossible à rater.
Harry se sent minable. Un petit chinois familial ou une chaleureuse pizzeria lui aurait parfaitement convenu. Louis est trop enthousiaste pour voir sa gêne.
Il lui intime avec hâte:
Tu viens?!
Ne percevant pas de réaction de la part du bouclé, il lui saisit naturellement la main et l'emmène à sa suite dans le gigantesque restaurant.
Harry panique. Jamais il n'a vu un endroit si luxueux. Une vieille peau le déshabille du regard, son regard est méprisant. Le bouclé se demande même si Louis ne l'a pas amené ici pour le ridiculiser.
Un serveur arrive et leur indique leur table.
Le petit brun tire la chaise pour son homologue puis va s'installer en face. Ses yeux pétillent de contentement et il ne peut retenir son sourire. Ce n'est qu'en s'asseyant qu'il remarque qu'Harry tire fébrilement sur ses manches et que des petites larmes perlent au coin de ses yeux.
Louis ne saisit pas immédiatement l'état avancé d'anxiété du bouclé. Il réalise simplement qu'il a besoin d'air. En un quart de seconde ils sont dehors, ils sont sortis par une porte dérobée. Harry ne l'avait même pas vu.
Louis lui attrape fermement les épaules malgré son petit gabarit.
Il parle doucement:
Hey. Ne te mets pas dans des états pareils. Voilà. Fais comme moi. Prends de grandes inspirations.
La respiration d'Harry se stabilise progressivement.
Louis tente de le détourner de sa panique, bien qu'il en ignore la raison: Ma sœur fait des crises de panique aussi. Elle stresse trop pour ses notes, qui sont pourtant excellentes.
Harry est gêné à partir du moment où il se rend compte qu'il vient de gâcher leur rendez-vous.
Il marmonne, ignorant volontairement les dernières paroles de Louis:
On re-rentre?
Le plus âgé propose, pas pressé: Comme tu veux. On est bien là aussi.
C'est faux. Ils sont coincés entre les poubelles nauséabondes et un mur empestant la pisse et la cigarette, preuve des nombreuses pauses prises par les employés.
Harry fixe le mur, ce n'est pas fréquent chez lui d'avoir des émotions aussi fortes et visibles. Habituellement quand quelque chose le dérange, il n'hésite pas à en parler. Mais là il n'a pas voulu gâcher la belle surprise que lui avait réservé Louis.
Mais mince, le mécheux aurait quand même pu s'en douter. Il fait le ménage, évidemment qu'il ne se sent pas à sa place dans ce lieu si chic.
Harry sent qu'il doit une explication à Louis, il hésite:
Hum. Tu sais, c'est pas spécialement le genre d'endroit que je fréquente, donc... Ça m'a juste fait un peu bizarre. C'est rien. Mais je suis ravi de découvrir tes habitudes.
Il se force à sourire.
Louis éclate de rire, il articule:
J'y vais jamais. Je bouffe que mac do. Je voulais juste te faire bonne impression.
Les épaules d'Harry se détendent. Louis poursuit:
À propos, on attend quoi pour y aller?! J'ai envie d'un big mac.
Harry est satisfait et se prend même au jeu:
Que t'ailles chercher nos vestes!