Ne pas prendre trop au sérieux, s'il vous plaît

Alastor ne joue plus, il veut arriver à ses fins au plus vite et pour ça, il a besoin de Charlie.

Quel moyen plus rapide pour manipuler quelqu'un que de voler son cœur ?

Mais le démon de la radio se révèle être un bien piètre voleur...

Alastor n'avait plus de temps à perdre.

Il était tout à fait capable de séduire Charlie, quoi qu'en pense Rosie.

Le démon de la radio allait préparer quelque chose qu'il était capable de faire. Elle aimait le chant ? Il chanterait.

Il commença à préparer un joli texte, le genre qui ferait fondre n'importe quelle jeune femme.

Alastor pensa un temps à reprendre les paroles qu'il avait chantées lorsqu'il s'était disputé avec Lucifer, mais il se rappela qu'il se comparait à une nonne et qu'il prétendait que Charlie était comme sa fille. Ce n'était pas le plus efficace pour la faire tomber dans ses bras.

Enfin, façon de parler, il voulait juste son titre, pas de câlins.

Après avoir froissé de nombreuses feuilles, il parvint à un résultat satisfaisant. Il mit son meilleur parfum, enfila son plus beau costume, prit sa voix la plus suave et partit chercher Charlie.

Il entendit la princesse fredonner dans la cuisine.

Pour s'assurer que la voie était libre, Alastor chercha des yeux les autres résidents de l'hôtel.

Par la fenêtre, il aperçut Vaggie, dehors, qui s'entrainait à la lance. Plus elle était loin, mieux c'était.

Niffty continuait à massacrer tous les nuisibles qui avaient encore l'imprudence d'habiter ici.

Angel dormait dans le salon, sûrement épuisé par ses tournages, sa tête posée sur les genoux de Husk qui lui caressait les cheveux avec un sourire tendre qu'Alastor n'avait jamais vu sur son visage.

Le démon de la radio s'imagina un instant être à la place du barman, la princesse endormie sur ses genoux comme la Belle aux bois dormants.

Angel se réveilla, s'étira et embrassa tendrement son prince charmant.

Alastor grimaça en imaginant Charlie poser ses mains sur ses joues et ses lèvres sur les siennes, puis il secoua la tête.

Il réglerait les problèmes secondaires comme les baisers plus tard. Il ignora également son ventre qui se nouait douloureusement. C'était juste du trac, comme la première fois qu'il était passé à la radio, ça partait dès qu'on se jetait à l'eau.

Peut-être qu'elle refuserait ses avances en premier lieu, mais la princesse finirait par tomber amoureuse de lui à force de temps et de petites attentions.

Après tout, il était le démon de la radio, il avait toujours soutenu Charlie dans son projet, il était puissant, respecté et craint dans tout le cercle de l'orgueil. Il était un gentleman, il la faisait souvent rire et elle aimait parler avec lui.

Et selon d'autres, il était... désirable.

Cette idée ne calma pas du tout son trac. Après être resté bloqué une minute entière devant la porte, n'osant pas l'ouvrir, il se décida de commencer à chanter en dehors de la pièce, flattant la beauté de ses cheveux dorés, de ses joues rouges comme des pommes d'amour, sa puissance céleste et sa voix angélique.

Étant au milieu de la chanson, il eut enfin le courage d'ouvrir la porte. Alastor s'arrêta net, ce n'était pas Charlie qui le contemplait avec des yeux charmés et rempli d'admiration. C'était Lucifer qui le dévisageait, plein d'incompréhension.

-       Alastor... Tu as des sentiments pour mon père ?

Le démon de la radio réalisa avec horreur que les paroles de sa chanson pouvaient autant parler de Lucifer que de sa fille. Il se tourna vers le fond de la pièce, craignant ce qu'il y verrait.

Son appréhension était légitime. Charlie était en train de préparer un gâteau avec Cherri Bomb, dont, il était honnête, il avait oublié l'existence.

Si la première paraissait surprise, la deuxième riait sans aucune retenue.

-       Le p'tit roi et sourire sur patte ? Sérieux ?

Au vu de sa réaction, l'erreur d'Alastor était la chose la plus drôle du monde. La honte brula les joues du démon de la radio plus fort que les décharges électriques que Vox. Il tenta d'ouvrir la bouche alors que Husk et Angel entraient dans la pièce, attirés par le bruit que faisait Cherri, qui commençait à s'étouffer de rire.

La princesse se précipita vers la cyclope pour lui taper dans le dos alors que Niffty rentrait aussi dans la pièce, une brochette de cafards dans la main.

-        Non, c'est à Charlie que je voulais... tenta-t-il de corriger alors qui comprenait petit à petit ce que voulait dire l'expression « mourir de honte ».

-       C'est pour ça que tu t'étais mesuré à mon père quand il est venu ? Coupa la princesse, tu voulais l'impressionner ?

Alastor voulu hurler qu'il n'avait pas à se mesurer à lui pour savoir qu'il dépassait en taille et en prestance ce roi de pacotille, mais ce dernier le devança, gêné :

-       Écoute Alastor, je suis désolé, je ne pensais pas que tu ... Je suis flatté, mais je ne ressens pas la même chose...Je suis toujours amoureux de la mère de Charlie...

-       Attend, quoi ? Mais alors pourquoi vous vous êtes séparés ? intervint sa fille.

-       Mon cœur, c'est compliqué, on en parlera... Commença Lucifer en triturant son col, mal à l'aise.

-       Mais sérieusement, vous le croyez ? Ce type n'a pas de cœur, s'il prétend avoir des sentiments pour quelqu'un c'est parce qu'il attend quelque chose de vous, Lucifer ! Coupa Husk en pointant Alastor du doigt.

Le démon de la radio hésita entre le féliciter d'être la seule personne sensée de la pièce et se débarrasser définitivement du barman.

-       Mais pourquoi vous hurlez comme ça ? Je vous entends depuis l'entrée ! demanda Vaggie en entrant dans la pièce.

Fabuleux, comme ça ils pourraient tous contempler son humiliation publique.

Si cette affaire sortait de la pièce, Alastor irait s'enterrer lui-même aux côtés de sa réputation et de son égo.

-       Alastor est en kiff sur Lucifer qui est toujours amoureux de la mère de Charlie, résuma Angel, qui grignotait des pop-corn sortit d'on-ne-sais-où.

-       Je ne suis pas amoureux de Lucifer ! Explosa le démon de la radio, sentant ses bois s'allonger et son cou prendre un angle n'ayant rien de naturel. Je me fiche complètement de lui, je ne voulais pas lui faire de déclaration, je voulais la faire à Charlie...

-       Pardon ? Tu voulais faire quoi ? Demanda Vaggie en le foudroyant du regard, serrant sa lance angélique un peu plus fort.

-       Non ! La princesse de l'enfer attrapa les mains d'Alastor, sérieuse. Al, ne renie jamais tes sentiments, je sais qu'à ton époque être un homme amoureux d'un homme, c'était très mal vu, mais ici personne ne te juge, tu as le droit d'aimer qui tu veux !

Peut-être que personne ne le jugeait, mais Cherri recommençait à s'étrangler de rire, Angel le dévisageait comme s'il faisait partie de l'un des stupides programmes de la boite à images bruyante. Vaggie aurait sauté sur Alastor, lance en avant si Charlie n'était pas entre elle et lui. L'imbécile haut comme trois pommes le regardait comme s'il était désolé de lui avoir brisé le cœur et Husk comme s'il prévoyait de tuer une portée de chatons sous ses yeux.

Niffty, avec un sourire effrayant, même selon les standards d'Alastor, pointa son aiguille vers Lucifer en murmurant quelque chose par rapport avec des plumes d'ange pour une collection.     

La princesse, en digne fille de Lilith commença à chanter, faisant tourner Alastor sur lui-même :

-       La seule chose que tu te dois toujours d'écouter, C'est ton cœur, quand il te murmure le nom de l'être aimé...

Mais ce fut Angel qui enfonça le dernier clou du cercueil d'Alastor :

-       Nan, mais en vrai j'comprends, il est super hot Lucifer ! Et puis, ajouta-t-il avec malice, il n'y a pas que la taille qui compte...

Alastor abandonna toute idée de garder les apparences et s'enfuit en rentrant dans son ombre, alors que tout le monde rebondissait sur la phrase du démon araignée.

Fuyant loin de l'hôtel, Alastor retourna sans réfléchir chez Rosie.

Il toqua à sa porte, en sueur, les jambes tremblantes, encore sous le choc du chaos qu'il avait produit. À quel moment tout avait autant dégénéré ?

Elle lui ouvrit, pas du tout surprise, le laissa s'installer et reprendre son souffle.

-       Alors, finit-elle par demander, tu as été têtu et tu t'es déclaré ?

-       Elle... Ils croient tous que j'ai des sentiments pour Lucifer...

Rosie éclata de rire et tendit sa boite de doigt à grignoter et une fournée de petits gâteaux à Alastor.

-       Raconte-moi, très cher, un biscuit ?