Ace signifie à la fois un as dans un jeu de cartes en anglais et est un diminutif d'asexuel.

C'est une histoire en trois parties, dans chacune d'entre elles, Alastor est à la fois asexuel ET aromantique. C'est un spectre large, chaque personne aromantique et/ou asexuelle est différente.

Quitte à enfoncer une porte ouverte : non, ce n'est pas ce qui fait d'Alastor un tueur en série cannibale ou un manipulateur.

Tw : cannibalisme

Alastor faisait les cent pas dans sa nouvelle chambre, décorée à l'identique de la première, le regard balayant les objets présents comme s'ils pouvaient lui apporter une réponse.

Une seule idée occupait ses pensées, ne laissant de place à rien d'autre : arracher sa laisse, détacher ses ailes, délier ses poings.

En un mot, être libre.

Mais pour y arriver, il lui fallait plus de puissance et d'influence qu'il ne pourrait en acquérir seul.

En six mois de travail avec la princesse de l'enfer, il n'avait réussi qu'à lui arracher un pacte en échange de la précieuse informations qui avait menée à la victoire de l'enfer contre les anges exterminateurs.

Alastor aurait pu en obtenir beaucoup plus. Charlie était au plus mal, désespérée, remplie de culpabilité et le cœur en miette. Facilement manipulable.

Il aurait dû la laisser le supplier à genoux, lui extorquer son âme en lui faisant sentir qu'il était magnanime de lui demander si peu.

Il aurait pu le faire, si, un mois et demi plus tôt, Lucifer n'était pas revenu dans la vie de sa fille.

Le Roi de l'enfer l'aurait pulvérisé s'il avait pris l'âme de Charlie.

En plus d'avoir joué ses meilleures cartes pour un si faible gain, Alastor s'était battu aux côtés des résidents de l'hôtel et avait manqué d'être tué par Adam, le premier homme et chef des exterminateurs.

Il avait tout risqué, tout misé et faillit tout perdre, tout ça à cause de quoi ?

À cause de son ridicule attachement pour les membres de cet hôtel. De son affection pour la dévouée et tordue Niffty, pour l'ivrogne et solitaire Husk, pour l'insupportable, mais touchant Angel Dust, pour la secrète et brave Vaggie, pour le créatif et courageux Sir Pentious qui s'était sacrifié pour eux dans, mais, il peinait à l'admettre surtout pour Charlie.

Pour la ridiculement optimiste, la niaise, la naïve, la solaire et la puissante princesse de l'enfer.

Alastor avait frôlé la mort à cause de ses émotions et de ses attaches qui lui rappelaient chaque jour qu'il n'était pas aussi puissant et invulnérable qu'il voudrait l'être.

Mais tout ça était fini.

Il ne considèrerait plus les résidents de l'hôtel que comme ce qu'ils étaient. Des pièces sacrifiables pour atteindre son but. Il était temps d'abattre une carte qu'il aurait aimée ne pas voir figurer dans le paquet, d'enfin prendre en compte le chiffre qu'il refusait de calculer dans cette équation.

L'amour.

Un mot qui lui était vague, dans lequel on pouvait tout et rien mettre, mais qu'Alastor avait constaté être un levier parfois plus puissant que les plus terribles menaces. Si la princesse avait des sentiments pour lui, alors elle cèderait à ses demandes, il pourrait la manipuler, voire la pousser à se battre pour lui.

Arracher son cœur pour détruire ses liens.

Si elle l'épousait, il pourrait devenir roi des enfers. Alastor serait alors assez fort pour régner sur les sept cercles. Le titre lui donnerait alors assez de pouvoirs pour détruire toute personne se dressant sur sa route.

Alastor savait qu'il était beau et attirant, de son vivant comme en enfer. En témoignaient les lettres enflammées et indécentes qu'il avait reçues par dizaines lorsqu'il était animateur radio.

Un frisson lui parcourut l'échine en se souvenant de leur contenu.

Inspirer ce genre de... désirs aurait ravi bon nombre de personnes, mais pas lui.

Mais pour être nouveau libre, il devait être prêt à tout.

Il alla donc chercher les conseils de la personne la plus qualifiée pour parler de sentiments : sa chère amie Rosie.

Elle était la première personne qu'il était retourné voir après ses sept ans de disparition. C'était aussi elle qui l'avait soigné après sa cuisante défaite contre le chef des anges exterminateurs, recousant ses plaies qui ne pouvaient se régénérer seules.

Rosie lui avait aussi gardé un morceau de choix du corps d'Adam, qu'Alastor avait dégusté avec une grande satisfaction.

C'est autour d'une tasse de thé accompagnée de doigts à grignoter qu'il aborda le sujet. Il prétendit avoir un coup de foudre pour une belle jeune femme et avoir besoin d'aide pour se rapprocher d'elle.

Il fut blessé et surpris de voir l'air suspicieux de la cannibale.

- Qu'est-ce que tu lui veux, exactement ?

- Mais rien de mal, Rosie, je suis un gentleman ! S'indigna Alastor.

- Tu es un ace dans beaucoup de domaines, mon cher, mais jamais dans ce qui touche au cœur ou au corps des autres. Tout le monde peut changer, certes, mais en bien comme en mal, tu restes toujours fidèle à toi-même. Alors, que veux-tu à cette chère Charlie ?

Le démon de la radio se tut un instant, sonné d'avoir été percé à jour en si peu de temps. Ce fut Rosie qui reprit :

- Lorsque tu es venue avec elle pour rallier mes habitants, je t'ai vu la regarder comme si tu voulais la dévorer. Loin de moi l'idée de te juger, gloussa la cannibale, c'est vrai que cette petite est à croquer, mais tu n'as pas besoin de moi pour traquer, tuer et déguster quelqu'un. Tu n'as pas non plus besoin de te mettre dans une situation qui t'est désagréable, comme tous ce qui touche à l'amour romantique ou au plaisir. Alors, qu'est-ce que tu cherches à faire ?

Lorsque son amie l'avait surpris à regarder la princesse ainsi, c'est lorsqu'il avait constaté l'étendue des pouvoirs qui sommeillaient encore en la jeune fille.

La fille de Lucifer, héritière du pouvoir des anges et des capacités démoniaques de son père et du don de galvaniser son peuple par le chant comme Lilith, sa mère.

Charlie était appétissante, mais il savait que si l'envie lui prenait de poser une dent sur elle, elle pourrait le repousser sans mal. Et son père pulvériserait Alastor.

- J'ai besoin de ses pouvoirs, avoua-t-il. J'en ai besoin au plus vite.

- Elle n'est plus avec sa petite amie ?

- Si, grogna Alastor, j'aimerais de l'aide pour ça aussi.

Rosie éclata de rire, achevant de le vexer.

- J'ai toutes mes chances ! Protesta le démon de la radio, piqué au vif. Selon les autres, je suis... attirant... désirable. Il avait prononcé ces mots comme s'il s'agissait de virus si contagieux que le simple fait de dire leurs noms suffisait à les attraper. Voyant que son amie n'arrêtait pas de rire, il se décida à énumérer quelques noms : Mimzie, Vox, Angel Dust, la star de la pornographie m'a fait des avances il y a quelque temps et m'a révélé que beaucoup de gens... fantasmaient sur le démon de la radio.

En disant ça, son éternel sourire avait un peu glissé, ses mains s'étaient crispées sur sa tasse qui se fissurait petit à petit sous la pression. Ses griffes et ses bois de cerf avaient grandi, signe qu'entre ce sujet inconfortable et sa peur panique de rester en laisse à jamais, il perdait complètement le contrôle de ses émotions.

- Oh, mon cher... Rosie avait l'air désolée pour lui. Peut-être qu'un jour, tu auras envie que je t'aide quand tu ressentiras vraiment de l'attirance pour quelqu'un, mais en attendant, ne te met pas dans de tels états. Il y a beaucoup de gens qui ressentent la même chose que toi à propos de l'amour romantique ou du désir et qui vivent heureux.

Au mot désir, la tasse explosa, répandant du thé tiède et des morceaux de porcelaine sur le costume d'Alastor. Il s'excusa d'une voix qu'il lutta pour garder la plus enjouée possible, ramassa les plus gros morceaux pour les rassembler sur son assiette et claqua des doigts d'une main un peu tremblante pour changer ses vêtements par d'autres, secs et identiques, alors que Rosie continuait :

- Ne t'inquiètes pas pour la tasse, j'en ai beaucoup d'autres... Mais en attendant, tu ne peux pas juste demander à Charlie d'avoir des sentiments pour toi... Ni d'arrêter d'aimer sa chère ange parce que ça t'arrange, ça ne marche pas comme ça. Tu es déjà tombé amoureux de quelqu'un ?

- Non. Répondit-il en réajustant son sourire pour qu'il ne ressemble plus à une grimace.

- En près de cent vingt ans ?

- Je cherche la bonne personne.

- Il n'y en a peut-être pas.

- Je ne comprends pas, grinça Alastor.

- Tu es très doué pour ne pas comprendre ce que tu ne veux pas entendre, sourit-elle.

- Alors quoi ? Je ne peux plus attendre. J'ai besoin de son pouvoir, sinon je ne... Alastor se tût, sachant déjà qu'il en avait trop dit. Il baissait toujours trop sa garde quand il était seul avec elle.

- La princesse est généreuse et fidèle, continua la cannibale en finissant sa tasse, si tu lui demande de l'aide, elle volera à ton secours.

- Je n'ai pas besoin d'aide, déclara Alastor en se levant. Il tourna le dos à son amie en la remerciant pour le thé.

- Al, ma porte sera toujours ouverte, lui assura Rosie alors qu'il partait, mais je te conseille de ne pas tenter de tricher à un jeu dont tu ne connais pas les règles.

Une fois revenu dans sa chambre, Alastor prit une grande inspiration. Il devait réussir à se libérer, coûte que coûte, et Charlie était la seule clé qui semblait pouvoir ouvrir le cadenas.

Cette histoire a en fait deux fin distinctes, la première, Pomme d'Amour, est humoristique, rien de très sérieux. La deuxième, Lui passer la chaine au doigt, est beaucoup plus longue.  

Publication les lundis