À sa rentrée en première année au collège de la magie Poudlard, Ginny passa l'épreuve du Choixpeau. Elle était persuadée d'aller à Gryffondor, comme toute sa famille depuis des lustres.

Pourtant, le choix fut très rapide, sans aucune hésitation de la part de l'objet magique: Serpentard.

Un blanc s'installa dans la Grande Salle.

"Une Weasley à Serpentard ? C'est une erreur !"

Mais le Choixpeau semblait certain de ce choix.

La professeure Minerva McGonagall répéta l'annonce du chapeau magique bien fort.

"Serpentard !"

Ginny se leva et voulu se diriger vers la table de sa désormais maison mais elle croisa les regards de ses frères. Les jumeaux se lançaient des coups d'oeil d'incompréhension, croyant peut-être à une blague et Ron avait une lueur dans les yeux qu'elle ne parvint à déchiffrer. Était-ce du dégoût qu'elle voyait ? La petite rouquine prit peur et resta tétanisée sur la petite estrade où figurait la table des professeurs. Ce ne fut que quand on la tira par le bras qu'elle retourna dans le courant que menait la réalité. Un blond platine la tirait vers la table et l'assit à côté de lui, faute de places disponibles.

La petite rousse évita du mieux qu'elle put tous les regards encore posés sur elle.

Qu'avait-elle fait de mal ? Ce n'était tout de même pas de sa faute si le Choixpeau décrétait Serpentard comme la meilleure maison pour elle, n'est-ce pas ?

Le silence pesant fut rompu par Albus Dumbledore lui-même et la répartition reprit, bien qu'il ne restait plus beaucoup d'élèves, le nom Weasley arrivant en fin de liste.

O~O~O~O~O

Quelques semaines avaient passé depuis le premier jour.

La famille de Ginny ne lui adressait plus la parole. Son frère Ron l'ignorait totalement dans les couloirs, ainsi que les jumeaux Fred et George.

La petite fille avait le sentiment de déshonorer la famille, de lui faire honte.

Alors qu'il passait dans un couloir à la nuit tombée pour rejoindre le dortoir, Drago entendit des sanglots. Le Serpentard alla voir; après tout personne ne regardait, il n'était accompagné d'aucun amis.

Il marcha vers la petite silhouette rousse qu'il reconnut facilement, lui demanda ce qui la tracassait. Elle lui raconta son sentiment d'être la pire personne de la famille, de déshonorer son nom.

Il lui offrit ses bras dans lesquels elle s'empressa de se blottir, trop heureuse d'obtenir du réconfort.

Le blond lui avoua que la pression familiale était très présente chez les Malefoy aussi et si les Weasley étaient incapables d'aimer Ginny telle qu'elle était, "tant pis pour eux !"

Elle enfouit sa tête dans son cou et huma discrètement son odeur, tandis qu'il lui caressait les cheveux avec tendresse.

-Je sens si bon que ça Weasley ? ricana-t-il

- Non je reniflais juste ! nia-t-elle. Et appelle-moi par mon prénom, pas par celui de cette famille qui se dit la mienne.

- Très bien Ginny. Tu dois me rendre la pareille alors !

La petite fille pouffa un peu et sourit.

- D'accord Drago.

Le blond se sépara de leur étreinte pourtant si agréable et confortable. Il essuya de son pouce les dernières larmes qui creusaient les joues de la rousse. Elle sourit, lui embrassa la joue et murmura un "merci" à peine audible puis se leva et partit en direction du dortoir Serpentard.

Le blond resta un moment sur le sol froid qui le faisait frissonner. Il passa délicatement ses doigts là où Ginny l'avait embrassé et rougit. Jamais il n'avait eu ce contact avec une autre personne que sa mère et l'avait autant aimé. Il sourit à cette pensée et se dirigea également dans les dortoirs de sa maison.

Les deux serpents s'endormirent non sans repenser à ce qu'il venait d'arriver dans ce couloir si froid qui leur avait semblé chaud comme un cocon d'amour pendant un instant.

O~O~O~O~O

Drago claqua du pied la porte de la chambre qu'il partageait avec des amis, lança le sort Assurdito et un autre pour verrouiller la pièce.

Il se laissa glisser le long du mur pour enfouir la tête dans ses bras posés sur ses genoux et soupirer bruyamment.

De tristesse, de colère envers lui-même et d'autres personnes, de désespoir.

Voilà des mois qu'il s'adonnait à ces activités "très peu catholiques" comme disait Hermione Granger lorsqu'elle le sermonnait sur le fait de laisser espérer ces pauvres filles et les laisser tomber.

En réalité, il ne les touchait même pas.

Il répondait à leurs avances pour essayer de combler un trou très profond laissé par Ginny Weasley elle-même. Bien sûr elle n'en savait rien, Drago n'ayant jamais avoué ces sentiments si puissants qui le rongeaient à petit feu.

Il attirait ces filles dans la chambre, claquait la porte, la verrouillait et lançait le sortilège d'assourdissement mais ne leur faisait rien. Il les laissait perplexes, pensant qu'elles avaient un effet sur lui alors que pas du tout. Rien que les embrasser le dégoutait. Leur lèvres avaient un goût froid, sans arômes ni émotions à la clé.

Il était certain d'avoir senti le regard de sa rousse préférée sur lui alors qu'il poussait cette idiote de Serpentarde brune -dont il lui était impossible de se rappeler le nom- dans la chambre. Que pouvait-elle penser ? Il la dégoutait, c'était évident.

Était-elle déçue de son comportement ?

Ils s'étaient promis de ne jamais se juger des années auparavant, avait-elle brisé cette promesse ? Certes il agissait mal aux yeux de tous car les filles qu'il ramenait dans la chambre laissaient courir le bruit qu'ils avaient couché, mais c'était totalement faux.

Il n'était pas un coureur de jupons arrogant et fier, ça c'était ce que tout Poudlard pensait.

Seule Ginny savait qu'il était un garçon comme les autres, avec des émotions et des sentiments mais avec ce qu'il se disait sur le compte du blond, pensait-elle désormais qu'il était effectivement sans coeur ?

Quelques jours plus tard, la rumeur disait qu'il avait sauté cette fille s'appelant apparemment Manon et qu'il en avait redemandé aussitôt. Certainement cette idiote qui avait répandu ce mensonge. Il ne pouvait penser qu'à sa belle rouquine. Elle le haïssait sûrement à présent...

Au détour d'un couloir menant chez les Serpentards, une main ferme agrippa le col du blond et l'entraîna dans un petit coin sombre pour ne pas être à la vue de tous. Il reconnut cette chevelure de feu et cette démarche quand sa belle était en rogne.

Elle lâcha finalement le col de son vis-à-vis et le rejeta avec force contre le mur derrière lui. Elle s'approcha, une lueur de tristesse profonde dans ses yeux reflétant sa colère. Ces orbes bleues dans lesquelles Drago aimait se perdre quitte à s'y noyer.

Elle parla bien qu'il n'écoutait un traître mot.

"À quoi tu joues Drago ?"

Il naviguait entre ses perles semblables à la mer et ses lèvres roses et si attirantes.

"Qu'est-ce que tu fabriques avec toutes ces trainées ?!" continua-t-elle.

Il ne prenait même pas la peine d'essayer de comprendre ce qu'elle pouvait bien dire.

"Réponds honnêtement !!"

Ah c'est une réponse qu'elle voulait ? Très bien.

Drago fondit sur les lèvres qu'il convoitait depuis longtemps.

La rousse n'émit aucune protestation, était-elle choquée et cherchait quoi dire ?

Il se sépara à contre-coeur de ses deux morceaux de chair si doux et chauds.

Drago plongea son regard acier dans celui de sa rousse.

"Elle te va cette réponse Ginny ?"

Il avait essayé de mettre de la rancoeur dans cette réplique, pour son incapacité à détecter les sentiments qu'il éprouvait mais impossible. Sa voix était juste brisée ce qui donnait un côté dramatique à sa réponse. Qu'allait-elle faire maintenant ?

"Tais-toi et refais ça. Ne t'arrête jamais."

Ça sonnait comme une supplication. Avait-elle attendu cela aussi longtemps que lui ?

Drago ne se le fit pas répéter deux fois et embrassa encore Ginny, avec douceur. Il ressentit une explosion de chaleur dans son bas-ventre et bien que cette sensation n'était pas très agréable, il l'apprécia.

La rousse lui intima d'y mettre plus de passion et bientôt, Drago inversait leur position contre le mur pendant que leurs langues s'offraient à un ballet effréné.

Du haut de ses quinze années, Ginny Weasley était devenue une magnifique jeune fille, la plus belle de toutes aux yeux du blond qui la dépassait d'un an et d'une bonne dizaine de centimètres. Ses formes s'étaient affirmées alors que les traits de son visage se fignolaient et la faisaient ressembler à un ange.

Drago aussi était devenu un beau jeune homme. Il avait un beau faciès et des yeux envoutants. Il était d'une grande taille et ses muscles étaient bien taillés grâce au Quidditch.

Les deux amis de longue date arrêtèrent le baiser pour reprendre leur souffle.

Haletants et avec les joues rouges, ils se dévoraient du regard.

Ginny aimait Drago car il avait été un grand soutien quand sa famille n'était plus rien. Il restait le plus souvent possible avec elle à Poudlard pendant les vacances car elle avait refusait de retourner chez elle, personne ne prenait de ses nouvelles de toute façon.

Il avait été tout pour elle, lui avait présenté ses amis qui s'étaient montrés accueillants et très gentils. Les Serpentards n'étaient pas les monstres qu'on décrivait.

Elle l'aimait c'est tout.

Drago aimait Ginny car elle était une figure de force, elle était passée outre le jugement de sa famille avec courage et détermination. Elle avait su lui montrer que tout était possible quand on y mettait de la volonté. Il s'était souvent demandé pour quelles raisons le Choixpeau avait choisi Serpentard alors que la rousse présentait toutes les qualités de Gryffondor.

Aussi, Ginny avait été la seule à voir qui il était, à lire en lui et le comprendre.

Il l'aimait pour ce qu'elle était, c'est-à-dire elle-même.

Les amoureux se regardaient désormais intensément, leurs sentiments se reflétant dans leurs orbes et créant à nouveau ce cocon d'amour qui s'était formé des années dans le passé.

Leurs souffles se mêlaient de par la proximité de leur visage et le seul son présent était les battements de coeur qui se callaient les uns sur les autres pour les synchroniser et ne former plus qu'un organe vital.

Drago fut le premier à rompre ce silence enivrant.

"Je sais que tu m'as demandé de me taire mais je t'aime. Je t'aime Ginny Weasley et j'ai l'intention de le crier sur tous les toits alors désolé, mais je ne la fermerais pas."

Il l'avait fait. Il avait enfin avoué ce qu'il ressentait à sa belle, sa bien-aimée, sa moitié, son âme-soeur, sa "Gigi" comme il se plaisait à l'appeler.

Ginny sourit. Ce sourire qui faisait chavirer le coeur de Drago. Ce joli petit étirement des commissures de ses lèvres faisant briller ses yeux déjà magnifiques.

Pour toute réponse, la rousse embrassa la joue de Drago. La même que la première fois. Le blond sourit aussi et scella leurs lèvres dans un baiser plein de promesses et d'amour.