« Pourquoi lui ? Pourquoi lui et pas moi ? Qu'est-ce qui leur fait croire que ce n'est pas moi l'aîné en fait ? Rien ! Strictement rien ! Je pourrai très bien être l'aîné ! Ce devrait être moi, le chevalier des Gémeaux et non Saga ! Mais c'est lui qui a reçu tous les enseignements. C'est lui qui a reçu l'armure d'or. Et moi ? Rien. Je ne suis même pas son ombre ! Je ne suis même pas censé exister ! Mais je suis bien là, bien vivant et je compte bien mettre mon grain de sel ! Mon avantage ? C'est justement que je n'existe pas. Je suis invisible. Personne à part mon frère ne sait que j'existe. Je ne suis même pas sûr que ce vieux croulant de Pope connaisse mon existence. Peut-être que si. Mais en tout cas, il n'a jamais daigné venir voir ! Aucune reconnaissance. Et mon frère ? Je suis bien obligé d'exister pour lui ! Il ne peut tout de même pas ignorer mon existence ? »

« Kanon, nous sommes si différents, toi et moi. Pourtant nous avons grandi ensemble. L'un à côté de l'autre. Mais pas l'un pour l'autre. Notre maître ne nous en a jamais laissé le temps. Ne m'en a jamais laissé le temps. Tout ce qu'il m'apprenait, j'ai tenté de te l'apprendre. Mais tu es si buté parfois. Tu m'as envoyé paître la plupart du temps. Puis, un jour, il s'est décidé à t'entrainer, à contre cœur. Je crois que quelqu'un le lui avait imposé. Mais tu n'as pas changé pour autant de comportement. Tu es même devenu plus insupportable encore. Pourtant, tu es mon frère, mon seul appui. J'avais bien demandé à notre maître, lorsque notre entrainement à commencé, pourquoi il n'y avait qu'une seule armure des Gémeaux. Des Gémeaux ! Ils sont pourtant bien deux à représenter ce signe. Notre signe. « Un seul chevalier par signe. Il ne peut y avoir deux protecteurs pour un temple » m'avait répondu notre maître. J'étais furieux ! Il parlait comme si mon frère était de trop ! Jamais je n'accepterai ça ! Pourquoi ce serait uniquement à moi d'endosser ce rôle ? Mon frère en est tout aussi capable que moi ! « Ce sont les lois d'Athéna. Nul ne peut aller à son encontre ». m'a dit le grand Pope d'un ton affligé. Mais c'est injuste ! »

« Je connais tes pensées, Saga. Tes pensées les plus profondes, les plus noires. Tu joues au grand frère aimant et protecteur. Plus avec les autres qu'avec moi. Mais je sais que ce n'est qu'une façade. Tu ne veux pas l'admettre mais dans le fond, tu es comme moi. Tu n'as pas de pitié pour les autres. Aucune compassion. Ils ne sont que des pions. On est pareil. Nous ne sommes pas les deux facettes de l'être humain. L'ombre et la lumière. Le bien et le mal. Le connu et l'inconnu. Nous somme pareils, du même côté. Et comme le Sanctuaire ignore mon existence, le monde ignore le Sanctuaire. Et pourtant, le Sanctuaire ne vit pas aussi en reclus qu'on pourrait le croire. Lui, il connait le monde extérieur, les faiblesses et les travers des hommes. On pourrait tout contrôler. Le Sanctuaire d'abord, le monde ensuite. Rien de plus facile pour ceux de l'ombre que de manipuler ceux de la lumière ».

« J'en suis navré, Kanon. Mais tu ne m'en laisse pas le choix. Tes propos sont intolérables. J'avais tellement espéré que tu changes. Mais non. Je me vois contraint de te laisser là, voué à une mort certaine. Mais il n'y a pas d'autre option. Depuis tout petit, tu as toujours été en colère. Je peux le comprendre. Peut-être que je l'aurais été si j'avais été à ta place. Mais même si le Sanctuaire n'a pas été tendre avec toi, ce n'était pas une raison pour proposer de telles ignominies. Aucun obstacle sur ma route. Tuer la réincarnation de la déesse que je dois protéger, que nous devons protéger. Dire que le mal sommeille au fond de mon cœur. Comment peux-tu prétendre me connaître mieux que moi ? Dis plutôt que tu aimerais que je sois comme toi. Ainsi tu pourrais mettre tous tes plans à exécution. Mais c'est hors de question. Je m'en chargerai tout seul. Je suis désolé, Kanon, mais tu ne me laisses pas le choix ».