Juste pour ça
Ses mains se crispèrent et il enfouit sa tête dans l'oreiller pour étouffer son cri. Son partenaire avait donné un dernier coup de rein avant de s'immobiliser. Ils restèrent ainsi pendant quelques secondes.
« Enfin. C'est fini. J'avais entendu dire que ça faisait mal la première fois mais je ne pensais pas que c'était à ce point. Mais qu'est-ce qui m'a pris ? Est-ce que j'étais à ce point à court d'idée pour en arriver là ? Ça fait presque trois ans que j'essaie de faire dire à Akabane ce que cachait la classe E. Mais rien. Il m'a toujours servi son sourire. Celui qui dit « je m'fous de ta gueule ». En attendant, il y bien pris son pied, vu l'ardeur qu'il y a mis. Il s'est allongé sur moi, je l'entends reprendre son souffle. Il passe ses mains le longs de mes bras. Un frisson me parcours et je réalise qu'il est toujours en moi. Je sens ses doigts se faufiler entre les miens. Je l'emprisonne. Après tout, c'est de ma faute. Personne ne m'a obligé à me rendre chez lui. Je revois sa tête étonné en me voyant devant sa maison. Je revenais de chez une camarade pour l'aider dans ses devoirs. Pf, j'aurai dû faire ça dans l'école ! Je n'aurai pas eu à passer devant chez lui pour récupérer la gare ! Lui, il rentrait chez lui, des sacs de courses dans les mains. C'est vrai que ses parents ne sont pas souvent là. Il m'a invité et on a discuté de tout et de rien. Plus d'une fois, j'ai tenté d'amener la discussion sur la classe E, mais il s'est montré aussi habile que moi pour éviter de me répondre. Et puis, je ne sais pas ce qui m'a pris. Je pense que j'ai voulu le stabiliser. Comme si c'était possible ! En tout cas, je l'ai embrassé. Mais ça n'a pas eu l'effet que je voulais. Et je me retrouve là, allongé sur le ventre, Akabane installé sur moi, en moi ! Assez profondément, j'ai l'impression. Je grogne. Il se retire. Enfin. Il bascule sur le côté, m'entrainant avec lui, il me tient toujours les mains. On se tient toujours les mains. Je veux rentrer chez moi, oublier. Mais ca, je crois que je ne pourrai jamais ! Et puis, je suis fatigué. Je ferme les yeux. J'ai froid ».
« J'ouvre doucement les yeux. Les courbatures se réveillent, me rappelant douloureusement ce qui s'est passé. Akabane est toujours allongé derrière moi, me collant totalement. Il me serre dans ses bras. C'est gênant. J'essaie de bouger mais une douleur me tenaille le bassin. »
- J'y suis peut-être aller un peu fort.
- Tu t'es fais plaisir.
- Agréable mais sans plus. Sans vouloir te vexer.
Gakushû n'était pas vexé. Loin de là, il n'y aurait donc pas de prochaine fois. Ni avec Akabane, ni avec un autre. Il chercha à se dégager mais Karma le retient encore un instant avant de le libérer. Gakushû se leva péniblement laissant le rouge allongé dans son lit. Assis près de lui, le roux chercha ses vêtements du regard. Mais il n'y avait pas tout.
- Le reste de tes vêtements est en bas, l'informa Karma en s'étirant. Je te rappelle qu'on a commencé dans le salon.
« Je sais. Inutile de me le rappeler ! »
- Je te raccompagne ? proposa Karma en regardant le jeune homme bouger difficilement.
- Je trouverai la sortie tout seul, merci.
« C'est suffisamment humiliant que tu me vois comme ça. Hors de question que tu m'aides en plus ! »
- Asano ! l'interpela Karma alors que celui-ci s'apprêtait à sortir de la chambre à moitié habillé. La prochaine fois, on échange nos places.
- Pardon !?
- Il n'y a pas de raison que tu sois le seul à marcher en canard !
- Maintenant ?
- Tu te sens la force ?
« Ce regard... Cette expression... Il se moque de moi... ou pas. »
- Non.
- Une prochaine fois alors. Quand tu veux...
« Ça fait du bien. Une bonne douche chaude. Ça détend un peu. Mais quel abruti je fais ! Coucher avec un mec ! Akabane en plus ! Et il veut remettre ça ! Que moi, je... Il plaisante ! Jamais ! Je ne remettrai plus jamais les pieds chez lui ! M... ça fait trois fois que je me savonne et j'ai toujours l'impression d'avoir son odeur sur moi. Quand j'y pense... mais quelle honte ! En plus, maintenant, je prends le train. Tout le monde me regardait bizarrement. J'espère que je n'ai croisé personne de l'école... J'espère aussi qu'Akabane ne fera aucune allusion... »
Il marchait mieux que tout à l'heure. Enfin tant qu'il ne bougeait pas trop vite. S'il ne voulait plus penser au rouge, avec ça c'était difficile ! S'il marchait quasiment normalement, il avait encore m...
- Maman ?! Tu es déjà là ?
- Je te dérange ? Tu as invité une copine ?
- N-non... Je... je ne m'attendais pas à te voir si tôt...
Habituellement, il ne voyait pas sa mère avant vingt-trois heures et là, il était à peine vingt-et-une heures. Elle était toujours prise par son travail. Quand à son père, il ne le voyait quasiment plus. Il s'était vu confié la direction d'une autre école, Gakushû le voyait encore moins.
- Tu n'as pas encore mangé, j'espère.
- Non, je... je vienne de rentrer. J'ai aidé une camarade à faire ses devoirs et après j'ai... j'ai beaucoup discuté avec un ami. Je n'ai pas vu l'heure passer.
- Une chance qu'il ne t'ait pas invité à manger. Je vais pouvoir te préparer un petit quelque chose. Assied-toi.
« Si je bouge, elle va le voir. Obligé ».
Toujours debout à l'entrée de la cuisine, le jeune homme n'osait pas bouger. Il attendit que sa mère lui tourne le dos avant de se décider à se diriger vers une chaise. La plus proche de lui surtout. Quelques pas tout en maudissant Akabane d'y être allé aussi fort, en se maudissant de l'avoir embrassé.
- C'est bien d'aider tes camarades et de discuter, Gakushû, lui dit-elle en se tournant vers lui, mais j'espère...
Ils s'immobilisèrent, tous les deux. Comme un réflexe, les yeux de la femme étaient descendu pour regarder fixement le bassin de son fils. Alors que celui-ci tentait de maîtriser sa respiration, calmer les battements effrénés de son cœur et trouver une explication qui tienne la route au fait qu'il boitait.
- Qu'est-ce tu t'es fait ?
- Euh... quelqu'un m'a bousculé dans les escaliers... dans la gare et... j'ai failli tomber. Je me suis fais mal à la hanche.
Sans y penser, Gakushû porta sa main sur son articulation. Son cœur battait toujours aussi vite. « Ça ne va pas passer. Elle va le voir » se répétait sans arrêt le jeune homme. Et son hésitation... une erreur !
- Approche, lui dit-elle en l'invitant d'un signe de la main. Je vais regarder.
« Ça ne va pas passer. Ça ne va pas passer. Elle va le voir tout de suite. »
Pourtant, il s'approcha quand même, la boule au ventre, sans quitter sa mère du regard et en tâchant de marcher le plus normalement possible. Sa mère détaillait d'un œil expert chaque pas de son fils. Elle passa derrière lui sans le quitter des yeux.
« Ça ne va pas passer » se répétait Gakushû. « C'est impossible que ça passe. »
La femme poussa violemment son fils contre la table. Gakushû se plia en deux avant de tomber au sol. Sa main plaquée sur sa hanche, il serra les dents pour ne pas crier. Le coin de la table, en plein sur l'articulation... Même Karma ne lui avait pas fait aussi mal.
- Maintenant, tu as mal à la hanche, le toisa sa mère. Tu peux me rappeler quel métier j'exerce, Gakushû.
- Médecin, parvint à articuler le jeune homme sans desserrer les dents.
- Quelle spécialité ?
- Trau... traumatologie.
- Exact, continua-t-elle en enjambant son fils pour rejoindre le réfrigérateur. Et tu sais combien j'ai vu d'hommes, ou même de femmes, qui se sont fait sodomiser tellement fort qu'ils ne pouvaient plus marcher ? Tu sais combien ? insista-t-elle en se tournant vers Gakushû puis sans lui laisser le temps de répondre, elle continua : suffisamment pour connaître leur démarche. La même que la tienne ! Tu t'es laissé dominer, Gakushû ! On ne t'a pas élevé avec ton père pour que tu te fasses dominer de cette façon ! Donc, tu vas revoir ce garçon et tu vas le dominer de telle sorte qu'il comprenne bien où est sa place. C'est bien compris ?
Le jeune homme hocha la tête sans pour autant la relever.
- Bien. Tu viens manger.
À l'école, tout le monde plaignait le pauvre Gakushû qui boitait. Surtout les filles, admiratives de le voir marcher sans pour autant laisser transparaître la douleur sur son si beau visage, tout en maudissant celui qui l'avait bousculé dans les escaliers de la gare. Il aurait pu se blesser plus gravement ! Gakushû avait servi la même excuse à ses camarades qu'à sa mère. Sauf que là, c'était passé comme une lettre à la poste. À part Karma qui l'avait regardé avec un sourire entendu. Enfin jusqu'à ce que le rouge voit le rouquin marcher. Et obtenir une audience privée avec sa majesté le président des élèves n'était pas chose aisée.
- Quand tu auras fini de te moquer, lança Gakushû, installé sur un banc dans le parc et sans lever le nez de son livre pour regarder son camarade s'asseoir à ses côtés.
- J'ai presque cru à ton excuse et j'avoue que j'étais sur le point de te faire une jolie petite remarque pleine de sous-entendus.
Asano ne le regardait toujours pas mais il imaginait très bien quelle tête devait faire Karma en se moment.
- Et qu'est-ce qui t'en a empêché ?
- Le fait que tu ne boites pas comme hier.
Le président des élèves tourna brusquement la tête sur le côté. Karma était à moitié affalé sur le banc, les mains dans les poches de son pantalon, une jambe tendue, l'autre repliée. Il regardait droit devant lui mais le ton de sa voix n'avait laissé place à aucun doute : il ne croyait pas la version de Gakushû.
- Je me suis pris le coin d'une table, finit par reconnaître le rouquin. Plutôt violemment.
- Tout seul ? lui demanda Karma en tournant la tête pour le regarder mais Gakushû ne répondit rien.
- Bien, soupira le rouge en se levant, je vais devoir attendre que tu n'aie plus mal.
- Je ne le ferai pas, répondit Asano en regardant Karma s'arrêter et se tourner ver lui. Je n'en ai pas envie.
- Tu ne vas pas me rendre...
Karma regarda derrière lui, Gakushû avait porté son attention sur deux lycéennes qui passaient près d'eux et qui adressaient un sourire compatissant au président des élèves. Il leur sourit en retour en les suivant du regard jusqu'à ce qu'elles s'éloignent.
- C'est agréable de se faire dorloter ? lui demanda Karma.
- Se faire dorloter, oui. Être assister parce que l'on est éclopé, non.
- J'aurai vraiment voulu essayé.
- Tu l'es ? lui demanda Asano en parlant de ses préférences sexuelles.
- Pas plus que toi.
- Je te l'avais dit... que ça faisait mal.
- Je croyais que tu ne voulais pas, lui répondit simplement Karma alors que Gakushû, maintenant allongé près de lui, reprenait son souffle.
- Tu avais raison, il n'y a pas de raison que je sois le seul à marcher en canard.
- Seulement, je suis chez moi ! ricana le rouge.
Karma n'y croyait plus en fait. Gakushû lui avait qu'il ne voulait pas remettre ça. Alors il s'était juste dit qu'il aurait dû laisser le roux lui faire l'amour le premier, lui se serait montrer plus entreprenant. Enfin sans trop insister non plus. Après, ça aurait paru suspect. Il aurait juste fait quelques allusions bien placées, il était très fort pour ça. Mais il avait eu la surprise de voir débarquer Asano avec pour prétexte des révisions. Et plus précisément, des révisions de biologie, chapitre anatomie humaine. « Rien de tel que des travaux pratiques » avait alors argumenté Karma un sourire diabolique sur les lèvres, faisant même rougir Gakushû.
- Dis-moi, c'est quoi ton type de fille ?
- Nagisa.
- Attends ! répliqua le roux en se redressant sur son coude pour le regarder. Nagisa, c'est un garçon ?
- Malheureusement, répondit le rouge. Je me disais bien aussi, lorsque je l'ai rencontré, que c'était trop beau une fille qui me plaise et qui aime Sonic Ninja ! Je lui ai bien proposé de se faire opérer mais il tient trop à ses parties apparemment.
Gakushû regardait Karma, un peu surpris. Le rouge parlait d'un ton désinvolte, comme si ce genre d'opération était aussi anodin qu'une appendicectomie.
- Et toi ? conclut Karma en le regardant. Ton genre de fille ?
- Ritsu, chuchota Gakushû après s'être rallongé sur le dos.
- Ritsu ? s'étonna Karma. Tu sais qu'elle n'est pas...
- Qu'elle n'est pas quoi ? Réelle ? C'est comme pour toi, Akabane, ça serait trop beau.
Karma le regardait toujours. Devait-il lui dire ou pas ? Visiblement, beaucoup de monde pensait que Ritsu n'était pas réelle, même si elle semblait l'être. Mais pour lui et ses amis, non seulement elle était réelle, à sa façon, mais en plus elle était son amie. D'ailleurs, il l'avait toujours en contact dans son téléphone.
- Dis-moi, lui demanda Asano en sortant totalement Karma de ses pensées, ton professeur Koro, tu m'en parles ?
- Alors c'est pour ça que tu es revenu !
- A la base, c'était pour ça que je t'avais embrassé, l'informa Gakushû en rougissant un peu.
- Et toi, le coin de la table, tu ne l'as pas pris tout seul ?
Le rouge s'était attendu à une réponse du genre « mon père m'a poussé » pour une quelconque raison, il savait que l'ancien principal de leur école pouvait parfois se montrer violent physiquement même s'il était plutôt du genre à attaquer psychologiquement. Mais Karma ne s'était pas attendu à la réponse.
- Ma mère n'a pas accepté que je sois dominé. Elle voulait que je te domine.
- C'est une blague ! ricana Karma en se redressant sur son coude pour regarder Gakushû mais il semblait sérieux. C'est pour ça que tu es revenu ?
Gakushû sentit ses joues virer au rouge. Ce qu'il était venu chercher. Un peu de tendresse, comme celle qu'il avait ressentie la dernière fois dans les bras de Karma après avoir couché avec lui et qui lui faisait défaut de la part de ses parents. Alors sans rien dire, il se blottit dans les bras du rouge. D'abord surpris, Karma finit par le serrer contre lui et ils se laissèrent sombrer tous les deux dans le sommeil.
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