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Ce que je ferai pour toi...

« C'est étrange. Je ne m'en été pas aperçu jusque-là. Mais c'est vrai que l'on a beaucoup changé ces dernières semaines. Même lui. Je ne pensais pas que c'était possible ! Et pourtant. Du coup, je me sens un peu étrange. Surtout en sa présence. J'ai le cœur qui bat plus vite et je veux qu'il me regarde. Mais je ne veux pas non plus que les autres le sachent. Alors je reste discret lorsque je le regarde. Enfin, j'essaie. Mais je crois que je me suis fait griller et pas par Karma ! Dommage, c'est pourtant son attention que je voudrais avoir et uniquement la sienne. Je pourrai lui dire. Je voudrais lui dire que j'éprouve pour lui quelque chose de particulier. Mais je n'y parviens pas. C'est idiot mais d'un coup, il m'impressionne. Alors je voudrais qu'il comprenne sans que j'aie besoin de le lui dire. Mais aujourd'hui, je vais lui dire ! Pf, c'est ce que je me dis tous les matins depuis presque quinze jours et finalement, je ne dis rien. »

- Et bien, tu rêves encore, ce matin.

Nagisa sortit subitement de ses pensées. Il était debout, près de sa chaise. Son petit déjeuner attendait sagement sur la table.

- Serais-tu amoureux ? Pf, quelle fille voudrait de toi ?

« Ma mère. Toujours un mot gentil pour moi ! »

- À moins que ce ne soit un garçon. Ce serait plus logique. Comme ça, tu serais enfin un peu une fille !

« Je sens mon cœur s'affoler d'un seul coup en pensant à Karma et ça fait ricaner ma mère. Je m'assieds sans rien répondre. Je suis sûr que je rougis. Mes joues sont tellement chaudes ! Je garde ma tête baissée pour ne pas voir ma mère. Pour ne pas voir comment elle me regarde. J'espère que Karma ne me considère pas comme une fille lui-aussi. Je soupire. Si, il me considère comme une fille vu qu'il m'a déjà suggéré de changer de sexe. Est-ce qu'il m'aimerait si j'étais une fille ? Je soupire de nouveau. Ça m'étonnerait. »

Nagisa se saisit de sa tasse. Il venait juste de la porter à sa bouche. Il se figea brusquement. Il venait de ressentir plusieurs choses en même temps et pas des plus plaisantes. Une sensation de coupure à la lèvre comme si sa tasse était subitement devenue coupante. Mais ce qui le dérangeait le plus, c'était ce frisson. Un frisson glacial venait de saisir tout son corps et geler les battements de son cœur.

- Pf, si c'était la tasse de ton copain, on pourrait dire qu'il a des problèmes.

« La tasse de mon copain ? Bien sûr que non ! Ce n'est pas la tasse de Karma ! C'est la tasse que ma mère m'oblige à utiliser ! Une tasse avec un motif niais pour fille. Je la déteste, cette tasse. Et puis, Karma n'est pas mon petit copain ! Malheureusement, il n'est que mon ami. Mais les propos de ma mère me glace autant que ce frisson. Et s'il était vraiment arrivé quelque chose à Karma ! Mais il est encore tôt. Karma ne doit même encore être réveillé, vu l'heure à laquelle il arrive à l'école ! Mais la pensée qu'il lui est arrivé quelque chose ne me quitte plus. Il faut que je sache ! »

Nagisa se leva d'un bond, sans rien avoir avalé, sans même prendre le temps de soigner sa lèvre coupée par la tasse qui s'était, sans raison, brisée d'un seul coup. Sa seule obsession, Karma. Il avait peur. Si peur qu'il ne lui soit arrivé quelque chose de grave. C'était irraisonné. Comment pouvait-il arriver quelque chose à Karma. Le jour s'éveillait à peine. Nagisa courait à travers les rues déjà bondées, l'esprit vide. Il sait où habite Karma, il l'a déjà suivi une fois. Mais le trajet lui semble long. Horriblement long ! Pourquoi met-il autant de temps pour arriver ? Il devrait déjà y être. Là voilà enfin ! Sa maison.

« Je ne sens plus mon cœur battre. En fait, je ne le sens plus battre depuis que ce frisson m'a glacé. J'ai toujours aussi froid. Pourquoi tout ce monde devant sa maison. Il y a même la police et une ambulance. Je n'arrive plus à respirer, ma gorge se gonfle. Je sens que les larmes s'accumulent dans mes yeux, prêtes à couler sur mes jours. Je m'approche, me faufile au milieu de la foule curieuse. Mon cœur descend dans ma poitrine. C'est bien chez Karma qu'il s'est passé quelque chose ! Je cherche à voir dans la maison, la porte d'entrée est ouverte mais je ne peux pas m'approcher. La police a établi un périmètre de sécurité pour maintenir les badauds à distance. Karma, où es-tu ? Sors, s'il te plait. Je veux te voir. »

« Nagisa. »

« Je souris, soulagé. Il est là ! Ça y est, mes larmes coulent. Il est sain et sauf et... Il me sourit. Oui ! C'est bien à moi qu'il sourit ! Je me sens si soulagé, j'ai le cœur si léger d'un seul coup. Pourtant j'ai toujours aussi froid. Il me dit quelque chose mais je n'entends pas ce qu'il me dit. Répète, Karma, je ne t'entends pas ! »

- Ça va, mon garçon ?

« Je regarde le policier qui vienne de s'approcher de moi. Il semble inquiet pour moi. Ah, je sais ! C'est certainement à cause de la coupure à ma lèvre ! Ça a dû beaucoup saigner. »

- Je suis venu voir mon ami.

« Je désigne la maison et Karma qui se trouve... Tiens, il n'est plus là. Il a dû rentrer dans la maison le temps que je parle au policier. Mon cœur s'affole étrangement dans ma poitrine. »

- Tu connais le garçon qui habite ici ?

- Karma, oui. On est dans la même classe. Que se passe-t-il ? Il va bien ?

« Le policier ne me répond pas. Il se contente de lever le ruban de délimitation en me disant « viens ». Je ne comprends rien de ce qui se passe. Alors je suis le policier dans la maison. A peine rentré qu'une forte odeur de sang m'assaillit et de nouveau, j'ai peur. Je jette un coup d'œil sur le côté, dans la cuisine. Il y a du sang par terre. Je tremble. Et si c'était Karma. Non, je déraisonne. Ça ne peut pas être le sien ! C'est impossible ! Mais je ne vois rien. Je veux voir Karma ! »

- Est-ce que tu sais si ton ami a de la famille ?

« Karma ? De la famille ? Non, aucune idée. Je ne le connais pas aussi bien que je l'aurai voulu et ça me navre. Mais ils peuvent toujours appeler Mr Ko... Karasuma, c'est notre professeur principal. Ma voix tremble, je n'y peux rien. J'ai tellement peur. J'ai tellement froid. Je veux voir Karma. Pourquoi je ne peux pas le voir ? Je me dirige vers la cuisine mais le policier m'arrête d'une main sur mon épaule. Il veut que j'aille dans le salon. Mais moi, je veux voir Karma. Je l'ai vu dehors ! Où est-il ? »

- C'est impossible, mon garçon. Il est mort.

Dans la salle de classe, c'est le silence. Ils auraient dû avoir sport avec Mr Karasuma en première heure. Mais il avait été appelé pour une urgence. Pour Nagisa. Ils avaient entendu son nom et ils espèrent tous qu'il ne lui ait rien arrivé. Mais ils commencent sérieusement à s'inquiéter. Il est déjà plus de onze et il n'est toujours pas revenu. Même Koro est inquiet, il se ronge les tentacules. Inquiétant aussi l'absence de Nagisa. Sa place est vide, comme celle de Karma. Mais lui, c'était habituel. Il avait pourtant fait des efforts ses derniers temps, il était présent plus tôt qu'à son habitude. Ça avait dû être trop dur pour lui.

La porte s'ouvrit sans hâte et Nagisa entra le premier suivit de Mr Karasuma. Mais aucune exclamation ne s'éleva. Même Koro resta muet. Le paisible Nagisa avait une entaille sur la lèvre et du sang plein sa chemise. Il avait pleuré. Beaucoup pleuré. Il ne regardait personne. Ni ses amis, ni son professeur. Il ne voyait qu'une seule chose : la place vide au fond de la classe. Une chaise vide qui le resterait à jamais. Les larmes coulèrent sur ses joues sans qu'il ne les retienne. Il n'y arrivait pas. C'était trop douloureux. Elle lui avait arraché le cœur, le laissant sans rien.

- Tu devrais rentrer chez toi, lui dit Karasuma en posant une main amicale sur son épaule.

Nagisa ne répondit rien. Il n'avait même pas entendu. Il s'avança lentement, les bras pendant le long de son corps, sans quitter des yeux la place inoccupée. Il se mordit la lèvre, la faisant de nouveau saigner. Mais la seule douleur qu'il ressentait, c'était celle de son absence. Il s'assit, toujours sans un mot. Il baissa la tête pour regarder ses poings serrés posés sur ses cuisses et les gouttes rouges qui tombaient dessus, telles des larmes de sang. Ses amis l'avaient observé en silence. Qu'avait-il pu se passer d'aussi grave pour mettre Nagisa dans cet état ?

Ils se tournèrent vers le bureau, vers Karasuma. Il avait été cherché le bleuté, il devait bien savoir quelque chose. Leur professeur de sport s'était placé près du bureau. Surpris, ils avaient entendu Koro lui demander d'une voix tremblante ce qui s'était passé. L'homme regarda un instant Nagisa puis la place de Karma. Il ferma les yeux pendant deux secondes. Il détestait ce genre de chose.

- Il est arrivé... commença-t-il d'une voix étouffée. Ce matin, Karma...

Il regarda de nouveau Nagisa. Ses larmes coulaient, se mêlant à son sang sur ses mains.

- Ce matin, reprit Karasuma, Karma a été...

Bordel ! Pourquoi était-ce si dur à dire ? Il avait toujours considéré Karma comme un petit con prétentieux et suffisant. Même s'il était efficace, même s'il avait changé. Alors pourquoi avait-il cette boule dans la gorge ? Pourquoi ne parvenait-il pas à dire qu'il était mort, qu'il avait été tué ? Son regard se posa sur Nagisa. Il pleurait, encore. Pf, il aurait mieux fait de rentrer chez lui si la mort de son ami l'affectait autant.

- Karasuma, intervint Koro d'une voix étrange. Est-il arrivé quelque chose de grave à Karma ? Est-ce qu'il va bien ?

L'homme lâcha un semblant de non qui resta à moitié coincé dans sa gorge. D'une voix étouffée par une émotion qui lui était jusque-là inconnue, il parvint à prononcer difficilement ces trois mots qui signifiaient que plus jamais Karma ne franchirait le seuil de cette classe, qu'il faudrait désormais faire sans lui. « Il est mort. »

« Je souris. Pas à cause du temps. C'est pas terrible aujourd'hui. Je le vois par la fenêtre de ma chambre, le ciel est couvert. Je souris pour tout autre chose. Allongé dans mon lit, j'attends. Je me sens bien ces derniers temps. Je me sens vraiment léger. C'est agréable. Et un peu étrange aussi. Je n'ai pas l'habitude de ressentir ce genre de chose. Je rectifie : je n'ai jamais ressenti ce genre de chose ! Mais c'est de sa faute aussi ! S'il n'était pas aussi mignon ! Je passe ma main sous mon oreiller pour l'attraper. Je me redresse brusquement en lançant mon oreiller à travers la chambre. Mais où est-ce qu'elle est ? Là ! Elle n'est pas restée à sa place. Je la prends et je me rallonge en la regardant. Je souris de nouveau en la regardant, cette photo. On était à Kyoto, pendant notre voyage scolaire. Une drôle d'aventure ! Deux des filles se sont faites enlevées et l'une de ses pourritures à osé le frapper. Rien que d'y penser, j'ai des envies de meurtres ! Heureusement, il n'avait rien de grave. Malgré tout, c'était un bon moment. Et puis, j'étais avec lui. Je l'admire. Il n'y a que là que je peux le regarder à ce point. Par contre, je sais qu'il me regarde, je le vois. C'est récent, il ne le fait de cette façon que depuis quelques jours. Et lorsque je m'en aperçois, j'ai le cœur qui s'affole et bizarrement, j'aime ça. J'aime cette sensation que j'éprouve. Je devrais peut-être l'embrasser devant tout le monde. Histoire qu'il soit gêné. J'adore quand il est gêné, ça le rend encore plus mignon et c'est tellement facile. C'est décidé, je l'embrasse, rien que pour le voir rougir !

J'éjecte ma couette et je m'assieds dans mon lit, la photo toujours en main. Un coup d'œil à mon réveil. Ouh, il est tôt ! Par rapport à d'habitude. On commence par quoi aujourd'hui ? Ah oui, sport. Je sèche ce cours habituellement. Tant pis, j'y vais quand même. Allez hop, une douche et ensuite direction la cuisine pour le petit déj.

Je m'arrête brusquement devant la porte de la cuisine. J'avais oublié. Je me suis levé trop tôt et du coup, elle est encore là, ma mère. On se regarde un instant, sans bouger, puis, elle me tourne le dos pour finir de préparer son café. Moi, je me sors un bol et mes céréales avant de m'installer à table. Elle ne m'aime pas. Ça tombe bien, c'est réciproque. Alors on s'ignore superbement. D'habitude, on ne se croise pas, on n'a pas le même rythme de vie mais là, j'étais tellement pressé que je n'ai pas fait attention à l'heure. Enfin, je l'oublie vite. J'ai mieux à penser. Et pour ça, j'ai posé ma photo près de mon bol, comme ça, je peux l'admirer tout en mangeant.

Le choc est violent et la surpris totale. Quelque chose s'est profondément enfoncée dans mon dos avant d'en ressortir. J'ai le souffle coupé et je mets bien deux ou trois secondes pour réagir. Je me lève mais un nouveau coup me foudroie, quasiment au même endroit. Je bascule vers l'avant. J'ai encore le réflexe de me rattraper en posant mes mains sur la table. Mon bol ! Je l'ai renversé ! Ma photo ! Ouf, elle n'a rien. Je me retourne péniblement. J'ai mal. Mon cœur s'affole mais il ne bat pas comme d'habitude. Trop vite. Trop fort. J'ai le goût du sang dans la bouche. Je fais face à mon agresseur. Ma mère. Elle tient un couteau. Je regarde le sang glisser le long de la lame et goutter au sol. Mon sang. Elle me hait donc à ce point qu'elle veut ma mort ? Son visage ne reflète rien, aucune expression. C'est comme si son esprit était vide. Sûr qu'elle agit comme un automate. Un automate qui s'avance de nouveau vers moi en levant son bras armé. Je dois esquiver. Il faut que je l'esquive. Mais cette douleur... J'ai l'impression que mon cœur la diffuse dans tout mon corps. Mon cœur bat moins vite, moins fort. Il se calme, on dirait. Mais j'ai du mal à respirer, comme si mes poumons étaient encombrés. Où avait-elle planté son couteau ?

Je parviens à me décaler, difficilement. Mes jambes me trahissent. Je me sens si faible d'un seul coup. Le bras levé pour me protéger de cette nouvelle attaque, je m'affale en partie sur la table. NON !!! Ma photo ! Nagisa ! Il est plein de sang !

Je bouscule ma mère pour prendre ma photo. J'ai du mal à la prendre. Je n'y arrive pas. Ma respiration est saccadée, ma vue trouble. Mes gestes sont moins précis. J'ai du mal à retirer le sang sur ma photo. Je veux voir Nagisa. Si je dois mourir, je veux revoir Nagisa ? Une dernière fois. »

« Nagisa. »

« Qu'est-ce qu'il a ? Il semble inquiet. Il est devant chez moi. Il sait où j'habite ? Il me regarde. Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Sa lèvre, elle est fendue ! Et ce sang sur sa chemise ! Si je trouve le salopard qui lui a fait ça, je le tue ! Il me sourit, rassuré. Je lui souris également. Tout va bien. Je lui dis quelque chose mais il ne m'entend pas apparemment. »

« Je ne comprends pas ce qui se passe. Un policier a fait entrer Nagisa chez moi. Il se croit chez lui ce flic ou quoi ?! Je le regarde. Il est inquiet. Il n'arrête pas de demander à me voir. Que se passe-t-il ? Qu'est-ce qui n'est pas possible ? Ne pleure pas, Nagisa. Je suis là.

Même accroupi devant toi, tu ne me vois pas. Tu m'as bien vu pourtant tout à l'heure ! Je n'ai pas rêvé ! Tu ne cesses de m'appeler. Mais je suis là, devant toi ! Pourquoi tu ne me vois pas ? Ma main sur ta joue pour sécher tes larmes, tu ne la sens donc pas ? Ce n'est pourtant pas dans mes habitudes de faire ce genre de chose ! Ça me fait tellement mal de te voir comme ça sans comprendre pourquoi !

Karasuma ?

Qu'est-ce qu'il fait chez moi ? Son visage, son regard sont si sombres. C'est comme s'il avait appris une mauvaise nouvelle. Le vache ! Il ne va même pas voir Nagisa. Il a pourtant bien vu dans quel état il se trouve ! Il est en larme ! Tu pourrais peut-être te préoccuper un minimum de lui !

La cuisine.

Pourquoi va-t-il dans la cuisine ? Je reste immobile, à le regarder disparaître dans la pièce. Se serait-il passé quelque chose dans la cuisine ? Quelque chose de suffisamment grave pour que Nagisa pleure. Je n'ose pas y entrer. Pourquoi ? C'est insensé. C'est chez moi, ici. Peut-être mais j'ai peur. J'ai peur ? Moi ? De quoi ? De ce qui pourrait se trouver dans la cuisine.

J'avance quand même. Je dois savoir ce qu'il y a dedans. Doucement. Ma gorge devient sèche, à mesure que je m'approche, je sens mon cœur marteler ma poitrine, de plus en plus fort. Dans la cuisine, je vois quelqu'un allongé au sol, sur son flan gauche, il me tourne le dos. C'est étrange, je connais les vêtements qu'il porte. Ma respiration se saccade. Mes yeux sont scotchés sur ce garçon. Je ne parviens pas à regarder autre chose. Il m'est familier mais je ne comprends pas ce qu'il fait chez moi, allongé sur le sol de ma cuisine. Il a été poignardé en plus ! Deux fois ! Dans le haut du dos. A coup sûr le cœur a été touché.

Karasuma est accroupi près de lui. Il serre les dents. Il lui retire quelque chose des mains, une photo apparemment. Ma photo.

Je fais le tour du corps, toujours sans le quitter des yeux. Je ne peux pas m'en empêcher. Pas par fascination de son cadavre. Non, c'est par peur. Je tremble. Moi ? J'ai peur ? Vraiment...

Non. Non, c'est impossible ! Ce n'est pas vrai ! C'est moi ! C'est moi qui suis allongé par terre ! Je suis mort. Mais comment ? Que s'est-il passé ?

Je recule. Je trébuche. Je tombe sur les fesses, le regard toujours fixé sur mon cadavre. Je me souviens maintenant. C'est ma mère qui m'a fait ça ! Elle m'a tué. »

« Je souris. Je ne suis pas sûr d'être convainquant. Mais au moins maintenant, on me laisse tranquille. Un mois s'est écoulé et j'ai cessé de pleurer. Pas parce que je ne suis plus aussi triste mais je n'ai plus de larmes à verser, elles se sont taries. A chaque fois que j'entre dans la salle de classe, je m'arrête un instant pour regarder sa place laissée vide. A jamais. Ma gorge se serre et j'ai l'impression que je vais pleurer. Sauf que, rien ne coule. Alors je vais m'asseoir à ma place, en silence et le cœur lourd en repensant une fois de plus à ce jour. Est-ce que j'aurai pu faire quelque chose pour le sauver ? Cette question me taraude. Tout le temps. Elle m'empêche de dormir. Tout le monde me dit que je n'aurai rien pu faire. Ils ne comprennent déjà pas pourquoi je me suis rendu chez lui. Moi-aussi, j'ai un peu de mal à comprendre ce que j'ai ressenti ce matin-là. C'était comme si j'avais senti qu'il se passait quelque chose de grave.

Je l'ai vu, devant la maison. J'en suis sûr. Mais personne ne me crois. Ils m'ont dit qu'il était déjà... qu'il était déjà... parti avant que j'arrive. Mais j'ai du mal à les croire. Je suis déjà obligé de les croire lorsqu'ils me disent qu'il est... Mais Mr Karasuma me la certifié. Il ne me mentirait pas, pas sur le nombre d'assassin dans la classe ! Alors il faut bien que je me fasse une raison. Mais je ne peux pas. Alors pour que mes amis cessent de s'inquiéter pour moi, je souris. Mais seulement en leurs présences. Et dès que je suis seul, je cesse de sourire. Et c'est toujours comme ça.

Et aujourd'hui ne fait pas exception dès que je leur ai tourné le dos, je cesse de sourire. Il manque des ballons alors je vais dans la réserve pour en récupérer. Je cherche les balles un instant. Mais mon regard est attiré par autre chose. Je m'en approche, d'un seul coup obsédé. Je l'observe un long moment, immobile. Elle est belle et elle a l'air suffisamment longue, cette corde. C'est vrai, j'y pense. Depuis plusieurs jours, à le rejoindre. Lorsque mes larmes se sont taries. C'est presque devenu mon unique pensée. Alors j'étudie différente façon de mettre fin à mes jours. La pendaison. Je n'y avais pas encore songé. Je pose la main dessus, enroule mes doigts autour d'elle. »

- Crois-tu vraiment que ce soit la bonne solution ?

« Je suis surpris mais je n'ai aucune réaction. Je tourne simplement la tête sur le côté. Koro-sensei. Je ne l'ai pas entendu entrer. »

- Je ne sais pas. J'y pense beaucoup, ces derniers temps.

- Et qu'en est-il de mon assassinat ? Tu t'étais engagé à me tuer.

« C'est vrai. C'est ce que j'avais dit mais pour être honnête, je n'en ai plus tellement envie. »

- Ton sourire est menteur, n'est-ce pas. Tu ne vas pas mieux. C'est parfaitement compréhensible. De tous mes élèves, tu es celui qui connaissait...

- Connais ! Ce n'est pas parce qu'il n'est plus là que je ne le connais plus !

« J'ai dû me montrer un peu sec. Koro-sensei a eu un léger mouvement de recul. »

- En effet, tu as raison. Je suis désolé de ma maladresse. Tu le connais toujours. Karasuma m'a dit que tu l'avais vu.

- Il ne me croit pas, lui ai-je répondu en posant de nouveau mon regard sur la corde.

- Karasuma est un peu trop... comment dire pragmatique pour croire en ce genre de chose. Mais il y a déjà eu des cas où des gens ont vu l'un de leurs proches alors que celui-ci était au loin et qu'il venait de mourir. Tu dois vraiment être important aux yeux de Karma pour qu'il soit venu te dire au revoir.

- Et alors quoi ? Vous allez me dire comme tous les autres ! Qu'il n'aurait pas voulu que je meure ! Mais qu'est-ce que vous en savez ?

- Je ne crois pas que Karma était du genre à dire ce genre de chose. S'il t'a dit quelque chose, ce serait plutôt que tu m'assassines à sa place. À mon humble avis.

« J'ai écarquillé les yeux. C'est vrai que Karma est bien du genre à demander ce genre de truc. »

- Dans ce cas, Koro-sensei, je veux les armes qu'avait Karma parce que c'est avec que je vous tuerai.

« Même sous cette forme, j'ai les mains dans les poches. Bah, on ne se refait pas, même mort. Je te regarde. Depuis que je suis mort. Mais toi, tu ne m'as plus vu. J'ai assisté impuissant à ta détresse. Tes sourires, je savais qu'ils ne servaient qu'à cacher ta tristesse. Je m'en veux d'être mort aussi bêtement. Je regarde le couteau que tu as posé sur ma tombe. Tu l'as planté dans le cœur de Koro-sensei. C'était le mien. Comme ça, j'étais un peu avec toi. Mais je suis toujours resté près de toi, Nagisa. Depuis ma mort. J'ai vu tes larmes couler, tes abandons, tes sourires. Ces derniers m'ont fait si mal. Bien plus que tes envies de suicide. Ils cachaient si mal ta peine. Ils étaient faux et chargées de tristesse. Maintenant tu ne pleurs plus mais tu ne souris plus, non plus. Et moi, j'aime tant te voir sourire. Et gêné aussi. Mais ça aussi, c'est fini. Franchement, je ne pensais pas que ma mort te ferait un tel effet. Si j'avais su... »

- Voilà, c'est fini. Koro-sensei est mort. Et toi... les deux personnes auxquelles je tenais le plus... Koro-sensei a dit que j'étais important à tes yeux puisque tu étais venu me voir après... après...

« Pf, après tout ce temps, tu n'arrives toujours pas à dire que je suis mort ! Tu abuses, Nagisa ! »

- Mais j'y ai beaucoup réfléchi et... je ne crois pas.

« Nigaud. »

- J'espère au moins qu'on était amis...

« Triple nigaud. »

- Au début, je voulais mourir pour te rejoindre. Mais maintenant...

« Tu fais quoi avec ce couteau, Nagisa ? »

- ... je veux simplement mourir. Je ne peux pas vivre sans te voir. Au moins te voir. J'ai beaucoup réfléchi à la méthode que j'utiliserai pour me tuer et j'ai choisi de m'ouvrir les poignets. Je sais, ma mère dirait que c'est une méthode de femme. Mais je m'en moque. Le principal, c'est le résultat. Mais ce ne sont pas les veines que je vais taillader mais l'artère qui passe au niveau du pouce. J'espère que ça ira plus vite. « Alors, après avoir plié soigneusement une serviette rouge sur mes genoux, j'enfonce la lame dans mon poignet gauche. » Discrètement, Mr Karasuma nous a appris à être discret, pour ne pas que les gens dans le cimetière voient ce que je suis en train de faire. Ils pensent juste que je prie pour toi. Mais les prières, ce n'est pas vraiment ton truc. « Je serre les dents le temps de retirer la lame. Ça fait vraiment mal. Jamais je ne pourrai me planter le deuxième poignet. Je ne peux plus bouger ma main gauche. Elle est toute engourdie. J'ai dû enfoncer le couteau un peu trop profondément. J'ai le cœur qui bat à toute allure alors que je regarde sans bouger le sang couler et disparaître sur la serviette de toilette. » J'ai bien fait de la prendre rouge. Mais du coup, ça va être plus long. Pourvu que personne ne s'en aperçoive. Ils risqueraient d'intervenir. Combien de temps avant que je ne perde connaissance. C'est là que je risque d'être sauvé. Lorsque quelqu'un s'apercevra de ce que je fais et décidera d'intervenir. Pour éviter ça, je dois rester immobile, à me recueillir devant ta tombe. Je sais, c'est peut-être un peu glauque, de m'ôter la vie sur ta tombe. Mais je n'ai pas trouvé de meilleur endroit. Le seul où je peux être le plus prêt de toi. D'ailleurs, je voudrais être enterré avec toi. Mais ça, ça ne va pas être possible. Et puis, tu ne serais peut-être pas d'accord.

- Bien au contraire.

« Je relève la tête. Mon cœur cogne dans ma poitrine alors que peu à peu je l'avais senti faiblir. Mais c'est bien ta voix que je vienne t'entendre. Mais... tu ne souris pas. Pourquoi ? »

- K-Karma...

- Pourquoi tu fais ça ?

- Je suis mort.

- Non, pas encore. Mais ça ne va pas tarder si tu ne réagis pas. Ne souris pas comme ça, Nagisa. Je ne veux pas que tu me rejoignes. Pas pour l'instant. Tu as encore tout un tas de chose à faire.

- Toi-aussi, tu as plein de chose à faire.

- Pf, tu parles ! J'aurai certainement pas pu m'empêcher d'être pourri. Un peu. J'aime bien quand tu souris. J'ai toujours aimé.

« Je baisse un peu la tête en voyant que tu poses ton pouce sur ma lèvre. J'y ai gardé une petite cicatrice, celle faite par ma tasse. Mais ce geste me rend triste aussi parce que je ne le sens pas. Il y a juste un léger froid. Un léger froid ! Comme celui que je sens sur mon poignet depuis tout à l'heure. Et pour cause, tu as posé ta main dessus... comme si ça pouvait changer quelque chose. Mais ce geste me touche profondément. »

- Tu as dis quelque chose, le jour où... quand c'est arrivé.

- Dis-le, Nagisa.

« Je secoue la tête. »

- Dis-le. Je suis mort.

« Je ne peux pas. Je ne peux pas dire une telle chose. Ça signifierait que j'accepte ton absence et je ne supporte pas de ne plus te voir. Mais tu insistes. Beaucoup. Ce que tu peux être pénible ! Même... »

- Mort. Tu es... mort.

« Ma voix tremble. Je ferme les yeux en baissant de nouveau la tête. C'est si dur de l'admettre. J'ai la poitrine et la gorge serrées. »

- Tu vois, c'est pas si difficile que ça à dire.

« Si, c'était très dur. Je n'aime pas ce mot. Il ne m'apporte rien. Je sens mes larmes couler sur mes joues. Ça faisait si longtemps. Je pensais même que je n'en avais plus. »

- Tu as dit quelque chose, ce jour-là, je n'ai pas entendu. Tout le monde me dit que tu m'as dit de vivre sans toi. Mais je ne crois pas que ce soit ton style de dire un truc pareil. Koro-sensei pensait que tu m'avais dit de le tuer à ta place.

- C'est vrai que j'aurai pu te demander ça. Mais ce n'était pas ça. Je vais te le répéter, Nagisa. Mais à la seule condition que tu laisse Karasuma te sauver la vie et que tu vives, pour moi.

« Mr Karasuma ? Je tourne péniblement la tête. Effectivement, il me tient tout contre lui. Il exerce aussi une pression sur mon poignet. Est-ce que je veux vraiment vivre ? Non, pas sans Karma. Mais il me le demande et il est bien capable de pourrir ma mort si je le rejoins maintenant. Alors je le ferai. Pour lui. Je sens de nouveau mon cœur battre et un froid un peu plus intense près de mon oreille. Je rougis puis je souris. »

- Nagisa ?

- Je suis là, monsieur, lui répondit Nagisa d'une voix à peine audible en fermant les yeux.

- Koro avait raison.

- Il vous a demandé de me surveiller.

- Il a plutôt employé le mot « veiller ».

« Koro-sensei... C'est tout vous ça. À d'abord penser à vos élèves. Et si j'avais lu le livre que vous m'avez laissé, je suis sûr que j'aurai trouvé un chapitre du genre « que faire si j'ai envie de me suicider parce que mon ami est mort ». Mais maintenant, c'est bon. J'attendrai patiemment avant de rejoindre Karma. Mais en attendant le jour de ma mort, personne d'autre ne prendra sa place. »

- Dites, Mr Karasuma, lorsque je mourrai, je voudrais être avec Karma.

- Je laisserai des instructions pour ça. On te le doit bien.

« C'est vrai que vous lui devez bien ça. Ils ont quand même fait le boulot à votre place ! Mais ne sois pas pressé de venir me rejoindre, Nagisa. On aura tout le temps après. Et juste pour le plaisir de te le redire : aishite iru, Nagisa. »

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