Concours 2 de @Hammiy0404
💫Thème et mots clés :
▫️Différences▫️
~Amitié💬
~Peur💬
~Ame-sœur💬
~Difficulté💬
▪️▪️▪️◻️▪️▪️▪️
Le dernier chapitre
Avec Léonie, on était meilleures amies depuis 6 ans. Elle avait toujours été ma lumière, mon modèle, et chaque jour j'essayais d'être la meilleure version de moi-même pour elle.
Entre nous, ça avait tout de suite matché. Alors oui, on ne regardait pas les mêmes films, on le lisait pas les mêmes livres et on écoutait pas les mêmes musiques, mais aucune de nos différences ne pouvaient nous séparer. Ce qui nous opposait, c'était ce qui nous rapprochait. Je voulais être réalisatrice de films, elle voulait être actrice. On faisait toujours tout ensemble. Avec elle, c'était à la vie, à la mort.
En fait, notre histoire était si belle qu'on ne pensait à rien d'autre qu'à notre bonheur, sans qu'aucun soucis ne vienne entraver nos sourires. J'aimais la voir sourire, la voir danser, la voir si concentrée sur son cahier. Sa joie était contagieuse, et chacune de mes journées était refaite dès que je l'apercevais. Dans ses yeux, une explosion d'univers. Les étoiles se reflétaient dans ses iris, et on avait toujours l'impression que rien ne pouvait l'atteindre.
Elle était forte, Léonie. Elle était exceptionnelle.
Alors, ce 20 novembre 1984, quand elle m'a demandé de venir la retrouver à l'endroit habituel, sous le pont du village, je me suis évidemment empressée d'aller la voir. J'ai pris mon vélo, et j'ai traversé la rue Deschamps, je suis passée devant la mairie sans me retourner, et je suis arrivée au pont, quelques gouttes de sueur perlant sur mon front.
Ça tombait bien qu'elle me demande de la voir, je devais lui parler de ce scénario que j'avais commencé à écrire. Elle serait mon actrice, ça allait être magnifique.
Je suis descendue de mon vélo, tout sourire. Là, dans la pénombre du pont, elle lisait un assez gros roman. Je me penchai légèrement pour en voir le titre. Tristan et Iseut, un conte où deux amants boivent par erreur un philtre d'amour, et dont la passion de leur amour interdit les conduit à des tragédies inévitables.
Dans un sourire, je me raclai la gorge pour lui signaler ma présence. C'était étrange, Léonie avait l'habitude de lire et relire ces livres où l'amour conduisait à la tragédie. Moi, je préférai les romans d'aventure, ils me permettaient de m'échapper de mon triste monde. Ils étaient ma source de bonheur, comme ma meilleure amie.
A l'évidence, elle ne m'avait pas entendue arriver, puisqu'elle sursauta légèrement en m'entendant. Elle me détailla quelques secondes avant de ranger son livre dans son sac. Elle mettait plus de temps qu'habituellement, comme si chacun de ses gestes pouvait conduire à la destruction de l'objet, comme si l'univers était tendu par un même fil qu'il ne fallait surtout pas briser. Je ne dis rien cependant, et j'attendis patiemment.
Elle ferma son sac avant de le remettre sur son dos et de se tourner vers moi. Je me tâtai d'entendre ce qu'elle avait de si important à me dire, mais rien ne vint.
Intriguée, j'observai son visage. Ses cheveux étaient aussi soignés que d'habitude, son nez présentait toujours les mêmes tâches de rousseur, ses vêtements semblaient impeccablement repassés, des rougeurs empourpraient ses joues, son bandeau fluo était en place... Non, tout allait bien.
Ses yeux étaient aussi brillants que d'habitude, si bien que je m'y perdis légèrement. Elle ne bougeait pas, alors j'haussai un sourcil pour lui signifier que je l'écoutais. Rien n'y faisait, pas un mot ne sortit de sa bouche.
Mon regard glissa sur son cou, où un frémissement étrange attira mon attention. On aurait dit qu'elle se battait contre quelque chose d'invisible, comme si chaque mot qu'elle tentait de prononcer mourait avant de franchir ses lèvres. Ce n'était pas Léonie, pas celle que je connaissais. Ses silences étaient d'habitude une force, pas cette ombre qu'elle portait autour d'elle.
Elle ouvrit la bouche, la referma. Un frisson la traversa, imperceptible, mais suffisant pour que je le remarque. Léonie n'était jamais hésitante. Jamais.
J'eus soudain l'envie de la secouer, de lui demander pourquoi elle m'avait demandé si urgemment de venir, et quand je me mis de nouveau à regarder ses yeux, elle avait le regard posé sur mes lèvres. Regrettait-elle de ne pas avoir ma bouche pour parler ? Mais qu'avait-elle de si important à me dire pour qu'elle, Léonie Brunoff, ma meilleure amie, celle qui n'avait peur de rien et qui pouvait surmonter mille et une peine, n'arrive pas à me parler ?
C'était Léonie, pourtant. Mais quelque chose clochait. L'éclat de ses yeux brillait peut-être un peu trop, comme si derrière ses prunelles dansaient des larmes qu'elle refusait de laisser couler.
Oui, c'était ça. Elle était sur le point de pleurer. Dans ma tête, les mots "Léonie" et "pleurer" ne pouvaient aller dans une même phrase, mais c'était le cas. Léonie s'apprêtait à pleurer.
Prise de panique, mon coeur rata un battement alors qu'elle rencontra de nouveau mes yeux. Elle semblait m'étudier comme je l'étudiais, et la panique que je ressentais, elle avait l'air de la partager. Je lui adressai un regard suppliant de me dire ce qui n'allait pas, et, à ce moment, rien n'aurait pu me préparer à ce que j'allais entendre.
- Je t'aime., me dit-elle d'une voix affreusement tremblante.
Mon cerveau s'arrêta d'un coup. Elle m'aimait ? Mais je le savais ! Ce serait étrange sinon, alors qu'on était meilleures amies ! A moins que... Voulait-elle dire qu'elle m'aimait dans ce sens là ?
Le monde s'effondra en silence. Un battement de cœur plus tard, j'étais ailleurs. L'air me manquait, mes jambes tremblaient. Je voulais parler, mais aucun mot ne passait ma gorge. C'était une erreur. Ce devait être une erreur.
Avant que je n'aie le temps de dire quoique ce soit, elle s'empressa de continuer sur sa lancée, ayant sûrement un regain d'émotion.
- Tu vois, j'ai remarqué comme tu me regardais, j'ai entendu tout ce que tu disais sur moi, je t'ai fait plusieurs fois des signes pour te montrer que j'étais d'accord avec tes sentiments, que je les partageais, mais tu ne m'as jamais rien avoué alors... Oui, je sais, tu es timide, c'est pour ça que j'ai décidé de faire le premier pas et...
Elle étudia mon regard, un léger sourire au coin de ses lèvres.
Moi, je ne disais rien. Je l'écoutais parler, comme si j'assistais à la scène de loin. Que disait-elle ? De quoi est-ce qu'elle parlait ? Je ne savais plus rien, mes oreilles se bouchaient toutes seules, ma respiration se faisait courte, et je sentis les larmes me monter aux yeux.
Pourquoi ? Pourquoi gâcher tout ça ?
Elle tenta de me prendre la main, dans un geste affectueux et rassurant, mais c'était trop tard. Le mal était fait, et rien ne pourrait reconstruire ce qu'elle avait gâché. Aussi, dans un geste de colère -ou peut-être de peur, je ne sais plus- , je m'écartai rapidement.
- Tu... Pourquoi t'as fait ça ?
Ce fut la seule chose que je réussis à lui dire avant de reprendre mon vélo et de m'enfuir en courant.
Je ne dormis pas de la nuit, repassant en boucle chaque moment dans ma tête. Elle m'aimait... Elle m'aimait... Non, ce n'était pas possible, ce n'était pas ma Léonie, j'avais dû mal comprendre ! Au matin, je ressortis mon scénario pour essayer de la peaufiner, mais rien à faire. Il fallait qu'elle m'explique, il fallait que je comprenne comment toute notre amitié avait pu déraper à cause de trois petits mots.
Je me précipitai hors de ma chambre, mais ma mère m'arrêta dans les escaliers. Je vis tout de suite à son regard que quelque chose n'allait pas. Elle semblait triste, mais elle ne m'expliqua pas. Elle m'offrit simplement le journal, arrivé dans la boite aux lettres une dizaine de minutes plus tôt.
Le papier avait été froissé, comme si quelqu'un avait voulu le jeter dans la poubelle, puis avait fini par le récupérer. Intriguée, je le pris avant de me figer en voyant une petite case en bas de la première page.
"Suicide d'une adolescente de 16 ans, hier soir, noyée sous le pont du village."
Je ne compris pas tout de suite. Je regardais ma mère, qui tenta de caresser mon épaule. A son air désolé, je compris ce que Léonie avait fait. Sans un mot, je remontai dans ma chambre, gardant le journal contre moi.
Je ne sortis pas pendant 1 mois. Je ne me rappelle plus très bien ce qu'il s'est passé ensuite, mais je sais que j'ai assez pleuré pour remplir la Seine de mes larmes. Je ne me souviens plus très bien ce que j'ai fait, mais je me souviens parfaitement ce que je n'ai pas arrêté de me répéter dans ma tête, chaque seconde, à chaque fois que je me rendais compte que l'air traversait mes poumons alors qu'il n'atteignait plus les siens.
Le monde dehors continuait de tourner. Les bus passaient dans la rue, les enfants jouaient dans la cour d'école. Et moi, je restais là, enfermée dans une histoire où le dernier chapitre était une tragédie que je n'avais pas su éviter.
J'étais devenue la méchante d'une histoire que je n'avais jamais voulu écrire.
▪️▪️▪️◻️▪️▪️▪️
Et voilà ! Merci d'avoir lu ! Comme d'habitude, n'hésitez pas à me faire des retours positifs ou négatifs (tant qu'ils sont constructifs, je prends !)
Donc, Hammiy0404, voici ce que tes mots clés m'ont inspirés, j'espère que ça t'a plu <3
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