☽ 𝓕ujii ☾
Ce soir, c'est une nuit comme les autres, le bar où je travaille est calme. Plus que les autres soirs. Pourtant on est en week-end et c'est ma fin de service. D'habitude à cette heure-ci c'est une heure de grande affluence et je n'arrive pas à tout gérer toute seule.
Entre les piliers qui ont toujours une remarque à faire et me reservent les mêmes histoires en boucle. Ou encore les jeunes fêtards qui viennent célébrer la fin d'un examen, ou pour simplement se soûler, et les personnes normales qui veulent juste boire un verre. Si les trois sont en même temps, et que je suis seule à gérer le bar, j'ai tendance à être dépassée.
Je me suis retrouvée à gérer seule le bar en période de fin d'examen, j'ai cru que j'allais cela allait me rendre dingue. C'est tellement rare quand j'ai une deuxième personne pour m'aider que ce soit pour le service ou derrière le bar.
Mais le mois de novembre n'a pas l'air d'encourager les fêtards à sortir, et ça m'arrange. Je préfère largement écouter pour la cent-vingtième fois la même histoire par un vieillard soul, qu'une bande d'étudiants qui essayent d'avoir mon numéro pendant que je croule sous leurs commandes.
Là, à part une bande de potes qui vient chercher ses commandes directement au comptoir, les habitués et un couple qui me donne envie de vomir avec leur pote qui tient la chandelle. Il n'y a personne d'autre. Plus qu'une grosse demi- heure et je pourrais rentrer chez moi.
Depuis mon poste, on remarque que la soirée commence à se terminer, le groupe qui occupe la banquette commence à refuser la possibilité d'avoir une nouvelle tourné, les habitués ne tarderont pas à se faire virer par le pseudo videur, et le couple est en train de reprendre leurs affaires pour partir, abandonnant leur pote. Je commence à ranger les quelques affaires du bar et à ranger la vaisselle qui s'entassent dans l'évier. Entre ici et chez moi, je coule sous ça, je ne sais pas si j'ai hâte de rentrer chez moi du coup.
— Bonne fin de soirée, déclare la fille suivit de son copain qui la talonne avant qu'il ne passe un bras autour de ses épaules pour la rapprocher de lui. Les deux rigolaient légèrement.
Je ne sais pas si je dois les trouver mignon ou dégoûtant. Au moins ils ne se sont pas rouler des pelles toute la soirée, sinon en ce moment je serais en train de proposer à leur pote de se tirer une balle avec moi.
J'essaye de positiver en me disant qu'il y a des hommes qui viennent ici dans le seul but de se trouver une meuf pour la soirée et tromper leur compagne avec, ou qui emmènent leur maîtresse parce qu'ils savent qu'ils ne trouveront pas leurs femmes dans ce type de bar.
Je termine de ranger quelques verres avant de récupérer ceux qui jonchent les tables, je récupère les pourboires laissés sur la coupelle en bois que je n'ai pas eu le temps de ramasser plus tôt. Je sors un torchon et commence à nettoyer les tables vides laissant aux derniers clients le temps de terminer leurs consommations.
Une masse se laisse tomber contre le chêne du comptoir, m'arrachant un sursaut. Ce n'est pas possible de faire autant de bruit, pour si peu. Je repasse derrière prêt pour le faire dégager.
— Une dernière bière, s'il vous plaît, demande-t-il en marmonnant, la tête entre ses bras.
— J'ai arrêté de servir, répondis-je froidement.
— Même si je la bois très rapidement, continue-t-il.
— Comme ça t'es sûr de repartir de travers.
Je pose mes mains sur la surface sous moi et en profite pour le détailler. Un blond avec des racines qui apparaissent, assez imposant de carrure sans pour autant donner l'impression d'être particulièrement musclé sous son sweat-shirt.
— S'il vous plaît madame, je vous promets d'être sage après, sinon un shot, redemande-t-il en relevant le visage dans ma direction.
Assez mignon, sous ses airs de bad boy, des traits assez angéliques avec des yeux bruns. J'en reviens pas qu'il me vouvoie, on doit avoir le même âge. Mais avec son air joueur, je vois bien qu'il se jouait de moi.
Je récupère un verre à shot, le remplissant de vodka, avant de lui poser sous le nez.
— J'espère pour toi que tu ne noies pas ton chagrin d'amour parce que t'es amoureux de la fille qui était en face de toi, soufflais-je.
— Il affiche une mine choquée par mes propos, avant de poser une main dramatique contre son cœur. Jamais de la vie, s'exclame-t-il. Les barmans ne sont pas censés être de meilleur psy que ça ?
— Non, il faut arrêter de croire qu'on est assez bien payé pour prêter attention à vos problèmes, affirmais-je. Alors t'es vraiment pas amoureux d'elle ? insistais-je.
— Il hausse un sourcil suspect. Pas du tout, elle habite à Tokyo et est heureuse avec son copain. En plus je la vois comme une sœur, enfin pas vraiment puisque j'en ai une et que ça ne ressemble pas à ça, mais comme une cousine proche. Personne ne veut avoir une aventure avec sa cousine.
Je manque de m'étouffer avec le peu de salive que j'ai. C'est une comparaison à laquelle je ne m'attendais pas, c'est la première fois que j'entends ça, on entends de ces pépites en travaillant ici, je ne regrette pas d'avoir accepté ce job, malgré le fait qu'il m'épuise et que je n'ai presque plus de vie sociale.
— Sauf les Targaryen, marmonnais-je.
— Les quoi ? demande-t-il.
— Une famille dans un livre que je suis en train de lire, l'informais-je.
— Il y a un anime dessus ?
— Pas encore, après c'est une traduction d'un roman anglais, continuais-je.
— Tu t'appelles comment, que je puisse te remercier pour le verre, demande-t-il.
— Lyriah, soufflais-je à demi-mot.
— Merci Lyriah pour le shot, moi c'est Fujii, le gars qui n'a pas envie de coucher avec sa cousine.
— Heureusement que t'as pas envie, lâchais-je.
Je récupère son verre vide et le nettoie rapidement avant de le reposer sur l'étagère.
— Maintenant que j'ai révélé un truc sur moi, c'est à tour, dit-il en me servant un sourire charmeur.
— Mon prénom ne te suffit pas ? Il secoue la tête. Je réfléchis, je n'ai rien à cacher mais rien de particulier à dire aussi. Je suis fille unique, déclarais-je finalement. Allez Fujii, il est l'heure de rentrer chez toi, soufflais-je en regardant l'heure sur ma montre.
Sa lèvre s'entrouvre légèrement, l'air un peu déçu. Finalement il se relève et met sa veste avant de déposer l'argent du shot que j'encaisse.
— Bonne nuit Lyriah, déclara-t-il avec un sourire timide.
Je souffle légèrement. Il était sympa, ça me change des gros lourds, il est assez particulier mais il n'a pas l'air d'être méchant juste d'être lui.
— Bonne soirée Fujii, imitais-je.
Je m'étire en voyant qu'il me reste encore les chaises à retourner. J'aurais dû abuser de sa gentillesse et lui demander de m'aider. Je me dépêche de poser l'assise des chaises sur le bois des tables pour que la personne qui arrive demain matin n'ai qu'à passer un coup d'aspirateur et laver le sol. Sauf exception, si un verre a été renversé c'est le soir même.
Je récupère ma veste et termine par couper le courant et sortir pour enfin rentrer chez moi; J'ai hâte de retrouver mon lit et profiter de mon dimanche matin pour faire une grasse matinée. Je hausse un sourcil en voyant mon dernier client se tenir contre le mur en face de ma sortie.
— J'espère que t'es pas un de ces gars, qui reste pour ce montrer insistant dans le seul but d'avoir mon numéro, ou un tueur en série, râlais-je.
Je ferme la porte, vérifiant bien qu'elle est fermée et descends le store pour le fermer. Je me retourne dans sa direction un sourcil curieux.
— Non pas du tout, j'allais rentrer mais il y avait des gars pas très fréquentables dans le quartier et je me suis dit que je pourrais au moins te raccompagner à ton arrêt de métro ou de bus, il s'avance avec un sourire timide qui se veut bienveillant.
Il reste à quelques mètres de moi, respectant ainsi une distance de sécurité. Il a ses mains dans ses poches et se balance nerveusement d'avant en arrière en attendant ma réponse.
— Qu'est-ce qui te dit qu'ils ne sont pas fréquentables, rétorquais-je en le défiant.
— Il hausse les épaules. Bah, hésite-t-il. Ils font partie d'un gang pas des plus sympa, enfin normalement il le sont revenus, marmonne-t-il dans son coin.
— C'est pas très clair, ce que tu racontes.
— En fait, ces gars faisaient partie de mon ancien gang, puis ils ont dérapé, et maintenant normalement ils sont de nouveau cool, souffle-t-il.
— Donc t'es dans un gang ?
— Il hoche la tête avec un faible sourire. Ouaip, devant toi se tient l'ancien second de Vipers, je ne vais pas m'étendre sur ma situation actuelle, qui est beaucoup plus compliquée.
— C'est donc comme ça que tu les connais, rétorquais-je amusée.
Je n'aurais pas parié sur le fait que ce soit le membre d'un gang. Son visage angélique est une belle façade trompeuse. En plus l'ancien second des Vipers, un gang qui a terrorisé les quartiers d'Osaka pendant près d'un ans, maintenant j'ai l'impression que cela s'est calmé. Je suis surprise qu'il ait eu ce type de fonction.
— Tu n'as pas répondu à ma question, reprend-t-il.
— Il n'y a plus de bus et de métro à cette heure, je rentre directement chez moi, répondis-je, en m'éloignant pendant qu'il suit, restant à mes côtés.
— Ça ne me dérange pas de faire le chemin, déclare-t-il. J'espère que t'habites pas à l'autre bout de la ville, ironise-t-il.
— C'est seulement à une demi-heure, souriais-je avec une forme de sadisme.
— Il se raidit une seconde avant de continuer à me suivre. Je prends ça pour un oui, fait-il enthousiaste. Je te préviens, je suis bavard, alors envoie-moi me faire foutre si je t'emmerde.
— Ok Fujii, laisse-moi commencer alors, le coupais-je.
Il tient à me raccompagner, et j'ai envie d'un peu mieux le connaître et j'avoue qu'il m'intrigue beaucoup. Je ne sais pas ce qu'il a mais je le sens bien, il a l'air honnête dans ses démarches. J'espère juste que je ne me trompe pas et que ce n'est pas un tueur ou un violeur.
— Pourquoi tu tiens à faire ça ?
— J'aime pas savoir que j'ai fait la fermeture d'un bar et laisser la barmaid rentrer seule chez elle, souffle-t-il. En plus, je sais à quel point les hommes qui traînent dans la nature peuvent être ignobles.
— Quel genre, si je peux me permettre ?
— Du style, j'ai un job, une famille, et j'abuse des filles en situation de faiblesse, dit-il en s'étranglant. J'ai vu les dégâts que ça fait une personne, c'est atroce à voir. Donc ce sont mes bonnes actions de l'année, dès que je peux aider, je le fais.
— C'est assez altruiste de faire ça, terminais-je. C'est donc ça tes liens avec la fille à ta table ? fais-je doucement.
— Bien vu. Dit comme ça on dirait que t'es jalouse, rigole-t-il. Mais oui, c'est elle, tu vois pourquoi j'ai cette impression que c'est mal.
— Je comprends, et j'imagine que t'as peur qu'un jour une fille que tu connais tombe sur ce type de cinglé, concluais-je.
Même en pleine nuit, Osaka garde de l'activité dans ses rues. Elles ne sont jamais totalement vides ou effacé dans le noir de la nuit. Donc je n'ai jamais eu trop de problème à rentrer quand je faisais la fermeture. Mais j'apprécie d'avoir quelqu'un avec qui parler donc ça ne m'ennuie pas qu'il soit là, en plus je trouve que c'est une noble raison pour me raccompagner.
— A moi de te poser une question, s'amuse-t-il. Depuis quand tu travailles au bar ?
— Quelques mois, j'avais besoin d'argent et avec le loyer, ça ne suffisait pas d'avoir seulement une coloc et la bourse, commençais-je.
— T'étudies quoi ?
— Je suis en première année de licence d'histoire, déclarais-je.
— C'est cool ça, j'aimais bien quand j'en avais au lycée, commente-t-il.
— Et toi ? T'es à la fac ou tu travailles ? profitais-je pour mieux le connaître.
— J'ai arrêté le lycée pour commencer à travailler pour aider ma mère, déclare-t-il. Donc généralement je travaille là où on m'engage.
Je crois que je suis face à l'incarnation d'un ange, c'est la seule probabilité pour expliquer qu'il soit parfait. Il doit avoir au moins un défaut. Au moins un. Être trop gentil, s'en est un. C'est sûrement le sien. C'est la seule raison que je trouve.
— Fujii, t'as des défauts ?
— Il hausse les sourcils surpris. Il ne s'y attendait pas. Ensuite les deux se froncent pendant qu'il réfléchit. Je ne sais pas, je suis trop parfait ? Arrogant, je retiens. Je suis têtu et entêté. Je suis capable d'aller à l'autre bout du pays pour aller me battre, tu peux ajouter impulsif. Mais je crois que je ne le suis pas finalement, ajoute-t-il.
— Ok, de toute façon tu ne m'aurais pas dit si c'était un truc grave, déclarais-je.
— Non, mais maintenant tu sais déjà tout de moi. Dis-moi tout Lyriah ? Pourquoi l'histoire ?
— Parce que j'aime ça, que j'aimerais bien devenir prof dans les lycées. C'est surtout la seule matière qui me permettait d'avoir une bourse, avouais-je.
C'est la rencontre d'une nuit, une du type qu'on ne revivra jamais. Celle où le courant passe tellement bien qu'on est obligé d'en profiter. Peu importe où elle nous mène. Peu importe qu'on décide de se revoir. J'ai bien envie de voir où elle peut nous mener.
— T'as grandi ici ?
— Oui dans la banlieue, soufflais-je. Mais j'habite en ville depuis la rentrée, je fuis mes parents et l'atmosphère à la maison.
— Ils sont violents ? s'inquiète-t-il.
— Non, pas physiquement, mais verbalement. J'en pouvais plus, donc je les laisse dans l'espoir qu'ils se rendent compte qu'ils doivent divorcer, avouais-je. Rien de ce qu'il disait était pour moi, mais c'est fatiguant de vivre ça tous les jours.
— C'est bien pour toi si t'as sû t'en rendre compte et que tu savais ce qui était mieux pour toi, sourit-il sincèrement et timidement. Elle est sympa ta coloc ?
— Oui, m'exclamais-je. Je la vois pas souvent, parce qu'elle est souvent chez son copain ou ses parents, mais je m'entends bien avec.
— Cool, un appart sympa ?
— Je hausse les épaules. Mouais, on a chacune notre chambre, il est propre, mais pas très spacieux. Ça va j'ai la place pour étudier.
— T'es pas fatiguée avec le travail.
— Non ça va pour le moment. En semaine, je fais directement quelques heures après les cours ou le milieu et la fermeture quand je commence tard le lendemain, annonçais-je. En période d'examen, je m'arrange avec le patron, pour que ça concorde bien.
— Génial. C'est grave bien pour toi.
— Et toi ? En général tu travaille dans quoi ? demandais-je.
— J'ai quelques activités pas très légales dont je ne te parlerais pas. L'hiver dans la restauration, le printemps et l'automne sur les chantiers. L'été j'essaye de profiter de ma sœur et en plus je ne supporte pas la chaleur.
— Je rigole en entendant sa dernière phrase. Ravie de voir que quelqu'un d'autre non plus. Je ne comprends pas pourquoi tout le monde est dingue de cette saison...
— Le seul truc bien, c'est les vacances, termine-t-il spontanément.
— Mais oui ! m'exclamais-je. C'est l'enfer, le meilleur c'est le printemps avec les fleurs de cerisiers.
— Non c'est l'automne, lance-t-il au débat. La pluie, les feuilles rouges, faire de la moto avec une faible brise.
— Non, mais on ne va pas se lancer dans ce débat, sinon je crois que je peux passer toute la nuit à en parler.
— Sinon on se met d'accord pour dire que l'hiver est la seconde meilleure, il me tend son petit doigts pour que je le serre.
Je pince ma lèvre, secouant légèrement ma tête comme un signe de refus. Dans mon classement c'est l'automne la deuxième, ensuite l'hiver et après c'est la saison de l'enfer. Mais je l'accepte finalement pour conclure l'accord. C'est sûrement le meilleur classement.
— On est vraiment pas prêt à avoir ce débat, concluais-je.
— Mais j'ai réussi à trouver un compromis, déclare-t-il en souriant.
Je lui rends son sourire, il est terriblement contagieux.
— Alors, hésitais-je. Ton anniversaire ?
— Le 28 février 1987, fait-t-il en prenant un peu d'avance devant moi et de se retourner pour me faire face. Et toi ?
— Le 4 juillet de la même année, soufflais-je.
— T'es cancer du coup.
— Ouaip, et toi poisson ? C'est ça ?
— Il hoche la tête. Il paraît que nos signes sont compatibles.
— Je sourie ironiquement, levant les yeux au ciel. Parce que tu crois en l'astrologie ?
— Je sais pas, c'est toujours marrant à lire dans les magazines.
— C'est vrai que c'est sympa, j'attends toujours de recevoir la fortune qui n'a été promise par celui d'il y a trois semaines.
Il explose de rire avant de s'arrêter pour attendre que j'arrive à sa hauteur.
— Depuis le temps que je les lis, en ce moment je devrais être millionnaire, déclare-t-il.
— Parce que c'est un truc régulier ? rigolais-je en voyant que lui aussi continuait.
— Bah, réfléchit-il courtement. Ma mère est coiffeuse, donc les magazines peoples, ou simplement les rubriques astrologiques, ça me parle quoi.
— C'est cool, vous avez l'air proche.
— Je dirais que oui, il réfléchit plus longuement que tout à l'heure. Mon père n'est pas du genre à présent, il se pointe quand il a envie d'avoir bonne conscience auprès de nous. C'est tout.
Je hoche la tête en voyant son expression devenir plus sérieuse. Je pose ma main sur son avant-bras pour lui montrer mon soutien.
— Je ne sais pas ce que ça fait, mais t'as tout mon soutien. Viens on va parler d'autre chose, la famille ça reste un sujet sensible.
— Les parents la seule raison pour laquelle le monde va mal, grogne-t-il. Je trouve aussi. T'habite encore loin ?
— Non, je dirais qu'on a fait les trois quarts du chemin. Pourquoi t'es pressé de me laisser seule ? demandais-je.
Il détourne le regard gêné, avant de revenir se poser sur moi, les joues légèrement teintées de rose. Putain il est adorable. C'est possible que je commence déjà à craquer pour lui ? Seulement en l'espace d'une petite heure ? Je ne sais pas, mais j'ai envie d'y croire.
— Pas du tout, quand t'as plus de transports et que tu finis à cette heure, c'est pas trop long ?
— Je hausse les épaules. Je n'ai jamais trop de problème avec ça.
Je ralenti en voyant la vitrine d'un magasin de multimédia. Je crois que je sais ce que je vais m'acheter l'an prochain en voyant les annonces de la part d'une entreprise assez célèbre.
— Fan de Mario Kart, Lyriah ? demande-t-il en voyant mon arrêt.
— Oui, il y en a un qui sortira l'année prochaine sur de nouvelles consoles. J'ai hâte.
— Il étouffe un petit rire. Tu joues qui généralement ? demande-t-il en haussant un sourcil.
— Luigi, et toi ?
— Toad. Putain je donnerais tout pour faire une partie comme quand j'étais au collège, c'était tellement bien.
— Fujii, t'es en train de faire remonter les souvenirs. Je me souviens des parties après les cours avec mon copain.
— T'es en couple, s'étrangle-t-il.
— Non, fis-je longuement. C'était mon copain de l'époque qui me l'a fait découvrir, c'est tout. Il soupire soulagé. T'espère qu'il se passe quelque chose ? Fujii ? demandais-je amusée avec un sourire en coin.
Il ne pipe mot. Et continu à me suivre, ça ne me déplairait pas qu'il montre un petit signe qui ne prouve pas que c'est seulement de l'amitié entre nous. Je ne dis rien consciente que je viens sûrement plomber l'ambiance. Il est peut-être plus timide qu'il en a l'air.
Il continue à me suivre silencieusement. Les yeux rivés sur ses chaussures, l'air pensif et concentré. Je marque en arrêt devant mon immeuble.
— On y est, soufflais-je.
— Je suppose qu'on en reste là, se résigne-t-il. Je peux, fait-il en s'approchant de moi.
— Je hausse un sourcil curieuse de découvrir avant d'hocher la tête. Oui.
Il m'embrasse chastement sur le haut du front en ramenant une mèche derrière mon oreille.
— Passe une bonne nuit, Lyriah, murmure-t-il en se reculant.
Je le regarde s'éloigner d'un coin de l'œil. Je devrais faire quelque chose pour le rattraper parce que je ne trouverais jamais quelqu'un d'aussi sincère et unique aussi facilement.
— Eh Fujii, l'interpellais-je vivement. Il se retourne surpris. Ma coloc n'est pas là, soufflais-je en voyant qu'il se rapprochait. Tu veux monter pour faire une partie de Mario Kart ? J'ai une vieille Gamecube. Et pas souvent l'occasion de jouer avec quelqu'un d'autre. Et de continuer la soirée ensemble. Tu veux ? demandais-je.
— Ça me plairait beaucoup, affirme-t-il.
Je hoche la tête et attrape son poignet pour le guider à travers les étages jusqu'à mon appartement. Une autre façon de continuer à apprendre à le connaître et de l'apprécier.
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