Orion,

Elle était belle. A en crever, peut-être. Ou à en vivre à s'en faire mal.

Elle me disait de belles choses. C'est-à-dire pas grand-chose. Il suffit qu'elle ouvre la bouche pour que tout devienne doux.
Mais tu sais, je n'arrivais pas à être là. Pleinement. Ici. Maintenant. J'entendais le fracas de son départ dans mes oreilles. Comme s'il y était emprisonné. Que je ne pouvais rien y faire.

Elle était là pourtant. Bien là. Son corps. Ses mains. Ses phrases jetées en l'air qui vibraient autour de nous.
Elle était bien là mais pour combien de temps ?

Ce qui est dur, tu sais, c'est lorsque les toujours s'insinuent dans ta tête, dans ton corps, dans tes tripes. Tu te mets soudainement à penser que si elle disparaît, alors toi aussi tu ne seras plus.
Tu te mets à penser que c'est elle, rien d'autre. Que c'est comme ça ta vie heureuse désormais. Avec elle.

Ce qui est dur, ce sont les illusions, Orion. Parce qu'elle partira. Comme tout le monde. Vers une autre histoire. Vers une autre page. Et je devrais mourir un petit peu avant de revivre.
C'est cette mort que je redoute.
Ça me fait tellement peur, Orion.

Dis-moi que ça se calme,
Ton ami,
S.