20; Callie
ÇA FAIT DÉJÀ un bon moment que je regarde la neige tomber, depuis la fenêtre de ma chambre. Allez savoir pourquoi, ça m'apaise. Les flocons s'écrasent sur le béton, nous annonçant le début d'une nouvelle saison. L'hiver m'est toujours apparue comme une saison morte, où les gens les plus vulnérables tombaient dans la dépression et dans le chagrin. Le printemps, quant à lui, me semblait toujours annoncer le renouveau, le début de quelque chose de mieux. Ce n'est plus comme ça que je vois les choses maintenant. L'hiver dernier, j'ai passé un hiver fantastique en compagnie de Reese. Ça a été pour moi une saison de premières fois, un certain calme avant la tempête. En y repensant, la tristesse m'envahit. Une série de « et si » m'envahit alors l'esprit et je ne suis plus capable de voir clairement.
L'odeur familière de Reese est toujours présente dans mon lit. Je ne sais pas trop quoi en penser. J'ai l'impression de jouer avec Reese, de me moquer de lui. Après tout, je ne vaut pas mieux que Moira ou Annie. Je fais pareil que tous les habitants de Green Lake : je cache des choses à Reese. Les paroles de mon ex-petit ami refont soudainement surface en moi.
Rien ne peut rester secret éternellement, Calliope.
Ces paroles m'ont déjà convaincu de tout dire à Riley. Et voilà que ce-dernier me fuit, alors qu'il vient tout juste de revenir à la maison. Je me souviens parfaitement de sa réaction lorsque je lui ai fait part de l'horrible chose que Reese et moi avions commise. Il m'a regardé un moment, comme s'il n'en croyait pas un mot, comme si c'était une blague. Et puis, il a bien vu que je ne plaisantais pas. À partir de ce moment-là, mon frère aîné a été incapable de me regarder droit dans les yeux. Il s'est pris le visage entre les mains et a secoué la tête. Quelques secondes plus tard, il s'est mis à pleurer. Je n'ai vu mon frère pleurer que de très rares fois dans ma vie et à chaque fois, c'était parce que quelque chose de grave s'était produit. Un peu comme lorsque Riley a appris que notre mère s'était enfuie en sol américain, sans daigner se préoccuper de nous. Alors qu'il pleurait, j'ai compris que j'aurais mieux fait de me taire. Plus jamais, il n'allait me regarder de la même manière.
« Tu viens... Tu viens de me rendre complice, Cal. Tu... Je ne te reconnais pas ! » a-t-il dit entre quelques sanglots.
Il n'a jamais voulu être impliqué dans cette histoire, et pourtant, le voilà dans de beaux draps. Parce qu'il m'aimait, parce qu'il me faisait confiance, il m'a laissé lui avouer mon plus gros secret. Et maintenant, il n'ose même plus me parler. Alors, comment, pourais-je seulement songer à impliquer Reese dans toute cette histoire ? Il cherche des réponses, mais il ignore que ce secret pourrait le mener à sa perte. Reese pourrait bien ne plus jamais vouloir se regarder dans la glace.
Mais il est déjà impliqué, me chuchote ma conscience.
Je prends mon visage entre mes mains, incapable de prendre une décision. À chaque fois que je songe à dire la vérité à Reese, je songe aux conséquences. J'ignore quel sera exactement sa réaction. Reese a toujours été le plus gentil d'entre nous... Qui sait s'il se sentira inapte à garder ce lourd secret au fond de lui pour le reste de ces jours. Peut-être n'arrivera-t-il pas à avoir ça sur la conscience et peut-être voudra-t-il s'en décharger en allant tout avouer à la police. Mes proches n'oseront plus jamais me regarder en face, plus personne n'osera. Reese n'osera plus me regarder en face.
Je suis une mauvaise personne, j'en ai conscience. Il me semble qu'à chaque fois que je commets un geste ou une action, c'est dans mon propre intérêt. Je préfère avoir un crime sur la conscience que d'aller en prison, là où est probablement ma place. Comment Reese a-t-il pu m'aimer ? Comment Reese peut-il toujours avoir des sentiments pour moi ? Et surtout, comment puis-je toujours avoir des sentiments pour Reese ?
Tout se bouscule dans ma tête. Je dois prendre une décision. Si Reese ne peut pas obtenir d'informations de ma part, il ira chercher ailleurs et peut-être tombera-t-il dans les griffes de cette personne. Il n'y a personne de plus vulnérable que Reese dans cette histoire. Si ça se trouve, Moira attend le bon moment pour bondir sur lui et lui faire gober tout ce qu'il ne doit pas entendre. Il faut que je me fasse à l'idée : rien ne reste secret éternellement. Reese sera encore plus blessé s'il apprend la vérité de la bouche d'un autre.
Le temps m'est compté. Il me faut prendre une décision. D'un bord ou de l'autre, j'ai la sensation que je vais perdre Reese. Et pour de bon, cette fois.
Je ne partirai pas sans toi. Jamais, a promis mon ex-petit ami.
Il l'a pourtant déjà fait une fois. C'est égoïste de ma part de penser comme ça, surtout en sachant que c'est moi qui ai insisté pour qu'il parte seul. Il était tout déboussolé, mais pas assez pour perdre l'amour qu'il avait à mon égard. Au contraire, il me suppliait de l'accompagner, il ne cessait de répéter qu'il ne pourrait pas supporter de me perdre. Il croyait dur comme fer que si je restais seule dans cette ville, j'allais finir par payer de ses erreurs. C'est un peu le cas, mais dans l'esprit du moment, je n'ai pas pensé au mal que j'aurais d'être seule à Green Lake, tout en sachant parfaitement bien la cause de la disparition de Reese. Non, sur le coup, je voulais simplement le voir en sécurité, hors de tout danger.
Peut-être qu'une partie de moi avait également envie de le voir partir, après l'irréparable. Ça ne ressemblait pas au Reese que je connaissais, alors peut-être avais-je envie qu'il parte. J'étais tellement sous le choc, complètement perdue. Comment une telle chose pouvait-elle se produire ? N'étais-je pas destinée à avoir une vie calme et paisible ?
Ça, c'était la tempête. Mais avant, il y a eu le calme.
• •
AUPARAVANT
Je traverse l'énorme allée qui mène à la demeure des McDonough. Je ne peux m'empêcher d'admirer pour la énième fois l'immense demeure qui appartient à la famille de mon petit ami. Ce n'est pas la première fois que je pose le pied sur la propriété, mais la grandeur et la splendeur du bâtiment arrivent toujours à m'impressionner. Il pourrait très bien s'agir d'un lieu de tournage pour un prochain James Bond. C'est le manoir écossais par excellence.
Je joue avec l'ourlet de ma jupe nerveusement, alors que je cogne à la porte de la demeure. À mon plus grand soulagement, c'est Reese qui m'ouvre. Il est vêtu d'une chemise et d'un pantalon propre, ce qui me surprend un peu. Je n'ai jamais vu mon copain habillé aussi proprement, mis à part au bal d'automne et encore, ça remonte à il y a très longtemps.
En m'apercevant, un énorme sourire se glisse sur ses lèvres et son expression s'apaise. Sans me prévenir, il se penche pour m'embrasser. Mon corps tout entier s'embrase, alors que je réponds à son baiser. Lorsqu'il s'écarte finalement de moi, son éternel sourire moqueur prend place sur son visage.
« - Tu m'as manqué, Calliope, déclare-t-il.
- Nous nous sommes vus hier.
- Shhhh, ne gâche pas le romantique de la chose. »
Je lève les yeux au ciel ce qui fait rigoler mon petit ami. Voyant que je commence à frissonner, Reese s'empresse de me faire entrer. Il m'enlève mon manteau et le pose sur un crochet, alors que je lui tends un petit paquet cadeau. Reese hausse les sourcils, intrigué, un sourire en coin.
« - C'est en quel honneur ?
- C'est ton anniversaire, idiot.
- Mais, je t'ai dit que je ne voulais rien, se moque Reese.
- Alors, dis-toi que c'est pour Noël, je rétorque.
- J'ai également dit que je ne voulais rien.
- Oh, arrête de faire le difficile ! »
Mon petit ami éclate de rire, visiblement très content de m'avoir exaspéré. Alors qu'il s'apprête à rétorquer quelque chose, un éclat de vitre se fait entendre dans la pièce voisine. Intriguée, je me dirige vers celle-ci. Reese tente de me rattraper et de me forcer à ne pas y aller, mais je suis plus rapide que lui. Je me retrouve alors face à une scène auquel je ne suis pas supposée assister. Dans le salon se trouve la mère de Reese, le visage blême et les traits tirés, alors que le géniteur de mon petit ami se tient à l'opposé de la pièce, le visage déformé par la colère. À ses pieds, se trouvent ce qui fût probablement autrefois un très beau vase de collection. Maintenant, il ne s'agit que d'un tas de débris.
En prenant note de l'ambiance qui règne dans la pièce, je devine aussitôt que je suis loin d'avoir ma place ici. Malheureusement, il est trop tard. Le père de Reese me remarque aussitôt et verrouille ses yeux sur les miens. Il ne m'a plus l'air de l'homme que j'ai rencontré l'autre fois en compagnie de son fils. Non, il m'a tout simplement l'air de la personne que mon petit ami ne cesse de me décrire. Un homme froid, distant et très, très soul.
Je baisse les yeux sur les nombreuses bouteilles de vin posées sur la table basse. Reese avait raison : son père semble réellement chercher à oublier sa naissance en se noyant dans l'alcool. Et pas besoin d'être un génie pour comprendre qu'il ne doit pas très bien réagir à ça.
« Oh, mais c'est la Muse Calliope ! » s'exclame le géniteur de Reese.
Il a un sourire moqueur sur le visage, un peu comme son fils lorsqu'il est d'humeur taquine, sauf que son regard est différent. Lorsque Reese me regarde de cette manière je me sens en sécurité, mais lorsque ce regard provient de son père, c'est tout le contraire.
Reese m'attrape par le bras et tente de me tirer vers lui, mais son géniteur focalise déjà toute son attention. Du coin de l'oeil, j'aperçois la soeur de Reese, cachée sur le palier qui mène à l'étage. Elle a ramené ses genoux contre sa poitrine, puis s'est mise à se ronger les ongles, nerveusement. Sa beauté m'a toujours frappé au point de lui envier ses cheveux parfaits, son corps parfait et sa peau parfaite, mais à ce moment, je ne l'envie pas pour le moins du monde. Ses cheveux sont en bataille, son maquillage a coulé et la vulnérabilité se lit aisément sur son visage.
« - Viens, Callie. Allons à l'étage, suggère Reese.
- Je... Je...
- Mais non, qu'elle reste ! La fête ne fait que commencer. Après tout, c'est l'anniversaire de mon fils, n'est-ce-pas ? s'exclame le père de mon copain en jetant un coup d'oeil en biais à sa femme.
- Papa...
- Arrête d'être rabat-joie, p'tit con. Tu sais, lorsque tu es né et que je t'ai vu pour la première fois, j'ai automatiquement su que ça n'allait pas être une partie de plaisir. Et puis, tu t'es mis à pleurer et mes soupçons ont été confirmés.
- Alexander ! proteste Mme McDonough.
- La ferme ! »
Dans un excès de colère, il lance son verre de scotch a l'autre bout de la pièce. Ce-dernier vient s'écraser contre le mûr, à quelques centimètres du visage de la mère de Reese. Les débris de verre tombe à ses pieds, alors qu'elle éclate en sanglots. C'est à ce moment que Charlotte décide de se lever et de dévaler les marches pour aller rejoindre sa mère. La soeur de Reese n'hésite pas une seule seconde à enlacer sa mère pour essayer de la réconforter. Quant au géniteur de mon petit ami, il a une expression cruelle sur le visage qui n'annonce rien de bon.
Sans tarder, Reese m'attrape par la main et me tire vers lui. Encore déboussolée, je le suis, alors que nous gravissons les escaliers qui mènent à l'étage. Tout en montant les marches, j'entends le père de Reese murmurer :
« Tu me déçois, tu me déçois... Tu m'as toujours déçu... »
Nous arrivons finalement au premier étage qui se trouve à être encore plus grand que dans mes souvenirs. Nous nous arrêtons devant la porte qui donne sur la chambre de Reese, histoire de reprendre notre souffle. Je remarque la tristesse qui emplit son visage et je ne peux m'empêcher de lui prendre le visage entre les mains.
« - Reese, tu vaux bien mieux que ça, d'accord ?
- Calliope... »
Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase, puisque je pose mes lèvres sur les siennes. Il répond à mon baiser. Ses mains viennent se poser sur mes hanches, alors que je m'écarte légèrement de lui.
« Ton père est un salaud. » je murmure.
Il attrape une mèche de mes cheveux bruns et se met à jouer avec celle-ci, habitude qu'il a pris depuis quelques semaines. Je dois avouer que ce n'est pas désagréable pour autant, puisque j'ai l'impression que ce geste pourtant bien simple, démontre l'affection qu'il a à mon égard.
Je prends son visage entre mes mains, mon pouce caressant sa pommette délicatement. Reese me transperce du regard avec ses beaux yeux bleus, comme s'il arrivait à me décrypter en entier d'un simple regard. J'en viens à la conclusion que c'est sûrement pour ça que les gens ont facilement confiance en lui. Il a cette manière de vous regarder, un peu comme si vous étiez quelqu'un de spécial, comme si vous étiez quelqu'un à part entière. Je n'ai jusqu'à ce jour, jamais vu ce regard dans les yeux de son géniteur. Même quand le père de Reese cherche à faire semblant et à se la jouer cool, il n'arrive pas à reproduire une émotion pareil dans son regard. Reese est quelqu'un de bien, tout le contraire de son père. Comment ce type peut-il être déçu de son fils ? Tout lui réussi, bon sang !
« - Ne gâchons pas cette soirée, tu veux ? Après tout, demain c'est Noël, murmure Reese.
- Tu as raison. Oublions ce qui vient de se passer, je réponds.
- Je t'aime, Calliope Rose Miller.
- Je t'aime aussi, mais évite de m'appeler par mon nom complet.
- Pourquoi ? Je l'aime bien, moi !
- Oh, ça va ! Tais-toi. »
Reese éclate de rire ce qui m'arrache automatiquement un sourire. J'en viens presque à oublier que le père de mon petit ami est complètement ivre au rez-de-chaussée et qu'il s'amuse à lancer des verres de scotch à la tête de sa femme. Je ne peux m'empêcher de sourire à Reese et de lui prendre la main, comme si rien ne s'était passé. Cependant, j'ai de la difficulté à oublier ce qui vient tout juste de se passer.
Je tends l'oreille, histoire de savoir ce qui se passe à l'étage du dessous, mais je n'entends que le silence. Peut-être que les choses se sont calmées. Ou bien, peut-être suis-je trop éloignée pour entendre les cris et les pleurs.
Oh, bon sang. Il faut que j'arrête de penser à ça, sinon ça va complètement m'obséder pour le reste de la soirée.
« - Je veux te montrer mon endroit préféré dans cette maison. Tu me suis ? me demande mon copain, ayant retrouver son sourire moqueur.
- Bien sûr que oui, idiot. Où veux-tu que j'ailles ? »
Reese me sourit, puis il m'attrape à nouveau par la main et m'entraîne avec lui dans sa course folle. Nous gravissons tous les étages de sa maison, jusqu'à nous retrouver au dernier étage, devant une petite échelle qui mène au grenier. J'arque un sourcil en direction de mon petit ami, surprise. Il ne m'a jamais amené aussi loin dans sa maison. La plupart du temps, nous traînions dans sa chambre ou bien nous allions au salon situé au deuxième étage, où aucun membre de sa famille ne risquait de venir nous déranger en plein marathon de séries télé.
Mon petit copain me fait signe de monter et que je m'exécute, un sourire collé sur les lèvres. En arrivant au grenier, je suis immédiatement bouche bée. La pièce est beaucoup plus petite que je le pensais et le sol est recouvert d'oreillers et de couvertures, rendant l'endroit très cosy et douillet. Des lumières sont suspendues au plafond et donne une certaine ambiance à la pièce. Comme une gamine, je me précipite dans les oreillers. Reese éclate de rire, alors qu'il vient tout juste de me rejoindre au grenier. Il vient se glisser près de moi, près de l'unique fenêtre de la pièce. Je ne peux m'empêcher d'admirer l'endroit. C'est tellement jolie ici. Et puis, la fenêtre donne une jolie vue sur les dizaines de rosiers qui bordent la maison, juste à la lisière de la forêt.
« - Alors, tu aimes ?
- Reese, cet endroit est splendide ! je m'exclame.
- C'est peut-être parce que je suis dans la pièce. Si tu vois ce que je veux dire.
- Très drôle ! »
Reese éclate d'un rire chaleureux, avant de venir plaquer un rapide baiser dans mon cou. Ce simple geste fait courir un léger frisson tout au long de mon échine.
« - Alors, qu'est-ce que ça fait d'avoir dix-sept ans ? je demande, en m'allongeant près de lui.
- Pas grand chose. Enfin, je veux dire... Je trouve que les années passent vite, pas toi ?
- Ouais, tu as raison.
- Je ne me sens pas vraiment plus mature, ou moins insouciant. Je suis toujours moi, un type assez sympa avec une famille de merde. »
Il y a un léger silence, durant lequel je pose ma tête sur son torse, alors que ses doigts caressent mes cheveux.
« - Dans un an tu pourras quitter cette ville de merde, je murmure.
- Comme si j'allais partir sans toi ! Non, je vais t'attendre et nous ferons le tour du monde. On ira siroté une bosse tasse de thé à Londres.
- Puis, on bouffera des croissants à Paris devant la tour Eiffel.
- Évidement, c'est un classique. Par la suite, on ira à New York et on parcourra Central Park avec nos hotdogs achetés à un kiosque sur le bord de la rue, ajoute-t-il.
- Oh et j'exigerai une halte au Canada ! On se droguera au sirop d'érable devant les Chutes Niagara, je m'exclame.
- Avec un peu de chance, on verra des orignaux.
- Ce n'est pas un peu bizarre que tout ce qu'on vient de dire est relié à la bouffe ? »
Nous éclatons de rire simultanément, réalisant que nous venons de nous emporter un peu. J'arrive presque à nous voir loin d'ici, allant de pays en pays comme des fugitifs. Je nous vois heureux, loin de cette ville à la con. À ce moment, blottis dans les bras l'un de l'autre, tout nous semble possible.
« Honnêtement, je n'imagine pas de futur sans toi, Callie. » murmure Reese.
Je me redresse et m'appuie sur un coude pour voir son visage. Il est tout rouge, comme s'il peine à réaliser ce qu'il vient tout juste de m'avouer. Je ne peux m'empêcher de m'attendrir en voyant son expression de gêne. Il est encore plus mignon lorsqu'il perd tout ces moyens. Sans tarder, je pose mes lèvres contre les siennes. Il répond aussitôt à mon baiser, en pressant ses mains contre mes hanches. Très vite, le baiser s'intensifie. Nous ne prenons que de minuscules pauses pour reprendre notre souffle, mais bien assez vite nous retombons dans les bras l'un de l'autre. Ses mains se faufilent sous mon pull, pas suffisamment loin pour que ça deviennent gênant, mais assez pour que la chaleur se propage dans tout mon corps. Je décide de poursuivre sur cette route et l'embrasse de manière encore plus passionnée. Bien assez vite, Reese se retrouve quasiment au-dessus de moi, alors que nous nous embrassons. Au bout de quelques minutes dans cette position, mon copain prend la parole.
« - On peut arrêter là, si tu veux, m'informe Reese.
- Non, ça va.
- Si tu n'es pas prête, je comprends, tu sais.
- Et toi, est-ce que tu es prêt ? je lui demande.
- Je suis prêt quand tu l'es, répond-t-il.
- Alors, je suis prête.
- Mais... »
Je le coupe en posant de nouveau mes lèvres contre les siennes. Il répond à mon baiser, mais cette-fois ses lèvres descendent dans mon cou, puis elles viennent se poser sur ma clavicule. Mon corps tout entier s'embrase, alors que ses mains vient se promener sur mes hanches.
« - Tu es certaine ? s'interrompt-il, à nouveau.
- Reese ! je proteste.
- Quoi ? J'essaie juste d'être un bon gars. Je ne veux pas te pousser à faire quelque chose dont tu n'as pas envie.
- Eh bien, j'en ai envie. J'en suis certaine. Et pour info, Reese, t'es déjà un bon gars. »
Il sourit, puis m'embrasse. Il joue nerveusement avec l'ourlet de mon pull, comme s'il hésitait à me l'enlever ou non. Je lève de nouveau les yeux vers lui.
« - Qu'est-ce qu'il y a ? je lui demande.
- Je t'aime.
- Moi aussi. Maintenant, enlève-moi ce fichu chandail !
- À vos ordres, mademoiselle ! » se moque Reese.
Je lève les yeux au ciel, au moment même où il plaque ses lèvres contres les miennes. Bien assez vite, mon pull se retrouve au sol aux côtés de sa chemise. Le reste de nos vêtements rejoignent également assez vite le plancher. J'ai déjà vu Reese torse nu, mais je n'avais jamais remarqué les multiples bleus qu'ils avaient sur le corps. Alors que nous sommes tous les deux en sous-vêtements, dans le grenier de sa demeure familiale, prêt à passer à l'acte, je me surprend à m'arrêter. Reese écarte ses lèvres des miennes et me dévisage.
« - Tout va bien, Calliope ? Tu as changé d'avis ? s'inquiète mon petit ami.
- Non, pas du tout. Je... D'où viennent ces bleus, Reese ? »
Je passe ma main sur son torse comme pour accompagner mes propos d'un exemple. Reese baisse les yeux sur les quelques bleus qu'il a. Sa mâchoire se contracte, mais je doute que ce soit en raison de ma curiosité. Son regard, quant à lui, se fait plus lointain comme si ses bleus n'étaient que de très mauvais souvenirs pour lui. Ils le sont probablement, mais ma curiosité me pousse à vouloir connaître davantage l'histoire derrière ceux-ci.
« Je te l'ai dit, j'ai une famille de merde. Et très spécialement, un père de merde. »
Non, ça ne peut pas être ce que je crois. Son père n'oserait tout de même pas... Il n'oserait pas faire du mal à son propre fils... Et puis, je repense au verre de scotch qui éclate à quelques centimètres du visage de la mère de Reese et au regard cruel qu'affichait son mari au même moment. Cet homme est sans pitié. Cet homme est un monstre. Reese vit avec un monstre depuis dix-sept ans. Alors que je m'inquiétais d'un monstre imaginaire qui se terrait sous mon lit pour me manger les pieds une fois la nuit tombée, Reese vivait avec un monstre en guise de père.
« - Reese...
- Callie, s'il-te-plaît. Je n'ai vraiment pas envie d'en parler. Je veux passer une super soirée avec toi et je n'ai vraiment pas envie qu'elle soit gâchée à cause de mon père. D'accord ?
- D'accord.
- Je t'aime tellement... Tu n'as pas idée. »
Il me sourit tristement, puis pose doucement ses lèvres contre les miennes. Je réponds à son baiser, mais l'idée de son père le battant ne me quitte pas la tête... Enfin, jusqu'à ce que les choses deviennent plus sérieuses. Alors que le baiser s'approfondit, j'en viens à complètement oublié cette histoire. Il n'y a plus que Reese et moi, apprenant à faire pleinement connaissance avec le corps de l'autre.
• •
Appuyée contre la fenêtre de ma chambre, j'observe toujours la neige s'écraser contre le sol, annonçant la venue prochaine de l'hiver. Le souvenir de ma première fois avec Reese ne me quitte pas l'esprit. Ce n'était qu'une fois parmi tant d'autres, mais c'était la première fois. En y repensant, j'aurais peut-être dû le questionner davantage au sujet de ses bleus. Mais qu'est-ce que ça aurait changé, bon sang ?
Maintenant, je suis aussi vulnérable qu'un ours polaire dans le désert et je dois prendre une décision. Je dois me rendre à l'évidence : peut importe la décision que je prends, je risque de perdre Reese.
Cette simple pensée m'arrache quelques larmes. J'ai aimé Reese et j'aime toujours Reese. J'ignore si je pourrais un jour aimé quelqu'un autant que je l'ai aimé, lui. Nous nous aimions tellement. J'avais le sentiment de partager quelque chose de durable avec lui. Nous étions tellement heureux, il n'y avait pas grand chose pour gâcher notre bonheur. Nous flottions quasiment sur un nuage.
Bien sûr, j'aurais dû m'attendre à la tempête.
✖️
Salut !
Eh oui, je ne suis pas morte, malgré ce que pourrait croire certains. Non, en fait, j'ai juste des millions de devoirs (surtout en maths grrr). Bref, je m'excuse énormément pour l'attente entre chaque chapitres, mais je fais de mon mieux. :)
➰ Qu'avez-vous pensé du flashback en général ?
➰ Qu'avez-vous pensé du comportement du père de Reese ?
➰ Que pensez-vous des blessures sur le corps de Reese ?
➰ Avez-vous de nouvelles hypothèses concernant la nuit de l'incendie ?
➰ Vos prédictions ?
Je ne peux rien vous promettre concernant la sortie à venir du prochain chapitre, mais je peux vous assurer qu'il sera du point de vue de Reese et qu'on en apprendra davantage sur ce que Moira a dit au dernier chap.
Merci pour votre patience, vous êtes géniaux !
Marianne ;
p.s- by the way, le ship gagnant est Caleese eheh
p.p.s- j'ai une collaboration avec xelleirbagx ; si vous avez deux minutes, allez jeter un coup d'œil sur son compte ;)
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