☽ Cacoethes ☾
J'avoue je triche un peu, d'habitude je publie en journée...
Mais dans tous les cas on est mercredi quand je publie (en France en tout cas) donc ça passe.
Sachez qu'écrire cette histoire me rend siiii heureuse, donc j'espère que vous l'appréciez autant que moi.
Soyeuse lecture ✮⋆˙
(je vais trouver des adjectifs aléatoire à chaque début de chapitre)
Cacoethes (n.): Une envie irrésistible de faire quelque chose de déconseillé.
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Wooyoung se souvenait très bien du jour où il avait découvert cet appareil, et avec ça, sa nouvelle passion. Comme souvent, il partait de sa maison qu'il trouvait depuis longtemps bien trop étouffante, tout était trop blanc, trop sobre... Trop. Alors il allait voir la mer. Il avait de moins en moins d'argent, et on ne lui assignait pas de métier comme tous les autres. Il avait fini par croire que le gouvernement le délaissait, et s'y était fait, alors pour profiter de sa vie ridiculement monotone, il passait son temps près de la mer. En effet, Wooyoung avait trouvé cette falaise en bord de mer où - étonnamment - aucune caméra ne se trouvait. C'était rapidement devenu son coin à lui, là où il ne croisait personne et encore moins le soir, où il se permettait de profiter du coucher du soleil, l'une des seules formes d'Art qu'il avait encore le droit de visualiser...
Enfin, le droit, il ne l'avait pas vraiment. En réalité, il avait plutôt la chance d'habiter dans un endroit si loin de la cité, et avec si peu d'habitants, lui donnant l'avantage de ne pas avoir de veilleur chaque soir, et surtout, en avoir moins lorsqu'ils étaient là. Alors il sortait, à l'abri des caméras, bravant le couvre feu qui avait été mis en place depuis des années pour aller voir ce coucher de soleil, qui produisait toujours cette étrange lumière verte que Wooyoung trouvait fascinante, même si son apparition était très courte, l'histoire d'un simple clin d'œil. Puis un soir comme tant d'autres, il s'était assis sur son banc en bois, probablement l'une des seules choses qui n'avait pas été remplacée par du béton, abandonné ici par le gouvernement tant l'objet commençait à tomber en ruine. Il avait remarqué la terre retournée comme elle ne l'avait jamais été auparavant...
"- Qu'est ce que c'est ? S'était il demandé tout haut."
Il s'était levé du banc, s'approchant de ce qui semblait être un objet enterré. La chose paraissait imposante, alors que la surface de terre fraîche retournée occupait un grand espace à la place de l'herbe verte mal entretenue. Bien trop curieux, il n'avait pas hésité à mettre ses mains dans la terre pour creuser. Après tout, sa vie était si vide de rebondissements qu'il fallait bien profiter de ce qu'il pouvait potentiellement avoir.
"- Aïe !"
Ses phalanges avaient rapidement buté contre ce qui semblait être une paroi métallique. C'est en continuant à creuser seulement qu'il tomba nez à nez avec une malle plutôt imposante mais assez légère pour que Wooyoung puisse l'extirper du trou dans lequel elle était enterrée. Après avoir jeté un coup d'œil autour de lui histoire de vérifier qu'il était bel et bien seul, le brun épousseta le contenant, avant de le scruter de long en large, essayant de trouver une ouverture. L'objet semblait neuf, seulement sali par la terre, le garçon n'eut donc pas de difficulté à en trouver le loquet, qu'il ouvrit sans ménagement.
"- Oh bon sang."
C'était la première fois qu'il se trouvait face à ce genre de cadeaux empoisonnés. C'est à ce moment là qu'il sut avoir franchi un point de non retour. Si un veilleur passait par hasard ici, Wooyoung était fichu, car entre ses mains se trouvaient un appareil photo en très bon état, ainsi que quelques livres dont l'un était le livret expliquant son fonctionnement. Les autres ouvrages parlaient d'émotions, de musique ou même d'Art en général. Au début, le garçon avait refermé la malle comme si elle lui avait brûlé les mains, il ne se voyait pas participer à une activité aussi illégale. Il avait donc tout enterré à nouveau, avant de rentrer chez lui, terrifié a l'idée qu'un veilleur ne le surprenne... En croisant d'autres personnes, il avait l'impression de s'attirer des regards inquisiteurs, comme si tout le monde était au courant de ce qu'il avait fait. Il se sentait comme un criminel.
Et finalement, il était revenu le lendemain soir, un sac à bandoulière sur l'épaule. Sa journée, ressemblant à toutes les autres, ainsi que toutes les vidéos, affiches et autre moyens de propager la propagande du gouvernement lui abrutissant l'esprit, avait fait naître en lui un sentiment d'interdit qui lui était monté à la tête. Il avait même passé la nuit à se tourner et se retourner dans son lit, ses pensées se concentrant uniquement sur cette malle qu'il avait découvert. Peut être avait il besoin de l'Art depuis tout ce temps ? Après tout, il avait déjà réussi à cacher au monde le fait qu'il possédait des émotions, ça ne pouvait pas être beaucoup plus compliqué de cacher aux veilleurs tout ça... N'est ce pas ? En tout cas, il s'était empressé de fourrer d'abord les livres dans sa sacoche, puis avait pris d'une main tremblante l'appareil photo, l'observant un instant avant de le mettre lui aussi dans le sac.
Il venait de manger le fruit défendu, et maintenant, il ne pouvait plus faire marche arrière.
Depuis, il avait appris avec le livre à prendre des photos, et s'était amouraché de cet Art, qu'il adorait tant faire. Si ce n'était pas illégal, il en aurait probablement fait son métier, car c'était son échappatoire, sa lumière au bout du tunnel dans un monde qui l'étouffait à en perdre la joie de vivre. Finalement, il ne regrettait pas d'avoir enfreint la loi. Il avait caché les livres sous le bout de plafond qu'il arrivait à soulever, et l'appareil photo sous la latte du plancher, qu'il arrivait à bien caler à chaque fois, rendant la cachette parfaitement invisible.
Tout ça lui rappelait d'ailleurs une interaction avec un veilleur la semaine d'avant son entretien avec le gouverneur... Il n'avait pas fait le lien, mais il était certain que c'était le même qui venait de lui faire la vérification de la maison, et maintenant tout commençait à faire sens...
Un soupir échappa ses lèvres. Cette fois ci, il essayait de réparer son appareil photo depuis maintenant plusieurs semaines. Depuis que le jeune homme avait manqué d'être pris en flagrant délit un mercredi de visite, il l'avait fait tomber sous la panique, et depuis l'appareil ne s'allumait plus.
"- Aller Wooyoung, utilise ton crâne puisque tu le peux encore."
Il aurait bien aimé avoir des conseils pour réparer son objet préféré, malheureusement il n'y avait pas plus illégal que posséder un appareil photo sans avoir le permis nécessaire, surtout lorsqu'on voyait pourquoi Wooyoung l'utilisait. Il devait donc se débrouiller seul pour le réparer... Mais il n'en avait aucune idée, malgré le manuel d'utilisation. Pourtant ce fut très rapidement le cadet de ses soucis quand trois coups tapés à la porte d'entrée le fit sursauter.
"- Encore eux ?"
Sa respiration s'accéléra malgré lui, et il souleva la planche du parquet de sa chambre pour y cacher l'appareil. Alors qu'il refermait la cachette, trois nouveaux coups, plus forts cette fois, se firent entendre à la porte, le pressant. Il prit quand même le temps de vérifier que sa cachette était toujours aussi invisible aux yeux des veilleurs.
"- J'arrive ! S'exclama-t-il."
Wooyoung se surprit à prier pour que personne n'entende la panique dans sa voix, sinon c'était fini pour lui à coup sûr. Il courut pour descendre les marches, et souffla un bon coup, arborant le visage le plus sobre et neutre possible, avant d'ouvrir la porte. Son coeur ne s'était pas calmé pour autant, il en avait presque peur qu'on ne l'entende battre jusqu'à l'extérieur de sa poitrine.
"- Bonjour Jung Wooyoung. Visite hebdomadaire."
Wooyoung n'avait même pas vu qu'il était déjà mercredi, tout faisait sens. Il se déplaça d'un pas, invitant les inspecteurs à entrer à contrecœur. Il n'avait malheureusement pas le choix.
"- Bonjour. Rien n'a bougé. Comme d'habitude."
Le jeune homme se retenait de sortir toute la frustration que les visites lui donnait chaque semaine. De toute façon si il faisait quoi que ce soit du genre, c'était cuit. Il n'avait même pas remarqué qu'il retenait sa respiration, lorsqu'il laissa échapper un souffle tremblotant, s'empêchant de le faire bruyamment pour ne pas attirer l'attention. Ce qui attira la sienne cependant, ce fut d'entendre les pas des inspecteurs s'arrêter dans sa chambre. Il s'en approcha doucement et se figea quand la voix de l'un des deux s'éleva.
"- Jung Wooyoung."
Il l'a trouvé. Je suis fichu.
Il ne pouvait pas s'approcher, son cœur battait trop vite sous la pression. Il tentait de calmer sa respiration, tout en répondant :
"- Oui ?"
Il espérait que personne n'était tombé sur cet appareil photo, même si il était persuadé que c'était le cas.
"- Vous devriez faire attention, l'une des lattes de votre parquet est déplacée."
Les sourcils de Wooyoung se froncèrent. Après tout, tant mieux pour lui si il n'avait pas trouvé l'objet du délit, mais le garçon était certain d'avoir bien enfoncé cette latte, il l'avait même vérifiée avant de descendre. Quelque chose clochait.
Calme, Wooyoung, reste calme.
"- Merci, je vais la réparer de ce pas."
Il était en plein milieu du couloir lorsque le veilleur sortait de la chambre. Le second sortait au même moment de la salle de bain. Mais ce fut difficile pour Wooyoung de garder son calme quand il croisa le regard de celui de la chambre. Il semblait suspicieux.
Suspicieux...?
"- Monsieur Jung Wooyoung, nous en avons fini. Annonça le premier veilleur.
- Très bien, à mercredi prochain."
Alors que le garçon allait fermer la porte, le second veilleur, le plus étrange, éleva la voix.
"- Mercredi est une nouvelle journée qui s'annonce."
Son ton paraissait presque enjoué, et Wooyoung fronça une nouvelle fois les sourcils après avoir fermé la porte. Pour la première fois de sa vie, tout paraissait tellement étrange. Il avait l'impression d'être en plein rêve éveillé. Quoi que ça commençait plutôt à ressembler à un cauchemar.
Mais maintenant, tous les morceaux se recollaient, ce veilleur n'était pas comme les autres, mais dans quel sens ? Qui était il, et surtout que lui voulait il ? Pourquoi avait il décidé de garder pour lui tous les délits de Wooyoung, cet appareil photo, ces livres ? De nombreuses questions se bousculaient dans sa tête brune, alors qu'il posait un regard sur son appareil photo. Ce jour là était un mercredi, jour de visite, mais aussi la fameuse "nouvelle journée qui s'annonce". Sans aucun doute par lâcheté, le jeune homme décida que cette fois ci il n'allait pas être présent pour la visite hebdomadaire, après tout ces tête cagoulées blanches remplies de chaînes - choix de mauvais goût de la part du gouverneur d'après lui - n'avaient pas besoin de lui pour fouiller la maison désormais.
Vérifiant une dernière fois son sac à bandoulière avec tout son matériel, les livres comme l'appareil y étaient, Wooyoung n'avait plus qu'une idée en tête : s'en débarrasser. Maintenant que son métier allait le suivre jusqu'à sa vie personnelle, il ne devait plus rien à voir avec tout ça, le danger devenait bien trop proche pour se rajouter du stress volontairement. Même si ça lui faisait mal au cœur, il fallait qu'il soit raisonnable. Le garçon s'en alla de chez lui paisiblement, évitant de s'attirer ces regards dont il avait si peur, alors qu'il était une nouvelle fois entrain de ruminer au point que son cerveau allait se mettre à fumer.
Bien vite, il arriva à l'orée de la falaise, voyant de loin ce banc délabré tenant encore debout du mieux qu'il le pouvait. L'herbe était verte, le ciel était bleu et la mer turquoise, un sourire s'étira sur les lèvres de Wooyoung. Elle était là, cette couleur qui lui manquait tant. Comme à chaque fois, il s'asseyait sur l'objet fait de bois, face à la mer agitée par le vent qui s'était levé dans l'après midi, profitant d'un temps pour lui, pour admirer ce paysage, cette œuvre d'art, à laquelle il avait encore le droit. Au bout de quelques minutes, il sortit l'appareil photo qu'il n'avait pas réussi à réparer depuis la dernière fois.
"- Il est l'heure de te dire adieu, l'ami, merci d'avoir illuminé ma vie ces derniers jours, tu seras à jamais regretté..."
C'est l'air malheureux, qu'il tenta une dernière fois de le rallumer, par acquis de conscience. Quelle fut sa surprise lorsque ce dernier s'éveilla, comme ramené des morts. C'est en ayant les yeux ébahis que Wooyoung vérifiait l'appareil sous toutes ses coutures, et c'était bien le même qu'avant, rien n'avait changé. Il le ramena vers son visage, le cœur battant. Cela faisait une éternité pour lui qu'il n'avait pas pu prendre de photo, vivre de sa passion comme il avait tant aimé le faire pendant quelques temps. Appuyant sur le bouton, un léger clic auquel il s'était presque attaché lui arriva jusqu'aux oreilles, avant qu'il ne puisse admirer cette photographie toute simple de l'étendue d'eau salée en face de lui.
Malgré cette piqûre de joie pure, Wooyoung ne put s'éloigner de son but initial : il devait tout cacher à nouveau, au dépit de son propre bonheur. Et maintenant qu'il avait vu son appareil réparé, même si il n'avait aucune idée de comment c'était possible, c'était encore plus dur de devoir tout enfouir à nouveau sous la terre. C'est à contrecœur qu'il creusa de nouveau dans le sol sec de la falaise, avant de tomber nez à nez avec la malle vide qu'il avait laissé depuis bien longtemps, il posa d'abord les livres un par un, puis regarda une nouvelle fois son appareil photo.
"- Je ne pensais pas que ce serait un objet qui allait me rendre aussi heureux un jour. Merci, encore. Murmura-t-il."
Il n'eut pas le temps de déposer l'objet dans la malle qu'une voix s'éleva au loin. Il sursauta de telle manière qu'il crut lâcher l'appareil, le faisant dégringoler du haut de la falaise. Bien heureusement, il le tenait bien en main, et aucun drame n'eut l'occasion de se produire.
"- Jung Wooyoung. Gronda cette voix."
Son cœur quitta sa poitrine, accompagné par son âme, pour sûr. Le visage sans aucun doute livide, et les mains tremblantes, l'interpellé sentit une sueur froide lui couler le long de la colonne vertébrale.
Le veilleur.
Des milliers de pensées se mirent à envahir son esprit, cherchant une excuse, un argument à lui donner sur le pourquoi du comment il se trouvait avec un appareil photo dans les mains. Par la même occasion il se releva en se tournant vers le veilleur en tenue blanche, droit comme un piquet en essayant tant bien que mal de garder la tête froide, et le visage neutre.
"- J'ai trouvé cet appareil en me promenant... Mentit il, alors que le veilleur s'approchait à grand pas. Je comptait le ranger et vous en parler pour m'en débarrasser alors..."
Ce dernier n'ajoutait pas un seul mot, ce qui terrifiait encore plus Wooyoung. Il était fichu, c'était la fin. Malgré cette vie ridiculement fade, il fut surpris d'y tenir encore assez pour vouloir continuer à la vivre, il n'avait pas franchement prévu de quitter le monde ce jour là, et n'en avait pas envie. Il y avait bien du positif à y trouver.
"- Arrête tout de suite ce que tu fais ! S'exclama alors l'homme en face de lui.
- Je...
- Garde les. Je t'en prie.
- Pardon ?"
Les émotions du jeune homme prirent immédiatement le dessus, le laissant bouche bée. Au moins sa théorie s'avérait vraie, le veilleur en face de lui cachait bien quelque chose depuis le début. Il pouvait bien ravaler ses regrets, visiblement il n'allait pas mourir.
"- J'ai dit, garde cet appareil... C'est à cause du masque que tu m'entends pas bien ? Attends."
Le veilleur masqué enleva ce qui couvrait son visage comme si de rien n'était, comme si il n'avait pas lâché une bombe, alors que Wooyoung connaissait ces hommes comme des personnes devant rester discrète dans n'importe quelles conditions. Le brun avait encore l'impression de rêver. En face de lui se tenait un homme d'à peu près la même taille, étonnamment, ses traits étaient doux et expressifs, ses yeux renvoyaient une expression chaleureuse, alors que sa bouche fine étirée en un immense sourire lui donnait une allure douce et presque mélancolique. Ajoutant à toutes ses caractéristiques des cheveux bruns comme ses yeux, légèrement longs et ondulés, il avait l'air poétique. Ce veilleur était tout sauf terrifiant... Si Wooyoung avait une caractéristique à lui donner, c'était qu'il était tout à fait élégant.
"- Appelle moi Maddox, c'est tout ce que tu dois savoir sur mon identité, faut bien que je reste un minimum discret si tu te barres en courant...
- Qui êtes vous ?
- Maddox, je viens de le...
- Non, pas votre nom ou... Pseudonyme, je m'en fiche. Qu'est ce que vous me voulez ?
- Tu es l'élu ! Ricana-t-il."
Devant la mine perplexe de l'autre garçon, le veilleur soupira, déçu de ne pas réussir à le faire rire. Visiblement, ce n'était pas l'effet escompté.
"- On va faire ça simplement..."
Maddox lui tendit sa main libre, tandis que l'autre tenait son masque contre sa hanche. Un sourire était revenu sur ses lèvres.
"- Ça te dit de renverser le gouvernement ?"
── ⋆⋅✮⋅⋆ ──
Moueheheh, plus petit chapitre cette fois, mais préparez vous... Le plus intéressant arrive.
On prend la bastille, on fait la révolution !
Non plus sérieusement, on se retrouve mercredi prochain ? ou dimanche ?
On verra ;)
A bientôt mes bébés stars ✮⋆˙
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