24-Explications
Anakin
J'ai réussi à éviter mes parents plusieurs jours. Martial ne me répond plus, je suppose qu'il a enfin éteint son portable. Le connaissant mon copain doit compter sur moi pour résoudre cette merde, sauf que j'en suis bien incapable. Est-ce qu'il veut que je dire tout à sa place ?
Je veux bien le faire, en même temps j'aimerais en être sûr.
Quand je rentre tôt, le jeudi, sur un nuage grâce à des bisous à Ani, je tombe sur mes parents qui m'attendent avec Tom Mercier, le père de Martial, le grand médecin, patron de clinique. Ils sont assis dans notre salon autour de boissons fumantes et semblent soucieux. Tous les trois, à une heure où ils devraient être au travail.
Ça prouve combien l'heure est grave.
─ Bonjour mon chéri. Martial a dit qu'il était avec toi et il n'est pas rentré depuis sept jours, tu sais où il est ? demande ma mère, madame le juge.
─ Non.
Net et précis, surtout ne pas s'étendre et ne pas cafouiller.
C'est la vérité, aucune idée. Paris doit être faux. Il faut que je réfléchisse à l'endroit où il peut se terrer, mais j'avoue que mon histoire avec Ani m'a pas mal occupé.
─ La police songe à mettre sa photo dans la presse, mais ne croit pas à un enlèvement, ils sont persuadés qu'il s'agit d'une fugue. Un élève a parlé de choses graves. Sais-tu ce qu'il se passe ? demande mon père.
Je me demande qui a osé baver sur mon copain.
─ Je crois savoir.
─ Et tu vas nous dire ? poursuit ma mère.
─ Pas encore. J'ai besoin de me poser pour cogiter.
─ C'est important, il faut qu'on sache pour Martial. Je dois comprendre pour l'aider, plaide son père. Il a du nez, il se doute qu'il se passe quelque chose.
Mon père s'est redressé dans son siège, il croise les mains devant lui.
─ Tu sais donc ce qui le préoccupe ?
─ Je crois savoir.
─ C'est grave ? demande ma mère.
La question que je redoutais.
─ Oui.
Ils ont raison d'envisager le pire, car c'est le pire.
─ Je vais me reposer, je suis fatigué de ma journée de cours.
─ Attends, je vais raccompagner le docteur Mercier et nous parlerons quelques instants.
Elle congédie en un quart de seconde le père de Martial. Trop fortiche ! Je l'attends, je ne lâcherai que ce que je veux. Je me doute qu'ils vont aussi m'embêter pour mes choix d'études, mon retard commence à être catastrophique.
─ Aglaé s'inquiète pour toi, commence ma mère.
Alors là, je ne m'y attendais pas ! Elle rêve ou quoi, j'en ai marre de leur lubie concernant cette fille.
─ Je ne sais pas d'où vous tenez l'idée que j'aime bien Aglaé. Je ne l'aime pas !
─ Elle est parfaite, rétorque ma mère.
─ Oui sans doute, mais pas pour moi.
─ Tu ne veux pas qu'elle vienne à ton anniversaire, ce n'est pas ta petite amie ? demande mon père.
─ Non ce n'est pas ma petite amie, je ne veux pas fêter mon anniversaire. Je n'ai pas du tout la tête à ça !
Je sens qu'il est vraiment surpris, il y croyait dur comme fer. Complètement à côté de la plaque ! Ce serait d'ailleurs le moment de leur dire que je préfère embrasser les garçons. Non pas ce soir ça va faire trop d'un coup.
─ OK nous préviendrons sa famille, nous nous sommes peut-être un peu emballés.
Il me fixe de ses yeux perçants, je n'aime pas, car généralement il devine toujours mes conneries.
─ Avant de parler de cette chose grave et tes études ?
─ Je vais bientôt me décider. Laissez-moi encore un peu de temps !
─ Alors maintenant cette chose grave, tu es impliqué toi ? interroge mon père.
Voilà les proc et juge au boulot. À deux contre moi.
─ Non je ne suis pas impliqué et je ne dirai rien d'autre !
─ Dis-nous au moins si cela relève du pénal ?
On reconnait bien là les parents-juges. Il se trouve que je connais bien mon droit, malgré moi.
─ Oui !
Je me dépêche de partir, les choses se compliquent.
Je me douche, rependant à Ani, ce mec sexy qui aime les câlins coquins dans les placards. Il me manque déjà.
Je prends le portable prépayé et lui envoie un message pour le convoquer le lendemain. Pourvu qu'il vienne. Je n'ai pas précisé qu'il devait se bander les yeux, je me demande s'il va le faire.
J'appelle Martial ensuite, je tente et il décroche. Il soupire quand je lui raconte que les adultes s'inquiètent. Il marmonne et ne veut pas que je dise la vérité.
Nous discutons un peu, il ne semble pas désespéré et raccroche en me disant qu'il va se coucher.
Je le connais, il est douillet et maniaque dans son genre. Sa carte bancaire n'a pas été utilisée et ce n'est pas le genre à dormir à la belle étoile.
Il a fugué dans la nuit et était déjà arrivé à son refuge le lendemain dans la journée. Ce n'est donc pas loin de Bordeaux. Quelqu'un de sa famille, cela ne colle pas ? Qui l'héberge ?
Je crois que je tiens mon idée en admirant machinalement une de mes photos, un coucher de soleil à la montagne.
Notre appartement de Saint Lary !
La clé est dans un coffre avec un code qu'il connait. Un appartement pourvu de tout le confort et d'une tonne de provisions pour une arrivée surprise.
Nous avons bien un voisin qui surveille les lieux pour nous. S'il n'a pas appelé, c'est que Martial a dû aller le voir en disant qu'il revenait sur accord de la famille. Je souris amusé, mon copain squatter est gonflé !
Il est minuit, mais Remy est un prof de ski et un pisteur noctambule. Je l'appelle pour bavarder et au détour de la conversation, je demande mine de rien des nouvelles de Martial.
─ Il va bien le jeunot, il ne sort pas beaucoup !
OK donc je sais où il est. Il va falloir que j'aille le chercher ! Bientôt.
Je constate que j'ai un changement d'emploi du temps qui m'oblige à modifier l'heure du rendez-vous avec Ani. Il rouspète en m'envoyant des emojis fâchés.
─ Je peux t'appeler ? je tente bien qu'il soit tard, j'ai envie de lui parler.
─ Si tu veux.
Je l'appelle impatient d'entendre sa voix, je m'attendais à des récriminations sur le rendez-vous du placard, il ne dit rien et m'écoute.
─ Dis je me demandais, tu veux faire quoi plus tard ?
─ J'ai envie de faire médecine, tu sais qui je suis, tu dois te douter que j'ai une petite contrainte budgétaire.
─ Tu veux faire cela pourquoi ? Pour le prestige ?
─ Non je veux vraiment soigner les gens, d'ailleurs ma grand-mère perd la tête.
Je l'admire et m'amuse devant son affirmation bravache. Je l'envie d'être si sûr de lui et sa voix posée et autoritaire m'achève.
─ Ani ! Ani ! Ani !
─ Quoi ! demande-t-il. Sinon je peux faire infirmier peut-être ?
Je mesure ce qu'est la pauvreté, quelqu'un de méritant, risque de ne pas faire ce qu'il veut simplement pour l'argent. Je commence de comprendre ce que mes parents se tuent à me dire. Il était temps !
─ Et toi alors tu veux faire quoi ?
─ Bel essai pour me faire parler, mais il faudra trouver mieux que cela pour me débusquer.
─ Tu ne veux pas me dire ? Comment veux-tu que je te trouve même si tu me racontes tes projets d'avenir ! Tu es stupide !
─ Non je veux que nos séances dans le cabinet d'entretien durent un moment et je ne vais pas tout gâcher en me dévoilant.
Il soupire au téléphone, je bouge la main mimant une caresse imaginaire sur sa joue.
─ Et si je ne trouve pas qui tu es ?
─ J'ai confiance, tu vas trouver ! Je vais m'arranger pour que ce soit le plus tard possible ! je fais moqueur. Bon je vais te le dire, parce que c'est un peu grâce à toi. J'aime le dessin, la photographie et les maths alors j'ai songé à architecture, peut-être bien que le concours d'entrée soit difficile. Tu en penses quoi ?
─ C'est cool !
Il me rend très heureux.
Nous voilà désormais partis dans des délires, des fous rires. Il me fait du bien à parler de tout et de rien, il a réponse à tout et m'allège la pression sur mes épaules pour Martial et la connerie de mes copains et pour mon avenir. Je raccroche, rassénéré.
J'ai fait fort, car je n'ai toujours pas rempli le logiciel d'affectation pour les études. J'hésitais et soudain, rien que d'avoir parlé avec lui, les choses sont limpides. Depuis que je l'ai embrassé. C'est idiot, il me semble qu'un projet de vie se dessine enfin devant moi, un projet avec lui.
Architecture, c'est évident, cela me permettrait de concilier plusieurs de mes passions. Ani à qui je viens d'en parler trouve cela cool et a dit en rigolant qu'il s'installerait avec moi, il débarquera avec sa grand-mère. Et bien soit !
Je suis décidé, et remplis dans la foulée mes vœux sur ordinateur. J'ai pris plusieurs prépas qui permettent d'accéder ensuite au concours d'architecture. Je ne dirai rien à mes parents, pas question qu'ils me mettent la pression.
Dylani
J'ai rendez-vous avec mon inconnu dans une heure à la pause de dix heures et j'ai le cœur qui tambourine non-stop. Quelle super soirée j'ai passée à parler avec lui.
Quand j'ai raccroché, ma grand-mère m'a dit qu'elle a deviné que je parle à mon amoureuse.
─ Mon amoureux, baba.
Elle m'a regardé avec des yeux ronds, pas très confiante dans son cerveau. Pauvre mamie.
Claire Potin, ma petite Duo, est toute seule devant le panneau d'affichage.
─ Salut, c'est toi Claire ?
Elle me regarde avec des yeux ronds.
─ Comment tu me connais ?
─ Pleins de gens te connaissent.
Elle rosit en me regardant, aussi je me dépêche de préciser : j'ai quelqu'un dans ma vie.
─ Ah OK, je m'en doutais, marmonne-t-elle.
Elle me montre le post-it avec le faux message que je lui ai écrit.
─ Je me demande qui est cette Claire ?
─ J'ai vu le gars qui est amoureux de toi et qui a posé le message.
Elle danse d'un pied sur l'autre, rosit aussitôt. Je la trouve mignonne cette fille et je me demande ce que font les mecs hétéros de ce lycée.
─ Il est comment ? Il vient de la cité ? Il est en terminale ? me demande-t-elle en s'approchant de moi pressante.
Zut je n'avais pas pensé à cela et je réponds un peu au hasard.
─ Oui en terminale, il me semble et il ne vient pas des 3000.
─ OK, tu peux me dire son nom ?
─ Naaaan pas encore, si ça te gêne, je peux lui dire d'arrêter.
─ Non, c'est bon, c'est romantique, je vais réfléchir c'est assez inattendu que quelqu'un est des sentiments pour moi. Pourquoi... il n'est pas venu me parler ?
─ Il est timide. Tu n'as qu'à lui répondre.
─ Je n'y crois pas désolée. Non, ce n'est pas possible.
Elle arrache le papier et part en courant.
Pas grave j'ai remis un message d'amour pour elle. Est-ce bien raisonnable de jouer Cupidon comme cela ?
Je suis mal quand même, car maintenant il faut que je lui trouve ce mec, avec un cahier des charges que je me suis moi-même créé. Il n'est pas des trois mille et il est en terminale : un des gars du club de natation ?
Dans le placard à balai, je me bande les yeux impatients qu'il arrive.
La porte s'ouvre c'est le moment où mon cœur se décroche, je redoute un coup des moqueries, des éclats de rire.
J'ai le droit à un souffle chaud contre ma joue et à un câlin de celui qui à ma stature. Il m'enlace et presse sa tête contre mon épaule.
─ C'est dommage que tu aies les yeux fermés.
─ Si je les ouvre, je saurai qui tu es !
─ C'est vrai mon Ani chéri il prend ma bouche et me dispense de répondre.
Je gémis de bonheur.
***
Ingrid me regarde perplexe, je lui ai raconté ma recherche d'un mec idéal pour Claire et elle a explosé de rire. Entre deux ricanements, elle réclame que je la case, elle aussi, ou que je la fasse reconnaitre par la communauté scientifique.
─ J'ai parlé de toi à des mecs à Paris, pour la communauté scientifique c'est déjà fait !
─ ...
Je lui ai coupé le sifflet et elle m'enlace.
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