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Tête à tête : Interview entre auteurs (2)


MÉMOIRES D'UN ENFANT DU MILIEU

Butterflies1980


1) La question du traumatisme générationnel semble fondamentale dans ton récit. Pourquoi ce sujet ?

Notre société parle peu du traumatisme générationnel. Pourtant, chaque individu hérite du traumatisme de ses parents et de sa communauté. Il conditionne notre personnalité, nos choix, nos peurs, nos ambitions sans que nous en soyons conscients. Nous transmettons notre traumatisme à nos enfants, qui le transmettent à leur tour à leurs propres enfants, et le cycle continue de génération en génération à moins que l'individu s'interroge de l'origine du traumatisme. Chaque société se compose du condensé des individus qui la comprennent.


2) Ton récit nous fait voyager. Pourquoi ces pays-là ? La Pologne par exemple est un choix qui peut surprendre parce qu'elle est très peu évoquée dans les histoires de France métropolitaine.

Voyager est devenu très accessible ces cinquante dernières années, surtout pour les populations Européennes. Un nom de famille, une couleur de peau, un lieu de naissance, une langue maternelle ont perdu de leur importance pour beaucoup de personnes de nos jours. Le livre aborde ce sujet très actuel à travers l'histoire de Borys.

Il y a une grande communauté polonaise en France et partout en Europe de l'Ouest d'ailleurs, au Royaume-Uni, aux États-Unis aussi. J'ai personnellement connu beaucoup d'enfants issus de l'immigration polonaise qui ont grandi en France métropolitaine. Les autres pays mentionnés font partie de la Diaspora ou du continent africain.

Je dis souvent que mes personnages existent dans un monde parallèle et ce sont eux qui me racontent leur histoire. Je ne suis que leur instrument. Lorsque Borys m'est apparu il y a quelques années, je savais par son attitude qu'il n'était pas de l'Europe de l'ouest. Mais, l'origine de Borys est née dans le contexte du premier livre de la Saga (Au crépuscule du monde).


3) L'histoire passe d'un chapitre à l'autre de la fiction générale à la dystopie, comment expliques-tu ce changement ?

Lorsque j'avais à peu près sept ans, j'ai fait un rêve qui m'a beaucoup marqué. J'étais en admiration, totalement fascinée. Au cours de ma vie j'ai toujours essayé de comprendre l'histoire des personnages de ce rêve, très court, mais très puissant. Ce n'est que presque trente ans plus tard que j'ai commencé à écrire Au crépuscule du monde lorsque je vivais en Amérique du Nord. Dans ce rêve, deux forces luttaient violemment entre elles et elles utilisaient la technologie. Pourtant, le combat n'avait pas de fin tragique. Au fur et à mesure que je réfléchissais à l'histoire et que j'interrogeais intérieurement les personnages, la narration devenait de plus en plus sombre, sans pour ce faire tomber dans le défaitisme. J'ai essayé de rester le plus fidèle possible au récit de chaque personnage de ce rêve.


4) Les questions écologiques sont centrales dans l'histoire. Partages-tu l'opinion de l'intelligence artificielle ou de Borys ?

Je ne crois pas qu'un danger écologique imminent nous guette. Je suis consciente qu'il nous faille prendre soin de la planète et de ses ressources, mais je ne suis pas tout à fait d'accord avec la propagande alarmiste qu'on entend dans les médias en ce moment. La question écologique vient du contexte du premier livre et de ce qu'un autre personnage (Jeremy) m'a raconté. À vrai dire, je suis souvent tenté de changer l'histoire de Borys parce que je ne veux pas m'associer aux messages écologiques culpabilisateurs et alarmistes de ces dernières années. Ils semblent donner à nos leaders encore plus d'opportunités pour nous confiner, nous contrôler et nous traiter en esclave. Malheureusement, Borys et Jeremy insistent pour que le contexte de leur histoire se déroule dans l'environnement que je décris dans mes livres. Alors, j'exécute leur souhait puisque c'est leur histoire, pas la mienne. Il est peut-être aussi important de noter que j'ai commencé à mettre le premier livre sur papier lorsque je vivais dans l'Ouest de l'Amérique du Nord où l'influence des autochtones est très présente. Leur attachement à la nature m'a probablement marqué de manière inconsciente, presque spirituelle ...


5) Parlons des personnages : J'adore le personnage d'Alegria et tu as mentionné que ce personnage a été inspiré d'une personne réelle : peux-tu nous en dire plus sur cette rencontre ?

C'est la mère de Borys qui a été inspirée de ma rencontre avec une Cubaine en Pologne. Alegria est la grand-mère de Borys. Mis à part le fait qu'Alegria reprend tous mes principaux traits de caractères, son personnage est purement fictif. Comme elle, je suis franche, libre, j'aime rire fort, danser et rester dehors, connectée à la nature. Borys symbolise peut-être le petit-fils que j'aurais bien aimé avoir. La mère de Borys était une femme invisible exactement comme le décrit Borys : peau très claire, cheveux noirs ondulés, discrète, effacée qui parlait très peu. J'avais raté mon train et cette jeune femme d'une trentaine d'année m'a aidé à communiquer avec le personnel de la gare pour me procurer un autre billet. Elle savait parler anglais et le polonais aussi. Elle m'a tenu compagnie toute la matinée le temps que mon train arrive.


6) Comment l'idée de cette histoire (et des autres avec lesquelles elle est liée) t'es t-elle venue ? Y a-t-il eu un élément déclencheur ou un événement ? Un déclic ou une prise de conscience qui sont à l'origine de l'écriture ?

J'écris depuis l'âge de 11 ans. Mes personnages ont toujours été principalement noirs et asiatiques. Très tôt, mon style tendait vers le Magic realism qui a étrangement vu le jour grâce à un auteur Cubain (Gabriel Garcia Márques). Dans mon enfance, je n'écrivais qu'en français bien évidemment. Puis, lorsque j'ai quitté la France, je parlais exclusivement l'anglais, donc j'ai commencé à n'écrire qu'en anglais. Mais, lorsque j'ai déménagé en Amérique du Nord, dans un petit coin reclus et isolé, l'histoire d'Au crépuscule du monde m'est venue en français. Il n'y a jamais vraiment eu de déclic ou prise de conscience, mais plus une déclaration. Au crépuscule du monde a déboulé sur mes pages comme une évidence. L'histoire est sortie de moi comme ça, toute seule. D'ailleurs, ça m'a beaucoup surpris, car je n'avais pas écrit en français depuis plus de dix ans, et comme je l'ai expliqué plus tôt, l'histoire du premier livre, ce fameux rêve, datait de mon enfance.


7) Si tu devais donner trois mots clés qui définissent ton récit, lesquels utiliserais-tu et pourquoi ?

- Génération Y-Z : la génération de Borys est plus jeune.

- Possibilité : Tout semble impossible jusqu'au moment où la chose en question se manifeste (Nelson Mandela).

- Intersection : L'espèce humaine se tient debout à un carrefour. Tout ce qui sortira de cette expérience en sortira transformé.


8) Jusqu'à quel point t'identifies-tu à Borys ? Partages-tu ses points de vue et ses sentiments ?

Je dirai probablement à 10%, principalement sur le thème de la spiritualité. Comme Borys, je pense que nous sommes d'abord des êtres spirituels tous connectés aux uns aux autres, y compris à la nature. J'aime aussi beaucoup l'idée d'une planète plus noire et haute en couleur (démographie). Un peu à l'image d'Alegria, ce que j'ai vu en rêve restera gravé à jamais dans mon cœur et ma mémoire de fillette que je vive assez vieille pour le voir se réaliser ou pas. Mis à part ça, je pense que Borys ne révèle pas tout sur sa sexualité. Contrairement à moi, Borys est de la Génération Y-Z : extrêmement vulnérable, complètement perdu, une âme profonde qui doit vivre dans un monde superficiel et fade. Ma génération, en revanche, sait d'où elle vient, qui elle est et où elle va. Contrairement aux générations d'avant la génération Y-Z, ils ne sont perturbés par leurs origines singulières ou plurielles. Ma génération par exemple sait bien que le traumatisme de l'humanité ne s'effacera jamais à grand coup de bébés métisses ou de vagues de politiquement correcte. On la connaît bien l'histoire de l'humanité et on accepte le fait qu'il nous faudra beaucoup de temps et d'effort pour rétablir un équilibre intérieur (premièrement), puis extérieur. Ce qui me rapproche le plus de Borys est mon expérience de nomade. Tout comme lui, j'ai voyagé et vécu dans plusieurs pays (pas les mêmes), mais la quête identitaire de la génération Y-Z m'est étrangère. Selon moi, elle part dans tous les sens et ça me préoccupe beaucoup ; beaucoup plus que les questions écologiques ou politiques d'ailleurs. Je m'inquiète pour l'avenir d'une génération qui préfère suivre et vivre confortablement plutôt que d'explorer sa passion malgré les obstacles.


9) Parle nous en détail de ce cycle d'histoires : comment fonctionnent-elles entrent elles ? Pourquoi avoir voulu construire ce phénomène d'échos, de continuité ? Y aura-t-il des suites, des prolongements ou préquels ?

L'histoire commence avec Au crépuscule du monde (fin des années 2080). Avec Mémoires d'un enfant du milieu, on fait un bond en arrière de plusieurs années (fin des années 1990 de nos jours pour retourner au début des années 2080). Chaque livre, sauf le premier et le dernier (L'armée du silence), se focalise sur la vie d'un des personnages du premier livre : Borys, Nina, Charlene, Karl, Jeremy et Sarah, Gaëlle. Chaque histoire permet aux lecteurs de reconstituer l'énorme puzzle de ce futur impossible que j'ai vu en rêve. Le monde d'aujourd'hui a encore plus de sens pour moi. L'impossible est moins distant que dans mon rêve. Les événements mondiaux et personnels de ces vingt dernières années m'ont donné beaucoup d'explications là où mon rêve n'avait laissé qu'une inspiration.  

Butterflies1980


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