En média Isabelle (Belle). N'hésitez pas à laisser vos commentaires qu'ils soient positifs ou négatifs, tant qu'ils sont respectueux et justes.

C'est peut-être le souvenir de cette affirmation, mais quand l'infirmière m'a demandé encore une fois de me laisser faire, j'ai juste passer ma main dans mes cheveux blonds et acquiescer en soupirant. Isaac m'a regardé comme si je l'avais trahi. Ou pas exactement mais il savait qu'il n'aurait pas la force de lutter seul. Qu'il subirait l'opération. Comme nous tous. L'infirmière sembla soulagée.

- Bien jeune homme, - je remarquai qu'elle avait abandonné le monsieur et j'en retirai un petit plaisir mesquin - veuillez passer dans la salle d'à côté.

J'obéis après un dernier regard à Isaac. Il me fusilla des ses yeux noirs. J'esquissai un sourire contrit et articulai silencieusement:

- Désolé poto, et bon courage.

Auquel il me répondit par un agressif:

- Va te faire foutre!

Mais déjà, j'entrai dans la salle d'un noir effrayant où je distinguai néanmoins les contours d'un canapé qui semblait n'attendre que moi. Après avoir vérifié que personne ne m'observait, je m'affalai dedans. Au contact de mon corps sur le vieux cuir, une espèce de sonde sortit de nulle part et se colla à mon crane sans que j'ai pu rien faire. Et impossible de l'enlever. Une voix mécanisée me demanda:

-Prénom?

Je gardai le silence.

-Prénom? insista la voix.

- Adam, et toi, c'est quoi ton petit nom?

Comme la machine semblait manquer de savoir vivre et ne me répondit pas, je décidai de la baptiser Jean Pierre.

- Nom?

- Leroy.

- Age?

- 16 ans. Et toi? J'espère ne pas être tombé sur un pédophile!

-Sexe?

- Excellente question, Jean Pierre. Masculin je pense. J'en suis presque sûr. Tu veux vérifiez?

- Orientation sexuelle?

- Ca ne te regarde pas Jean-Pierre !!! Cela fait juste quelques minutes que je te connais, tu ne trouves pas ça un peu exagéré?

-Orientation sexuelle?

Je soupirai:

-Hétérosexuelle..

-Célibataire ou en couple?

-Eh !!! Serais-tu bi Jean Pierre?

-Célibataire ou en couple?

- En couple, dommage pour toi. J'espère que tu t'en remettras. Mais on peut quand même être ami si tu veux... 

-Taille?

- 1m85. Ca te convient j'espère?

- Poids?

- 80 kg.

- Poids?

- 80kg! Jean-Pierre, insinuerais-tu que je suis gros? Ca me blesse énormément, tu sais!

- Poids?

Bon je suis gros, sans aucun doute. Et comme la machine ne semblait pas faire fit de mon ego blessé, je soupirai:

- 83 kg et 550 g.

-Merci. Nous vous prions de passer dans la prochaine salle où un membre de notre service...

- De dégénérés, complétai-je en l'interrompant.

- Médical vous attend pour l'opération.

- Et si je veux pas?

Seul le silence me répondit. La voix n'était sans doute pas programmée pour répondre à ces questions.

-Merci quand même Jean Pierre, lançai-je dans un rire nerveux, On s'appelle. Au plaisir de te revoir!

Et j'avançai dans la salle suivante, quittant les ténèbres pour me retrouver dans un endroit d'un blanc aveuglant. Cela me semblait de plutôt mauvaise augure : ne dit-on pas que le paradis est d'un ivoire éclatant? Soudain un des murs parla d'une voix froide, impersonnelle :

- Allongez-vous.

Je me rendis compte que ce n'était pas exactement un mur mais un homme qui parlait. Un homme froid, austère. Et blanc. Désespérément blanc. Un albinos peut-être. le teint cadavérique. Des lunettes blanches. Des lèvres - non ! - pas de lèvres. Des cheveux blonds, tellement clairs, qu'ils se fondaient dans son visage dur. Il était sec, décharné. Mais immense. Plus grand que moi. 1m 95 à vue de nez.

Froid.

Par contraste, je me mis à penser à Belle. Chaude.. Sa peau cuivrée et lisse, son épaisse chevelure noire et bouclée, son odeur épicée, mélange de vanille et cannelle, ses yeux noirs en amande soulignés par un discret trait de khôl doré, ses lèvres charnues et rouges, telles deux pétales délicats de rose, son nez fin, son corps svelte, sa silhouette élancée, sa taille mince, ses interminables jambes brunes, ses épaules délicates, comme taillées par le plus doués de sculpteur dans une pierre tendre, le galbe de ses hanches.

Brûlante.

Devant mon refus évident à lui obéir, l'homme émit un rire cynique, grinçant;

- Un récalcitrant, hein? Allongez-vous.

Quelque chose dans sa voix, me poussa à obéir, peut-être comme une certitude qu'il n'hésiterait pas à me charcuter pendant l'opération si je ne m'exécutai pas tout de suite. Je m'allongeai donc.

L'homme posa deux doigts sur mes paupières et les baissa, comme on l'aurait fait pour un mort. Je frissonnai.

-Dormez-maintenant.

Et je m'évanouis.