Le vieil homme
Ils étaient tous les deux douchés, avec des vêtements propres. Ils se sentaient bien relaxés, sentiment qu'ils n'avaient plus eu depuis quand même un bon bout de temps. Des tas de questions brûlaient les lèvres de Thomas. Le début de lecture l'avait intrigué, et il se demandait comment une femme telle qu'Aria lisait ce genre d'ouvrage. Elle devina les questions et lui sourit. Elle lui sortit juste mentalement un « bientôt ». Il n'en fallait pas plus pour Thomas, mais plus il était au côté de cette femme, plus il se sentait attiré par elle et tous les mystères qui l'entouraient.
Des bruits secs se firent entendre à la porte, et Aria alla ouvrir. Orbo et Genghis se tenaient devant eux, tout propres eux aussi. Hector se tenait à côté d'eux.
- J'ai prévenu Harry de votre arrivée. Le vieux va vous recevoir dès qu'il aura fini sa « méditation » avec le garçon. Mieux vaut ne pas le faire attendre.
Ils suivirent tous Hector, qui commença à s'aventurer dans ces rues souterraines. Thomas essayait de calculer les distances, et se rendit compte à quel point cette ville souterraine était immense. Par moment, ils rencontraient d'énormes portes blindées qui semblaient ne pas avoir été ouvertes depuis bien des années. Elles avaient toutes une série de chiffres et de lettres, et Thomas les reconnut. Ce système était encore utilisé de nos jours, renfermait des vieilles archives d'État. Il était difficile de pénétrer dans de tels lieux si l'on n'était pas dans le secret des dieux, leur système de sécurité étant réputé incassable. Au bout d'une vingtaine de minutes, ils arrivèrent devant une grande porte.
Hector s'engagea le premier dans une petite salle qui avait seulement un bureau comme mobilier. Derrière lui se tenait un homme, très petit, qui portait des lunettes rondes, un peu trop grandes pour son visage. Son bureau et lui étaient la seule protection à la porte qui se trouvait derrière eux.
-Les voilà Harry, comme tu l'as demandé.
-Merci Hector.
Hector s'en alla, referma la porte derrière lui, laissant seul le petit groupe face au petit binoclard.
-Bien. Je suis vraiment content de te revoir, Aria. Vous devez être Thomas. Je m'appelle Harry. Ne faites pas attention, c'est un surnom que j'ai gardé. Les gens se moquaient de ma petite taille et de mes lunettes, et m'ont affublé de ce sobriquet. Visiblement, ça vient d'une histoire de magicien qui a eu beaucoup de succès début des années 2000. Par contre, vous m'excuserez. Toute personne inconnue se doit d'être scannée avant de passer cette porte. Tout comme vous autres, qui avez disparu depuis quelques semaines. Désolé pour ce manque de confiance, mais cette procédure nous a déjà évité bien des soucis par le passé.
-Je comprends. Pas de soucis, scannez-moi. Ça prouvera bien que Genghis a enlevé l'objet qui se trouvait dans mon poignet. Et ça me rassurera un peu aussi, je crois.
Harry s'approcha et passa un vieux scanner bidouillé sur chacun d'entre eux. Il sembla satisfait.
-C'est bon. Avant de rencontrer Ishtar, laissez-moi juste vous prévenir, Thomas. Soyez silencieux dans cette salle, et patientez jusqu'à ce qu'il se mette à vous parler. Il est pour le moment en pleine séance de communication mentale, ne soyez donc pas offusqué s'il ne s'adresse pas à vous tout de suite. C'est juste qu'il est très concentré et que le reste du monde autour de lui n'existe pas pendant qu'il pratique ce genre de rituel.
L'avertissement donné, il fit entrer la petite bande dans la pièce suivante. Thomas n'avait jamais vu un tel capharnaüm de sa vie. Des tas de livres étaient empilés un peu partout, et l'on disposait à peine de place pour se frayer un chemin au centre de la pièce. Au centre de celle-ci, un vieil homme était assis sur un fauteuil semblant à peine tenir debout. Il était extrêmement concentré, et se tenait la tête des deux mains. Aria s'avança doucement, les autres firent de même, et arrivés près du vieillard s'assirent à même le sol. Thomas n'en revenait pas. Des livres partout. Il jetait un coup d'oeil au titre, chaque ouvrage lui était inconnu, même en ebook. Il se disait qu'il les prendrait bien tous pour les lire. Il trouvait la lecture d'un livre bien plus agréable que par les lunettes. Et s'il ne connaissait aucun titre des ouvrages, c'est que les corporations ont dû les interdire à un moment ou un autre. Il se rappela des dernières pensées qu'il avait eues dans sa Gmobile : les trous dans les discographies. Ça se tenait. Une opération grand nettoyage dut avoir lieu.
Il fut interrompu dans ses pensées par une voix d'outretombe.
-Oui, tu es en train d'ouvrir les yeux, de te rendre compte de ce qui s'est réellement passé. Tu peux te retourner vers moi maintenant.
Le vieil homme était sorti de sa réflexion et se tenait bien droit devant eux. Il dégageait une grande prestance, malgré son vieil âge.
-Bien. Pardonnez-moi de ne pas vous avoir accueilli comme il se doit. Il se fait juste que j'étais en communication avec un jeune garçon qui aura enfin l'occasion de lire un écrit d'un de ses aïeuls. Et je suis sûr que cela va apporter beaucoup de réveil de conscience dans sa communauté. Sois le bienvenu, Thomas Jefferson. Tu ressembles, toi aussi, beaucoup à ton aïeul. Bon, racontez-moi ce qui s'est passé.
Aria, Genghis et Orbo racontèrent toute l'histoire à Ishtar, qui demanda à voir la carte mémoire, et Orbo la lui tendit de suite. Celui-ci expliqua que comme ils n'avaient pu intercepter leur contact, ils n'avaient pas les mots de passe pour déchiffrer son contenu. Leur histoire permit cependant à Thomas de combler les trous. Machin était télépathe, avait suivi mentalement Thomas jusque chez lui. Ils s'apprêtaient à rentrer de force chez lui quand les troupes de l'Oeil débarquèrent et ils leur tendirent une embuscade pour récupérer la carte.. Le vieillard se tourna ensuite vers Thomas.
-Bien. Maintenant, à ton tour. Raconte-moi comment tu en es arrivé là. C'est donc toi qui devais éliminer notre contact ?
Il hocha de la tête, un peu gêné.
-Sais-tu au moins ce que contient cette carte ?
-Non. J'ai essayé de regarder ce qu'il y avait dedans, c'est vrai. La seule chose que j'ai pu voir était une photo d'un vieux billet d'un dollar gribouillé. Je n'ai pas réussi à ouvrir les autres fichiers, et comme je n'y arrivais pas, j'ai abandonné l'affaire. Les mecs en noir sont rentrés chez moi alors que j'étais endormi, et après un beau passage à tabac dans les règles de l'art, ils m'ont emmené dans un véhicule. Je suppose, vu les troupes qui ont débarqué chez moi, que cela doit être très important. Et avec tout ce que j'ai vu ces derniers temps, je dois dire que je meurs encore plus d'envie de savoir ce qu'elle contient.
Le Vieil homme sourit, et redonna la carte à Orbo.
-Tu sais ce qu'il te reste à faire, Orbo. Va donc déchiffrer la carte. Accompagne-le, Genghis, je vais m'entretenir avec Aria et Thomas en privé. Ils vous rejoindront après. Dès que vous avez déchiffré tous les documents, faites-moi parvenir une copie que je les consulte. Une fois qu'on aura pris connaissance de tout ce qu'elle contient, on discutera de tout cela avec le conseil de New-New-York.
Les deux gaillards prirent congé, et marchèrent précautionneusement vers la sortie. Une fois qu'ils furent sortis, le vieil homme sourit.
-Je vois que tu es en train de t'éveiller, jeune homme. J'ai longtemps rêvé de toi, et je savais que ce jour viendrait. Je t'attendais depuis longtemps, car selon les actes que tu feras, l'Humanité pourra soit se réveiller, soit se condamner. J'espère que je pourrai t'aiguiller autant que je pourrai. Je crois qu'Aria a ressenti cela aussi, car elle possède des dons étonnants. C'est pourquoi je lui ai demandé de rester. Je sens déjà entre vous une connexion hors du commun.
Aria rougit. Le vieil homme avait vu juste.
Ishtar se tourna à nouveau vers Thomas. "Alors, monsieur Jefferson, par quoi allons-nous commencer ?"
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