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Partie V : Le Quartier Noir (III)

Elias

Elias s'accroupit, tentant d'éviter de faire grincer la passerelle en métal sur laquelle il se tenait. Il se décala lentement de quelques centimètres pour réussir à avoir une bonne vue sur la place qu'il observait. Lorsqu'il eut trouvé le meilleur angle, il replia ses longues jambes et s'assit en tailleur.

C'était le matin. L'air était encore frais, les visages étaient bouffis et cernés. Dans le centre du Quartier Noir, sur la place qu'observait le jeune homme, c'était l'effervescence. Les gens se rendaient au travail, tous pressés, s'ignorant, beaucoup fixant leur montre. Elias passait de visage en visage; il cherchait quelqu'un d'intéressant, quelqu'un d'inhabituel.

Il voyait des adultes, fatigués de la vie, qui sombraient de plus en plus dans la routine. Il y avait aussi des plus jeunes, qui en espéraient probablement trop. Des enfants accompagnant leurs parents, encore naïfs, et leurs esprits emplis de contes de fées.Et Elias était là, surplombant la place, à les contempler. Lejeune homme imaginait les gens. L'apparition furtive d'une silhouette, et voilà que son esprit inventait ses malheurs, ses rares bonheurs et sa vie. Elias n'avait jamais aimé les histoires que son père lui racontait quand il était petit. Peut-être était--ce pour cela qu'il n'avait pas bronché lorsqu'il l'avait abandonné. Il lui avait toujours inspiré les faux espoirs des humains, qui se voilaient la face et se disaient qu'ils auraient une belle vie, alors même qu'il était plus probable qu'une fée surgisse de nulle part.

Soudain,un visage attira le regard d'Elias. Un visage fin, asiatique,encadré de cheveux roses, qui tachait dans le décor sombre du Quartier Noir. Elle était habillée de bleu glacier, et se tenait droite, les yeux perdus dans le vague, immobile au milieu de la foule. Intéressé, Elias allait s'approcher, mais une silhouette sombre dissimula la jeune femme un instant, et elle disparut. Lejeune homme, déçu, se redressa et se dirigea vers l'échelle qu'il avait empruntée pour monter là. Il redescendit prudemment.A cette distance du sol, il mourrait s'il tombait. Perdu dans ses pensées, il sauta enfin à terre avant de courir vers une ruelle pour fuir la foule.

Arrivé à l'ombre, il ralentit, mais continua de marcher en direction de ce qu'il appelait sa tanière. Au bout de quelques minutes, il arriva en face d'un bâtiment délabré, comme la plupart du Quartier, et commença à escalader les gouttières rouillées qui se détachaient presque de la façade. À environ la moitié de l'ascension, il balança légèrement son poids sur la droite et sauta sur le rebord d'une fenêtre. Fenêtre sans vitre d'ailleurs,puisque le jeune homme se glissa ensuite à l'intérieur du bâtiment en ruines. Il se rendit au milieu de l'étage pour trouver les escaliers qu'il grimpa en vitesse.

Il arriva enfin devant une porte qu'il poussa d'un coup d'épaule et franchit le seuil du toit de l'immeuble. Une sorte de tente en tissus récupérés de la rue se trouvait là. Une grande toile grise était tendue dans un coin du toit à un mètre du sol, des tapis rapiécés de couleurs sombres recouvraient le sol dessous et des coussins troués noirs étaient appuyés sur le rebord. Il y avait un petit espace où était posé un carnet, un crayon et un vieux mp3 accompagné d'écouteurs.

Elias se laissa tomber sur les coussins et s'installa confortablement avant de mettre les écouteurs et de prendre le carnet et le crayon.Il lança la musique, bougeant la tête au rythme de celle-ci, et ouvrit son carnet à une page au hasard, puis commença à gribouiller.

La musique était formellement interdite dans la Cité, tout comme les livres. Les chanteurs et auteurs n'étaient plus que des mythes,les histoires n'étaient que les rares contes déformés que les parents racontaient à leurs enfants et les gens ne semblaient même plus se rappeler comment chanter. Elias écoutait la vieille musique d'une ancienne époque révolue, qui était déjà dans le mp3 qu'il avait acheté au marché noir. Le Quartier Gris avait interdit la musique et les livres à son arrivée au pouvoir. Le seul moyen des'en procurer étaient les marchés noirs, évidemment indisponibles dans les autres Quartiers. Au bout d'un moment, Elias reposa son carnet, s'allongea sur les coussins, puis s'endormit.

Il se réveilla aux alentours de midi. Encore engourdi, le jeune homme retira ses écouteurs et s'extirpa de sa cabane lentement. La fille aux cheveux roses était toujours dans son esprit, il pouvait encore la voir seule au milieu de la marée d'humains. Elias entama la descente du bâtiment. Arrivé dans la rue, il se dirigea vers le brouhaha de la foule. De sa petite ruelle sombre, il déboucha sur une sorte d'avenue pleine de passants. Le jeune homme la traversa pour atteindre un des nombreux immeubles délabrés du lieu. Il pressa la sonnette, la porte s'ouvrit, et il s'engouffra à l'intérieur.

La température commençait à monter à l'extérieur, mais l'ombre du hall avait pu garder la fraîcheur agréable du matin. Elias emprunta les escaliers jusqu'au cinquième étage. Arrivé devant l'appartement cinq-cent trente-huit, il prit ses clés dans la poche de son sweat shirt et ouvrit la porte.

Devant lui se trouvait un vieux salon fatigué par le temps. À sa gauche,il y avait une cuisine dont le style rappelait l'ancien temps, et un couloir sinistre. Elias se dirigea vers le placard au-dessus du plande travail de la cuisine et saisit une des nombreuses boîtes de conserve.

Une heure plus tard, le jeune homme était attablé avec une femme d'âge mûr, large d'épaules, avec une carrure robuste et un grand sourire aimable sur les lèvres. Elias était toujours aussi neutre,aucune émotion ne transparaissait sur son visage.

-Tu devrais arrêter de regarder les gens comme ça le matin Elias,dit la femme.

-Peut-être.

Il y eut un silence, puis Elias reprit :

- J'ai remarqué quelqu'un aujourd'hui.

-Ah oui ?

-Une fille, que je n'avais jamais vue avant, raconta l'adolescent. Avec les cheveux roses. Tu l'as déjà croisée ?

-Ça doit être l'orpheline. Ses parents sont morts dans un incendie quand elle était petite, expliqua la femme. Elle ne sort presque jamais, c'est pour cela que tu ne l'avais jamais vue.

Elias hocha la tête et continua à manger. Durant l'après-midi, il repensa souvent à la jeune fille. Elle lui avait marqué l'esprit,et laissait derrière elle un sentiment étrange. Il se réveilla le lendemain matin aux aurores, s'habilla rapidement et partit en direction de la place centrale. Il monta sur la passerelle et s'assit en tailleur. Songeur, le jeune homme sortit son petit-déjeuner de son sac à dos. Au fond de lui, il espérait revoir la fille aux cheveux roses dans la foule. Il resta là longtemps, plus longtemps qu'à son habitude. À un moment, il crut apercevoir un reflet rosé, mais il disparut aussitôt. Elias ne revit pas la fille et abandonna quand sa montre indiquait dix heures.

Découragé,il remit son sac sur son dos et commença à lentement descendre l'échelle. Mais lorsqu'il atteignit le sol, quelqu'un était là, à l'attendre.

C'était la jeune fille. Elle semblait plus grande de près, et surtout encore plus jolie. Elias surprit son cœur à battre soudainement plus fort et plus vite. Elle avait l'air énervée mais curieuse. Tentant de rester impassible, il la toisa. Au bout d'une minute qui sembla une éternité à Elias, la jeune fille déclara :

- C'est un peu bizarre de fixer les gens comme ça. On dirait un psychopathe.

-Enchanté. Elias.

-Laë.

Elias hocha la tête. Il y eut un silence. Laë semblait avoir oublié sa colère un instant, mais elle revint vite à la charge.

-Je t'ai posé une question, dit-elle.

-C'était une affirmation, rétorqua-t-il.

-Bref, pourquoi tu me fixais hier ?

-Je ne t'avais jamais vue avant.

Laë tiqua puis répondit :

-Aucune importance. Tu n'as pas à fixer les gens comme ça, ça pourrait être mal interprété.

-Tu l'as mal interprété ?

-Ce n'est pas la question, dit-elle sèchement.

-Je suis désolé, répondit-il.

Laë afficha une mine surprise et resta silencieuse. Elias la regarda encore une dernière fois puis décida de partir. Le chemin qu'il devait prendre se trouvait derrière la jeune fille. Il se dirigea vers celui-ci, et effleura Laë au passage.

Alors il eut une vision. Les gens du Quartier Noir avaient le pouvoir de connaître la mort des gens, rien qu'en les touchant. La totalité des habitants avaient reçu une formation à l'âge de dix ans pour être capable de bloquer ces visions. Mais Elias l'avait oubliée depuis longtemps, et l'idée qu'il puisse voir la mort de Laë ne lui avait pas traversé l'esprit.
Pourtant, ça arriva.

Soudain,il ressentit la peur de la chute, le sifflement du vent à ses oreilles, le désarroi et l'impuissance face à l'impact imminent. Il aperçut la passerelle, sa passerelle, et l'échelle à côté de lui qui défilait à toute vitesse. La mort était la pire expérience qu'un humain pouvait endurer. Surtout quand après cela, il était toujours en vie et conscient.

Elias,revenu à la réalité, tituba et manqua de s'effondrer. L'effroi se lisait sur son visage. Laë était là, à le regarder, intriguée et ignorante. Le jeune homme l'observa, toujours sous le choc. Elle portait une tunique blanche. Exactement la même que celle qu'elle avait dans la vision. Et Elias comprit : Laë mourrait aujourd'hui.Il se redressa lentement. Il devait lui dire. Dans la vision, ils'était vu. Il était en haut, penché depuis la passerelle. Le visage marqué d'horreur, et ses yeux noirs emplis de culpabilité.Et si la mort de la jeune fille était sa faute ? Et si, par malheur,il l'avait conduite à sa perte ? Il se devait de la mettre en garde. Il devait éviter ça. Son cœur semblait saigner lorsqu'il imaginait une vie sans Laë, et pourtant il ne la connaissait que depuis une journée.

Mais il ne pouvait pas lui révéler qu'elle mourrait le soir même.C'était la loi. Mais depuis toujours, Elias ignorait la loi. Il inspira, prêt à lui annoncer l'horrible nouvelle. Et soudain il pensa : "Et si elle me détestait ?". Sa mort était sûrement causée par le jeune homme, elle ne pourrait que le détester de toutes ses forces. Puis Laë partit. Il ne lui avait pas dit. Elias resta interdit. Devait-il lui courir après ? Elias, bouleversé,s'évanouit.

Il se réveilla le lendemain matin. Un homme l'avait aidé à rentrer chez lui après sa phase d'inconscience, et le jeune homme était resté enfermé toute la journée. Il espérait que s'il ne se trouvait pas sur la passerelle quand Laë mourrait, peut-être que sa vision n'aurait pas lieu. Peut-être qu'il pouvait modifier le futur.Lorsqu'il se leva, la première chose qu'il fit, après avoir repassé dans son esprit les événements de la veille, fut de regarder sa montre. Fébrile, il attendit impatiemment que les informations s'allument.

Au bord de la crise de panique, il s'y remit à deux fois avant de lire le titre de la une. "Un incendie ravage l'est du Quartier" Elias soupira. Il ne s'était jamais senti aussi soulagé. Il ouvrit quand même l'article, et parcourut la liste des décès. Aucun signe de Laë. Distrait et euphorique, il regarda la liste des non identifiés. « Jeune fille aux cheveux roses. » Elias s'effondra.



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