Bonjour les amis, 

Je suis trop contente de vous partagez la première partie de mon nouvel OS Yoonmin. Je me suis grandement inspirée du MV That That avec Psy...jsp, mais je suis tombée amoureuse de Cowboy Yoongi, et il fallait absolument que je construise un univers autour de ce concept...

Donc voici ici, le fruit de cette soudaine pulsion ;)

Avant de commencer, quelques petites informations indispensable : 

· Epoque/univers alternatif : Western, Cowboys. 

· Yoonmin 💛

· Lemon, violence, langage cru 🔞 absence - ou presque - de fluff 🙄

· Jae-sang alias PSY est un protagoniste dans cette histoire. 

· Les droits pour la couverture m'appartiennent  ⚠ D'ailleurs, vous aimez mon petit dessin ?! 🤭

· Yoongi est méchant et dangereux dans cette histoire, Jimin est bien trop inconscient...

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** Petite note de début À LIRE pour comprendre la suite de l'histoire **

Le bouc d'Opalisse est une relique hautement respectée par le peuple coréen. Certains entreprennent un long voyage à travers le désert pour s'y rendre et lui faire des offrandes, avec l'espoir de recevoir sa bénédiction, et bénéficiez de cent ans de santé et de richesse. Certains ne croient pas aux superstitions et s'y rendent juste pour la voir de leurs propres yeux. Pour se rendre à la relique, il faut prendre un sentier sinueux qui longe la vallée d'Opalisse, puis s'enfoncer dans une grotte toute aussi dangereuse, et longer cette dernière sur plusieurs kilomètres avant d'arriver à destination.

Le bouc se présente ainsi, comme sur la photo ci-dessous. 

Il reste seulement le crane de l'animal, encastré dans les parois rocheuses de la grotte, mais qui est dit comme possédant des propriétés magiques... aussi bien bénéfiques pour ses adeptes, que maléfiques pour ceux qui oserait lui porter préjudice.

Clair ? Je n'ai pas l'impression mais je l'espère, mdr. Vous devriez mieux comprendre en lisant l'histoire, mais il ne faut pas non plus que cela vous détourne du sujet principal...qui est le sexy cowboy Yoongi et le tout mignon Jimin de cette histoire. Le bouc d'Opalisse est juste la trame de l'histoire, que j'ai inventée de A à Z, d'ailleurs.

Un énorme merci à ma petite @Nonameisfun, qui a entièrement relu et corrigé cette première partie 💜

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Jimin est prêt à tout pour un peu d'or.

Il l'accepte sous toutes les formes : brute, pièce, bijoux, lingot. Même s'il n'a jamais eu la chance d'en tenir plus de trois pauvres grammes dans le creux de ses mains, car ses clients ne sont que des radins qu'il ne regrette jamais de piller.

Vous voyez, Jimin est capable de – presque – tout pour l'or, il refuse juste une chose : vendre son corps. Pourtant, nombreux sont les clients qui affluent dans son bar. Des pillards de passage, sales et brûlés par le soleil aride qui a accompagné leur quête infructueuse de richesses et de pouvoir et qui, comme tous, ont décidé de faire un détour au saloon du coin pour vérifier d'eux-mêmes la rumeur semée dans le village.

Derrière ce bar se trouve apparemment un petit trésor des plus divins, un trophée aux courbes généreuses que chaque cowboy convoite, une carafe de fraîcheur et de jeunesse qui pourrait étancher leur soif de compagnie pour la nuit.

Ne vous méprenez pas, Jimin ne fait rien pour étouffer les rumeurs. Au contraire, il prend un malin plaisir à les entretenir, puisqu'elles jouent souvent en sa faveur. Il use de ses charmes, comme le charmeur avec son serpent, berçant ses pauvres victimes de douces illusions coquines, afin de les dépouiller de tous leurs biens une fois le dos tourné.

Malgré les avertissements de Seokjin, attestant qu'il finira un jour par énerver le mauvais cowboy, Jimin est resté sourd et têtu face aux raisonnements de son ami.

Et peut-être qu'il aurait dû réfléchir à deux fois avant de jouer au plus malin avec Min Yoongi.

Mais la somme en jeu était beaucoup trop tentante pour que Jimin passe à côté d'une telle opportunité, écartant toute raison en faveur d'une avarice l'aveuglant des dangers auxquels il s'exposait.

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Jimin est en train de servir une horde de cowboys bruyants lorsque Min Yoongi passe le double battant. Le silence soudain l'incite à se tourner en direction des clients, ses lèvres généreuses formant une moue confuse.

Si très peu de choses réduisent un cowboy ivre au silence, Jimin n'est pas surpris de constater que cette présence ôte les mots de chaque bouche présente. Car se tient en face d'eux une légende, un visage qu'ils ont croisé maintes fois sur les places de village, sur ces affiches promettant une récompense généreuse pour quiconque parviendrait à le capturer.

Le nouvel arrivant ignore le silence ambiant, comme trop habitué à engendrer ce genre de réactions pour s'en soucier, alors qu'il se dirige vers l'unique tabouret disponible. Un verre dans une main et un torchon dans l'autre, Jimin reste muet et immobile devant cette apparition plus qu'inattendue : aucune rumeur ne suspectait une visite du fameux Min Yoongi dans leur petit patelin. Et pourtant, Jimin est le roi des ragots. Pas une information, aussi confidentielle soit-elle, n'échappe très longtemps aux griffes redoutables de son extrême curiosité.

Il se doute toutefois bien que Min Yoongi n'est pas surnommé le cavalier fantôme sans raison. En dépit des autorités à ses trousses, les milliers d'affiches et ennemis qui réclament sa tête, le criminel parvient toujours à traverser les villages dans la plus grande discrétion, pillant les villageois de tous leurs biens et laissant dans son sillage des traînées de cadavres. Jamais personne n'a réussi à lui mettre la main dessus.

Peut-être est-ce audacieux de penser que Jimin pourrait être celui qui y parviendrait, mais le barman est rusé. Il est également extrêmement têtu et beaucoup trop inconscient pour son propre bien.

Il s'empresse de déposer le dernier verre du plateau sur la table qu'il servait, avant de retourner derrière le bar. Il jette le chiffon par-dessus son épaule, puis se penche vers Yoongi, jusqu'à être nez à nez avec le cowboy tant redouté :

« Qu'est-ce que je peux vous servir, bel inconnu ? » susurre-t-il de sa voix la plus douce, la plus mélodieuse.

Le criminel relève finalement la tête, dévoilant son visage jusque-là caché derrière la lisière de son chapeau blanc, et Jimin est pris de court une seconde fois. Il a toujours eu un faible pour les jolis garçons, et Yoongi en est définitivement un. Il ne semble pas bien plus vieux que lui, sûrement une trentaine d'années grand maximum ; avec d'épais cheveux noirs et un teint étrangement pâle malgré le soleil de plomb qui accompagne chacune de ses conquêtes pour l'or.

« Un whisky, sec. » dit simplement le cowboy, la voix gutturale – bien plus grave que Jimin ne l'avait imaginée.

Jimin s'exécute, n'hésitant pas à se baisser plus que nécessaire pour attraper la bouteille sous le bar.

« Voici. » verse-t-il un fond dans le verre qu'il place ensuite devant le cowboy, qui le descend d'un coup sec.

Il se penche de nouveau vers le nouvel arrivant, battant des cils avec l'espoir d'attirer son attention. Seulement, ce dernier reste étrangement imperméable aux charmes du barman, le verre en main et les yeux rivés sur le bois du bar. Jimin se redresse de sa position subjective, la moue boudeuse, et l'égo quelque peu blessé. Il n'a pas l'habitude d'être ignoré, lui qui aime tant l'attention, mais il possède plus d'un tour dans son sac.

« Un autre ? » demande Jimin en désignant le verre vide que Yoongi tient toujours.

Le concerné lance un bref regard vers son interlocuteur ; et Jimin ne peut retenir le petit frisson d'excitation qui lui remonte alors la colonne vertébrale, d'être ainsi soumis au regard du cowboy. Un regard si dangereux, que la plupart tentent de fuir à tout prix, mais que Jimin appréhende tout autant qu'il convoite. 

« Hum... » grogne le cowboy, le son plus proche d'un grognement antisocial qu'une véritable affirmation.

Cependant Jimin le prend comme telle, lui resservant un fond de liquide brunâtre.

Le noiraud le détaille cette fois, ses yeux suivant méticuleusement chaque geste que Jimin entreprend. Le regard intense qui le scrute rend ses gestes fébriles, si bien qu'il renverse quelques gouttes d'alcool sur la veste blanche.

« Oh, non. Je suis terriblement désolé. » s'empresse de s'excuser Jimin, auprès de Yoongi, redoutant et s'interrogeant sur sa potentielle réaction : suivre sa réputation et le punir pour son inattention, ou laisser passer sa petite bêtise.

Le cowboy passe une bonne minute à regarder la tache sur le tissu, sûrement hors de prix, de sa veste ; alors que Jimin retient son souffle de l'autre côté du bar. Même les clients des tabourets voisins ont stoppé leur discussion pour observer la scène.

Jimin n'attend pas bêtement de subir la colère du cowboy, et entreprend alors un geste des plus audacieux. Il contourne le bar avec un chiffon et, sans même demander la permission, vient en passer la surface sur la tache. Sa tentative est vaine. Le tissu semble avoir absorbé le liquide, et Jimin n'est pas sûr que Yoongi puisse ravoir sa précieuse veste un jour.

Pourtant, lorsqu'il lève un regard anxieux vers celui de Yoongi, il est surpris de n'y lire aucun courroux, mais plutôt un intérêt non caché. Ce dernier a la tête penchée sur le côté, l'observant comme s'il était une petite chose forte intéressante qui aurait piqué sa curiosité difficilement stimulable.

« Comment tu t'appelles, trésor ? » questionne le cowboy, la voix douce mais l'intonation ferme, indéniablement autoritaire.

Rien que sa façon de s'exprimer prouve son habitude à obtenir ce qu'il veut quand il le décide. Et Jimin est plus intelligent que de lui refuser une simple requête. Après tout, il recherchait l'attention du cowboy, et même s'il n'avait pas prévu de l'obtenir de cette manière, il y voit là l'opportunité idéale pour obtenir ses faveurs et mener son plan à bien.

« Jimin, répond aussitôt le concerné, dissimulant son intimidation derrière une voix séductrice, qui ne manque jamais de faire des dégâts auprès de ses victimes.

— Tu sais combien m'a coûté cette veste, Jimin ? poursuivit-il, la voix chutant d'une octave.

— Je peux payer les dégâts. » murmure le barman, se penchant légèrement vers le cowboy, pénétrant audacieusement les frontières de son espace personnel.

Yoongi soulève un sourcil suffisant face à la suggestion.

« Possèdes-tu quatre-cents pièces d'or ? »

Jimin arbore une moue adorable, alors qu'il secoue timidement la tête, ses mèches blondes et ondulées venant s'agglutiner devant ses yeux revêtus d'innocence. Du pur jeu d'acteur, dans lequel Yoongi ne semble y voir que du feu, car il répond exactement comme Jimin l'espérait, lui tendant la perche idéale qui lui permet d'enclencher la première étape de son plan.

« Non ? Alors comment comptes-tu payer pour tes bêtises ?

— J'aurais bien des idées sur la façon dont je pourrais me faire pardonner... » n'hésite plus à répondre Jimin, conscient du petit jeu qui s'est instauré entre eux, de la tension électrique planant autour de leurs corps presque collés l'un à l'autre.

Yoongi pivote son tabouret vers Jimin. Assis sur les rebords de ce dernier avec le barman placé entre ses jambes, leurs souffles se mélangent dans le peu d'espace qui sépare leur visage. Pourtant, Jimin recule instinctivement lorsque le cowboy se lève du tabouret. Yoongi anticipe son mouvement de fuite, et avec des gestes relevant d'un instinct presque félin, il le fait reculer jusqu'à le coller contre le bar.

Jimin tente de conserver la flexion séductrice de ses sourcils, et l'innocence de son regard, même si tout lui crie de prendre la fuite. Car, malgré le petit sourire en coin et l'air amusé de Yoongi, Jimin n'a certainement pas manqué l'ombre qui vient de traverser son regard. Ses yeux de félin sont maintenant prédateurs, attentifs à la moindre supercherie derrière ses paroles. Cessant de respirer, persuadé d'avoir été pris sur le fait, Jimin s'écrase contre le bar jusqu'à sentir l'arête lui scier le bas du dos.

« Tu as de la chance d'être une si belle petite chose, Jimin. » murmure Yoongi entre le peu d'espace qui les sépare.

Il dépose ses mains sur le bar derrière Jimin, de part et d'autre de sa taille. Et même s'il ne le touche pas, le barman se sent prisonnier des bras qui l'encagent contre le bois. Il se sent minuscule, insignifiant face à la dominance qui s'évapore du cowboy.

« Sinon, je n'aurais pas hésité à couper cette langue pleine de beaux mensonges. »

À ses mots, le regard de Yoongi tombe sur ses lèvres entrouvertes. Jimin voudrait réfuter les paroles du cowboy, – car il est évident qu'il s'est fait prendre la main dans le sac –, mais il reste silencieux, incapable de bouger ou parler. Il ose à peine respirer, immobile et anxieux comme il ne l'a jamais été auparavant.

« Ne fais pas cette tête, trésor. Je n'ai pas prévu de te blesser, j'ai mieux à faire.

— Je ne voulais pas...

— Chuuut... » tait aussitôt le cowboy, posant un doigt contre ses lèvres. Ne me fais pas changer d'avis, Jimin. Je peux faire preuve d'indulgence, mais il ne faut pas en profiter.

Jimin décide de se taire, pour son propre bien : il sait que Yoongi lui concédait ce dernier avertissement avant de perdre réellement patience.

« Tu devrais être un peu plus prudent avec les victimes que tu choisis, trésor. Ta réputation te précède, tu sais... Les bruits courent que tous les cowboys qui ont croisé ton chemin ont été étrangement dépouillés de leurs biens. »

Jimin voudrait jouer de l'apparence inoffensive qu'il incarne à la perfection, celle qui parvient à convaincre toute ses victimes que cette petite créature n'aurait jamais le cran de dérober les gros méchants cowboys de leurs précieux sacs d'or. Néanmoins, Jimin s'abstient devant Yoongi, sachant que ce dernier verrait aussitôt clair dans son jeu.

« Je ne suis pas venu chercher des faveurs sexuelles, reprend le cowboy en s'écartant du barman, lui rendant ainsi sa précieuse liberté dont il avait l'impression d'être privé. Les rumeurs disent qu'un guide, pouvant m'emmener au bouc d'Opalisse, se trouve ici. Un certain Kim Seokjin. »

Mince. Cela complique grandement les choses pour Jimin.

« Le bouc d'Opalisse ? s'étonne Jimin, la surprise envahissant ses traits sans qu'il puisse la camoufler. Que comptes-tu faire là-bas ? »

Il sait pertinemment qu'il n'est pas censé poser de questions, mais ce n'est pas la première fois que sa curiosité maladive le pousse à dépasser les limites. Yoongi penche la tête sur le côté, un sourire en coin venant étirer les extrémités de sa bouche délicate. Malgré tout, son regard est sombre, profondément dangereux.

« Une simple petite visite touristique. » indique-t-il, même si le caractère moqueur de sa voix révèle qu'il ment.

Même si le cowboy possède la réputation de ne connaître aucune limite, ce choix, même venant de lui, paraît bien audacieux. Cette relique millénaire, plus communément appelée le bouc d'Opalisse, est un trésor même craint des criminels les plus redoutables. Sa valeur est inestimable, et pour une bonne raison. La relique est entourée de toutes sortes de mythes à en faire froid dans le dos. Une multitude de témoins auraient vu la carcasse du bouc rôder dans la vallée la nuit, certains disent même l'avoir vu attaquer de pauvres campeurs. Ridicule ? Jimin pensait comme tel, jusqu'à constater de ses propres yeux les tas d'ossements humains parsemant la vallée d'Opalisse. Les plus dubitatifs s'adonnent à croire que les restes humains appartiennent aux insouciants qui ont entrepris le voyage seuls, sans assez de vivres ou connaissances du chemin emprunté. Les plus superstitieux, de leur côté, aiment penser que ces ossements sont en réalité les restes de ceux qui ont provoqué le courroux de la relique. Deux croyances radicalement opposées que Jimin ne saurait départager. Car même si rien d'inhabituel n'était arrivé les trois fois où il avait accompagné Jin, la désolation et la mort régnaient partout dans la vallée, beaucoup trop mystérieuses pour être le fruit de simples décès par déshydratation.

Un frisson désagréable lui remonte l'échine lorsqu'il se rappelle l'air poisseux et suffocant de l'endroit, l'ambiance sinistre, presque étrange ; le sentiment de profond malaise qui lui collait à la peau, et qui ne faisait que s'accentuer au fur et à mesure qu'ils s'enfonçaient dans le cœur de la vallée.

Non. Jimin est courageux, pourtant loin de lui l'idée d'aller jouer aux plus malins dans cette vallée de la mort.

« Jin hyung n'est plus guide depuis longtemps. »

Jimin se rappelle encore l'apparence de son ami lorsqu'il était rentré de sa dernière excursion. Le teint livide et les yeux dans le vague, il avait juré de ne plus jamais y remettre les pieds. Et lorsque Jimin l'avait interrogé sur ce qu'il s'était passé, l'horreur avait noyé les yeux de son ami. Une scène semblait se jouer derrière ses paupières, un moment qu'il ne voulait pas se remémorer, mais qui le hante toujours. Car, prononcez le simple mot Opalisse, et vous verrez le regard de Jin changer du tout au tout.

« Es-tu en train de me dire que j'ai fait tout le chemin jusqu'à Bangtan County pour rien, trésor ? »

Le ton du cowboy est suave. Peut-être est-ce ce qui pousse Jimin à être un peu téméraire.

« Ce n'est pas ma faute si tu as décidé de suivre...

— Tut-tut-tut, tu n'apprendras donc jamais, Jiminie. »

La façon dont il prononce son prénom fait frissonner le barman. Malgré l'apparence affective du surnom, sa véritable nature en est tout autre. C'est une menace, pure et dure.

« Je pense que tu aurais besoin d'une leçon, mais que personne n'a jamais su comment te l'infliger correctement.

— Une l-leçon ? » balbutie Jimin, tentant de déglutir la boule qui s'est formée dans sa gorge, sans grand résultat.

Yoongi souffle du nez, un petit sourire condescendant lui étirant le coin des lèvres. Il n'a pas besoin de parler, son attitude hautaine le traite à elle seule de pauvre petite chose innocente, pour ne pas dire d'idiot.

« Je pourrais bien t'arracher les ongles ou les dents. Tu me sembles en très bonne santé, et tu n'imagines même pas combien de pièces d'or certains seraient prêts à payer pour de telles denrées. »

Le nez de Jimin se plisse de dégoût, puis d'indignation lorsqu'il croise le regard presque sadique du cowboy. Yoongi rigole un bon coup, ses larges épaules secouées de haut en bas.

« Mais quelque chose me dit que même ça ne serait pas suffisant pour t'apprivoiser, ajoute ce dernier la mine de nouveau sombre et sérieuse. Si je te prends contre le bar, devant tous ces spectateurs, crois-moi que plus personne n'osera t'approcher dans le futur. Rien que l'idée que tu puisses être mien découragera n'importe laquelle de tes prochaines victimes. Par conséquent fini, les petites missions suicides ; fini, les sacs d'or volés ; et surtout fini, la réputation de petit être innocent que tu t'efforces de dépeindre. »

Yoongi s'est approché à chaque nouvelle parole, jusqu'à se retrouver nez à nez avec Jimin. Ce dernier pâlit en constatant le regard sombre, prometteur, du cowboy. Il sait que Yoongi n'hésitera pas un instant à mettre sa menace à exécution s'il lui donne une raison de le faire.

« Je vais... Hum... Je vais chercher Jin hyung..., souffle-t-il, les yeux écarquillés de terreur mais le corps assailli d'une chaleur à la signification encore incertaine.

— Hum, fais donc. » murmure le cowboy sans toutefois s'écarter pour le laisser passer.»

Jimin reste immobile un instant, les yeux levés vers le visage impassible du cowboy, avant de se racler la gorge et s'extraire de la prise invisible qu'il semblait exercer sur son corps. Il frôle le torse du cowboy au passage, partageant le même air le temps d'un bref instant, suffisamment long pour sentir le musc presque addictif qu'il dégage, un mélange parfait entre whisky bon marché et savon aux senteurs boisées.

Il sent son regard perçant lui brûler la nuque tandis qu'il traverse les portes battantes menant à l'arrière-salle. Il monte les vieilles marches deux par deux, les talons de ses petites santiags rencontrant le bois dans un craquement sinistre.

« Jin hyung, c'est Jiminie, appelle-t-il de derrière la porte, qu'il franchit lorsque ce dernier l'invite à entrer.

— Laisse-moi deviner, commence Jin, la tête plongée dans les papiers empilés sur son bureau. Faut-il encore que je sorte le canon ? »

Jin fait référence à une sorte de code  qu'ils utilisent lorsqu'une bagarre se déclenche dans le bar. Car, croyez-le ou non, une partie de poker entre cowboys bourrés se termine souvent en fausses accusations et menaces de morts ; puis tourne, dans la majorité des cas, en bagarres collectives. Et même si Jimin et Jungkook, l'autre employé avec qui Jimin partage ses horaires, sont tous deux courageux et ne se laissent pas faire, ils ont appris que se jeter au milieu d'une horde de cowboys en furie pour essayer d'apaiser les tensions n'est pas forcément la meilleure des solutions...

« Non, s'empresse-t-il de répondre, avec l'intention de rassurer son patron, avant de se rappeler la raison pas plus joyeuse de sa présence ici. Min Yoongi est assis à notre bar, Hyung. »

Il attend une réaction, les yeux écarquillés dans l'appréhension de ce qui va suivre : malgré l'apparence douce et bienveillante de son patron, Jin peut devenir très impressionnant lorsqu'il hausse le ton.

« Pardon ? » s'exclame ce dernier, les yeux quittant aussitôt ses documents.

Jin le dévisage avec la bouche légèrement entrouverte, et Jimin pourrait rigoler de son expression si les circonstances s'y prêtaient. Hélas, même lui ne trouve absolument rien de drôle à la situation actuelle.

« Min Yoongi est assis...

— Oui, Jimin. J'ai entendu, pas besoin de te répéter... » le coupe-t-il, clairement irrité.

Jimin gonfle ses joues, trouvant la réaction de son ami injuste, mais il garde le silence et observe son patron se passer une main sur le visage.

« Qu'est-ce qu'il peut bien faire ici ? demanda-il alors, relevant ses yeux marqués par la fatigue vers Jimin.

— Il... Et bien... Il veut se rendre au bouc d'Opalisse, et...

— Laisse-moi deviner : il veut un guide ?

— Oui, et...

— Et ce guide s'avère être moi. » conclut Jin en hochant lentement la tête.

Il rassemble les papiers sur son bureau pour en faire un tas organisé, avant de les pousser sur le côté et répéter le geste avec un autre amas de feuilles.

Jimin l'observe, confus.

« Hyung ?

— Je réfléchis, Jimin. »

Le silence s'étend durant une bonne minute avant que Jin ne reprenne la parole.

« Refuser serait grandement risqué. J'en conclus que je n'ai pas le choix...

— Mais Hyung, tu as promis de ne jamais y remettre les pieds. »

Jin repose le tas de feuilles avec un peu plus de force que nécessaire, en envoyant valser quelque unes dans les airs.

« Et que veux-tu que je fasse ? Que je dise non ? Je ne prendrai pas de risque. À tous les coups, il serait capable de dégainer son flingue et commencer à tirer sur mes clients. »

Jimin s'abaisse pour ramasser les quelques feuilles qui s'étaient échappées et les reposer sur le bureau.

« Même si tu refuses de l'admettre, tu es traumatisé Hyung. Tu ne peux pas y retourner !

— Parce que tu as une autre solution, Jimin ? »

Le concerné penche la tête sur le côté, avant de grimacer lorsqu'une idée qu'il sait peu raisonnable lui traverse l'esprit.

« Je connais le chemin pour y aller... » déclare-t-il, laissant à Jin le soin de compléter l'insinuation cachée derrière ses paroles.

Il redoute de vocaliser sa propre idée, de peur de la trouver lui-même insensée. Jin lui fait les gros yeux. Cette idée ne lui plaît pas, de toute évidence.

« Hors de question que tu y ailles, et encore moins seul avec ce barjo ! »

Son ton est ferme, catégorique, mais Jimin a un plan en tête et il ne compte pas abandonner aussi facilement, aussi fou soit-il.

« Pas si je l'amène aux autorités entre-temps ? »

Jin se lève subitement de son siège, surplombant Jimin depuis les talons de ses bottes.

« De quoi es-tu en train de me parler, Jimin ?

— Écoute, les autorités veulent sa tête depuis des années. Si je parviens à l'amener au shérif le plus proche, ou tout simplement le dénoncer à ce dernier, pouf ! Min Yoongi sera derrière les barreaux et je gagnerai la récompense. Je promets de la partager avec toi, Hyung. On pourra agrandir notre collection d'alcools. Ou, encore mieux, remplacer notre vieux jukebox par un flambant neuf ! »

Jin reste silencieux un instant. Jimin prend son silence comme un bon signe. Car si le patron était totalement contre l'idée, il aurait déjà viré Jimin de son bureau en lui disant d'aller se faire voir.

« Ce plan est complètement dingue. Sais-tu ce qu'il te ferait s'il apprenait tes réelles intentions, Jimin ? »

Le patron hausse la voix, mais le ton n'est pas très convainquant. Il tente de se persuader lui-même que cette idée est complètement farfelue, même si une petite voix peu raisonnable lui susurre d'accepter l'offre.

« Alors je ferai en sorte de ne pas me faire prendre. Jin, tu me connais, tu sais que je suis doué pour jouer la comédie. »

Inutile de lui dire qu'il a déjà essayé de berner Min Yoongi, mais que le cowboy avait vu clair dans son jeu même pas dix secondes plus tard.

Inutile également de penser aux représailles du cowboy s'il découvrait la supercherie. Yoongi avait été très clair : il ne serait pas aussi clément à la prochaine supercherie du barman. Une sueur froide lui remonte la colonne vertébrale lorsqu'il se rappelle la nature des menaces. Il se doit d'être plus rusé que le cowboy, question de vie ou de mort.

Je peux le faire, j'en suis capable, essaye-t-il de se convaincre.

« Mais la ville la plus proche avec un shérif est à plus de cent kilomètres. Es-tu sûr de pouvoir garder la face aussi longtemps ? »

Jimin hoche aussitôt la tête, de peur de se défiler et laisser les paroles de son ami le faire douter.

« Je peux le faire. Ce sera une question de cinq jours, tout au plus. »

Il voit la résolution de son ami s'effriter avec chaque nouvelle tentative de persuasion.

« Je peux te faire confiance, Jimin ? Comment puis-je être certain que tu seras prudent ? »

Jimin balaye d'un revers de main les inquiétudes de son ami, la moue boudeuse.

« Tu sais bien que je ne tenterai rien de stupide. »

Jin lui renvoie un regard entendu, et Jimin comprend aussitôt le message. Rien que les fondations de ce plan sont stupides.

Ils savent tous deux, qu'au fond, ils font un choix extrêmement immature, définitivement inconscient.

Et comme un vieux proverbe le dit : « Qui vivra, verra ». Espérons juste que Jimin vivra assez longtemps...

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Jimin arrive au point de rendez-vous avec une vingtaine de minutes d'avance. Yoongi, après maintes persuasions de la part du barman, s'était laissé persuader : tant que le cowboy remplissait sa part du marché, et le payait de la somme convenue, Jimin l'emmènerait au bouc d'Opalisse. Théoriquement.

Mais Jimin n'est pas dupe, Min Yoongi l'est encore moins. Peut-être est-ce pour cela qu'il l'avait longuement scruté, à la recherche du moindre signe qui pourrait trahir ses présumées bonnes intentions. Jimin n'avait pas cillé sous l'intensité du regard, mais le cowboy était tout de même reparti sceptique et méfiant.

Tous ses regards suspicieux l'avaient rendu d'autant plus anxieux qu'il ne l'était de base. Jimin se sent extrêmement fébrile, si bien que le léger retard de Yoongi le conforte dans l'idée qu'il a été démasqué. Il est à deux doigts de faire demi-tour, retourner au bar pour ramasser ses maigres possessions et fuir la ville, lorsque les formes de deux chevaux se détachent à l'horizon. Il distingue deux cavaliers mais la pénombre du début de matinée ne lui permet pas de voir qui s'approchent de lui.

Il resserre sa poigne sur l'étrivière de son propre cheval, prêt à sauter sur la selle au moindre signe de danger. Effectivement, il est très peu recommandé de sortir si tôt dans la journée, surtout quand on est aussi charmant et si peu habillé que Jimin. Il tire sur les extrémités de son mini-short avec l'intention de cacher la naissance de ses fesses dévoilées par le bout de tissu. Il aime se dresser de manière aguicheuse, dévoilant toujours plus de peau que nécessaire pour le plaisir d'attirer le regard des autres. Et même s'il porte le short le plus court qu'il possède pour pouvoir supporter la chaleur qui va accompagner leur voyage, il avait avant tout penser au cowboy en se dressant ce matin, imaginant ses orbes couleur whisky se voiler d'intérêt alors qu'elles absorbent les courbes de son corps.

Heureusement, une des deux silhouettes s'avère être Min Yoongi. Il avance vers lui avec le menton haut, droit et fier sur la scelle de son étalon à la robe noire, un mariage parfait avec les couleurs de son accoutrement. Tout de noir vêtu, de ses santiags à son chapeau, il a tout de même conservé sa chemise à imprimé léopard de la veille, et sa ceinture dont la boucle est en or. Les flanelles qui bordent sa veste dansent en rythme avec le mouvement de la course, tandis qu'il approche pour s'immobiliser devant Jimin.

Ce dernier est tellement absorbé par le cowboy, par la puissance qu'il dégage et le respect qu'il impose, ainsi perché au sommet de son immense cheval, les yeux réduits à deux fentes obscures qui semblent analyser l'horizon avec la précision d'un prédateur, qu'il en oublie presque le deuxième cavalier.

Un homme dodu, encore plus petit que Jimin, s'extrait de son cheval avec une grâce inexistante. Il saute lourdement à terre, manquant presque de tomber en arrière avec le mouvement et battant des bras pour retrouver l'équilibre. Jimin plaque une main contre sa bouche pour éviter de trahir son amusement ; il révèle les yeux vers Yoongi et remarque que ce dernier paraît plus blasé qu'autre chose. Il est de toute évidence habitué à la maladresse de son... ami ? Jimin croyait Min Yoongi seul dans chaque mission qu'il entreprenait, de nature bien trop méfiante pour accorder sa confiance à un quelconque partenaire.

« Park Jae-Sang, enchanté ! se présenta-t-il en avançant une main – douce, dénuée de marques et bien trop délicate pour appartenir à un criminel. Je suis un ami...

— Associé, corrige aussitôt Yoongi.

— Je suis l'associé de cet énergumène ci-présent. » répète-t-il en levant les yeux au ciel.

La mâchoire de Jimin se décroche devant l'audace des paroles, si bien qu'il se met à sérieusement craindre pour la vie de Jae-Sang. Yoongi ne prête pourtant pas attention à leur conversation, occupé avec les rênes de son cheval.

« Park Jimin. » se présente-t-il à son tour, en lui serrant la main.

Les ridules au coin de ses yeux indiquent qu'il doit être une personne aimable, habituée à sourire, un contraste flagrant avec le sérieux et l'austérité de son acolyte.

« Oh, un autre Park. Nous sommes peut-être frères éloignés, qui sait ?

— Il y a eu un sérieux problème dans la génétique, alors. »

À ses mots, Yoongi saute de son cheval avec dextérité. Jae-Sang attend qu'il soit à sa hauteur pour lui frapper l'épaule.

« Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire, hein ?

— Euh, que toi, jamais je ne te toucherai.

— Eww, heureusement. Mais, attends... réalise-t-il, marquant une pause avec des gros yeux. Non, Yoongi, je te l'interdis ! Ce jeune homme est notre guide, nous avons besoin de lui. Rappelle-toi ce qui est arrivé au dernier innocent que tu as courtisé... »

Un ricanement suffisant secoue les larges épaules du cowboy.

« Ne t'en fais pas, Jae. Je ne compte aucunement courtiser notre guide. »

Jae-Sang ainsi que Jimin ne manquent pas la façon dont Yoongi regarde alors le blondinet, de haut en bas, décrédibilisant aussitôt la nature de ses précédentes paroles. Ses yeux tombent sur le bas presque inexistant de Jimin et la vue lui soutire un son grave, semblable à un grognement.

Jimin resserre instinctivement les cuisses, alors qu'une de ses mains remonte vers son ventre, contre la boule de chaleur qui vient d'exploser dans son estomac.

« Yoongi ! » le réprimande une seconde fois Jae-Sang.

Yoongi se racle la gorge, chassant d'un mouvement de tête les pensées parasites, pour reporter son attention sur la mission.

« Ouvre ton panier. » ordonne-t-il, pointant du doigt les quelques affaires regroupées sur le cheval de Jimin.

Jimin obéit avec des gestes fébriles, le corps aussi rigide qu'un bâton. Il tente de cacher l'anxiété derrière un masque séducteur, même s'il le sent vaciller chaque fois que Yoongi pose ses pupilles acérées sur lui. Il semble à la recherche d'une quelconque faille dans l'attitude du barman, et ce dernier n'est pas sûr de pouvoir supporter cette constante pression pendant très longtemps.

Il tente de supprimer le léger tremblement de ses mains alors qu'il ouvre le panier et s'écarte pour laisser Yoongi fouiller dans ses affaires. Ce dernier inspecte les vivres que Jin lui avait conseillé d'emporter, puis s'écarte avec un froncement de sourcils. Jimin est tellement à cran qu'il interprète aussitôt l'expression du cowboy comme un signal de danger. Il fait un pas en arrière, prêt à prendre la fuite, mais la voix rocailleuse du cowboy le cloue sur place :

« Pourquoi as-tu pris si peu de vivres ? Nous allons devoir traverser le désert.

— J-je pense faire un ravitaillement à Busan. Il y a un marché, et puisque beaucoup de voyageurs passent par cette ville, ils proposent tout un tas de provisions pratiques pour la route. »

Le cowboy le dévisage une seconde de trop, et même si Jimin essaye de soutenir son regard, il finit par le baisser.

« Je suis recherché partout, trésor. Je dois éviter les grandes villes, et toi tu essayes de me mener dans la gueule du loup. »

Jimin redresse vivement la tête, l'effroi lui agrippant le cœur de ses mains glacées.

« Oh non, loin de moi l'idée de vous porter préjudice. Je n'ai pas réfléchi, veuillez pardonner ma négligence. »

Jimin garde les yeux rivés au sol, bien trop apeuré de les relever et croiser par mégarde ceux qui semblent creuser des trous dans son crâne.

« Fais attention, trésor. À ce rythme-là, je vais commencer à douter de tes capacités en tant que guide. »

Jimin hoche vivement la tête, mais cela semble être une réponse suffisante pour Yoongi. Il soupire, avant de refermer le panier.

« En selle. On part de ce trou à rat. »

Jimin retient le cowboy quand celui-ci va pour s'éloigner, pour aussitôt le relâcher lorsque Yoongi baisse des yeux stoïques sur les doigts qui lui encerclent le poignet.

« Nous devons tout de même faire un réapprovisionnement avant de nous engager dans la vallée. » dit-il timidement, les joues brûlantes et le cœur battant follement vite.

Le cowboy s'humidifie les lèvres, puis regarde vers l'horizon.

« Je connais un patelin à quelques kilomètres de la vallée d'Opalisse. Ils auront le nécessaire pour le voyage, annonce Yoongi après un moment de réflexion.

— Un shérif ? s'enquiert Jae-Sang, que Jimin n'avait pas vu remonter en selle.

— Je crois bien, nous devons être prudents. »

Puis, il se tourne vers Jimin et fait un signe de tête en direction de sa jument :

« Monte. » ordonne-t-il, la noirceur de son regard accentuée par l'ombre de la visière qui lui obscurcit en partie le visage.

Jimin déglutit la boule formée dans sa gorge, avant de passer un pied dans l'étrier et se hisser à l'aide d'une jambe. Il s'installe sur le cheval, mais comme il le craignait, l'animal s'agite dès qu'il sent le poids de Jimin lui peser sur le dos. La jument de Jin est très capricieuse. Pendant un très long moment, elle ne se laissait monter que par son propriétaire, huant et piétinant agressivement le sol chaque fois que Jimin tentait de l'approcher. Elle s'agite toujours en sa présence, mais elle se laisse dorénavant monter. Un progrès à ne pas sous-estimer considérant le prix et l'entretien qu'avoir son propre cheval exige.

Pourtant, cette fois-ci, la jument est particulièrement agitée. Jimin en déduit qu'elle ne doit pas apprécier la présence d'étrangers, jusqu'à ce que Yoongi lui prouve le contraire. Le cowboy tire fermement sur la bride pour calmer ses mouvements agressifs de tête, tout en caressant doucement ses flancs. Il lui chuchote des mots que Jimin ne peut entendre, mais qui finissent par apaiser l'animal. C'est la première fois qu'il voit la jument se laisser faire entre les mains d'un total étranger, mais ce qui le surprend d'autant plus est la douceur dont Yoongi fait preuve.

Le cowboy s'écarte avec un tapotement affectif contre le flanc de la bête, avant de tendre les rênes au blond.

« Merci, chuchote-t-il en attrapant les lanières en cuir, frôlant au passage une des nombreuses chevalières qui ornent ses longs doigts.

— Hum, cette jument aurait bien besoin d'un redressement, elle aussi. »

Jimin rougit en constatant son petit sourire entendu. Il s'apprête à répondre, puis Yoongi perd son sourire, et il ravale sagement ses mots, le regard baissé sur ses phalanges devenues blanches à force d'écraser les rênes entre ses poings.

« Dernier avertissement avant de prendre la route, trésor. Essaie de me la faire à l'envers, et cela sera bien la dernière erreur que tu feras. Est-ce bien compris ? »

Jimin sait qu'il devrait répondre, immédiatement. Mais une petite voix lui conseille de faire marche arrière tant qu'il en est encore temps. Ainsi, il garde le silence durant un bref instant.

Un instant de trop aux yeux du cowboy. Yoongi attendait une réponse claire et directe, dénuée de toute hésitation. Aussitôt, ses pupilles s'assombrissent, se dilatent jusqu'à entraîner le whisky de ses prunelles dans une spirale de noirceur.

« Jimin, qu'est-ce que c'était ça ? » susurre-t-il, la voix presque douce mais tellement froide que ses vibrations semblent agripper Jimin à la gorge, telles des doigts glacés.

Jimin suffoque, incapable d'émettre le moindre son, si ce n'est pour le petit couinement pathétique qui traverse alors ses lèvres. Il sent les larmes montées, car il comprend que son petit moment d'hésitation pourrait bien lui coûter la vie.

Avant même que Jimin puisse réagir, un bras s'enroule autour de sa taille et l'extrait aisément de la selle. En une seconde, il se retrouve pieds à terre, pressé contre un torse ferme, le canon d'un pistolet pointé sur la tempe, avec un souffle chaud lui caressant la nuque.

« Pitié..., gémit-il, les larmes lui brouillant la vue.

— YOONGI ! s'écrit une voix dans le fond que Jimin ne reconnait pas, trop occupé à se débattre.

— Lâche-moi ! crie-t-il, luttant avec le bras qui le retient fermement.

— Continue comme ça, trésor... Tu ne fais qu'empirer ta situation. » souffle une voix gutturale au creux de son oreille, stable, loin de son propre souffle entravé par l'effort et la peur.

La menace du cowboy, ajoutée à la pression insistante exercée contre sa tempe, l'incite à s'immobiliser complètement.

« Je t'ai posé une question tout à l'heure. J'attends toujours une réponse. »

Il peut sentir les vibrations du grognement lui traverser le dos, alors qu'il est pressé un peu plus contre le cowboy. Il n'ose plus bouger, conscient de chaque endroit où leurs corps sont connectés, Yoongi étant dur là où lui est délicat.

« J-je ne voulais pas... S'il te plaît... »

Il lutte avec les mots, la peur ayant écarté jusqu'au dernier fragment de bon sens. Sa tête semble bourrée de coton, et ses muscles sont vidés de toute leur énergie. Amorphe entre les bras du cowboy, il est persuadé de s'effondrer à ses pieds si ce dernier venait à le lâcher.

« Je veux une réponse claire, trésor. »

Est-ce lui ou la voix de Yoongi s'est faite plus douce ? Il doit sentir que Jimin n'est plus capable de s'échapper, car la prise autour de sa taille se relâche. 

« Formule une réponse claire et je baisserai le revolver.

— J-J'ai toujours eu l'intention de vous emmener à la vallée, p-promis. »

Une promesse bien vide de sens, mais Yoongi ne doit jamais le savoir.

Il abaisse alors le pistolet, comme promis, et Jimin ferme les yeux de soulagement, une salvation de très courte durée lorsque le canon est remplacé par de longs doigts au caractère tout aussi mortel. Ils s'enroulent autour de sa gorge, reposant contre sa trachée dans une menace silencieuse, l'acier de ses bagues recréant la même sensation que des glaçons contre sa peau brûlante.

« Y-Yoongi ? »

Il lâche un glapissement brisé lorsque la main force sa tête en arrière, pour l'appuyer contre l'épaule derrière lui.

« Tu me fais encore une fois douter de ta loyauté, Jimin... »

Yoongi effleure de ses lèvres sa joue mouillée de larmes. Jimin est certain qu'il peut sentir le goût salé de sa détresse se déposer sur sa langue, alors qu'il remonte lentement la courbe de son visage pour s'arrêter au creux de son oreille, et murmure contre celle-ci :

« Et je m'assurerai de te punir devant la place du prochain village que nous croiserons. »

Et...Jimin frissonne, violemment. Parmi toutes les réactions sensées qu'il aurait pu avoir, comme appeler au secours, se débattre ou supplier pour sa vie, il choisit la seule option totalement inappropriée dans la situation actuelle.

Il maudit sa faiblesse. Il devrait mépriser le cowboy de le plonger dans cet état de constante peur, d'incertitude, et non pas sentir les petits papillons de l'excitation lui caresser l'estomac chaque fois que Yoongi le menace.

Jimin vient d'apprendre quelque chose de fort intéressant. Et très inquiétant. En plus de les aimer jolis, il les aime méchants.

Une chose est sûre, ce voyage s'annonce haut en couleurs.

🌵🌵🌵

Les premières vingt-quatre heures se déroulent sans embûches, au plus grand soulagement de Jimin qui passe l'entièreté du voyage à l'arrière de la troupe, caché derrière la silhouette de Jae-Sang. Ils sillonnent le désert dans un silence seulement brisé par le frottement répétitif, presque apaisant, des sabots raclant le sable.

Jimin se fait le plus petit possible avec l'espoir que Yoongi oublie sa présence mais le cowboy, en tête de troupe, jette en permanence des petits coups d'œil dans sa direction. Le regard dissimulé derrière l'ombre de son chapeau, Jimin ne peut que sentir les prunelles de Yoongi l'analyser, le détailler couche par couche, jusqu'à qu'il se sente mis à nu, extrêmement vulnérable entre leurs griffes, et qu'il finisse par baisser le sien.

Ainsi, il a mis au point une stratégie. Chaque fois qu'il sent les picotements devenus familiers réchauffer sa peau, il se met à regarder droit devant lui, feignant de ne pas sentir les yeux du cowboy sur lui.

Jusque-là, son plan a plutôt bien marché. Yoongi continue de le surveiller, mais Jimin est moins intimidé.

« Dis-moi, reprend Jae-Sang au bout de quelques heures de chevauchée. Les rumeurs, celles qui parlent de restes humains dans la vallée, sont-elles vraies ? »

Le cowboy dodu ralentit pour se mettre aux côtés d'un Jimin paniqué car, dorénavant, il n'a nulle part où se cacher du regard insistant.

« Euh... Oui, les rumeurs disent vrai... Nous avons même croisé un cadavre en décomposition la dernière fois que nous y sommes allés. Le pauvre homme avait dû mourir une semaine auparavant, tout au plus. »

Le blondinet ne manque pas le frisson de dégoût qui secoue alors son compagnon de voyage.

« Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit Jimin avec un sourire, amusé par sa réaction.

— Comment peux-tu dire cela avec autant de détachement ? C'est dégoûtant ce que tu me racontes là... »

Amusé, Jimin ne peut résister cette fois à l'envie de rigoler.

« Un criminel qui ne supporte pas la vue du sang, c'est du jamais vu! »

Sa grimace dégoûtée se transforme en une moue offensée, tandis qu'il porte une main à son cœur.

« Un criminel, moi ? Loin de là petit. Je suis seulement...une sorte de mandataire. Je récolte les informations nécessaires, organise les excursions et m'occupe de revendre nos possessions. Le sale boulot, je le laisse au voyou devant nous. »

Le voyou en question tourne alors la tête sur le côté, permettant à la lumière d'accrocher l'ombre du sourire en coin qui vient étirer ses lèvres ; le haut de son visage dissimulé derrière la visière de son chapeau.

Jimin déglutit.

« Et toi ? Pourquoi veux-tu y retourner après avoir vu tant d'horreurs ? » questionne Jae-Sang, la voix légère et dénuée d'arrière-pensée.

Jimin comprend pourquoi Yoongi est celui qui se salit les mains : Jae-Sang semble trop naïf pour son propre bien et, sans la protection offerte par le noiraud, il est évident qu'il se laisserait berner et probablement tuer par le premier venu.

« Euh... L'argent ? lâche-t-il en haussant les épaules, optant pour la vérité – en partie, du moins.

— Ah oui, l'argent nous fait faire des choses stupides. N'est-ce pas ? »

Jimin ne peut qu'acquiescer. Il est actuellement en train de risquer sa vie pour quelques sacs d'or.

« Et donc, que comptes-tu faire de ta paye ? »

Jimin n'a pas besoin de réfléchir longtemps. Il avait dressé une liste mentale de toutes les choses qu'il pourrait s'acheter avec l'argent de la récompense, dès l'instant où Yoongi avait passé les portes de son bar.

« Eh bien... Je compte aider mon patron avec les rénovations de son bar, peut-être m'acheter mon propre cheval et aussi refaire ma garde-robe. J'ai entendu qu'un artisan, vers Busan, fait des bottines en cuir rose. Il faut a-b-s-o-l-u-m-e-n-t que je mette la main sur une paire. »

Jimin lève un petit doigt chaque fois qu'il énumère une nouvelle option, ignorant que Jae-sang le fixe avec un sourcil levé.

« C'est donc ça, tes priorités ? demande-t-il, tirant Jimin hors de son rêve éveillé.

— Euh, oui. Et alors ? »

Jae-sang l'observe un moment, sidéré.

« Tu pourrais utiliser cet argent pour t'installer en ville. Tu y trouveras plein d'opportunités pour agrandir ton capital.

— Mon c-capital ? interroge Jimin, perdu, se demandant pourquoi Jae-Sang le dévisage comme si une deuxième tête lui avait poussé.

— Oui, ton capital. Ta fortune ! Si tu dépenses toutes tes économies, tu te retrouveras vite à la case départ. ? N'as-tu pas envie de voyager ? De découvrir le monde ? »

Les grands yeux confus dont Jimin le couvre ne font qu'ajouter à sa frustration.

« Compte-tu sérieusement rester toute ta vie piégé dans ce trou à rat, à servir de la vermine à longueur de journée ? »

Jimin penche la tête sur le côté, méditant quelques secondes sur les paroles de son ami, pour en conclure qu'il n'avait jamais vraiment pensé à son futur.

« Je n'y ai jamais vraiment pensé, pour être honnête. »

La mâchoire de son voisin semble toucher le sable à leurs pieds. Jimin fait la moue, un peu vexé par sa réaction.

« Je ne suis pas vraiment surpris, personnellement. » objecte une voix restée jusque-là silencieuse.

Yoongi ne daigne pas se retourner, mais Jimin ne manque pas la suffisance dans sa voix lorsqu'il raille :

« Il a envie d'être traité comme une princesse, être couvert de cadeaux et de compliments pour avoir été un bon garçon... »

À ses mots, il tire sur les rênes de son cheval pour venir se placer à la droite de Jimin. Ce dernier baisse aussitôt le regard sur ses propres rênes, un feu familier venant lécher le bout de ses pommettes, les faisant rosir.

« N'ai-je pas raison ? » murmure-t-il, se penchant vers Jimin.

Le blondinet panique à cause de leur soudaine proximité, balbutiant une série de réponses incohérentes. Sa réaction semble grandement amuser le cowboy, vu le rire franc et fort dont il explose.

Yoongi est tellement perspicace. Il analyse ses victimes sous toutes les coutures, jusqu'à qu'elles plient sous l'attention, exposant une par une les couches dont elles sont composées, et lui révélant ainsi leurs secrets les mieux enfouis. Peut-être est-ce cela qui le rend redoutable, dangereux, car il ne semble pas possible de lutter contre la puissance de son regard.

« Jae, ouvre la marche, je vais rester un peu ici. » dit-il après s'être calmé.

Le concerné se penche en avant et lui lance un bref regard en biais, – que Yoongi ignore royalement –, avant d'obéir à l'ordre donné.

« Je m'ennuie, tout seul devant, geint Jae-Sang, après même pas cinq minutes de silence. Vous voulez entendre une blague. »

Le barman voit du coin de l'œil Yoongi renverser la tête en arrière, tandis qu'un grognement bestial traverse ses dents serrées.

Jae-sang se fiche de sa réaction, refusant de laisser l'hostilité de son compagnon ou la chaleur abrutissante entacher son optimisme.

« D'après toi, quel est le comble pour un cowboy ? » lance-t-il par-dessus son épaule, clairement excité à l'idée de partager ses blagues avec une personne autre que le rabat-joie lui servant d'associé.

Jimin hausse les épaules, et revêt une moue perplexe, rentrant dans son jeu. Il compatit un peu pour le pauvre Jae-sang, qui n'est pas tombé sur le partenaire le plus drôle. Il s'imagine que devoir chevaucher jours et nuits en sa compagnie pour la pipelette qu'il est doit se rapprocher d'un supplice.

« C'est de faire la file indienne ! » s'exclame-t-il bruyamment avant d'avoir un rire tout aussi sonore, tellement vivace qu'il en perd le contrôle, épris d'une soudaine quinte de toux.

Jimin force un petit rire, plus concerné par le cowboy qu'amusé par sa blague.

« Elle est drôle, hein ? » croasse-t-il la voix rendue rêche par la toux.

Jimin hoche vivement la tête, un grand sourire placardé sur le visage, aussi forcé soit-il. Puis, un ricanement suffisant résonne sur sa droite, et son sourire s'écroule aussitôt.

« Menteur, souffle le cowboy, puis plus fort, de sorte que Jae-Sang l'entende : Et si tu nous racontais la blague sur le jeune couple marié ? »

Paraissant trop heureux que Yoongi lui demande une blague de son propre chef, Jae-sang ne remarque pas le petit sourire en coin dangereux qu'arbore le cowboy.

« Ah oui, celle-ci... C'est l'histoire d'un cowboy et de sa femme qui partent en voyage de noces sur leur cheval. Pas habitué à porter deux personnes, le cheval trébuche sous le poids et s'écroule à terre, avec ses deux passagers. Le mari se relève, regarde la bête dans les yeux et lui hurle furieusement : " UNE FOIS ! " Ainsi ils repartent, le cheval s'effondre à nouveau. Le cowboy secoue la poussière et lui crie : " DEUX FOIS... ! " »

Jimin fronce les sourcils, confus et légèrement anxieux. Il ignore encore où cette histoire est censée mener, mais une chose est sûre : il comprend, par les coups d'œil insistants lancés dans sa direction, qu'il devrait se sentir concerné par le message de l'histoire.

« Ils reprennent leur route et le cheval tombe une nouvelle fois, poursuit Jae-Sang, inconscient de la tension présente derrière lui. Le cowboy sort son colt et loge une balle entre les yeux du pauvre animal. La femme, horrifiée, s'écrit : " Mais, enfin, chéri ! C'est honteux ce que tu viens de faire ! Cette pauvre bête ! " Et l'homme regarde méchamment sa femme dans les yeux : " Ça fait UNE FOIS... ! " »

Ha... Jimin n'a jamais été friand d'humour noir. Ce qu'il apprécie encore moins, cependant, est la façon dont Yoongi s'est tourné vers lui sitôt la blague terminée.

« Je trouve cette histoire fort intéressante, susurre ce dernier, son petit sourire en coin relevant plus du sadisme que de l'amusement. Elle est empreinte d'un humour caustique, tout en introduisant un concept innovant.

— D-Donc tu cautionnes la mort du cheval ? bégaye Jimin, effrayé de poser la question, seulement la curiosité l'emporte – encore – sur la prudence.

— Non, bien sûr que non, répond aussitôt le cowboy. Ce pauvre animal n'avait rien demandé, il subissait simplement ce qui lui avait été injustement imposé. Et même si ce barbare est un connard de première, je trouve sa méthode de discipline très intéressante. Tant et si bien que j'ai commencé, moi-même, à l'utiliser sur certaines personnes pour me rendre compte qu'elle est diablement efficace. »

À ses mots, Yoongi se penche vers lui, comme s'il voulait lui confier un secret :

« Vois-tu, personne n'a envie de savoir ce qui se passerait après le troisième avertissement. »

Jimin déglutit le nœud dans sa gorge, en vain. Il en déduit qu'il fait à présent partie des « personnes » à qui la règle s'applique. Il voudrait demander confirmation, mais cela lui coûterait sûrement sa première chance. Dans le doute, Jimin garde les lèvres sagement scellées.

Yoongi se redresse sur son cheval, paraissant satisfait, pour ne pas dire prétentieux. Il sait, tout comme Jimin, qu'il tient la vie de ce dernier entre ses paumes de mains.

Ainsi son destin se réduit à trois petites chances. Trois petites erreurs de sa part et Jimin ne donne pas cher de sa peau.

🌵🌵🌵

Ils arrivent au premier village tard dans la nuit, lorsque la vermine alcoolisée est elle-même retournée clopin-clopant dans son pieu. Yoongi s'occupe d'atteler leurs chevaux dans une partie reculée du centre pendant que Jae et Jimin vont réserver une chambre. Le vieux réceptionniste, une pipe en bouche et des cernes aussi noires que ses dents, marmonne un faible « Nous sommes complets. » dans sa barbe, sans même lever les yeux du journal qu'il lisait.

Néanmoins, quand Min Yoongi passe les portes du motel insalubre, l'histoire est totalement différente. Jimin lui fait un petit signe négatif de tête, indiquant qu'ils ne peuvent pas rester ici, mais le cowboy, fidèle à lui-même, n'accepte pas un non si facilement.

En deux pas, il est sur le pauvre homme, chassant ses bottes de la surface du bureau pour l'attraper par la chemise et le forcer sur ses pieds. Nez à nez, il lui susurre de sa voix la plus menaçante :

« Une chambre, pépé. »

Les yeux ridés du concerné s'écarquillent de terreur lorsqu'il croise le regard de la personne lui faisant face. Le réceptionniste hoche aussitôt la tête.

Yoongi le pousse sans ménagement vers son bureau, et Jimin craint que ses jambes frêles ne se dérobent sous son poids, tellement il tremble.

« V-Voici, la c-chambre 23 est l-libre... »

Il tend les clés à Yoongi, paraissant à deux doigts de tomber dans les pommes, et Jimin ne peut que compatir. Il doit probablement ressentir la même terreur accompagnant l'incertitude que la présence du cowboy illicite, comme si ce dernier pouvait perdre son sang-froid à tout instant et faire de son entourage un dommage collatéral.

« Une seule chambre ?

— D-Désolé... Toutes nos chambres sont occupées. C'est la seule que nous avons de disponible.

— Bordel, cette nuit s'apprête à être un enfer. » grogne Yoongi, renversant la tête en arrière sous le regard confus du barman.

La pièce devient silencieuse l'espace d'un instant, la tension dans l'air absorbant jusqu'au dernier atome d'oxygène.

« Ok. » grommèle-t-il, finalement, tout en reculant sans lâcher le pauvre homme du regard.

Puis, il lance négligemment un sac de pièces sur le comptoir et fait volte-face en direction des escaliers.

Jae-Sang effectue un signe de tête en direction du réceptionniste, ayant sûrement pitié pour ce dernier, avant d'emboiter le pas du cowboy. Jimin les suit de près.

La chambre 23 est miteuse : le lit deux places supporte difficilement un matelas à l'allure peu accueillante, grouillant sans aucun doute d'acariens et autres bestioles. Le seul atout de la chambre est son petit balcon qui donne sur l'étendue de sable, brillant sous la douce clarté de la lune.

« Bon... Elle ne paie pas de mine mais, au moins, nous n'aurons pas à dormir sur une botte de paille cette fois. » déclare Jae-Sang.

Le voilà. Le retour de son optimisme inébranlable.

Jimin vient à se demander si la botte de foin ne serait pas un choix plus prudent lorsque ses talons rencontrent le parquet dans un craquement inquiétant. Il redoute que le sol ne s'effondre sous son poids ; mais bien que les lattes semblent dater de la préhistoire, elles s'avèrent être assez robustes pour supporter la masse de ses invités. Il reste toutefois prudent alors qu'il installe ses affaires sur une chaise, puis il s'empare d'une serviette et d'une tenue décontractée.

« Ce lit devrait faire l'affaire, constate Jae-Sang en rebondissant plusieurs fois sur le matelas pour en tester sa résistance. Malgré le grincement strident des ressorts, il ne craque pas sous le poids, ce qui est déjà une bonne chose.

— Je vais dormir ici. Vous pouvez prendre le lit. »

Sur ces mots, le cowboy s'affale dans le vieux fauteuil troué faisant l'angle, déposant lourdement ses pieds chaussés sur la petite table basse. La visière de son chapeau abaissée sur ses yeux, les jambes étendues devant lui, ça ne fait aucun doute qu'il s'apprête à dormir.

En parallèle, Jae-Sang a quitté ses chaussures pour s'allonger sur le lit, les yeux dorénavant fermés.

« Vous comptez sérieusement dormir maintenant ? Sales comme ça ? » s'indigne Jimin en dévisageant ses compagnons de voyage.

Jae ouvre un œil, et le plante sur Jimin.

« Il est tard et nous devons nous lever à l'aube. La toilette peut attendre un autre jour. » réplique ce dernier, déjà retourné à sa tentative de sommeil.

Le petit nez de Jimin se plisse de dégoût. Hors de question qu'il dorme avec la crasse de la journée incrustée dans sa peau.

« Vous êtes dégoûtants. » gronde-t-il en faisant volte-face, s'apprêtant à quitter la chambre.

La main sur la poignée, il ne manque pas le bref ricanement qui s'élève alors dans son dos.

« Princesse. »

🌵🌵🌵

Jimin a beau lui tourner le dos, plaquer les deux coussins contre ses oreilles et, de temps en temps, le secouer avec ses pieds : rien ne tait les ronflements de Jae-Sang. Ils résonnent dans la pièce tel le cri d'une cigogne à l'agonie, aigus à en percer les tympans et tellement entêtants que, le seul moment où Jimin avait enfin pu trouver le sommeil, il avait rêvé d'une marmotte au pelage zèbre chantant à tue-tête, un chapeau à paillette sur la tête. Un véritable cauchemar.

Arrrrrgh.

Il voudrait hurler contre le cowboy de le laisser dormir. À bout de nerf et épuisé, il se retourne entre les draps, balançant d'un geste rageur les coussins aux pieds du lit.

« J'avais prévenu que cette nuit serait un enfer. »

Surpris, ses yeux s'ouvrent en grand, parcourant la pénombre jusqu'à s'arrêter sur une masse indistincte fondue dans l'obscurité. Il cligne plusieurs fois des yeux pour en chasser le sommeil et distingue peu à peu les contours du cowboy se dessiner devant lui, son chapeau toujours devant les yeux et son corps droit dans le fauteuil. Sa position semble trop peu naturelle. On dirait qu'il ne dort que d'un œil, tel un prédateur toujours aux aguets d'un potentiel danger.

Il est cependant immobile, son torse se soulevant avec chacune de ses profondes inspirations, si bien que Jimin vient à se demander s'il n'a pas halluciné la voix.

« Yoongi ? Tu dors ? »

Sa question accueille un long silence, seulement brisé par un grognement lugubre quelques secondes plus tard.

« Comment veux tu que je dorme avec le ronflement d'un pigeon asthmatique dans la pièce ?»

Jimin pouffe doucement, une main couvrant sa bouche.

« Au vu de ton agitation, je me doute que tu ne dormais pas non plus.

— Non, admet Jimin, je ne savais pas que c'était humainement possible de ronfler ainsi. »

Illuminées par un rayon lunaire filtrant à travers la vitre, Jimin voit les lèvres du cowboy lentement s'étirer, comme si ses paroles l'avaient amusé.

Jimin hésite un instant, pesant le pour et le contre.

« Vous êtes... associés depuis longtemps ? »

Yoongi ne répond pas aussitôt, un bref instant durant lequel Jimin se recroqueville sur le matelas, effrayé d'avoir posé la question de trop.

« Curieux ? » questionne-t-il finalement, la voix aussi douce que du satin – même si l'intonation derrière ce simple mot renferme une promesse aussi intransigeante que le cuir d'un fouet.

D'un doigt, Yoongi soulève la visière de son chapeau, dardant un regard félin sur la petite forme roulée en boule. Le blondinet déglutit, détournant aussitôt les yeux de ce regard qui éveille en lui tout plein de sentiments contradictoires.

« J'essaye juste d'en apprendre plus sur les personnes que j'accompagne. Vous êtes tout aussi bien des étrangers à mes yeux, vous pourriez très bien me vouloir du mal. »

Yoongi inspire longuement, mais ne dit rien sur le moment. Puis, après un instant de silence, seulement entravé par les ronflements stridents de Jae-sang, il avoue:

« Aucun mal ne te sera fait si tu ne me donnes pas de raison de t'en faire, Jimin. »

Le cœur du barman effectue aussitôt un soubresaut. Même si parfois Jimin se surprend à baisser sa garde, les beaux yeux de Yoongi ne doivent jamais le détourner du fait qu'ils appartiennent avant tout à un meurtrier. Un homme immoral qui a choisi de vivre dans l'illégalité et le crime afin de gagner sa croûte. Les rumeurs courent que le cowboy aurait même accepté de l'argent contre le meurtre d'hommes influents, qu'il aurait « kidnappé » la fille d'un puissant shérif dont la main avait été injustement promise au premier riche venu, et aurait contribué aux trafics d'armes violents qui avaient fait polémique à une certaine période.

« Et oui. Nous sommes associés depuis très longtemps, Jae et moi. »

Jimin ne s'attendait tellement pas à une réponse qu'il reste sans voix pendant deux bonnes minutes.

« Et toi. Qui est ce Kim Seokjin pour toi ?

— Oh ! euh... mon patron et mon ami le plus cher. Depuis très longtemps aussi. »

Jimin n'est pas sûr de lui à cause de la pénombre ambiante, mais il croit avoir vu son interlocuteur hausser un sourcil.

« Un ami ? Seulement ? N'a-t-il jamais tenté autre chose ?

— Eurk, non. Ma relation avec Jin est strictement fraternelle ! chuchote vivement Jimin, même s'il voudrait le crier tellement l'idée le révulse.

— Je n'aurais pas pu lui en vouloir s'il avait pensé à toi d'une autre... façon. »

Jimin remercie la pénombre car, ainsi, il n'a pas besoin de dissimuler les rougeurs qui ont envahi ses joues et son cou. Yoongi, de son côté, s'enfonce un peu plus dans le siège et la nouvelle position l'oblige à écarter les jambes, attirant instinctivement l'attention du blond vers son entrejambe. Malgré son épais cuir noir, le pantalon ne fait rien pour cacher le renflement qui le déforme sur le dessus. Jimin referme instinctivement les cuisses, la lèvre inférieure coincée entre ses dents pour retenir le petit gémissement que la subite contraction de son bas-ventre voudrait lui soutirer.

« Comment n'aurait-il pas pu y penser ? » s'interroge Yoongi dans un murmure discret et réservé à lui-même, la tête penchée sur le côté.

Malgré l'obscurité des lieux qui l'empêche de voir correctement, Jimin peut sentir le regard du cowboy sur lui, enflammer chaque parcelle de peau dévoilée par les pans de son t-shirt trop grand.

Avec un soupir, conclusion d'une longue hésitation sur les potentiels risques de se livrer, Jimin lâche :

« Jin est comme un frère. Il m'a sauvé la vie lorsque nous étions des gamins. »

Pas certain que Yoongi soit intéressé d'entendre la tragique histoire de son enfance, il marque une pause tout en lui lançant un coup d'œil. Ce dernier est parfaitement immobile, les bras croisés sur son torse puissant, et les jambes écartées - cette position devrait être illégale selon Jimin. Elle est d'autant plus dangereuse que le canon d'un pistolet, désarmant le pauvre barman de tous ses moyens.

« Continue. » ordonne Yoongi d'une voix bourrue, un peu maladroite.

Mais il semble sincèrement curieux, donc Jimin obéit :

« J'ai grandi sans parents : ma mère était une femme de joie et mon père un de ses clients. Il ne doit même pas savoir que j'existe... même pas sûr qu'il le veuille de toute façon. C'était juste un autre de ses pillards de passage, juste venu pour se vider les couilles dans la première venue.

— Tu n'as pas l'air de porter beaucoup d'affection pour ta mère, vu comme tu parles d'elle. »

Jimin hausse les épaules, le mouvement feignant la nonchalance même si la rancœur lui ronge toujours le cœur, même après tant d'années.

« Elle m'a abandonné lorsque j'ai eu quinze ans. Elle a préféré suivre les belles promesses d'un homme qui la battait que rester auprès de son fils qui l'aimait. »

Jimin refoule les quelques larmes qui tentent de noyer ses yeux. Après un moment, certainement pour ne pas le brusquer hors des souvenirs douloureux qui refont surface, Yoongi chuchote :

« Et Jin dans tout ça ? »

Le cowboy ne sait pas, cependant, que sa simple présence constitue une distraction contre ses idées noires, telle une perche à laquelle Jimin pourrait se raccrocher, juste avant de sombrer dans le sillon infernal de sa propre peine.

Avec un lourd soupir, la poitrine serrée, il reprend:

« Jin avait dix-huit ans lorsque nous nous sommes rencontrés. Il travaillait avec ses parents à l'époque, dans leur ferme familiale. Tous les mercredis et samedis, ils vendaient leurs récoltes sur la place de notre petit village. C'était une véritable mine d'or pour moi. Je dormais dans les rues et je ne mangeais jamais à ma faim, mais je savais qu'au moins deux fois par semaine, si je me faisais assez discret et habile, je pouvais tenter de voler quelques fruits. »

« J'étais doué : je ne me faisais jamais prendre la plupart du temps et lorsque c'était le cas, j'étais toujours plus rapide que mes opposants. Jusqu'au jour où je me suis fait prendre à mon propre jeu par nul autre que Jin. J'ai volé dans son étalage en pensant que, malgré sa carrure imposante, j'arriverais à le semer. Or, cette perche s'est avérée beaucoup plus rapide que je ne l'imaginais. Il m'a attrapé pour me mener de force dans un coin du marché et me confronter loin des regards indiscrets. Il me hurlait dessus, me disant que je ne pouvais pas voler le dure labeur des autres ; et j'ai trouvé ses paroles tellement injustes et à la fois tellement vraies, que j'ai fondu en larmes devant lui. Je ne m'étais jamais permis de pleurer, pas depuis toutes les larmes que j'avais versées après le départ de ma mère. Mais je ne pouvais plus m'arrêter cette fois-ci. J'avais encaissé beaucoup trop de chocs émotionnels, et Jin s'est avéré être le témoin de mon immense détresse. »

« Jin est une bonne personne. Il a pris pitié de moi et cet idiot s'est confondu en excuses de m'avoir hurlé dessus. C'était la seule personne depuis longtemps qui reconnaissait mes sentiments, alors je me suis confié à lui. Je n'ai rien omis de mon histoire et mes misères, à ce jeune homme qui n'était alors qu'un étranger. Je ne le regrette pas de l'avoir fait car, fidèle à son cœur d'or, Jin m'a pris sous son aile après cet incident. Il m'a ramené chez lui et a confectionné une couchette sur un tas de foin dans la grange. Ce n'était pas le grand luxe, mais c'était beaucoup plus de confort que je n'en avais connu depuis longtemps. Il m'amenait un repas chaque matin et soir et nous passions nos soirées ensemble, à discuter, lire, rigoler sur une botte de foin à la lumière d'une bougie. »

Jimin marque une pause, un petit sourire attendri étirant ses lèvres précédemment tirées vers le bas par sa lourde tristesse. Il n'exagère aucunement quand il dit que Jin l'a sauvé d'une vie misérable. Sans lui, il serait sûrement au fond du gouffre à l'heure qu'il est, si ce n'est pas pour dire qu'il ne serait plus de ce monde.

« Jin est ce que j'ai de plus cher à mes yeux. Mon meilleur ami. » conclut-il en relevant les yeux vers Yoongi.

La tornade émotionnelle qui vient de le frapper de plein fouet lui avait presque fait oublier la présence de cowboy, le ramenant dix ans en arrière, au cœur même de ses souvenirs. De retour dans le moment présent, Jimin constate que Yoongi n'a pas bougé, et même s'il ne dit rien pendant un moment, il sait qu'il a été attentif à la moindre de ses confessions.

« Je ne crois pas en l'amitié. » avoue subitement Yoongi.

Jimin penche la tête sur le côté, un geste instinctif signifiant qu'on vient de piqué sa curiosité.

« Comment cela se fait-il ? »

Yoongi plisse les yeux dans la pénombre, hésitant sûrement avant de continuer sur sa lancée.

« Je préfère la solitude. Les personnes finissent inévitablement par décevoir ou trahir ta confiance, et je n'ai pas de temps à accorder à de telles futilités lorsque je pourrais aussi bien me fier qu'à moi-même. »

Jimin fronce les sourcils, incapable de concevoir la perspective de Yoongi. Pour lui, les relations sociales sont indispensables dans le bien-être de quelqu'un.

« Tu ne dois pas avoir rencontrer les bonnes personnes pour parler ainsi.

— La vie que je mène est impitoyable, trésor. Les personnes autour de moi vivent de pillages et de meurtres. J'ai moi-même accompli des actes horribles, que certains qualifieraient d'immoraux. Et une chose que j'ai apprise est que les personnes m'entourant n'hésiteraient pas un instant à me loger une balle dans la nuque s'ils pouvaient en tirer un quelconque bénéfice. J'ai moi-même appliqué cette règle plusieurs fois et c'est sûrement la raison pour laquelle je suis toujours en vie. Cette existence est régie par la loi du plus fort, donc je me dois de l'être à chaque instant afin de survivre. »

La bouche ouverte sur des paroles muettes, Jimin aimerait convaincre le cowboy qu'une autre perspective plus joyeuse lui est à portée de main, mais comment pourrait-il raisonner une personne qui semble avoir beaucoup plus d'expérience sur la vie et sa cruauté que lui-même ?

« Et Jae alors ? N'est-il pas ce qui se rapproche le plus d'un ami ? » demande Jimin, désespéré de trouver une once d'humanité en Yoongi.

Ce dernier hausse les épaules.

« Je l'ai déjà dit : je ne sers que mon propre intérêt. Jae n'échappe pas à la règle. »

Les paroles du cowboy, dénuées d'humanité et de toute hésitation, lui glacent le sang. À ses côtés, Jae-sang continue de ronfler régulièrement, paisible dans son sommeil, loin de se douter que la personne qu'il considère comme un ami serait prêt à l'éliminer dès l'instant où il y verrait un intérêt.

« On dit que les épreuves de la vie assagissent l'âme. Cette règle t'a de tout évidence épargné. » constate Jimin, ses lèvres pleines arborant une moue boudeuse.

Sans prévenir, Yoongi renverse la tête en arrière et part d'un rire grave et sincère, incroyablement séduisant. Jimin se demande bien ce qu'il a pu dire de si drôle.

« Quoi ? » s'agace-t-il, les yeux toutefois rivés sur les muscles de son cou que le mouvement fait ressortir.

Yoongi se calme progressivement, reportant son attention sur l'objet de son amusement.

« Rien. Tu es juste surprenant, trésor. »

Ses paroles mystérieuses n'éclaircissent en rien la confusion du blondinet.

« Mais...

— Dors Jimin. Nous devons nous lever dans quelques heures, déclare Yoongi, coupant court à sa tentative de protestation.

— Comment veux-tu que je trouve le sommeil avec ce vacarme ? » s'écrit Jimin en pointant Jae-Sang du doigt.

Jimin voit les commissures de ses lèvres se relever, juste avant de disparaître derrière la visière de son chapeau. Il le replace sur ses yeux, adoptant une posture plus décontractée.

« Dors, Jimin. »

Jimin comprend qu'il ne vaut mieux pas discuter l'ordre donné. Il se rallonge donc entre les draps, sans toutefois retenir son soupir agacé. Il est incapable de trouver le sommeil de toute la nuit, son cerveau rejouant en boucle leur précédente discussion alors qu'il observe le cowboy assis en face de lui, plongé dans le sommeil. Sa bouche en cœur est ouverte sur un souffle régulier, et ses traits sont détendus, abandonnant leur dureté en faveur d'une beauté presque délicate.

Sincèrement ? Jimin est perdu. 

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Voici pour cette - longue - première partie 😊 Vous aimez jusque-là ?

⚠ Je rappelle que cette histoire est un OS, que je coupe en deux partie au total car trop long  ⚠

N'hésitez pas à me rejoindre sur twitter - je posterai en avance des update régulières sur la deuxième partie !

A bientôt 🧡