Chapitre 53
53.
/!\ Double update, n'oubliez pas de lire le chapitre d'avant /!\
Je quitte la salle de cours avec le visage encore un peu bouffi. Ça n'échappe pas à Haru qui tire une tête de trois pieds lorsqu'il me voit arriver vers lui. Il baisse ensuite les yeux vers ma lettre de motivation, froissée entre mes mains.
— Pourquoi y'a tout ce rouge sur ta lettre ? Pourquoi t'es resté aussi longtemps ? Pourquoi on pleure ?
Je lève les cils face à son désarroi, et je trouve ça si adorable qu'un rire étranglé m'échappe.
— Je dois tout recommencer, je lui avoue.
La manière dont son visage se décompose vaut tout l'or du monde. C'est incroyable à quel point je craque pour lui.
— C'est une blague ? Non là vraiment elle dépasse les bornes, s'emporte-t-il en gesticulant dans tous les sens. Elle t'a même pas donné une trame pour t'aider ? Je trouve pas ça cool et peu importe ce qu'elle t'a dit, elle aurait pu être plus do-
— Je suis soulagé. Ça m'a fait du bien de lui parler.
— Longue vie à Mme Jefferson !
Haru se tient devant moi et met ses deux bras en l'air, à la manière d'une cheerleader qui doit encourager l'équipe adverse. Je vois bien dans son regard qu'il n'a pas compris pourquoi je viens de la défendre contre son courroux, et le voir changer de camp m'a bien amusé.
— Je pense enfin savoir ce que je vais leur dire, je partage.
Il me sourit alors.
— C'est super ça, Rei.
— Oui. Merci de m'avoir attendu, j'aurais bien aimé déjeuner avec toi mais je pense que j'ai vraiment envie d'enfin voir le bout de cette histoire.
— Tu vas à la bibliothèque ?
J'hoche la tête.
— Je vais l'écrire, cette lettre.
Quand je suis rentré à la maison, j'ai pris une douche et je me suis écroulé sur mon lit. J'ai dormi, sans le vouloir, jusqu'à la nuit tombée.
Je ne m'étais pas rendu compte de la pression que je me mettais sur les épaules, et de comment elle m'influençait physiquement. Le contre-coup a été tellement puissant que même à mon réveil, j'avais l'impression de peser une tonne.
Je me redresse difficilement de mon lit, des lumières passent sous ma porte. J'attrape mon portable. Haru avait une course assez importante à faire en fin de journée et n'a pas pu me ramener, j'ai alors pris le bus. Nous avons échangé quelques messages avant que je ne m'abandonne aux bras de Morphée, et je découvre maintenant qu'il a tenté de m'appeler.
Plissant les yeux, je déroule mon centre de notifications. Notre groupe est toujours très bruyant, alors je survole rapidement quelques échanges de tiktoks et de memes, une question de Faisal sur le cours d'histoire et une nouvelle photo que Jade a posté sur son compte Instagram.
J'atterris de nouveau dans ma discussion avec Haru.
J'ai zappé son dernier message – normal, j'hibernais.
Haru à 19h19 :
Je passe chez toi, c'est bon ?
Je bondis de mon lit avec les yeux écarquillés, l'horloge indique déjà vingt heures passées. Ma tête tourne un instant, tandis que je m'élance dans le couloir en manquant de peu de me prendre les pieds dans mon pyjama. Avec un peu de chance, mon absence de réponse aurait pu l'avoir dissuadé de venir ?
Quand je descends les escaliers, j'entends des rires. Trop de rires. Je ne dis pas que mes parents sont du genre à se faire la gueule tous les soirs, mais pour le coup, je sais bien qu'ils ne rient pas entre eux, mais avec quelqu'un.
— Oh Rei, je me demandais si je devais monter te réveiller.
Ma mère est la première voix distincte que je perçois en déboulant dans la cuisine, elle vient de relever le couvercle du cuiseur de riz, un nuage de vapeur vole autour de sa silhouette. Son visage rayonnant accompagne l'air amusé de mon père, dressant les assiettes sur la table à manger. La lumière vive de la pièce me fait sévèrement battre des cils, j'y suis entré comme si je partais en guerre.
Haru est debout à côté de ma mère, remuant une marmite pleine de ce que je devine être un curry à la façon coréenne. Il se retourne vers moi, et à son visage, je sais qu'il a passé un bon moment avec mes parents, pendant que je dormais comme un loir.
— Tu tombes bien, le repas est bientôt prêt.
Je pourrais presque oublier qu'à peine deux semaines plus tôt, mes vieux étaient à deux doigts de me faire passer un interrogatoire sur le sexe responsable. À cause du gars présentement derrière les fourneaux dans ma maison.
Je me détends en cours de soirée, voyant que l'atmosphère est bien plus conviviale avec l'entrain d'Haru, entrain qui nous contamine, mes parents et moi. Nos repas ne sont pas silencieux, mais ils sont devenus assez routiniers. Je raconte ma journée, ils racontent la leur, puis nous regardons la télévision et commentons les informations. Mon père m'a toujours incité à me renseigner sur l'actualité, en toute circonstance. Je dois avouer que cette habitude m'aide à éplucher des conversations très intellectuelles. Est-ce qu'elles m'intéressent forcément ? Non. Est-ce que je les maîtrise ? Oui. La présence d'Haru ce soir et sous le statut de petit copain, apporte un coup de frais.
Une question qui stimule mon intellect est pourtant la suivante : pourquoi Haru a décidé de venir, presque à l'improviste, aujourd'hui ?
Je décide de ne pas le lui demander au cours du repas, au cas où il s'agirait de quelque chose qui ne nous concerne que lui et moi. J'attends alors que nous débarrassons et que ma mère m'invite à le raccompagner à l'entrée. En vrai, bien que j'aurais pu lui épargner ces heures superflues, je suis heureux qu'il s'entende si bien avec ma famille. Je m'apprête à m'excuser de lui avoir fait faux bond en début de soirée, mais il me devance :
— J'ai dit à mes parents que j'avais un petit ami.
Je lui ouvre la porte mais la referme aussitôt lorsque nous nous tenons sur le perron, ensemble. Je lève le menton vers lui.
— C'est vrai ?
— Oui, poursuit-il.
Je lui prends la main.
— Ça a été ? J'espère que l'annonce inattendue de notre relation à ma famille t'a pas mis la pression.
Après tout, on a plus été découverts par ma mère. Je n'ai jamais voulu donner l'impression que je cachais Haru, que je cachais qui il était pour moi, ce qu'il représentait. Je voulais d'abord que nous nous établissions complètement, que je voie où les choses nous menaient.
Il secoue la tête.
— C'est lié, mais j'ai pas eu la pression.
— Ils l'ont bien pris ?
Son sourire s'agrandit de seconde en seconde, c'est attendrissant. Ça me donne envie de l'embrasser.
— Ils l'ont bien pris. Ils voudraient t'inviter à dîner à notre retour.
Je papillonne des yeux, les deux informations font interférence.
— À notre retour, quel retour ?
Son sourire disparaît et sa bouche s'ouvre dans une espèce de « O ». Ses joues prennent des couleurs.
— Oui... c'est vrai. Il s'est passé beaucoup de choses aujourd'hui, j'ai oublié l'essentiel de pourquoi j'étais venu te voir.
— C'était pas par rapport à tes parents ? je m'inquiète.
— Si, mais je me suis emmêlé les pinceaux. C'était pas dans cet ordre que je devais te le dire.
— Haru, arrête de tourner autour du pot.
Il rigole. Ses joues et son nez sont toujours roses. Il porte ses mains à mon visage et me regarde dans les yeux, j'y lis un peu de crainte.
— Mes parents veulent t'inviter à dîner. Mais avant ça, j'aimerais t'emmener avec moi en Californie, le week-end prochain.
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