Chapitre 48
48.
Je reposte à cause de plusieurs incohérences dans le récit que j'ai vues à la relecture 😭
Mes parents savent que j'aime les garçons.
Mes parents ne savent pas que Haru est mon copain.
Enfin, ils ne le savaient pas, avant ce matin.
Car il est assez difficile de nier de but en blanc qu'il n'y a rien, quand votre propre mère ouvre la porte de votre chambre pour tomber sur vous, son fils unique, endormi dans les bras de son camarade de classe.
Haru a pris le petit-déjeuner avec nous, mais j'ai bien vu que malgré son air qui se voulait toujours aussi léger, il avait envie de disparaître sous terre. On s'est à peine regardé dans les yeux depuis le réveil. Mes parents s'échangeaient des regards que je ne pouvais décrypter, mais qui ressemblaient étrangement à comment j'imaginerais une discussion par télépathie.
Moi aussi, je souhaitais disparaître.
La sensation, je ne pouvais cacher qu'elle m'oppressait particulièrement. Je me souvenais encore du jour où j'étais enfin sorti du placard, j'avais treize ans.
Je n'ai jamais su comment j'avais rassemblé mon courage pour leur en faire part. Le jour de mon coming-out, j'avais prié qu'ils soient aussi ouverts d'esprit que ce que je pensais.
Et j'avais raison. Après tout, ils avaient décidé de s'ouvrir au monde en emménageant ici. Ce qui m'avait étonné dans leur réaction, cinq ans plus tôt, ce n'était pas tant le calme et la contenance avec lesquelles ils ont accueilli ma confession.
C'était l'impression qu'au fond, ils le savaient déjà.
Ce calme et cette contenance sont toujours là, pendant que Haru et moi communiquons avec nos bols de porridge. Néanmoins, je perçois une ébauche plus lourde dans leur attitude, une sorte de voile plein de non-dits qui rôde autour de la table.
Les discussions sont là pour éviter qu'on ne se sente épiés – échec cuisant –, mais elles interviennent plus comme un bruit de fond. Nos pensées semblent bien plus bruyantes. Lorsque nous finissons de débarrasser, Haru m'aide à ranger la vaisselle dans les placards. Ma mère apparaît quelques minutes après.
— Rei, je te laisse raccompagner Haru à la sortie ?
Cela sonne comme ma sentence.
Mon estomac se retourne à l'idée qu'elle n'approuve pas ma relation avec Haru.
J'hoche doucement la tête et après qu'il a récupéré ses affaires dans ma chambre, je reste avec lui jusqu'à la porte d'entrée. Il se retourne vers moi. Bizarrement, je ne vois pas le même souci dans ses yeux, mais plus un embarras que je jugerais totalement compréhensible.
Car Haru n'a jamais été présenté ici comme mon petit ami.
— Ça va aller ? me demande-t-il.
Pour être honnête, cela continue de me surprendre lorsqu'il se montre gêné. J'ai tellement l'habitude de le voir dégourdi.
— Oui, t'inquiète pas. Je t'envoie un message très vite.
J'ai envie de l'embrasser, pour lui dire à bientôt. Pourtant, mon corps ne bouge pas. Je crochète l'un de ses doigts, un dernier contact avant qu'il ne me fasse signe et s'en aille vers sa voiture.
— Ça va aller, reprend-il, cette fois sur l'affirmative.
Haru porte encore l'un de mes trop grands hoodies.
Je ne veux pas qu'il me le rende. C'est pour ça que je ne lui ai pas fait remarquer.
J'entends le moteur vrombir et referme la porte lorsqu'il quitte le quartier. De retour dans la cuisine, ma mère se tient devant la fenêtre, l'air pensive.
— Maman ?
J'assiste à son sursaut, elle fait volteface vers moi. Ses yeux s'accrochent d'abord aux miens, avant de remonter sur mon front, puis vers un point plus loin derrière dans la pièce.
— Viens t'assoir, s'il te plaît.
J'obtempère d'un pas plus lourd que je ne le voudrais. Elle ne bouge pas de son emplacement, je tourne alors ma chaise pour lui faire face. Elle s'appuie contre l'un des plans de travail en marbre, croise ses bras devant sa poitrine et je vois ses ongles tapoter sa peau.
— Je ne sais pas vraiment comment amener ça..., je l'entends marmonner plus pour elle-même. Peut-être que Nestori est plus à même d'avoir cette discussion avec lui...
Cette discussion ?
Elle me voit hausser les sourcils, ses lèvres se pincent et elle prend une grande inspiration, sans fermer les yeux. Le fait qu'elle les garde sur moi de tout le long commence même à me faire peur.
— Mon chéri, tu as un petit copain ?
— Oui maman, je lui réponds. Et c'est Haru.
C'est aussi la première fois que j'officialise une relation devant eux, ou même que je démontre un intérêt envers quelqu'un. Mon père vient dans le silence, comme s'il voulait ressembler à une petite souris espionnant une conversation. Je le vois du coin de l'œil se positionner devant la machine à café. Un peu plus et il se mettrait à siffloter.
— Ça fait combien de temps, mon trésor ?
Rei, mon chéri, mon trésor. Pas de doute, elle cherche à me tirer les vers du nez jusqu'au bout.
— Un peu plus de deux mois.
La machine émet un bruit qui montre qu'elle a fini son travail, et pourtant mon père reste à fixer sa tasse sous le réservoir comme la plus belle des œuvres d'art.
— Haru est un gentil garçon, ton père et moi l'apprécions beaucoup.
Je ne sais pas comment c'est possible, mais le dos de mon père paraît me dire « C'est vrai » et c'est absolument perturbant.
— Et ça nous fait plaisir que tu aies un amoureux avec qui tu te sens à l'aise. D'ailleurs, j'ai cru comprendre que ce n'était pas la première fois qu'il venait dormir à la maison...
Oh non.
Pas cette discussion.
Avant que je n'aie pu ouvrir la bouche, elle me devance :
— Rassure-moi, vous vous protégez ?
— Maman ! je couine, espérant que le sol s'ouvre pour m'aspirer.
Elle m'interrompt d'un mouvement de la main, comme si elle s'attendait à ma réaction.
— Ce sont des choses normales Reino, il n'y a pas de quoi être mal à l'aise.
— Papa ! je l'appelle au secours.
Ce dernier se tourne finalement vers moi, je parie que dans sa tête, il a traduit cette conversation dans toutes les langues possibles.
— Ce sont des choses normales Reino, il n'y pas de quoi être mal à l'aise, répète-t-il.
— Je viens de le dire, lui confie ma mère comme si elle soufflait une réponse à son camarade de classe devant le professeur.
— Merde, c'était pas ma réplique.
J'ai tellement le visage en feu que je pense que je vais exploser. Je me lève, affolé :
— Je sais comment ça marche ! Merci de votre implication !
Je m'enfuis dans le salon, mais je précise :
— Et on a rien fait !
***
Moi à 09h45 :
La bonne nouvelle, ils m'ont pas demandé de te larguer.
Haru à 09h45 :
Tu pensais que c'était pour ça qu'ils étaient bizarres ?
Moi à 09h45 :
Pas toi ?
Haru à 09h45 :
Non.
Haru à 09h46 :
C'était quoi du coup ?
Moi à 09h46 :
Rien d'important.
...
Haru à 09h47 :
...
Rei.
Ton père m'a demandé si je savais enfiler un préservatif correctement.
Moi à 09h48 :
J'aurais préféré qu'ils me demandent de te quitter.
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