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Chapitre 38




38.

/!\ Mention de consommation d'alcool /!\




— Allez Rei, c'est pas la mer à boire.

Je m'asperge le visage d'eau froide en enchaînant lamentations sur lamentations. Matthew m'attend, adossé contre la porte des toilettes de l'hôtel. Il se redresse et reprend, tentant de se montrer enthousiaste :

— Puis c'est peut-être une bonne chose, non ? Y'a plus de chances que ça bouge si tu flirtes un peu pl-

— On parle pas de ça ! je fulmine.

Littéralement, je fulmine. Je ne serai pas étonné d'avoir les oreilles qui sifflent comme une théière oubliée sur le feu.

Je ne flirte pas. Je n'ai pas l'habitude de flirter. Et même si ce n'était rien de très audacieux, entre trouver Haru canon et le lui dire en face, chez moi, il y a une discordance. Et surtout, les conditions n'étaient pas là pour que je m'adonne à ce genre de confession.

— Respire, j'suis sûr que lui non plus il a pas trop compris. Ou alors il est déjà dans une des bijouteries de l'hôtel en train de zyeuter les alliances.

Je n'ai pas le temps de pâlir que Matthew me prend le bras et nous fait sortir de ma tanière. Cette petite course m'a remis les idées en place, et c'est bien après coup que je me rends compte du manque de filtre dont je peux faire preuve quand je suis fatigué.

Je traîne des pieds quand nous traversons les longs jardins, passant entre les lampions tamisés plantés dans la terre et les guirlandes incandescentes suspendues d'arbre en arbre.

La réception s'est changée en une sorte de piste de danse, la musique a pris un rythme plus rapide. Nos surveillants ont eux aussi fini par lâcher du lest, se déhanchant sous les percussions du groupe qui joue. Etonnés, Matthew et moi nous apprêtons à les rejoindre quand au loin, dans une lacune de verdure, une silhouette nous fait des signes.

Je reconnais Blanca, agitant sa main vers nous, la moitié du corps empêtré dans le feuillage d'un raisinier bord de mer. Alors, au lieu de nous faire repérer par le reste de la classe, nous entamons un détour plus discret contre les murailles de granite. Pieds dans le sable, plus nous nous rapprochons, plus je distingue d'autres silhouettes encore plus loin. Blanca m'attrape la main et me fais m'enfoncer dans la lacune. Nous traversons une petite portion de forêt avant qu'elle ne s'ouvre sur la plage et le lagon de l'autre côté.

Nous y retrouvons notre groupe. Ioane, Jade, Faisal et Haru.

Ils se chamaillent sur un long ponton, leurs silhouettes courent sur le bois dans la lueur de la lune et des étoiles. J'entends la mer, en plus de leur rire.

— On fait bande à part maintenant ? la taquine Matthew.

— Oh c'est bon, le rembarre-t-elle en levant les yeux au ciel. Les profs viennent de repousser le couvre-feu de deux heures, soi-disant pour nous faire plaisir, mais c'est cramé qu'ils veulent juste s'éclater aussi.

Je plonge mes mains dans mes poches quand nous nous aventurons à notre tour sur le ponton. La mer sous mes pieds est calme et claire, des reflets irisés lèchent sa surface. La plage s'étend sur des centaines de mètres, et un peu plus loin, les lumières chaudes de la réception créent comme un dôme orangé dans l'atmosphère. Je ne sais pas dans combien de temps madame Jefferson captera qu'on manque à l'appel, mais je suis persuadé que ce ne sera pas de sitôt.

En nous rapprochant, j'entends Matthew siffler, puis ensuite rire.

— Vous êtes irrécupérables !

Ioane lui passe la flasque qu'il vient de reprendre des mains de Jade. Je le vois hausser les épaules et porter le goulot à ses lèvres. Je tente un coup d'œil à Blanca qui fait la moue :

— Hey, me gronde pas, me prévient-elle.

— J'allais pas de faire.

Malgré moi, je dois faire face à Haru. C'est ainsi que je le retrouve assis jambes dans le vide, avec Faisal à côté qui commente quelque chose sur les mystères de la mer. Je sais qu'il m'a vu arriver, mais ce n'est qu'à l'instant où je me place à sa droite qu'il lève totalement les yeux vers moi. Quelques secondes, puis il retourne à sa contemplation des clapotis.

— Tu t'es volatilisé, me partage-t-il.

— Ouais, et j'ai embarqué ton meilleur pote avec moi.

Sans me regarder, je vois un sourire se former sur ses lèvres.

Jade me tend la flasque, contenant de la tequila à en juger l'odeur. Je refuse poliment et elle s'éloigne en ayant déjà un petit coup dans le nez.

— Le trio jus de pomme s'est réuni là-bas, je l'entends ensuite commenter d'une voix un peu nasillarde, quand elle nous pointe du doigt.

Ce n'est une surprise pour personne que Faisal ne boit pas d'alcool. Moi, je m'autorise une bière ou un cocktail de temps en temps, mais c'est assez rare. Et les liqueurs à sec, comme ça, je n'y arrive pas.

Je baisse les yeux vers Haru, qui observe toujours l'océan avec cet air songeur. Son iris se balade entre le courant faible et les étoiles. Et Jade l'a compté dans ce trio, celui des gens qui restent sobres pour cette soirée.

Nous entendons un peu de la musique d'ambiance, et dans notre dos, nos amis improvisent une danse. Même si c'est plus calme, il y a beaucoup de vie qui se dégage de ce petit ponton. Faisal les rejoint pour se trémousser lui aussi. Je finis par m'assoir avec Haru, faisait taire la gêne qui m'engourdit encore la langue.

— Je m'attendais à beaucoup de choses pour ce séjour, mais clairement pas ce genre de choses.

Je fais un geste ample autour de moi, à croire que je remets en question les lois de l'univers. Puis je pointe du doigt le halo incandescent de la réception, où j'entends la voix d'Eisenhawer en train de hurler pour je ne sais quoi.

— Et ça, tu crois qu'on pourra le préciser dans notre dossier pour la fac ?

— C'est un plot twist qui peut plaire, s'amuse-t-il.

— Je vais pas me gêner pour faire jouer mes relations, je suis désormais le petit-fils de la grande Laeticia Frangipane.

Il secoue la tête, exaspéré, mais entre dans mon jeu. Ceux qui me connaissent savent que je peux déblatérer des choses un peu randoms, parfois.

— Oulah, merci de me prévenir, j'aurais mis la même chose dans ma lettre de motivation mais ça aurait sous-entendu qu'on est cousins.

Je ne rebondis pas sur cette remarque même si elle me reste en travers de la gorge. Un léger silence vient prendre place, je me berce de la douce brise marine et de mes pieds qui remuent dans le vide, sous la lame brillante d'un lagon bleu.

Ma main repose près de la sienne, je peux sentir le bout de ses doigts, sans bouger, en contact volatil avec les miens.

Il se penche un peu vers moi. Dans ma poitrine, je sens mon cœur s'emballer.

Mon visage se tourne vers lui, il me regarde déjà. Et sans que nos yeux ne s'accrochent à quoi que ce soit d'autre, nos mains se rejoignent et nos doigts s'entrelacent.

Je repense au fait qu'il ne boit pas, ce soir. Mes souvenirs s'enchevêtrent, et je reviens à ses déclarations enflammées au skate-park lorsque nous nous connaissions à peine. Je me souviens de ses remords quelque temps plus tard. Je me souviens de l'instant où il m'a dit que ce n'est pas comme ça qu'il voulait se dévoiler à moi.

Son regard dégringole sur mes lèvres quand je murmure :

— Je suis quel genre de personne ?

Il ne m'a jamais répondu, depuis la première fois que je le lui ai demandé.

Suis-je toujours celui qu'il voyait quelques mois plus tôt ? Celui qui s'est assis une table à l'avant le jour de la rentrée, et qui a offert son aide à deux nouveaux élèves un peu paumés dans une nouvelle école. Voit-il la même chose, alors que ce garçon d'apparence dégourdi et ouvert aux autres, se trouve être en réalité plus réservé, plus dans sa bulle ?

— T'es le genre de personne avec qui c'est tout ou rien.

Je reviens à moi, car je ne m'attendais, honnêtement, pas à ce qu'il me réponde.

— T'es le genre de personne pour qui on affronte tous nos doutes, pour qui on fait un pas même quand on est complètement flippé, continue-t-il, les yeux sur la plage. T'es le genre à qui on se montre même quand on veut juste se cacher.

Il respire avec lenteur. Doucement, il revient planter son regard dans le mien. Et je le sens tout à coup si hésitant, si peu assuré.

Je ne sais pas quelle tête je fais. Mais je pense qu'il attend une réponse de ma part, même si cette nouvelle déclaration vient de totalement me retourner le cerveau. Nos mains sont toujours enlacées, et je crois sentir mon propre cœur pulser dans la pulpe de mes doigts.

— Je..., tenté-je, en vain.

Un long frisson me remonte le long de l'échine.

Je retire ma main de la sienne. Ma tête tourne un peu. Elle tourne parce que je ressens, je ressens bien trop de choses. Et si ces choses sont comparables à ce qu'il m'exprime, alors je peux comprendre pourquoi il est flippé.

— ... Faut que j'enlève ces pompes, je déclare sans préavis.

— Hein ? Att- Reino tu fais quoi !

Haru me voit attraper mes chaussures de soirée et les balancer sur le côté.

L'instant d'après, un grand « plouf » résonne et me voilà la tête sous l'eau après avoir bondi comme un lapin. Une rasade iodée s'infiltre dans mes vêtements, sur tous les pores de ma peau, puis contre mes lèvres quand j'émerge en inspirant plus fort.

— Bain de minuit ! s'exclame Ioane, pourtant bien trop loin de nous.

Son cri recouvre l'éclat de voix d'Haru quand il me demande ce qui m'a pris. Les filles, Matthew et Faisal crient en chœur et un par un, de l'autre côté du ponton, je les entends sauter mais ne parviens pas à les voir.

Une masse m'éclabousse, cependant, ce ne sont pas les leurs.

Haru apparaît à côté de moi, trempé jusqu'aux os. Il remue de manière un peu gauche, avant de comprendre qu'on a pieds. Des mèches de cheveux tombent autour de mes tempes et il les ramène derrière mes oreilles. Au lieu de me gronder pour cette impulsion sortie de je ne sais où, il verbalise juste sa confusion :

— J'ai pas compris, me partage-t-il d'une petite voix. T'as essayé de t'enfuir à la nage ou tu t'es pris pour Jésus ?

J'attrape fébrilement le bas de sa chemise qui ballote dans l'eau ; malgré notre distance déjà moindre, j'ai besoin de me raccrocher à quelque chose. J'ai l'impression de n'être maitre de rien, et en même temps, il me fait me sentir tant moi-même dans chacun de mes gestes.

L'une de mes mains passe dans sa nuque. Ses doigts glissent sur ma hanche, remontant contre ma taille. Ses yeux, encore une fois, tombent sur mes lèvres. Et je ne tiens plus.

Ma bouche plonge sur la sienne.

Mes bras entourent son cou quand je le sens défaillir avec moi. Lèvres contre lèvres, il murmure mon nom et le sien se grave dans ma chair. Mon cœur est au bord de l'implosion, je sens son étreinte devenir plus forte, sa poitrine enfle contre ma cage thoracique. Je sens le même tempo, la même série de battements entre nos deux peaux.

Il me porte contre lui, mes jambes passant autour de son bassin, il n'y a plus un centimètre de distance. Sa main soutient mon dos, calée dans le creux de mes reins. Son baiser a remplacé le mien, à la fois tendre et doux, et un tantinet possessif. Je pressens sa respiration qui vibre et le goût salé de ses lèvres.

Quand je me sépare de lui, reprenant mon souffle, il ne me lâche pas. Son front se pose contre le mien, et j'ai l'impression que nous sommes tous les deux un peu dans les vapes.

Je le ressens dans ma gorge, dans mes poumons, mon estomac, dans tout mon corps. Ce quelque chose qui a grandi en sourdine, entre lui et moi. Je le ressens dans ses yeux, qui cherchent les miens entre les galaxies et les nébuleuses.

Sa voix est plus lointaine, presque cassée :

— T'es ce genre de personne, Reino Laine.

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