• To Be Someone •
La fée sans visage et le ruisseau sans nom
Il était une fois, une fée sans visage. Elle était jalouse des autres, et les enviait au plus profond d'elle-même d'avoir un nez, des yeux, une bouche. Elle n'en avait pas, eux si, et elle n'aimait pas ça. Elle n'aimait pas sa banalité.
Pourtant, elle ne leur montrait pas. Elle subissait les regards tristes qu'on posait sur elle, elle se taisait quand quelqu'un faisait un compliment à une de ses amies à propos de ses joues, ses cils. Elle voudrait tellement avoir un visage. Et elle n'entendait même pas les compliments qu'on pouvait lui faire, à elle : les ''tu voles super vite'' et ''tes ailes sont si jolies'' lui passaient dessus sans l'atteindre. Elle voulait juste un visage.
Un jour, elle est fatiguée. Elle est lassée de cacher à tous que sa façon d'être lui pèse, et s'en va, traversant la forêt sans regarder où elle va. C'est alors qu'elle tombe face à un ruisseau.
Tant mieux, j'avais soif.
Elle se baisse, et entend le ruisseau lui parler. Il se plaint de n'avoir aucun nom, et d'être le seul à ne pas en avoir dans cette grande forêt. La fée l'entend, et compatit. Lui non plus n'aime pas être invisible.
Ils entretiennent une amitié. Parfois, quand la réalité est trop dure à supporter, elle va le voir, et ils se plaignent ensemble. Ce qu'ils ignorent, c'est qu'elle est la fée la plus respectée, et lui le ruisseau le plus propre.
Au fur et à mesure pourtant, le ruisseau se pose des questions sur leurs conditions. Mais il n'en fait pas part à son amie.
Et puis un jour, elle revient avec un visage. Elle lui dit qu'elle l'a volé à quelqu'un, qu'elle ne veut plus vivre que comme ça, et qu'elle ne s'en départira plus jamais.
« Mais, commence le ruisseau, hésitant. Ne crois-tu pas que tu étais bien comme tu étais, avant ? »
La fée affiche un air choqué. Il y a de quoi. Son meilleur ami la trahit.
« Qu'est-ce que tu racontes ? Est-ce que tu ne m'écoutes pas me plaindre à longueur de journée que je n'ai pas de visage, que j'en veux un, et maintenant que j'en ai un tu me dis que tu me préférais sans ?
— Ce n'est pas ce que je veux dire, bafouilla le ruisseau. Ta vision des choses est légitime. Mais, je ne sais pas, tu n'es plus la même comme ça. Tu as changé.
— C'est le visage qui fait ça, se gaussa la fée, le prenant comme un compliment.
— Tu ne comprends pas, s'emmêla le ruisseau. Tu... tu n'es plus la même personne. Tu es quelqu'un d'autre. Et je ne veux pas partager mes secrets à quelqu'un d'autre qu'à ma meilleure amie.
— Mais c'est moi, murmura la fée en s'approchant de son eau calme. Tu- tu ne peux pas m'aimer comme ça ? Ce changement n'a pas d'impact sur moi ! Je suis la même, dedans !
— Tu dis que ce changement n'a pas d'importance ? Releva le ruisseau, froid.
— Oui !
— Alors pourquoi tu as tant tenu à le faire, ce changement ? La bloqua le ruisseau, faisant monter les larmes à ses nouveaux yeux. Par fierté ? Par envie ? Pour que les autres puissent te regarder et t'aimer ? Ils t'aimaient déjà. Ton corps était parfait, et toi tu as tenu à le changer avec un apport inutile, qui ne fait que te défigurer. J'aimais tes traits plats, ta figure n'avait pas à être détestée, et il n'y avait que toi qui ne l'aimais pas. Ça reste ton choix, mais ne t'attends pas à ce que je sois pareil qu'avant avec toi.
— Tu- Tu es égoïste ! S'emporta-t-elle. C'était mon choix, pas le tien ! Tu dois le respecter !
— Je le respecte. Mais je ne l'approuve pas. »
La fée chercha ses mots. Elle ne voulait pas perdre son ami, son seul ami honnête avec elle.
« Et toi alors ? Tu me disais que tu voulais un nom ?
— Si ça me défigure autant que toi ça t'a rendue inconnue à mes yeux, alors je n'en veux plus. »
Et elle eut beau essayer de lui parler, de s'excuser, il resta silencieux.
Réaction de la première lecture :
Ce que tu penses avoir compris :
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