« Qu'est-ce qu'elle a, celle-là ? »

Un centre, voilà où ils étaient, et lui, on pouvait le qualifier de scientifique, avec sa blouse blanche qu'il avait oublié de mettre et son café dans la main.

Son job consistait à vérifier que les internés, même s'il préférait les qualifier de patients, ne meurent pas, vu que les analyses, c'étaient d'autres qui s'en chargeaient. Moins bien payés que lui, bien entendu.

« Elle passe son temps à réfléchir, lui répondit le garde en service. On n'a constaté aucune transformation, même quand on a désactivé les caméras. »

Les patients attendaient habituellement avec impatience le moment où les caméras étaient éteintes, pour laisser libre cours à leur nature le temps de quelques heures sans avoir l'impression d'être épiés. Cette mesure avait été proposée par lui-même, gars influent qui avait fait des études, et qui pensait au bien-être de ces gens, enfermés là contre leur gré. Peu lui importait s'ils étaient ''anormaux'', ils restaient humains eux aussi.

« Elle ne s'est pas transformée ? Depuis quand ?

— Elle ne l'a jamais fait. »

Il se pencha davantage sur le miroir sans tain pour regarder le jeune fille prostrée dans l'un des coins de la pièce, plongée dans ses pensées. Elle lui avait l'air complètement normale.

« Qui l'a amenée ?

— Personne, on l'a trouvée là déjà enfermée. On pensait que c'était vous... »

Il fronça les sourcils.

« Je n'amène jamais personne. »

Silence. La jeune fille ne bougeait pas. Pas comme si elle pouvait les entendre de toute façon.

« Libérez-la.

— Quoi ? »

Il croisa le regard choqué de son subordonné.

« Comment ça, quoi ?

— Mais c'est un monstre !

— Un monstre ? Je ne vois qu'une fille normale moi, le rabroua son supérieur. Elle n'a aucune caractéristique qui prouverait qu'elle doit être ici. Qu'est-ce qu'il te faut de plus ? Libère-la, et on n'en parle plus. On n'est pas payés à séquestrer des humains, que je sache. »

L'autre fixait la jeune fille à travers la vitre, terrifié.

« Pourquoi tu es aussi serein ? Marmonna-t-il sans la quitter des yeux.

— Si elle n'a rien de terrifiant, je n'ai pas de raisons de la craindre. Tu sais, les monstres ne sont des monstres que si tu décides que ce sont des monstres. Et ce que j'ai en face de moi, ce n'est pas un monstre. »

Le subordonné ne tergiversa pas plus et prit son téléphone pour commencer les démarches appropriées. Le supérieur, lui, réfléchit sur cette discussion.

Il ne pouvait pas qualifier la peur de son subordonné d'irrationnelle. Après tout, ils travaillaient dans un lieu un peu trop spécial pour ça. Mais, l'arrivée de cette fille était vraiment étrange.

Parce que restait qu'une humaine avait trouvé le moyen de s'introduire dans un asile de loups-garous, et que ça c'était bizarre.

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