• Journal intime •
« C'est vrai que tu écris des histoires ? »
Il releva la tête de son cahier, plaquant sa main en visière au-dessus de ses yeux, aveuglé par les rayons du soleil qui pointait le bout de son nez pour l'heure de la récréation.
« Pardon ? Demanda-t-il plus pour se donner le temps de chercher une esquive à cette question gênante qu'essayer de la comprendre puisque c'était déjà fait.
— Tu écris quoi pendant les récrés ? Choisit de changer le camarade de classe dont l'écrivain en herbe avait oublié le nom. »
Ah ben c'est pire.
« Des mots, sourit-il sa réponse d'un air si hypocrite que l'autre ne pouvait pas ignorer son envie de le faire partir ; cependant, par stupidité ou obstination, l'autre ne partit pas, et posa même ses fesses à côté de lui sur le banc.
— Ouais, mais ça parle de quoi ?
— Ça ne te regarde pas, le rembarra alors clairement l'écrivain en herbe en commençant à se lever.
— Attends ! Le rattrapa l'importun en esquissant un geste pour lui prendre la main. Est-ce que tu voudras être écrivain plus tard ? »
Pourquoi est-ce que tout le monde me pose cette question ? J'écris juste, râla intérieurement l'écrivain en herbe en levant les yeux au ciel.
« Non, ça m'amuse juste. C'est tout. »
L'autre le regarda bizarrement.
« Tu aimes écrire ?
— Tu crois que je le fais pour la beauté du geste ? Railla l'écrivain en herbe. Je ne le ferais pas si ça ne m'amusais pas. C'est amusant.
— Je n'en serais pas capable à ta place, souffla l'autre sans remarquer que son interlocuteur le suppliait de se barrer avec un regard blasé artistement exécuté — il était en train d'oublier ce qu'il avait voulu écrire, et ce genre d'incident foutait généralement sa semaine en l'air. Du coup tu écris des histoires ? Reprit l'importun, intéressé.
— Hm.
— Elles parlent de quoi ? »
L'écrivain en herbe leva les yeux au ciel. Voici la seconde question que tout le monde lui posait inévitablement en apprenant qu'il écrivait.
— Je sais pas, des trucs.
— C'est quoi comme trucs ? Força l'autre en le regardant bêtement.
— Mais je sais pas, ça varie ! S'entêta l'écrivain en herbe en songeant à partir lui-même, sauf que le banc avait adopté la chaleur de son fessier et qu'il avait peur d'avoir froid en se levant ; il resta donc assis. Quand je pense à un truc et que ça me plait je l'écris. Ça va pas plus loin. »
L'autre hocha la tête et ne dit plus rien, pensif. L'écrivain en herbe ne rouvrit pas son cahier pour autant, ne voulant pas risquer que ce gars lise par-dessus son épaule.
« Comment tu fais ? Souffla enfin l'autre en regardant le bout de sa chaussure, au sol, en train de fouiller dans la terre. Pour avoir toujours quelque chose de neuf à dire ?
— Je ne pense et ne vis jamais les meme choses, alors je ne pense pas aux mêmes choses tout le temps, répondit l'écrivain en herbe en haussant les épaules. Tu as déjà essayé d'écrire ?
— Dans mon journal intime oui, mais je tournais tellement en rond en écrivant toujours les mêmes choses que j'ai vite arrêté. Tu en as un toi ?
— Non, répondit l'écrivain en herbe en tentant d'ignorer le pincement que subit sa conscience en répondant aussi vite à une question aussi complexe. »
Parce qu'au fond, c'était pas vrai.
Réaction de la première lecture :
Ce que tu penses avoir compris :
QUESTION BONUS :
Et quoi si ce recueil était mon journal intime ?
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