Sujet de l'heure : écrire un incipit — aka les premières lignes d'un roman, celles qui donnent envie au lecteur de continuer

•

« Vous êtes-vous deja demandés on pouvait avoir une belle vie après avoir tué quelqu'un ?

Moi non plus, mais maintenant, j'avoue que ça me concerne un peu plus. »

C'est ce que tenta d'écrire Paul-Hardel, avant de se dire que non, c'était vraiment nul, et qu'il fallait encore tout raturer pour tout recommencer.

Il souffla, exaspéré. Ça faisait des heures qu'il essayait de trouver une phrase accrocheuse pour débuter l'histoire dont l'inspiration lui trottait dans la tête depuis des années, mais force était de constater que c'était diablement difficile.

Ce serait l'histoire d'un serial killer qui porterait son nom — parce qu'au fond, trouver des prénoms n'avait jamais été un bon exercice pour Paul-Hardel —, et qui chercherait à se repentir, sauf que personne ne le croirait, et il serait enfermé en asile.

Mais comme les histoires de meurtres c'est pas marrant, Paul-Hardel avait choisi de tisser une histoire d'amour entre son serial killer et un bouton de rose, qu'il s'acharnerait à faire pousser dans sa cellule.

La fin de l'histoire serait la sortie de Paul-Hardel de l'asile, où il rencontrerait une jeune femme aussi jolie que son bouton de rose, et où ils vivraient heureux jusqu'à la fin des temps.

« Ce serait si bien, soupira Paul-Hardel en relevant la tête de son carnet pour regarder à travers sa fenêtre, caressant son bouton de rose du bout des doigts. Douze ans encore... »

•