• Habit •
Une séparation.
N'est-ce pas qu'un ''au revoir'' jusqu'à la prochaine fois où on se croisera, et on se dira ''eh, mais ça fait longtemps'' ?
Non, c'est tellement plus. Pour lui en tout cas, ça signifie tellement plus. Il est sensible, il le sait, il le sent, sa mère le lui dit tout le temps, sauf qu'en plus d'être sensible il est illisible et ça, même si ça joue généralement en sa faveur — lorsqu'il a besoin de retenir ses larmes ou des mots qui seraient plus faciles à dire qu'à assumer —, aujourd'hui ce n'est pas le cas.
Il aimerait tellement être comme les autres à cet instant. Il voudrait parler, faire quelque chose, n'importe quoi, hurler, rire, pleurer, partir en courant, s'avancer pour une étreinte, formuler un dernier au revoir, quitter cette apparence froide qu'il avait contre son gré et dire à sa sœur, sa sœur qui s'apprêtait à partir si longtemps, sa sœur qu'il aimait plus que lui-même pour l'avoir inconsciemment aidé à s'affirmer grâce à son sourire et sa bravoure en affrontant leurs parents, que non son départ ne lui faisait pas rien, qu'évidemment que si elle allait lui manquer.
Il n'arrivait pas à faire un geste tandis qu'elle reculait vers son train, et pourtant la tempête qui l'habitait lui faisait si mal. Sa gorge était compressée au point qu'il avait du mal à respirer, son estomac jouait à monter toujours plus haut dans sa poitrine, son cœur était froid, si froid. Son cerveau était en arrêt, en yeux bloqués sur les mèches éparses de celle qu'il aimait tant, ses mains serrées en des poings qu'il serait impossible de déplier tant ses ongles avaient creusé profond dans ses paumes.
Tous ces mots qui volaient dans sa tête, il voudrait les lui jeter au visage et lui prouver qu'elle a tort de se moquer de lui, de rire de son incapacité à lui dire au revoir. Mais il ne peut pas. Pas seulement parce que sa gorge s'est trop ratatinée sur elle-même pour pouvoir réussir à produire un son audible, mais parce que ces mots n'existent pas. Il les sent, ça le brûle, ça crie, ça fait mal, mais ils ne sont pas faits de lettres, ils ne sont bons qu'à le secouer de larmes et ternir ses yeux.
Alors même s'il n'arrive pas à bouger, même s'il n'est plus capable de calmer son pouls et sa respiration heurtée, il ferme les yeux et il relativise. Après tout, il pourra lui écrire un pavé plus tard, quand ça ira mieux.
Comme toujours.
Réaction de la première lecture :
Ce que tu penses avoir compris :
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