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~ Existence ~

Une émotion, une pensée, une douleur. C'est simple d'en parler comme si ça n'existait pas, c'est impossible à ignorer quand on y est exposé, c'est horriblement difficile d'en être le spectateur.

On pense en général que si on n'en est pas le sujet, on ne peut pas comprendre ce que ça fait d'y être soumis.

Pourtant l'imagination est capable de dépasser l'entendement si on sait s'en servir.

Une strangulation ?
C'est ta trachée qui se coupe en deux, ta poitrine compressée à la mort, ton cerveau qui se tend et est soumis à une pression insupportable. Ton corps pris de spasmes mais qui ne souffre même plus de se prendre n'importe quoi tellement ce qui se passe à l'intérieur est intense. Tes yeux qui se couvrent de noir et qui voudraient exploser. Tes muscles qui t'abandonnent et qui sont pris de fourmis rouges aux milliers de griffes minuscules.

Un membre amputé ?
C'est se trouver plus léger d'un poids qu'on n'avait pas conscience d'avoir, c'est vivre avec le fantôme de ce qu'on a perdu et la sensation que le membre existe encore, mais que tout le traverse. Le cerveau n'a pas encore compris et se venge du manque de données en s'inventant des nerfs qui n'existent plus, et les faisant souffrir pour vérifier qu'ils sont toujours là, alors que c'est du vide, il n'y a plus rien. C'est des réflexes qui se retrouvent cons d'être hs et une impossibilité frustrante de faire comme avant.

Une peur panique ?
C'est une course sans fin que ton sang te fait subir en pulsant toujours plus vite et plus fort dans tes veines, c'est ton souffle qui s'accélère drastiquement et te fait voir des paillettes, c'est ton corps qui tremble face à quelque chose d'irrationnel, c'est ton cerveau qui envoie des signaux contradictoires, c'est ton impossibilité de réagir tant tu ne comprends rien, c'est un poids qui attrape ton cœur et le presse et l'essore, c'est toi qui est complètement bloqué.

Un baiser ?
C'est plus compliqué. Le fait est une peau contre la tienne, un toucher tout simple sur l'une des peaux les plus sensibles de ton corps, c'est peut-être un peu froid. Mais ça bouge, ça change. Personne ne le fait pareil. Personne ne ressent la chose pareil aussi, d'ailleurs. Une nuée de plumes qui s'envole, une passion qui prend la tête, une froideur à trancher la banquise, une nécessité qui affole le cœur et fait haleter. Le baiser est la sensation la plus indescriptible du corps humain.

Assister au meurtre de sa famille ?
C'est ressentir un profond silence dans la poitrine, être complètement figé face à cette situation qui arrive pour la première et dernière fois. Et en même temps, c'est crier tous les mots qu'on ne sait pas mais qui permettraient d'exprimer une émotion sans nom, de douleur mentale et physiologique insupportable. C'est un feu qui brûle le cœur et enflamme toute pensée cohérente au passage, c'est des tremblements qui remontent désagréablement la colonne vertébrale et s'emparent de tous les membres du corps, c'est être impuissant à en vomir. Et puis c'est la vision qui se remplit d'eau, et une maladie qui prend la gorge, et un manque terrassant.

Une noyade ?
C'est être bloqué sous l'eau et voir tout l'air du corps progressivement disparaître alors qu'on ne bouge pas. Le cerveau se barre d'un trait lourd et les yeux commencent à s'expulser du crâne, les poumons brûlent, le cœur n'a jamais battu aussi bruyamment et douloureusement, comme le lointain coup d'un marteau contre la coque d'un navire. Et puis le corps cède, l'eau rentre et les yeux font mal, ils sortent de leurs orbites dans un processus insupportablement long et douloureux, la gorge tousse pour expulser ce qui la dérange, elle ne fait qu'avaler de l'eau et abrutir les poumons, qui se voient à tout stocker jusqu'à ce que ça aille mieux. Le cerveau explose en briques de sens, il n'y a plus ni haut ni bas, que de l'eau, partout, et pas d'air. Le désespoir est là, et des pensées qui ne vont plus nulle part.

Mon imagination part tellement loin qu'elle m'a faite mourir plusieurs fois, noyée, poignardée, étranglée, pendue, enterrée vivante, brûlée, les yeux crevés, autant de sensations que je n'aurai jamais mais qu'intrinsèquement je connais.

Et moi, je vous avoue que je ne sais pas quoi en faire.













Réaction de la première lecture :

Ce que tu penses avoir compris :

QUESTION BONUS :
Le saviez-vous ? Une partie des supplices de ce chapitre m'a été dictée par mes doux abonnés le 5 juillet 2023 quand je les ai fait mander sur mon mur :)
Nous sommes en mars 2024, donc apprécions également mon avance légendaire dans l'écriture de ce recueil :)

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