• Chains •
« Une ville, des gens qui marchent pour n'aller nulle part, des voitures, des magasins dont les néons envahissent la nuit et la font disparaître, des lampadaires, et de la pluie.
Janvier un jeudi soir.
Traditionnellement, les jeudis soirs de Janvier, on ne pense à rien, on regarde la pluie tomber, et des idées sans mots nous passent devant les yeux pendant des heures, si longues, parce qu'il fait déjà nuit.
C'est triste, les jeudis soirs de janvier. C'est silencieux.
Ce jeudi soir-là, il y avait un jeune homme, dehors, sous la pluie de Janvier. Il était tard, et il n'avait pas de manteau, son immobilité due aux pensées de Janvier faisant fi du ballet des ombres des parapluies noirs des passants autour de lui.
Il pensait profondément, son regard restant trop longtemps bloqué sur les lignes d'une lampe décorative, dans une vitrine illuminée de la chaleur caractéristique des magasins l'hiver. Après une conclusion inconsciente, il releva la tête, faisant craquer son cou qui n'avait pas beaucoup apprécié sa position prolongée, et puis fit craquer son dos aussi, montrant son visage aux nuages noirs qui pleuraient Noël depuis le nouvel an.
Là encore, il redevint immobile, ses iris partageant des songes aux nuages donc les gouttes de pluie lui trempaient les joues et transformaient son nez en glaçon. Un éternuement lui fit cligner des yeux.
Il tourna enfin la tête, regarda les parapluies, constata qu'il n'en avait pas, et qu'il était trempé. Là-bas c'était un parc ; il y alla d'un pas décidé même s'il n'avait pas d'objectif, traversant la route, ignorant les voitures, oubliant les parapluies.
Il se retourna quand il fut devant le petit portillon du parc. Plus loin les gens passaient toujours, même si le temps s'était arrêté, lui. Il regarda les gens, se regarda lui. Il était fatigué, trempé et frigorifié, mais sentait qu'il tremblait d'autre chose ; tournant les talons, il rentra chez lui.
Devant les magasins illuminés, les gens passaient encore pour toujours. Qu'est-ce que tu en penses ?
— Qu'il n'a plus ses chaînes. Malheureusement, il est bien le seul.
— Et les gens dont l'âme chante, danse, vibre, illumine les cœurs sur son passage, change des vies, ceux-là, ils sont enchaînés peut-être ?
— Tu n'as pas compris. Lui, il est tous ceux-là en même temps. »
Réaction de la première lecture :
Ce que tu penses avoir compris :
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