• Boring •
Son regard passa encore une fois de son cahier à la fenêtre, et de la fenêtre à son cahier, détachant à regrets ses yeux des nuages gonflés de pluie pour les déposer sur les lignes qu'il était censé comprendre depuis vingt minutes. Et même s'il faisait cette spécialité depuis deux ans, aujourd'hui il se demandait pourquoi lui, cette classe, sa prof et tous les autres humains de la planète la trouvaient si primordiale à la survie en société hostile.
Oui, il était assez épuisé pour se faire ce genre de remise en question sans intérêt.
Ses yeux glissaient à répétitions sur les mêmes mots de son fichu contrôle, et il lui semblait qu'ils n'étaient même pas français. À nouveau, il regarda — lorgna — l'extérieur avec la tristesse d'un chaton enfermé, ne se souciant même plus de son devoir mais gardant son stylo dans son poing pour la forme, et sans doute aussi par habitude. Ses pupilles se détournèrent brièvement vers l'horloge, dont l'aiguille n'avait pas daigné faire un pas - évidemment, c'était la sixième fois qu'il la regardait cette minute.
Ressaisis-toi, se morigéna-t-il soudain, soufflant fortement, faisant d'ailleurs se tourner quelques têtes dans sa direction, et se redressant dans sa chaise, déterminé à tirer quelque chose de sa cervelle récalcitrante.
Stylo bien en main - encore et toujours, il l'essuya un peu pour enlever la sueur qui s'y était accumulée -, il se positionna devant la feuille et la relut pour la quinzième fois. Et pour la quinzième fois, aussitôt ses yeux furent-ils en contact avec la consigne que son cerveau se fit profondément vide, et que les mots perdaient tout leur sens, se décomposant entre eux, fondant pour mélanger leurs lettres et ne plus ressembler à rien, peu importe combien de fois il levait puis rebaissait son regard sur les lignes.
C'est pas possible, concentre-toi, grogna-t-il à mi-voix, attirant encore plus de regards indiscrets sur lui.
Il en vint à se faire une réflexion sur lui-même, un ''qui suis-je'' qui ne lui apporta que la brève pensée qu'il n'avait rien à faire là, mais qu'il devait quand même y être pour son futur métier, bien que cette matière fut la moins appréciée de toutes pour sa part. En désespoir de cause - il sentait qu'il ne pourrait vraiment rien faire de son cerveau maintenant - il orienta ses yeux vers les autres autour de lui, qui semblaient se complaire dans ce devoir, au point que l'une de ses voisines changeait de page, la première couverte de mots aussi illisibles que la consigne. Enfin, la sonnerie retentit dans les couloirs, et les élèves reposèrent leurs crayons, fiers d'eux. Lui excepté, bien sûr.
Alors, alors que la prof se levait pour ramasser les feuilles pour les noter, il gribouilla quelques mots dans la marge de sa copie blanche, juste sous son nom : j'aimerais que ce sujet soit aussi inutile qu'il me semble l'être, puis rendit sa feuille, pliée en deux pour que la prof ne se rende compte de rien.
Et la semaine suivante, il fut surpris de voir sa perte de foi en la vie notée de la moitié des points disponibles, d'autres mots ayant fait leur apparition dans le petit encadré dédié à l'appréciation. Rassurez-vous, il l'est.
Réaction de la première lecture :
Ce que tu penses avoir compris :
QUESTION BONUS :
Quelle est cette matière ?
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