• Automn •
Il regardait, autour de lui, le pouvoir apaisant de l'automne.
La pluie était tombée peu avant son arrivée, et le ciel à présent se calmait, redevenant d'un blanc laiteux avec un aspect de coton gelant les joues et chatouillant le bout du nez. L'odeur des feuilles trempées mélangées à la terre humide s'élevait dans ses narines, lui faisant très légèrement plisser le nez avant de sourire pour lui-même, reconnaissant la senteur familière et réconfortante de la forêt.
Au loin, quelques oiseaux se remettaient à voler, discutant entre eux de choses incompréhensibles pour lui, qui regarda leur ballet quelques instants avant de laisser tomber ses yeux sur le sol, qu'il sentait spongieux sous ses semelles lorsqu'il les inclina. Maintenant qu'il ne pleuvait plus, il voyait à nouveau le tronc des arbres les plus éloignés de lui, qui avaient disparu sous un brouillard grisâtre durant l'averse.
Choisissant d'abandonner ses chaussures à leur sort, il fit quelques pas sur le tapis brun luisant pour saisir une feuille tombante au vol, l'examinant attentivement. Elle était si large qu'elle couvrait toute sa main, souple et encore trempée de pluie. Il perdit un instant son regard sur ses fibres, ses trous près des bords, sa queue tout juste détachée de sa maison l'arbre. Le vert caché sous des taches jaunes, marrons, oranges et rouges, lui donnaient une apparence de papier un peu calciné et tout juste retiré du feu. Il en saisir une autre, et fut étonné d'à quel point les couleurs se ressemblaient et étaient différentes à la fois, se mélangeant tant et si bien qu'elles n'en formaient qu'une, la seule significative de l'automne qu'aucun humain ne pouvait décrire ni redessiner parfaitement.
Doucement, parce que ce silence ambiant semblait altérer ses sens et ses gestes, il déposa ses deux prises sur le sol, et retourna vers son vélo, laissé non loin de là, qui l'attendait avec la patience d'un vieil ami, et la promesse d'un chocolat chaud sur son canapé-lit. Cependant, tout en s'asseyant sur sa selle et fixant son casque, il regarda encore autour de lui. Il sembla se contenter de sa pensée, faisant un léger signe de tête puis un sourire d'enfant, puis enfourcha son destrier, et repartit sur la route non loin, direction son petit studio où son petit-ami l'attendait peut-être déjà.
« Alors, l'automne de cette année ? Lui demanda-t-il justement lorsqu'il s'assit auprès de lui sur le canapé deplié, des assiettes en main. Satisfaisant ?
— Assez bien fait pour renforcer le fond de ma pensée, aquiesça le jeune homme en piquant ses raviolis dans son assiette. »
Ses yeux brillaient comme à chaque fois qu'il faisait un détour par la forêt pendant l'automne, et ses mains tremblaient encore de joie. Son petit-ami aimerait bien savoir ce qui le rendait aussi heureux dans quelque chose d'aussi banal qu'une saison. Cela arrivait chaque année, et cela repartait. Les gens avaient d'ailleurs tendance à ne pas l'apprécier parce que c'était la rentrée, qu'il faisait froid et qu'il pleuvait tout le temps.
Qu'ils sont bêtes, se disait le jeune fasciné à chaque fois que quelqu'un se plaignait de l'automne. Ils devraient ouvrir les yeux et sortir de leurs flaques d'eau. Ont-ils jamais vu mort plus paisible, silencieuse et jolie ?
Réaction de la première lecture :
Ce que tu penses avoir compris :
QUESTION BONUS :
Pour quelle saison serais-tu prêt/e à sortir de ton canapé ?
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