Un placard. Un pauvre, un malheureux petit placard.

Un grand garcon comme lui ne devrait pas trembler comme ça à son approche, se terrer dans son ombre comme si son bois massif allait lui sauter dessus pour l'écraser. Et pourtant, à chaque fois qu'il passait devant la porte close qui la cachait à la vue de tous, ses épaules se tendaient sous ses vêtements, ses jambes allaient plus vite, il cachait ses mains au fond de ses poches pour que personne n'en remarque la soudaine moiteur et baissait la tête, victime de l'horrible pression qu'avait la proximité du meuble sur son corps.

Et quand ce honteux secret n'était pas caché derrière l'habituellement fermée porte de la pièce maudite que tous les enfants de la pension évitaient, que ses yeux l'effleuraient et qu'il prenait conscience qu'il le voyait, il avait la sensation que son cœur pesait tout à coup six tonnes et que ce placard s'était téléporté sur ses reins, les broyant sous ses planches sculptées, ses tiroirs ornés de poignées forgées, et ses portes aux petites fenêtres grillagées, sombres et invisibles au regard de par le manque de luminosité dans la pièce.

Ce serait mentir que de dire qu'il ne savait pas pourquoi il avait ces réactions systématiquement paniquées à chaque fois qu'il y pensait, puisque pour être honnête, personne ne se risquerait à l'évoquer dans une conversation, d'ailleurs qui aurait une conversation ?

Tout le monde savait à quoi il servait, tout le monde savait ce qu'il contenait, et tout le monde ignorait autant que possible les hurlements qui en venaient, les pleurs qui transperçaient chaque mur de la maison et les gémissements résonnant dans chaque crâne avec une puissance abominablement persistante, ne se calmant que dans les moments les plus sombres de la nuit ou même la souffrance et la peur sont trop fatiguées pour crier.

Mais bon, songea le jeune garçon en croisant le regard sévère d'un surveillant, le baissant dans la seconde en se mordant les lèvres, je ne suis plus un mauvais garçon, tout ira bien pour moi.

Réaction de la première lecture :

Ce que tu penses avoir compris :

QUESTION BONUS :
Arrives-tu à entendre leurs pleurs ?