Changlix
Changlix- Changbin + Felix (Straykids)
あなたが力を失ったら、私が抱きしめてあげる。私に寄りかかって、あなたを離さないから
'When you lose strength, I'll hold you. Just lean on me, 'cause I won't let you go'
PDV Felix
Moi : Changbin !... Je... je n'en peux plus, je suis épuisé, la menotte me scie le poignet... faisons une pause même si on reprend dans cinq minutes, je t'en prie...
Mon souffle haletant alerta le brun, et il planta alors son regard dans le mien tandis qu'il avait ralenti la cadence. J'avais la réelle impression que j'allais perdre un poumon si Changbin continuait à ce rythme, et cela ne lui échappa pas. Il regarda autour de nous et me poussa jusque dans une petite ruelle perpendiculaire à l'avenue que nous traversions.
Arrivés là, je me laissai tomber contre le mur, entrainant alors le brun dans ma chute. Tandis que je peinais à reprendre ma respiration, je basculai légèrement la tête en arrière et l'appuyai contre le mur.
Changbin : Je suis désolé, mais on devait s'éloigner le plus possible
Je hochai la tête comme pour lui dire que je comprenais absolument la raison pour laquelle nous venions de courir un marathon. En fait, c'était le cas.
Je le sentis s'assoir à mes côtés, et j'ouvris un œil en le regardant. Bien que lui aussi ait eu une course intense de cinquante minutes dans les pattes, il semblait moins épuisé. Mon regard dérivé alors vers les menottes qui nous liaient ; j'observai sans grande difficulté, tout comme autour de mon poignet, une marque rouge ensanglantée.
Changbin : Ça va ton poignet ?
Son regard était déjà rivé sur mon poignet, alors je ne pouvais pas lui cacher que j'avais mal aussi. Cependant, je souris avec douceur et hochai la tête.
Moi : Ça va, ça fait mal mais au moins, on est sortis
Je marmonnai cependant dans ma barbe.
Moi : Quelle idée de menotter des prisonniers ensemble...
Changbin : J'imagine que d'après leurs calculs, ça devait être plus dur de nous perdre...
Le coréen attrapa mon poignet où la ligne rouge sang saillait ma peau.
Changbin : Quelle belle brochette de connards quand même
Je hochai la tête en regardant son visage soucieux.
Moi : Ne t'inquiète pas, tout va bien, je t'assure
Il sourit alors, réellement rassuré, mais son regard ne resta pas longtemps planté dans le mien. Comme s'il était aux aguets, il se tourna prestement vers l'entrée de la ruelle. Je tendis l'oreille à mon tour, et sans grande surprise, et ce malgré un brouhaha monstre, le pénitencier avait intercepté les voix autoritaires des gardes de la prison.
Changbin se tourna alors fissa vers moi et son regard fit un rapide aller-retour des menottes à moi. Je compris immédiatement ce qu'il tentait de voir, et il avait raison ; nous attirions trop l'attention sur nous à cause de ces dernières.
Il baissa légèrement la tête tout en réfléchissant tandis que deux ombres habillées de bleus passaient devant la ruelle. Je sentis mon sang ne faire qu'un tour dans mes veines alors que l'adrénaline montait. L'un des deux gardiens tourna sa tête dans ma direction, et son regard vert perçant ne fit que renforcer mon sentiment de panique.
Moi : Changbin, on va avoir un gros problème là...
Ledit Changbin se colla davantage à moi en cachant entre nos deux corps nos mains liées.
Changbin : Combien de mètres ?
Moi : Cinq, mais j'ai eu un eye contact avec l'un deux... Ils risquent de rappliquer si on ne fait rien...
Nos voix n'étaient que des murmures discrets dans la ruelle sombre, et il était impossible pour les deux hommes de nous entendre. Je coulai un regard vers Changbin, voyant ses pupilles calculatrices rivées au sol.
Changbin : On ne peut pas partir, sinon ça serait trop évidemment...
Moi :... mais on ne peut pas non plus rien faire sinon ils nous mettent la main dessus.
Changbin hocha la tête tandis que je suivais son raisonnement.
Moi : Le problème, c'est surtout s'ils voient nos visages... Ils ont forcément du recevoir la liste des fugitifs
Je fronçai à peine les sourcils tout en réfléchissant le plus vite possible. Lorsque je relevai discrètement le regard, mon estomac se noua. Les deux silhouettes bleues s'étaient immobilisées devant l'allée. Ce n'était qu'une question de temps pour qu'elles viennent ici.
Mes doigts se refermèrent nerveusement sur la manche du brun.
Moi : Changbin, on doit bouger maintenant
Changbin : On ne peut pas bouger, c'est un cul-de-sac de l'autre côté.
Sa remarque renforça le nœud qui s'était créé au creux de mon estomac. J'avais l'impression de revenir à la case départ. Tandis que je sentais la défaite m'entourer, l'air manqua autour de moi, et je pestai doucement en sentant la panique monter en flèche, tout en fermant les yeux.
Non, pas maintenant, ce n'est vraiment pas le moment.
Une main se referma sur la mienne.
Changbin : On va s'en sortir, ok ?
Je rouvris les yeux pour tomber sur le regard noir du brun. L'ombre d'un sourire passa sur son visage, et il hocha très doucement la tête. Sans se tourner, il lança un regard derrière lui, comme pour estimer lui-même la situation, puis il me regarda.
Changbin : J'ai une idée. C'est sûrement pas la plus intelligente que je puisse avoir, mais dans l'immédiat, je ne vois pas quoi faire d'autre.
Il se tût quand il entendit de nouveau les pas des gardiens. Caché par Changbin, je ne savais même pas s'ils venaient dans notre direction. Je serrais la mâchoire en prenant sur moi.
Changbin : Va falloir que tu me suives sur ce coup-là
Je hochai la tête en ancrant mon regard dans le sien. Changbin imita mon geste et lança un dernier regard de travers, derrière lui. Après cela, ses pupilles sombres se posèrent sur moi et je sentis sa main se poser sur ma hanche. Je cessai de respirer en sentant les lèvres de Changbin venir se poser sur les miennes. Ses doigts se resserrèrent sur mon t-shirt alors que ses lèvres frôlaient avec douceur les miennes. Une sensation incompréhensible traversa mon corps et envoya un frisson dans chaque parcelle de mon être.
L'écho des pas résonna dans la petite ruelle et me sortit de ma torpeur. Ce n'était pas le moment de rêvasser et de foutre en l'air le seul plan, bancal qui plus était, que nous avions. Je fermai les yeux et posai ma main libre dans la nuque du brun, le maintenant contre moi. Je sentis un sourire se dessiner sur les lèvres de Changbin, et sa main menottée se posa discrètement sur mon autre hanche alors qu'il mouvait ses lèvres sur les miennes.
Trop de choses étaient en train de se passer, et mon cerveau décida de faire abstraction des bruits de pas qui s'étaient rapprochés. Comme si une bulle s'était créée autour des deux pénitenciers.
Je répondis au baiser du brun, et pendant quelques instants, nos lèvres jouèrent ensemble. Puis un détail capta mon attention. Un claquement de langue. Par peur de me retrouver nez-à-nez avec un gardien, je gardais mes yeux fermés, comme si cela me protégeait de la réalité.
... : Tss, c'était juste des homos, je te l'avais dit.
L'homme pesta de nouveau tandis que je sentais Changbin ralentir le baiser. Lui aussi était aux aguets.
... : Ca me dégoute. Aller viens, on en a encore huit à trouver.
Les bruits de pas s'évanouirent alors que les deux hommes quittaient la ruelle. Sans cérémonie, Changbin se détacha de moi et son regard se riva sur le coin de rue où les gardiens venaient de disparaitre. Je sentis mes joues chauffer après ce qu'il venait de se passer, et je plaçai mes doigts froids sur ses dernières pour tenter de masquer les rougeurs. Le baiser me revint en tête et je ne pus m'empêcher de pincer les lèvres en un sourire à peine perceptible.
Changbin : On dirait bien que ça a marché.
Sa remarque me sortit de mes songes et son regard vicieux me rassura. Pourtant, il ne fit aucun commentaire sur ce qu'il venait de se passer, et se leva en m'entrainant avec lui.
Moi : Juste... Comment tu as pensé à un plan pareil ?
Je laissai un léger rire m'échapper et Changbin m'imita. Il me tourna alors le dos pour commencer à quitter la rue, et je le rattrapai à temps pour voir son sourire persister, mais cette lueur sincère s'évanouir.
Changbin : C'est facile quand tu vis dans une famille homophobe et que tu as vu ta sœur en payer les frais.
Le ton qu'avait employé Changbin m'empêcha de répondre quoi que ce soit. Je ne savais pas ce qu'il avait vécu, mais visiblement, cela l'avait marqué, vu la façon dont son regard errait sur les bâtiments sans chercher le mien. Je gardai alors le silence jusqu'à arriver dans la rue principale, gorgée de soleil.
J'essayai de protéger mes yeux du soleil en apportant ma main devant moi, mais je sentis la résistance de la main de Changbin. Maladroitement, je le regardai et tombai sur son regard sombre qui me regardait.
Je souris maladroitement.
Moi : Je suis désolé, c'est juste que ça me fait bizarre d'avoir ça...
Changbin éclata d'un rire sincère, la première fois depuis que je le connaissais. Ses doigts attrapèrent alors les miens sans qu'il ne brise notre contact visuel.
Changbin : Ne lâche en aucun cas ma main, d'accord ?
Je souris en hochant la tête. Qu'importe la raison pour laquelle il avait été mis derrière les barreaux, il existait du bon en lui.
Tous les deux remontions l'avenue principale sans trop nous écarter l'un de l'autre, de peur que notre secret soit découvert, et je ne pouvais m'empêcher de regarder partout autour de moi avidement. Cela faisait des mois que je n'étais pas sorti de cette façon, et que je n'avais pas eu l'impression d'être aussi normal. J'avais l'impression de passer inaperçu dans la foule grouillante de coréens qui sillonnaient la ville, les yeux sur leur téléphone, à vivre une vie à Mach 2. Le soleil de fin d'après-midi diffusait une douce lueur dorée sur les grattes ciels de la ville, et un léger vent venait chatouiller ma nuque. Un sourire se logea sur mes lèvres alors que je redécouvrais la liberté ; j'avais oublié le goût de la liberté et de la vie depuis bien trop longtemps.
Changbin bifurqua alors dans une autre rue commerçante, et la douce odeur de hwajeons en train de cuire me chatouilla les narines. Je souris alors en regardant Changbin. Lui aussi semblait apprécier cette sortie bien que son sourire soit tout de même plus réservé.
Moi : On est où ici au fait ?
Changbin : Si je ne me trompe pas, on est à Pyongyang. Vu qu'on a pris la sortie est de la p-
Il s'arrêta et se reprit, pour ne pas attirer l'attention.
Changbin : Vu que nous sommes partis vers l'est, à priori ce serait la première des vi-
Mon ventre gronda de faim et je retroussai le nez devant la mine légèrement amusée de mon vis-à-vis. Nous étions partis vers deux heures du matin, et mon estomac venait me rappeler que cela faisait presque vingt heures que je ne m'étais rien mis sous la dent. Mon ventre était noué par la faim, et je me doutais que c'était la même chose pour Changbin.
Pour briser le malaise, je souris, légèrement gêné.
Moi : hmm... Je pense qu'il faudrait qu'on essaie de manger quelque chose
Le visage de Changbin s'illumina lorsqu'il pouffa de rire.
Changbin : J'ai entendu ça
Je n'eus pas le temps de rouspéter que Changbin avait bifurqué dans une autre rue, où l'odeur des hwajeons étaient plus fortes que jamais. Rien qu'à sentir la pâtisserie, je me surpris en train de saliver. Ca n'avait rien d'étonnant : en plus de ne pas avoir mangé pendant longtemps, nous avions mangé des repas de pénitenciers, donc le strict minimum.
J'aperçus rapidement la toute petite échoppe et tirai Changbin jusque devant. Il s'agissait d'une petite boulangerie, où toutes sortes de mets dorés ornaient la vitrine.
Moi : Bon, on prend quoi... Attends, on a des sous au moins ?
Une telle évidence ne m'avait pas frappé plus tôt. Aussitôt, ma main libre fouilla dans mes poches. Elles étaient toutes vides. Rien, même pas un simple mouchoir. Je relevai alors le visage vers le brun.
Moi : Tu as quelque chose ?
Il secoua la tête.
Changbin : Rien du tout et toi ?
Moi : Pareil...
Je regardai de nouveau la vitrine. Nous avions été d'une arrogance sans précédent lorsque nous avions passé l'enceinte de la prison. Nous avions cru pouvoir reprendre une vie normale, mais nous étions à la rue, affamés, et sans un sou.
Changbin : Viens
Changbin tira ma main tout en poussant la porte de l'échoppe. Je fonçai alors les sourcils, perdu.
Moi : Changbin attends ! Comment comptes-tu faire ?
Il ne me répondit pas et se présenta à la suite de la petite colonne de clients. L'échoppe semblait avoir de la renommée, et une douce odeur de sucre et de chaleur emplissait l'espace. Cependant, je ne pus m'empêcher d'éprouver un sentiment de méfiance envers le brun. Il serrait toujours aussi fort ma main et regardait les pâtisseries.
Je m'approchai discrètement de lui et parlai à son oreille.
Moi : Changbin, dis moi ce que tu as derrière la tête...
Changbin : Si je te le dis, tu refuseras
Moi : Tu comptes partir en volant à des artisans ?
Le brun secoua la tête et donna un coup de tête en direction du comptoir. Mon regard suivit alors la direction donnée, et je le regardai de nouveau, tentant tant bien que mal de garder un visage neutre.
Moi : C'est la meilleure idée que tu aies eu j'imagine ?
Changbin : Parce que tu en as une meilleure ?
Je poussai ma langue contre ma joue en détournant le regard. Indéniablement, il marquait un point et je ne trouvai rien à y redire. Il avait raison ; pour l'instant, nous n'allions pas réellement pouvoir racheter notre mauvaise conduite, nous allions devoir rejoindre nos domiciles respectifs. Mais, à vol d'oiseau, j'habitais à...
J'eus l'impression que l'on me poignarder droit dans le dos. Je ne pouvais pas rentrer chez moi. Je ne pouvais pas y retourner, car j'étais sensé être derrière les barreaux. Et mon père étant dans la police, fils ou non, il m'y renverrait. Il n'aurait aucun remord à obéir à la loi. Le fait que notre fugue soit annoncée dans les médias était déjà une course contre la montre, alors le fait que nous restions incognitos était une mission impossible.
Avec un simple accident, j'avais perdu mon permis, ma maison, mon foyer, ma famille. J'avais détruit ma vie.
Une légère pression au niveau de ma main me sortit de mes pensées alors que je rencontrais le regard sombre de Changbin.
Changbin : Je sais à quoi tu penses Felix.
Je secouai légèrement la tête avec un léger sourire triste. De toute évidence, il devait en réalité l'ignorer.
Moi : Hmm
Changbin : Mets ça de côté pour le moment d'accord ? Pour l'instant, je vais avoir besoin de ton aide. Je commande, tu récupères l'argent.
Je grimaçai légèrement. Le plan de Changbin me semblait être tout, sauf une bonne idée.
Moi : Ca ne me plait pas beaucoup tout ça...
... : Messieurs bonjour !
Une jeune femme nous adressa un grand sourire rayonnant et j'eus bien du mal à masquer mon sourire gêné derrière un voile de joie. Le brun entreprit alors de prendre notre commande tandis que je fixais chacun des mets qu'il prenait. A chaque pâtisserie que la jeune femme prenait entre ses baguettes, j'observais attentivement, faisant le compte pour le net à payer.
Le brun se décida à prendre une dizaine de petites pâtisseries et autres, et au moment même de payer, les doigts de Changbin exercèrent une pression contre les miens. Alors que la jeune femme annonçait le montant au coréen, il commença alors à lui parler de la boutique, se tournant vers la femme pour me cacher et la divertir.
14,242.60 ₩. Je sentis le stress monter alors que mes doigts frôlèrent les billets dans la corbeille à pourboires. J'étais aux aguets et totalement paniqué. Derrière moi, une petite file de clients pouvait me voir à tout moment, malgré le fait que je me sois mis dos à eux. J'eus la quasi impression de sentir une gouttelette de sueur couler sur mon front alors que je prenais le cinquième billet.
Et s'il n'y avait pas assez ? Et si l'on me voyait ?
... : Vous avez besoin d'aide ?
Je me figeai instantanément avant de me retourner avec lenteur. La peur devait se lire sur mon visage, puisque l'homme derrière moi, un sexagénaire aux cheveux cendres maintenus par une tonne de gel, me regarda sous ses lunettes.
Je restai muet, incapable de prononcer un mot.
... : Vous avez besoin d'aide ?
Son air autoritaire me glaça le sang et mon coeur se mit à battre à tout rompre. A peine sorti, déjà reparti pour de la prison.
Derrière moi, Changbin m'écarta d'un geste rapide et sourit gêné en regardant l'homme.
Changbin : Je suis désolé, mon cousin ne sait pas très bien compter, aha. Il est australien, donc pour compter les wons, c'est un peu compliqué pour lui...
L'homme me regarda et je sentis les cheveux dans ma nuque se dresser. Croyait-il au moins l'excuse de Changbin ou m'avait-il eu la main dans le sac ?
... : C'est bien ce qu'il me semblait, je le regardais douter sur le montant.
L'homme s'approcha avec douceur et prit ma main libre dans la sienne alors que mon regard affolé se focalisait sur lui.
Felix, calme toi.
... : Tu peux donner tous tes billets, la dame là-bas te remboursera dans tous les cas, d'accord ? Tu as plus d'argent, donc ne t'embête pas hmm?
L'homme sourit très légèrement bien que je n'y perçoive pas spécialement de joie, et il me mima de donner l'argent à la jeune femme qui regardait la scène de derrière le comptoir.
Je sortis alors de ma torpeur et tendis les billets à la femme avant de baisser la tête en me pinçant les lèvres. Si près de Changbin, j'étais certain qu'il entendait mon cœur affolé qui tentait désespérément de se calmer. Changbin récupéra le supplément d'argent que j'avais laissé et le posa dans la corbeille de pourboire avec un grand sourire.
Une fois dehors, nous nous remîmes à marcher.
Changbin : Tu vois, on s'en est bien sortis finalement
Je relevai la tête à temps pour voir le coréen me partager un sourire éclatant.
Moi : J'ai bien cru que ça ne passerait pas...
Changbin : Disons que tu dois avoir une bonne tête d'australien
Je pouffai de rire à sa remarque. Comme si j'avais une tête d'australien, je n'y avais jamais mis les pieds.
Moi : Bon, il faudrait un endroit pour dormir avant de se préoccuper du repas, tu ne penses pas ?
Changbin hocha la tête.
Changbin : Bonne idée... hmm... A part un hôtel, je ne vois pas
Moi : Va pour un hôtel. De toutes façons, on ne pourra pas dormir dehors de ce temps
Le brun et moi cherchâmes alors un hôtel. Sur l'avenue principale de Pyongyang, tous les hôtels semblaient particulièrement chers ; ç'allait être une tâche ardue et complexe pour trouver un hôtel peu cher.
Changbin finit par s'arrêter devant l'enseigne d'un hôtel coincé entre deux maisons, dans une ruelle perpendiculaire à l'allée principale et moins attractive. Je hochai la tête tout en percevant dans mon champs de vision sa tête tournée vers la mienne.
Moi : Au moins, on se sentira moins coupables de ne pas payer j'imagine...
Changbin : Allons-y
Changbin m'incita à y aller d'un mouvement de menton et il poussa la porte que je refermai derrière moi une fois entrés. Le hall d'hôtel était plutôt sombre et visiblement modeste, et une femme derrière un comptoir nous accueillit avec un sourire. Nous nous avançâmes et je laissai Changbin réserver la chambre.
La jeune femme déposa la clé de la chambre sur le comptoir avec un grand sourire, avant que son regard ne dérive trop bas. Avec un rictus d'abord penseur puis un grand sourire en coin, elle s'appuya légèrement sur le comptoir.
... : Dites, pourquoi vous tenez-vous la main comme ça ?
Changbin se tendit directement et je le sentis prêt à répliquer une remarque cinglante.
Changbin : En qu-
Moi : C'est mon petit ami. On est en voyage à Pyongyang et on est venus passer du temps à deux.
Je sentis le regard de Changbin se poser sur le mien et je croisai son regard. Il me fit les gros yeux et je ne pus m'empêcher de sourire réellement. Sa réaction était bien trop amusante. De son côté, la femme sourit un peu plus.
... : Oh, je vois. Profitez bien de votre séjour, un homme s'est couché tôt et doit repartir demain tôt, alors s'il vous plaît ne faites pas trop de bruits s'il vous plaît. Les murs sont fins, un moindre grincement pourrait gêner tout le batiment.
Elle nous adressa un clin d'oeil et je faillis réellement rire en entendant son sous-entendus. Je hochai la tête avant d'entrainer Changbin derrière moi dans les escaliers, les clés à la main. Visiblement, cette femme allait au moins nous ficher la paix.
Nous montâmes plusieurs escaliers pour arriver au troisième étage. Arrivé dans la chambre, je fis un rapide examen des lieux. Malins comme nous étions, nous avions écopé d'un lit double. Une petite table visiblement bancale était mise dans le coin de la pièce, et une porte semblait donner sur une salle de bain tandis qu'une grande baie vitrée donnait sur un petit balcon.
Changbin : On mange sur le balcon ?
Je me tournai vers le brun et souris en réponse à son sourire.
Les pieds dans le vide, assis derrière la barrière de sécurité, nous mangions avec appétit les quelques gâteaux fleurs que nous avions et le reste tout en profitant du vent frais de la ville nocturne qui s'éveillait. Même après avoir fini notre repas de fortune, ni lui ni moi ne bougeâmes et nous profitâmes pour la première fois de ce temps de pause pour nous poser quelques instants.
Changbin : C'est fou, on n'a jamais cherché à se connaître depuis tout ce temps quand même...
Je ris doucement en ramenant ma main non-menottée dans mes cheveux. Le brun n'avait pas tort. Aussi étrange que cela puisse paraitre, même collé aux basques de l'autre tous les jours, lui comme moi n'avions jamais essayé d'en apprendre davantage sur l'autre. Rien sur la raison de son statut de pénitencier, rien de privé, rien.
Je reportai mon regard sur le sien.
Moi : Je pensais que ça ne t'intéressait pas, tu n'as jamais eu très envie de vouloir parler de toi quand on y était...
Les yeux ambres du plus petit se perdirent à l'observation de Pyongyang de nuit. A la lumière de la lune, j'observais pour la première fois le coréen, décelant alors pour la première fois ce qu'il s'était engagé à cacher. Contrairement à ce qu'il avait montré dans l'enceinte de la prison, Changbin semblait loin d'être un délinquant ou un assassin. Au contraire, il paraissait normal, comme un étudiant lambda. Pourtant, quelque chose le faisait différer, comme moi.
Changbin : C'est juste que dans ce genre d'endroit, une fois que tu as expliqué la raison de ta présence, tu es mis dans une case, et tu n'en ressors jamais. C'est soit tu es l'adolescent en pleine crise existentielle qui a cru que commettre un délit lui donnerait plus d'importance, soit le psychopathe dégénéré...
Sa voix semblait moins enjouée que d'habitude, et je posai ma main sur son épaule. Ce geste irréfléchi me fit craindre qu'il me lance un nouveau regard de travers, mais à ma surprise, son regard se posa sur le mien. Pour la première fois, je lisais autre chose que du sarcasme, du désintérêt ou autre chose. Pour la première fois, il semblait normal. Normal.
Je baissai légèrement la tête tandis que j'enlevai ma main de son épaule pour venir triturer nerveusement mes doigts. Les lèvres pincées, mon regard se concentra sur mes mains.
Moi : ... J'ai... j'ai commis un délit de fuite. Il y a quelques semaines, je suis parti pour faire un baby sitting avec deux jeunes que je connaissais très peu. Deux vrais petits monstres, ils étaient casse-pieds, mais en même temps, ils étaient adorables. J'ai eu du mal à les coucher le soir après avoir joué avec eux, mais vers vingt deux heures ils dormaient tous les deux. Le truc c'est que... on avait cuisiné tous ensemble juste avant, et j'avais oublié d'éteindre une machine. Je n'ai jamais su ce que c'était.
Je pris une grande inspiration avant de soupirer.
Moi : Je m'étais endormi une ou deux heures sur le canapé avant que les détecteurs de fumée ne me réveillent en sursaut. La maison était remplie d'une fumée épaisse et étouffante, et... et j'ai pris peur...
Mes lèvres se pincèrent de nouveau, comme si je prenais conscience de ces mots seulement maintenant.
Moi : J'ai aperçu les flammes et je suis allé appeler les pompiers et leurs parents aussi vite que possible. Je suis allé réveiller les enfants, et la petite a commencé à faire une crise d'asthme quand elle s'est rendue compte que son petit frère avait disparu. J'ai paniqué, je ne savais pas quoi faire. J'ai cherché le petit, mais... Mais je ne l'ai trouvé nulle part. Il avait disparu, et tout un tas de scénario ont joué dans ma tête. Je connaissais les parents de réputation, et je savais que tout allait retomber sur mes parents puisque j'étais encore mineur. Ils étaient déjà endettés à la hauteur de centaines de millions de wons, alors j'avais tellement peur des répercussions que je n'ai pas réfléchi. Ma peur du feu n'a fait qu'ajouter de l'huile sur le feu, sans jeu de mots. J'ai fui dés que les secours sont arrivés pour prendre en charge la petite et... Et je me suis fait attraper quelques jours après.
Je me terrai dans le silence.
Après avoir révélé mon secret le plus enfoui en moi, j'avais seulement regardé les étoiles. En fait, je ne m'attendais pas à ce que le plus âgé rit, ni qu'il pleure, ni qu'il soit triste. Nous étions tous deux responsables de quelque chose, chacun trainant son boulet.
Je finis par regarder Changbin, qui me regardait déjà. Le coréen regarda la lune à son tour, puis ses iris sombres se reconcentrèrent de nouveau sur moi.
Changbin : Tu sais ce qui est arrivé au petit ?
Je hochai la tête.
Moi : Il avait voulu faire le mur, mais il a glissé et est tombé par la fenêtre. Il s'est cassé deux côtes.
Le coréen sourit tristement, puis il posa sa main sur mes cheveux blonds avant de les caresser délicatement.
Changbin : Felix, quel délinquant ! Tu as cassé deux côtes à un homme !
Il rit avec douceur tandis que je sourais tristement. J'avais blessé un enfant, manqué à mon devoir et abandonné des enfants dans une situation pareille, sans compter les dégâts matériaux. Pourtant, son sourire me réconforta légèrement et mon regard se concentra sur le coréen.
Moi : Et toi ?
Changbin : Moi...
Le coréen sembla réfléchir à la formulation de ses mots.
Changbin : Moi, je n'ai jamais été vu autrement qu'en tant que voyou et emmerdeur. J'ai fait de nombreux aller-retours en maison de correction pour avoir défendu ce que je pensais être juste.
Il marqua un temps d'arrêt tandis que son regard se portait sur la voile étoilée au-dessus de nos têtes.
Changbin : Mais cette fois, je me suis fait coincer parce que j'ai tué quelqu'un.
Il marqua de nouveau un temps d'arrêt, et j'attendis simplement qu'il se livre à moi.
Changbin : J'ai toujours été un enfant à problèmes, l'enfant du milieu en quelque sorte. J'ai toujours été bagarreur, et depuis petit, je me suis déjà mis dans des centaines de situations délicates et dangereuses. Je m'en sortais très bien à vrai dire. Oui je revenais parfois avec des hématomes, un œil au beurre noir, mais je ne m'étais jamais fait tauper. Le problème, c'est que mon frère s'est retrouvé dans une sale histoire, et c'est sa vie qui était en danger.
Il leva son regard vers le gratte-ciel en face de nous.
Changbin : Mon père était un sous-marinier, ma mère était juste bonne à soutirer de l'argent à des hommes haut placés pour s'offrir une vie de luxe, elle était prête à m'utiliser pour obtenir ce qu'elle voulait, et comme si ça ne suffisait pas... J'ai raté l'occasion d'être un grand frère en envoyant mon propre frère dans la délinquance. Super le résumé de ma vie finalement...
Son regard sembla perdre une étincelle.
Changbin : Il y a quelques mois, il a été mêlé à une histoire. Beaucoup de gars étaient impliqués, et d'après ce que j'ai compris, mon frère devait beaucoup d'argent à quelqu'un. Je n'ai jamais su la somme exacte. Evidemment, mon frère a gardé cette histoire pour lui, mais un jour que je revenais du lycée après une baston, je l'ai vu partir dans un quartier de Gagnam qui avait une très mauvaise réputation. C'est la que j'ai tout compris et tout vu.
Un temps d'arrêt.
Changbin : J'étais rentré juste avant qu'il ne rentre, pour ne pas que ça semble suspicieux, et j'espérais honnêtement qu'il m'en parle. Mais il ne m'a rien dit. Même quand je l'ai questionné sur la balafre qu'il avait sur sa joue... Ca a été la goutte de trop, et je suis parti en plein milieu de la nuit après avoir envoyé un message à ce mec grâce au téléphone de mon frère.
Il avait légèrement rit, bien que je sache que ce rire était tout sauf de l'amusement réel.
Changbin : Un gamin un peu plus âgé que moi, qui jouait au caïd et tentait de m'impressionner en ramenant ses amis.
Un nouveau temps d'arrêt.
Changbin : Mais... Mais je l'ai tué. Il était allé beaucoup trop loin, avait blessé mon frère... Et crois moi, s'il était resté en vie, il aurait fait de la vie de mon frère un enfer. Il a glissé du toit de l'immeuble alors qu'on se rouait tous deux de coups. Même s'il n'avait pas glissé, je l'aurais tué. Pour ce qu'il a fait à mon frère, pour ce qu'il m'a fait.
Le brun se reconcentra sur moi, et je vis la sincérité dans son regard qui attestait de toute la véracité de cette histoire. Ses prunelles ambres semblaient brûler d'une lueur de témérité.
Changbin : Je ne vais pas te dire que j'ai essayé de me rendre, mais quand ils m'ont mis les menottes et que j'ai vu le regard de mon frère, j'ai su que j'avais fait le bon choix, et que j'étais prêt à payer de ma vie la protection de celle de mon frère...
Cette fois, c'est ma main qui alla se poser sur ses cheveux noirs. A mon grand étonnement, ses cheveux lisses étaient doux et légèrement rafraichis par la fraicheur de la nuit. Je souris alors.
Moi : Tu n'es pas si effrayant que tu en as l'air finalement. Quand je t'ai rencontré, j'ai cru que tu sortais d'une sorte de réseau de drogue louche ou que tu étais un meurtrier. Mais tu es quelqu'un de bien en fin de compte.
Changbin rit alors que je laissais tomber ma main sur mon genoux. Je vis le brun se tourner vers moi et je le regardai de nouveau.
Changbin : Je commence à me dire que c'était pas une si mauvaise idée ces menottes... En plus on pourrait en faire un super usage ici : il y a un lit, une douche, des meubles...
Je mis quelques secondes à assimiler la deuxième phrase avant que je ne sente mes joues chauffer. Je pinçai les lèvres avant de pouffer légèrement de rire en frappant son genou. Ce geste tira un rire à mon aîné et il se releva, m'entrainant par la suite.
Changbin : Je plaisante... pour le moment en tout cas...
Moi : Changbin !
Changbin : Quoi ?
Moi : Dis pas des trucs comme ça ! En plus, qui te dit que moi je voudrais ?
Cette fois-ci, le rictus de Changbin changea alors qu'un sourire amusé apparaissait sur ses lèvres.
Changbin : Hmm peut-être ta réaction quand je t'ai embrassé tout à l'heure et l'envie que tu as mis dedans ?
Je me mordis la lèvre alors que j'étais incapable de réprimer un sourire.
Moi : Je suivais le plan, rien de plus
Cette réplique étira davantage le sourire du brun et il leva un sourcil. Il passa sa langue sur la commissure de ses lèvres mais n'ajouta rien. Il se dirigea simplement vers la pièce éclairée par la lumière des lampadaires dehors.
Changbin : Hmm, si tu le dis
Il rit et je refermai la fenêtre derrière moi, profitant de son inattention pour masquer mon sourire naissant.
Changbin : Bon, il ne faut pas qu'on dorme tard, demain on doit se lever tôt pour ne pas être repérés.
Moi : Tu parles du fait qu'on ne va pas payer et qu'on doive partir en douce ?
Changbin : Dans le mille
Je ris. Ca me faisait étrange de rire pour des actions que j'aurais autrefois dénigrés, mais c'était l'effet que me faisait Changbin. Avec un sourire, je le regardai ; des fois, j'avais l'impression qu'avec lui, il n'y aurait jamais ni d'intolérance ni de jugement. Avec lui, j'avais l'étrange impression qu'on pourrait aller loin. Avec lui, même la plus grosse infraction perdait de sa dangerosité.
Je ne sais pas qui tu es, mais je prendrais le temps qu'il faut pour t'apprendre par cœur.
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Kon'nichiwa ! Pour être honnête avec vous, je ne pensais absolument pas poster cet os de si tôt... Mais bon, le voilà ! Je suis plutôt contente du résultat (surtout de la première phrase de cette fic qui est vraiment à double sens aha) , et j'espère que ça vous a plu :)🧧
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