𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝒹𝑒𝓊𝓍
Bonne lecture !
___________________
Lorsque Keiji sortit de cours le soir même, il commençait à faire sombre et une pluie battante inondait les rues. Des gens se bousculaient dans les couloirs, criants, riants, et il se maudit d'avoir oublié ses écouteurs sous la précipitation du matin. Bien évidemment, il n'avait pas pensé à prendre un parapluie non plus, car outre le fait la météo n'avait rien annoncé de tel lorsqu'il s'était levé, il avait tout juste eu le temps de se brosser les dents.
Il lâcha un soupir résigné, regarda les autres élèves aller s'abriter sous les arrêts de bus ou sortir leurs parapluies, puis plaça son sac au-dessus de sa tête et commença à courir. Il allait faire des pauses et s'abriter un temps là où il le pourrait, mais en attendant il ne voulait pas attendre que la pluie passe aux côtés des autres élèves.
Peu à peu, l'eau commença à passer à travers le tissu de son sac à dos, et il grimaça en pensant à ses cours qui allaient finir complètement trempés, puis sentit des gouttes glisser le long de ses bras. Heureusement qu'il n'avait pas pu prendre son ordinateur portable, car il ne donnerait pas cher de son état à l'heure actuelle.
Bien trop rapidement, son cœur se serra sous sa respiration erratique et un point de côté enserra son estomac, le faisant grimacer. Il fallait qu'il s'arrête quelques instants, au moins pour regarder la pluie diminuer d'intensité, car à ce train-là il allait attraper la mort avant d'avoir atteint son appartement.
Il fut sur le point de faire halte sous une petite alcôve, quand soudain une voix le fit sursauter.
– Monsieur !
Il s'arrêta immédiatement, sans même savoir pourquoi, puis tourna la tête dans la direction d'où venait...
Keiji hoqueta de surprise. À sa droite, à l'abri sous la petite pergola devant la boutique, son fleuriste le regardait avec un grand sourire. Lorsqu'il vit qu'il s'était arrêté, ce dernier lui fit signe de s'approcher.
Ses yeux avaient une couleur étrange, et ses pupilles étaient écarquillées, lui donnant l'air d'un hibou. D'un beau hibou.
Le brun regarda frénétiquement autour de lui, constata avec panique qu'il était complètement seul, puis se retourna à nouveau vers l'homme en sentant ses jambes trembler.
– Venez vous abriter ! lui cria-t-il.
La bouche grande ouverte, les bras ballants, tenant seulement ses affaires d'une main molle, Keiji finit par se faire littéralement inonder par la pluie qui venait de redoubler d'intensité. Tout son corps s'était figé, et il ne put que regarder l'homme sans bouger, les yeux fixés sur son air avenant et son doux sourire. Même sous ce torrent, les fleurs à l'intérieur lui semblèrent lumineuses et bénies d'une senteur inégalable. Il avait tant envie de s'avancer, d'aller se réfugier sous cet abri avec lui – dans ses bras –, d'éviter enfin la pluie qu'il sentait refroidir sa peau.
Puis soudain, ce dernier fit un pas vers lui, et Akaashi paniqua complètement. Après qu'un hoquet de surprise eut passé ses lèvres, il tourna rapidement les talons, sa tête se vidant entièrement, replaça son sac sur son dos, puis s'enfuit à toute vitesse en direction de chez lui.
Imbécile. Imbécile.
___________________
Quelques mois après son entrée au lycée, les parents d'Akaashi étaient morts. Un accident de voiture aussi violent que brutal leur avait ôté la vie du jour au lendemain, et le brun s'en souvenait encore comme si c'était hier. Ou tout du moins, de ce qu'il avait ressenti, car en vérité les actions devenaient de plus en plus floues au fil des jours.
L'appel sur son téléphone. Le choc. Les pleurs de sa tante. Le trou noir de l'hôpital. L'immense vide qui l'avait habité pendant des semaines après ça.
Même Oikawa n'avait pas été capable de ranimer une once de flamme dans ses yeux, et Keiji ne parvenait plus à se souvenir de ce qu'il avait fait pendant tous ces mois.
Alors, peut-être bien qu'au fond il le comprenait un peu. Oikawa était un chieur de première, qui passait son temps à se mêler de ce qui ne le regardait pas et à casser les pieds de toutes les personnes de son entourage – donc, d'Iwaizumi-san et de lui, de préférence, car ils étaient tous deux les seuls qui pouvaient le supporter plus de quelques heures –. Mais de la même façon, Oikawa était quelqu'un qui savait prendre soin de ses proches, et Keiji n'était pas assez insensible pour ne pas remarquer à quel point le châtain tenait à lui bien plus qu'il ne le laissait sous-entendre. Son ami s'inquiétait pour lui – cela avait toujours été le cas, même avant l'accident –, et Tooru avait toujours été une personne de parole, qui faisait tout ce qu'il fallait pour aider ses proches. Même avec son air intouchable qui ne se préoccupait que de choses futiles, il savait bien qu'au fond, il désirait ardemment que Keiji trouve le courage d'aller parler au fleuriste, la seule personne qui ait attiré son regard depuis des années.
Mais pour le moment, il était une vraie mauviette.
– Je te le fais pas dire.
– Tu ne lis pas dans les pensées Oikawa, alors tais-toi.
– Non, mais en tout cas c'est ce que moi, je pensais. Alors je me réponds. Tu es une mauviette.
Keiji soupira et Iwaizumi attrapa l'oreille du châtain.
– Laisse-le tranquille, trashykawa. T'es pas le mieux placé pour lui donner des leçons de courage, je te rappelle.
Ce dernier gémit quelque chose qui ressemblait vaguement à Iwa-chan aaaaaie, et Keiji soupira en se disant qu'au fond, il n'avait sans doute pas tout à fait tord.
Il avait voulu lui parler – pendant environ une seconde et demie – mais presque aussitôt ses jambes en avaient décidé autrement et il s'était retrouvé chez lui.
– Moi, tu sais, gémit Oikawa en se tenant l'oreille, je veux juste qu'il soit heureux. Enfin, sexuellement parlant je veux dire parce que – mais aie ! Arrêtez de me faire mal ! Kei-chan, je pensais que t'étais plus du genre pacifique !
– Je le suis, mais uniquement lorsque tu laisses ma vie se – sexuelle en dehors de tout ça.
Le châtain haussa un sourcil.
– Est-ce que tu viens juste de beg –
– Non.
– Je suis pratiquement sûr que tu –
– Non.
– Oikawa, ferme-la.
Iwaizumi soupira, puis se tourna vers Keiji.
– Tu sais, si tu ne veux pas aller lui parler, tu ne le fais pas. Ce n'est pas lui qui choisira, lui assura-t-il en pointant son copain du doigt, je peux te l'assurer.
Keiji lui offrit un sourire reconnaissant. Le brun lui avait toujours paru si mature – évidemment, lorsqu'on faisait la comparaison avec Oikawa, la différence était flagrante – et alors même que ce dernier ne possédait qu'un an de plus qu'eux, Akaashi n'avait jamais pu se résoudre à l'appeler tout simplement 'Iwaizumi'.
– Ce que j'en dis de toute façon..., murmura Oikawa.
Lui parler. Cela ne devait pas, en théorie, être si compliqué. Il devait simplement s'arrêter devant la boutique, lui retourner son sourire – en évitant de penser au fait que le sien était réellement étrange – puis lui demander son nom.
Rien de plus facile.
Enfin, en théorie.
___________________
Des bisous !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro