𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝒸𝒾𝓃𝓆
Bonne lecture !
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T'aurais dû lui filer ton numéro, bon sang !
- Mais c'est pas possible t'es jamais content toi, grogna Iwaizumi.
Akaashi ne put qu'acquiescer mentalement.
- À la base, tu voulais pas qu'il aille simplement lui parler ? C'est ce qu'il a fait, et même plus, alors arrête de te plaindre.
Oikawa fit la moue.
- Mais il lui a laissé un mot avec merci beaucoup. Merci beaucoup, Iwa-chan. C'est pas demain la veille qu'il se fera enfin -
- Ne songe même pas à terminer cette phrase.
- Kei-chan, ne te méprends pas : je suis fier de toi. Tu es rentré dans cette boutique, et tu lui as offert une fleur ! C'est super chou.
Je lui ai offert une fleur.
- Putain de merde.
- Kei-chan ? s'offusqua le châtain.
- Tu vois, t'as fini par le casser, remarqua Iwaizumi en finissant son verre d'eau.
- J'ai rien fait du tout ! C'est son fleuriste qui l'a endommagé comme ça !
Il se retourna vers lui avec une mine inquiète.
- Tu te sens bien ?
Keiji grogna.
- Je sais que je ne dis pas souvent d'injure, mais quand même...
- Non, c'est pas que tu n'en dis pas souvent : tu n'en dis jamais. Tu es ma maman spirituelle - enfin presque, parce que soyons clair je ne me soucis pas de la vie sexuelle de ma mère, ah beurk non c'est quoi cette image -, et je ne pourrais pas vivre dans un monde où tu n'es plus là pour me reprendre sur mon langage.
- T'exagères pas un peu là...
- Normalement, je serais sans doute entièrement d'accord avec toi, continua Iwaizumi, mais là... Putain de merde ? C'est assez affolant.
Keiji se demanda ce qu'il avait fait pour mériter des amis pareils.
- D'accord. Je suis désolé. Je ne le redirais plus.
- Bien, déclarèrent-ils en même temps avec des airs satisfaits.
Oikawa planta ses baguettes dans son bol plein de riz.
Quelques minutes plus tard, le silence lui sembla de trop.
- Donc, si je résume, commença-t-il, tu as réussi à lui parler, à entrer dans le magasin, à ne pas t'enfuir au bout de quelques phrases, et, cerise sur le gâteau, tu as acheté une fleur pour la lui offrir. C'est vraiment trop mignon.
- Pour une fois, je suis d'accord avec lui. Bon boulot.
Bon boulot peut-être, mais en attendant Keiji devait repasser devant le fleuriste le soir même, et s'il arrivait à ne pas taper un sprint jusqu'à son appartement cela tiendrait du miracle.
- Je suis censé faire quoi, maintenant ? demanda-t-il en reposant ses baguettes sur le bord de son plateau.
Oikawa haussa un sourcil.
- Je savais qu'il fallait qu'on en parle. Et bien tu vois une fois que -
- Trashykawa, je crois qu'il ne faisait absolument pas allusion à ça.
- Oh.
Il pencha légèrement la tête sur le côté.
- Je me disais aussi.
Il se racla la gorge.
- Bon, donc tu veux initier un nouveau contact ? Aller lui parler encore une fois ? Et accessoirement lui demander son numéro de téléphone afin de, par la suite, lui envoyer quelques nudes et - aie ! Iwa-chan !
- Tu peux pas être sérieux deux secondes ?
- Si, pardon, je peux. Hum, alors ? Tu comptes faire quoi ? Retourner le voir ce soir ? Ou fuir jusqu'à la fin de ta vie en passant par la gare ?
- Ah, oui, je peux passer par la gare, c'est vrai, marmonna-t-il.
- Kei-chan, c'était pas une invitation à la fuite.
Akaashi l'ignora.
- Et moi qui pensais qu'on avait fait des progrès, soupira le châtain.
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Et comme prévu, Keiji fuit lamentablement. Par la gare. Même si ce trajet lui prenait trente minutes de plus, soit cinquante en tout. Il ne repassa pas devant le fleuriste pendant plus d'une semaine, supportant les remarques et les menaces d'Oikawa - grâce au Ciel, Iwaizumi avait trouvé l'enveloppe et l'avait brûlé devant ses yeux sous ses cris indignés -, ainsi que son sentiment de culpabilité mal placé.
Il savait qu'il fallait qu'il y retourne, qu'il arrête d'être un trouillard. Que pouvait-il arriver de pire, de toute façon ? Même s'il lui disait d'un air gêné qu'Akaashi n'était pas son genre - parce qu'après tout, ils étaient deux hommes et les choses n'étaient pas si simples dans ces cas-là - alors voilà, ça serait tout. Pas son genre, très bien, il passerait à autre chose.
Mais il devait retourner lui parler.
Et c'était pour cette raison qu'il se trouvait actuellement là, caché derrière le mur du coin de la rue, à guetter le bon moment pour sortir et aller enfin lui parler.
Il pas en avant, un pas en arrière, un regard étrange venu d'une passante qui fronça les sourcils, puis il trouva enfin le courage de se diriger vers le magasin. Très, très lentement.
Bien heureusement, il ne commençait pas avant midi aujourd'hui, si bien qu'il avait tout le temps nécessaire. Et surtout celui de se planquer derrière des panneaux et des gens afin de voir s'il pouvait ou non s'avancer davantage.
En clair : vérifier si la voie était libre.
Si bien que lorsque l'homme derrière lequel il s'était dissimulé bifurqua brusquement, il se retrouva mis à nu au milieu de la rue, et le regard de Bokuto tomba presque immédiatement sur lui.
Et son air morose s'illumina presque aussitôt en un magnifique sourire qui fit flancher le cœur de Keiji.
Il retint une nouvelle insulte qui traversa son esprit car après tout, Akaashi Keiji était un garçon bien élevé qui ne disait pas de gros mots. Et qui ne s'enfuyait pas à la moindre occasion. Donc, il inspira un grand coup puis s'avança vers la boutique.
- Akaashi-san ! s'exclama-t-il en arrivant à sa hauteur. Bonjour.
Son sourire. Sa voix.
- Bonjour, répondit-il en se félicitant de ne pas sentir sa voix flancher.
- Bokuto, putain ! Arrête de replacer ces plantes, elles sont déjà très bien comme elles sont ! Et ramène ton cul pour m'aider à décharger les boites du camion, c'est à ça qu'ils servent tes super biceps, non ?
- Kuroo-kun, peux-tu arrêter de toujours crier comme ça ? Tu effraies les clients.
La douce voix féminine qui lui avait répondu fit hausser un sourcil à Akaashi.
- Désolé, s'excusa ce dernier en passant une main gênée dans son cou. On doit avoir l'air de sauvage : à chaque fois que tu viens, ça crie dans tous les sens. Pourtant chez un fleuriste c'est censé être calme.
Il sursauta.
- Je suis désolé, je vous ai tutoyé. Je ne suis pas censé faire ça. Ni vous parler aussi familièrement.
Keiji se redressa et s'empressa de répondre :
- Le tutoiement c'est bien. Très bien. Et Akaashi tout court aussi. Vous pouvez m'appeler Akaashi. Ou comme vous voulez. Vous pouvez m'appeler comme vous voulez.
Il se tassa sur lui même.
- Pardon, finit-il d'une petite voix.
- Akaashi, donc.
Nouveau sourire éblouissant, et Keiji se liquéfia sur place.
- Tu viens pour quelque chose ? Un bouquet ? Une plante en pot ? Une nouvelle fleur ? La dernière était très belle, merci beaucoup. Même si...
Nous y voilà.
- Tu ne devrais pas faire des choses comme ça. C'est un peu compliqué de savoir comment le prendre. Fin' tu sais, ça porte à confusion, et je voudrais pas penser que...
Il se mit à rougir.
- Oui, répondit le brun. Oui bien sûr. Vous devez trouver ça bizarre et penser que -
- Non ! Non, non. C'est pas du tout ce que je voulais dire ! Je trouve pas ça bizarre ou dérangeant, je voulais juste être sûr que -, enfin c'était juste marqué merci beaucoup alors... ? Merci beaucoup pour quoi au fait ?
- Pour les sourires, chuchota Keiji.
Ils étaient à présent tous les deux rouge pivoine.
- Bo', bouge-toi le cul !
- Je t'ai demandé d'arrêter de crier !
Bokuto baissa les yeux sur ses chaussures.
- C'est notre patron, Kiyoko-san. Elle est très douce d'habitude, mais Kuroo a le don de la faire sortir de ses gonds.
Nouveau silence.
Non, non, pas de silence. Dis quelque chose, n'importe quoi.
- Je pourrais avoir... une nouvelle tulipe ?
Leurs yeux se croisèrent, et Bokuto lui offrit un nouveau sourire.
- Bien sûr ! Viens, entre.
Il disparut à l'intérieur de la boutique et Keiji mit quelques secondes à reprendre ses esprits. Est-ce que Bokuto venait réellement de dire qu'il ne trouvait pas ça bizarre ? De quoi voulait-il être sûr ?
Petit à petit, il commençait à espérer que peut-être tout cela n'allait pas mener à rien. Qu'il ne verrait pas son sourire qu'à travers une vitre ou de loin, depuis le bout de la rue. Que ses bras n'enserreraient pas seulement des pots de fleurs...
Il secoua la tête. Décidément, Oikawa commençait à déteindre sur lui.
Keiji passa l'embrasure.
Et cette fois, il n'allait pas simplement le remercier.
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Des bisous !
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