- Marauders Era-

Les Maraudeurs couraient dans la Forêt Interdite. Remus menait la danse, les pattes puissantes de son loup le propulsant en avant, Sirius à ses côtés, James juste derrière eux, bondissant gracieusement grâce à ses pattes, Peter essayant de rester à leur hauteur, trottant de toute la force de ses petites pattes de rat.

Remus arrivait à garder une part de son humanité quand il passait ses nuits avec ses amis sous leurs formes Animagus. Il ne pouvait pas s'empêcher de culpabiliser à la pensée que ses amis avaient enfreint la loi juste pour l'aider lui, mais il en était aussi éternellement reconnaissant.

Sirius, quant à lui, adorait ces sorties nocturnes. Quand il courait comme ça avec ses amis, il oubliait sa famille et ses problèmes. Tout comme Remus, il se sentait plus libre que jamais.

Un seul regard suffit pour que le loup et le chien noir soient sur la même longueur d'onde. Ils accélérèrent encore, distançant leurs amis malgré les efforts de ces derniers, galopant ventre à terre, bondissant souplement par-dessus les troncs d'arbres tombés et les ronces, se défiant pour savoir qui courait le plus rapidement.

Arrivés devant une mare scintillante, ils s'arrêtèrent, hors d'haleine. Ils jouèrent ensemble, se mordillant juste, s'emmêlant les pattes sous l'œil bienveillant de la Lune complice. Le silence régnant dans les bois sombres était troublé de temps en temps par un jappement moqueur de Sirius ou un grognement amusé de Remus.

Finalement, James et Peter les rejoignirent, observant tranquillement et d'un œil amusé les deux belligérants. Après quelques secondes, James s'avança pour boire dans la mare d'eau claire, gardant un œil sur ses amis au cas où Remus perdrait un peu trop le contrôle.

Lorsque vint l'heure pour les quatre Maraudeurs de retourner à la Cabane Hurlante, la moue franchement dépitée sur les traits canins de Sirius fit grogner d'amusement le loup.

Dans la Cabane, James, Peter et Sirius se réunirent dans une pièce pendant que Remus attendait de se retransformer en humain dans une autre.

"C'était une sacrée nuit, pas vrai Patmol ?", lança James, allongé sur un fauteuil après avoir quitté sa forme Animagus.

"C'était génial, tu veux dire !", répondit Sirius, en train de réordonner ses boucles noires devant un miroir qui traînait là. (Bon, à vrai dire le miroir ne "traînait" pas là par accident, Sirius l'avait amené spécialement pour se recoiffer après une folle nuit de cavalcade).

"Mais dis donc, faudrait voir à ralentir un peu la prochaine fois ! Même moi j'ai eu du mal à garder la cadence avec vous deux, Lunard et toi. Ne parlons même pas de Monsieur Court-sur-pattes ici présent !", fit James en pointant Peter du doigt. Ce dernier rougit un peu mais ne dit rien.

Sirius envoya un sourire goguenard à ses amis. Ce sourire disparut bien vite lorsque les premiers cris de Remus retentirent. Si la transformation d'humain à loup était douloureuse, l'inverse l'était encore plus. Sirius se sentait mal pour Remus. A chaque fois que le loup-garou devait se transformer, Sirius avait le cœur serré et les entrailles nouées. Et visiblement, cette fois Remus avait plus de mal à se retransformer que d'habitude.

Même s'il avait envie de foncer dès à présent, Sirius attendit que les cris de Remus ressemblent un peu plus à ceux qu'un humain pouvait produire avant de se retransformer en chien noir et de se ruer au chevet de son ami.

Il trouva Remus frissonnant dans un coin, gémissant de douleur, massant ses muscles alors que ses bras retrouvaient leur taille normale.

"Tu peux v-venir. Je ne suis p-plus dangereux", bafouilla Remus, frissonnant toujours, en voyant Sirius.

Aussitôt, le chien noir devint un jeune homme dont les yeux étaient remplis d'inquiétude. Sirius s'assit à côté de son ami et lui donna sa veste. Remus serra le vêtement contre sa poitrine, marmonnant un remerciement entre deux grimaces de douleur. Sirius ne disait rien, se contentant de masser le dos de Remus.

"Désolé, désolé !", s'exclama-t-il lorsque Lunard laissa échapper un nouveau gémissement de douleur.

"C'est pas grave. Et merci."

Soudain, un des premiers rayons de soleil trouva son chemin à travers une des fissures dans les murs de la Cabane et tomba sur le visage de Remus, qui releva la tête et ferma les yeux, profitant pleinement de la lumière dorée.

Sirius sentit une drôle de sensation dans sa poitrine en le voyant. Il décida derechef que c'était la plus belle vision qu'un homme pouvait avoir, et continua à dévisager Remus tranquillement. Et puis sans qu'il sache trop pourquoi, Sirius sentit un besoin irrépressible de serrer son meilleur ami dans ses bras. Comme toujours incapable de résister à son instinct, le jeune homme se pencha un peu, passant ses bras autour de Remus qui rouvrit ses yeux, surpris, avant de les refermer doucement, calant sa tête dans le cou de Sirius. Il restèrent quelques instants comme ça, Remus profitant de la chaleur du corps de Sirius, rougissant légèrement ; et Sirius serrant Remus comme un noyé s'accroche à sa bouée, murmurant de temps à autre des mots réconfortants dans l'oreille de Remus.

"C'est un ronronnement, ce que je viens d'entendre ? Un vrai ronronnement ? Je croyais que tu étais un loup, pas un chaton ! Oh, ça te va bien, ça ! A partir de maintenant je vais t'appeler "mon chaton" !", s'exclama Sirius, rieur, alors que Remus rougissait violemment.

"Ne t'avise pas de m'appeler comme ça ! Sinon je te rase les cheveux dans ton sommeil."

"Tu n'oserais pas !", répondit un Sirius faussement outré, une main posée théâtralement sur la poitrine.

"Oh que si j'oserais, drama-queen ! Et puis c'est pas ma faute si je me sentais bien. J'ai pas fait exprès de ronronner, pour ton information", répliqua Remus, ses yeux noisettes étincelants.

Sirius lâcha un rire qui sonnait un peu comme un aboiement et serra encore Remus contre lui. Ce dernier soupira d'aise, ne bougea pas pendant un instant puis se redressa doucement, timidement, et posa ses lèvres sur celles de Sirius.

Le jeune homme aux boucles noires ouvrit des yeux ronds d'étonnement avant de rendre son baiser à Remus. Tous les deux étaient à présent rouges comme des tomates.

"Prenez une chambre, vous deux !", fit une voix amusée qui les fit sursauter violemment.

James était appuyé nonchalamment sur le chambranle de la porte, observant les tourtereaux tranquillement.

"Cornedrue, fiche le camp !!", s'exclama Sirius, balançant le premier truc- en l'occurrence un livre (quel crime, lancer un livre)- qu'il trouvait à la tête de James qui l'évita en riant avant de disparaître dans le couloir, entraînant avec lui Peter qui l'avait rejoint entre temps et n'avait d'ailleurs pas évité le livre.

Sirius soupira, l'air de dire : "jamais tranquille !", et lança un regard à Remus qui n'avait rien dit, ses joues pourpres cachées dans ses mains.

"Ceci dit, il avait une bonne idée.....", ajouta Sirius en tripotant les mèches châtain clair de Remus qui releva la tête.

"Tu veux dire..... toi et moi ? M-maintenant ?", demanda Lunard, timidement.

"Si tu es partant......."

Remus ne répondit rien pour quelques secondes, puis :

"D-d'accord."

Sirius eut un large sourire, et fit tomber Remus sous lui.

"Je t'aime !", dit-il alors, toujours souriant.

Remus devint encore plus pourpre, ce qui était un exploit digne d'éloges, et répondit :

"Moi aussi. Je t'aime, Sirius."