Karol

Le garçon le plus arrogant, le plus prétentieux, le plus égocentrique, le plus égoïste, le sans-coeur, l'insensible est aussi le garçon qui souffre le plus. Le garçon qui paraît être ce garçon méchant mais qui en vrai, cache sa souffrance derrière ce bouclier. Ce garçon qui a peur d'être lui-même et qui pourtant, a tellement besoin d'une personne qui lui permettra d'être lui-même, de parler avec son coeur, de pleurer. Ce garçon c'est Ruggero Pasquarelli et je sais à quel point il en a besoin.

Qui est Ruggero ?

Ruggero est un garçon de dix sept ans, un an de plus que moi, qui a perdu sa mère a l'âge de six ans a cause d'un cancer du sein. Il a aussi perdu son père dans un crash d'avion a l'âge de dix ans. À ce moment là, il s'est renfermé sur lui-même et a arrêté d'être un garçon joyeux. Il s'est transformé en quelqu'un de froid. Il a tout de même été recueillit par un couple adorable du nom de Antonella et Bruno Pasquarelli qui voulait avoir un enfant mais la femme était malheureusement stérile. Ils avaient donc décidé de l'adopter. Ruggero était content mais il ne le disait pas.

Comment je connais Ruggero ?

Un an après qu'il se soit fait adopté par la famille Pasquarelli, ils m'ont recueillit moi. Et oui, moi aussi j'ai perdu mes parents biologiques à neuf ans. Nous étions en vacances sur un bateau et celui-ci a coulé. La seule survivante c'est moi. J'ai dû nager quelques kilomètres jusqu'à trouvé une terre qui était l'Argentine. Je m'étais effondré sur les galets, déjà sur la terre. Ruggero y était, il regardait le paysage et quand il m'a vue, toute faible, il m'a porté dans ses bras et m'a emmené chez lui. Avec ses parents adoptifs, ils m'ont soigné et après avoir connu mon histoire, Ruggero a demandé à ses parents de me garder en m'adoptant et ils ont accepté tout de suite. Son geste m'a semblé tellement généreux et j'ai vu à quel point il était gentil. Mais le reste du temps, il ne me parlait pas. Il était froid. Mais son regard, c'était tout le contraire, son regard était doux, réconfortant, apaisant. Je voulais absolument connaître l'intérieur de ce garçon, alors je l'ai observé, pendant des années. Aujourd'hui j'ai seize ans et je le connais pratiquement par coeur. Je sais qu'il est détruit au fond, qu'il a peur de tout au fond, qu'il a besoin de pleurer au fond mais qu'il garde tout en lui. Il veut montrer qu'il est fort, alors il traine avec de mauvaises personnes et sort avec des filles seulement pour jouer. Mais je sais qu'il fait cela pour ne pas penser à la souffrance, hors moi c'est mon cas. Je ne pense qu'au jour où j'ai perdu mes parents. Je revoie encore ces horribles images de leur mort. Je souffre en permanence et pour soulager celle-ci je me mutile. Personne ne le sait.

Ruggero et moi souffrons. Moi je sais que Ruggero est la personne qui me permet d'oublier ma souffrance mais ... je sais que jamais je ne serai cette personne pour lui... pourtant j'aimerai tellement...

*****

Ce soir là, Lili nous avait préparait un poulet rôti. Il était délicieux. Ça me rappelait des souvenirs avec mes parents biologiques et je mangeai avec les larmes aux yeux.

- Ça ne va pas ma puce ? Demanda Bruno. Tu pleures ?

Ruggero et Antonella la tête vers moi. Je baissai la tête sans répondre et continua à manger.

- Bon je n'insiste pas alors. Ajouta mon père adoptif.

- Et toi tu ne manges pas mon fils ? Demanda ma mère adoptive à Ruggero.

- Non merci maman, je n'ai pas faim. Répondit-il simplement.

- Mange au moins une bouchée s'il te plaît. Tu es trop maigre ! Insista Antonella.

Ruggero accepta et mangea une bouchée. Mais il n'avait pas l'air d'apprécier. Ma mère avait raison, Ruggero était très maigre pour son âge, trop maigre et ce n'était pas bon pour lui.

Moi je continuai de pleurer, en me rappelant la douce odeur du poulet rôti que ma mamounette biologique faisait avec mon père, ils me manquaient tellement. J'avais besoin d'évacuer la douleur.

Après le repas et après que mes parents adoptifs se soient endormis, je me précipitai vers la salle de bain pour prendre un rasoir et me mutiler. Je fis quelques traits puis j'entendais quelques pas qui se dirigeait vers la salle de bain ! Il ne faut pas qu'on me trouve ! Je rentrai vite dans la baignoire et tirai le rideau derrière moi pour me cacher.

J'entendis quelqu'un entrer, je tirai doucement un coin du rideau pour regarder et je vis Ruggero, la tête au dessus de la cuvette, mettre un doigt dans sa bouche et vomir. Ce n'est pas vrai !! Il est anorexique ! La peur s'empare de moi, les larmes commencent à me monter aux yeux. À chaque fois que je l'entends vomir, je traçai un nouveau trait sur mes bras.
J'entends Ruggero s'arrêtait de vomir et tirer la chasse après une demi-heure. Mes sanglots étaient présents et je l'entendis se rapprocher de la baignoire, il tira le rideau et quand il me vit il étais choqué. Il devint tout de suite rouge de honte et commença à sangloter à son tour. C'était la première fois qu'il allait pleurer devant quelqu'un. Sans réfléchir une seconde, je le prends dans mes bras. Cette fois-ci, il ne me rejeta pas comme d'habitude, au contraire, il me serra dans ses bras et on pleura tous les deux ensemble.
Quelques minutes après nous nous détachions l'un de l'autre. Il pleurait toujours et moi aussi. J'avais peur pour lui...

- Tu es anorexique ! Pourquoi tu n'en a pas parlé à quelqu'un ? Lui demandais-je en pleurs. C'est dangereux ce que tu fais !

- Et toi ce n'est pas dangereux peut-être ! Regarde tes bras mon dieu, tu te mutiles ! Rétorqua-t-il en pleurs. Pourquoi tu n'en parles pas non plus ? Tu peux mourir pour ça !

Je ne savais pas quoi dire. Il me reprit dans ses bras et m'embrassa sur le front. Il me porta comme une princesse. Il m'emmena dans ma chambre, sauf que mauvaises surprises, il y avait plein de rasoir du mon lit. Il recula d'un pas, ferma la porte et m'emmena dans sa chambre. Il m'allongea sur le lit et s'allongea lui-même à côté de moi.

- Pourquoi tu fais ça ? Me demanda-t-il.

Je ne répondis pas.

- Karol réponds-moi ! Pour moi c'est inconcevable de te voir faire ce genre de chose ! Tu peux mourir ! Et je perdrai encore quelqu'un que j'aime. Tu sais que je t'aime n'est-ce pas ? Même si je ne le montre pas...

- Je ne sais pas si tu m'aimes Ruggero... mais je sais qui tu es vraiment.. commençais-je. Tu es un garçon qui a beaucoup souffert et qui s'est protégé en inventant un personnage. Je vois au lycée comment tu es, bad boy, qui joue avec les filles, qui se croit supérieur aux autres, prétentieux et arrogant mais en vrai tu n'es pas comme ça. Tu es quelqu'un de doux et d'extrêmement attentionné. Sensible aux choses. Tu as besoin d'être toi même, de parler des choses avec quelqu'un que tu aimes et qui t'aime et surtout tu as besoin de pleurer et de tout lâcher. Je t'observe depuis le jour où je t'ai rencontré et je t'ai vu forger ta carapace petit à petit et tu sais, moi, j'aime le garçon qui se trouve en-dessous de cette carapace, parce que lui, il sait être lui-même. Et moi je veux être la personne qui puisse se délivrer de ta carapace pour que tu puisses être la personne que tu veux.

Il pleurait tout le long de mon discours, il me prit dans ses bras et me remercia.

- Tu es vraiment la personne la plus forte et la plus adorable de toute cette planète. Commença-t-il en se séchant les larmes. La première fois que je t'ai vu, tu étais dans la mer et tu nageais avec tes dernières forces pour atteindre le large. Quand je t'ai trouvé sur ces rochers j'ai cru voir un ange. Tu étais si petite mais si courageuse. Je t'ai toujours admiré et moi aussi je t'ai toujours observé. À chaque fois que tu pleurais mon coeur se serrait, la seule personne qui me fait sourire c'est toi. Je t'aime très fort ma princesse, plus que tout.

Il m'embrassa sur le front plusieurs fois.

- Maintenant dis-moi pourquoi tu te mutiles ? Ajouta-t-il.

- Parce que... je n'ai pas d'autres moyens pour soulager ma douleur... avouais-je.

- Je peux être la personne qui soulage ta douleur.. me sourit-il.

Je le pris dans mes bras.

- Et toi, depuis quand tu es anorexique ?

- Ça à commencé il y a quatre ans... à force de prétendre être quelqu'un que je ne suis pas... je me suis senti pas dans ma peau, alors j'ai commencé à rejeté la nourriture et puis c'est devenu une addiction. Je voulais rejeter tout ce qu'il y avait dans mon corps et je ne sais pas comment arrêter.

Je lui pris sa main et la serra.

- Moi je peux t'aider. On peut s'aider mutuellement, pour aller de l'avant et oublier nos souffrances. Tu ne crois pas ?

Pour réponse, il m'embrassa tendrement. Un baiser doux et rempli d'amour que je lui rendu avec plaisir.

- À partir de maintenant, toi et moi, on sera toujours ensemble et à tout jamais. Annonçais-je.

- Tu me le promets ? Me demanda-t-il.

- Je te le promets.

- Tant qu'on est ensemble on ne souffrira plus. Sourit-il.

Et c'est ce qu'il s'est passé. Nous sommes restés ensemble et nous avons tout affrontés ensemble. Bien-sûr rien n'a été facile. Les pleurs, les sanglots ont été présents mais les baisers, les câlins et les réconforts aussi. Grâce à lui j'ai arrêté de me mutiler et j'ai réussi à oublier petit à petit les souvenirs noirs de mon enfance. Et grâce à moi, Ruggero a réussi à détruire sa carapace et a être lui-même, il a réussi à oublier ses souffrances. Savoir qu'il m'aime comme je l'aime me rend heureuse. C'est dingue de voir que la première source de bonheur que j'ai trouvé après mes souffrances c'était lui et qu'il est devenu la personne la plus chère que j'ai dans ce monde. Je ne veux plus le voir souffrir une seule seconde et en tant que sa petite amie, je me dois de le tenir à l'écart de toute sorte de souffrance ; ou alors, si je ne peux pas éloigner toute la souffrance, je lui ai promis de souffrir avec lui et même s'il n'était pas d'accord avec la dernière option ça nous a toujours permis de ne plus jamais toucher le fond et de toujours nous relève. Comme quoi l'amour, c'est la solution face à la souffrance.

Voilà mon Os Ruggarol. Une histoire triste qui se finit bien ☺️😂😅😅 j'espère que ça vous aura plu 😘 Bisous ❤️