C'est lorsque que j'étais en troisième que j'ai commencé à avoir des doutes... Tout le monde me disait que étais un garçon délicat, que je dessinais bien, que j'étais soigneux, ordonné et calme. J'étais comme ça, discret, un peu timide par moment mais quand même quelqu'un de joyeux avec quelques amis. Le collège reste un mauvais souvenir pour moi. Malgré que je sois discret et assez solitaire, mes camarades de classe m'insultaient parfois... Au départ, je ne comprenais même pas pourquoi ils me traitaient de tapette... Puis j'ai compris plus tard que c'était à cause de ça; j'étais un garçon trop calme et sûrement trop collé à son meilleur ami, Harold. Des idées préconçus...

Je me souviens qu'au bout de trois semaines, je m'étais mis à les croire. J'étais rentré chez moi en pleurs et je m'étais retrouvé dans les bras de ma mère après lui avoir tout avoué.

- Ben, tu aimais déjà les filles avant d'entrer en maternelle ma crevette, m'assura ma maman.

Je l'ai cru, parce qu'une maman à toujours raison.

Un tas de stéréotypes me remplissaient l'esprit. Je m'étais mis à vouloir faire du sport pour être plus viril alors je m'étais inscris au club de baseball et j'étais plutôt bon. Harry venait même me voir de temps en temps. Et ça me rassurait, Harry m'encourageait et j'avais l'impression d'être plus apprécié. Et surtout les insultes diminuaient, un peu, juste un peu.

* * *

Une soit d'été, Harry était venu dormir chez moi, ça arrivait souvent. J'allais chez lui ou il venait à la maison. On se baignait avec mes sœurs et on allait faire du vélo dans la rue. Des trucs simple mais on s'ennuyait jamais. Avec Harry on s'était rencontrés en sixième et ça avait très vite collé entre nous 2! Il s'intéressait beaucoup à moi et on pouvait parler de tout, on rigolait tout le temps, c'était un gars chouette et j'étais franchement heureux de l'avoir comme ami.
La rentrée scolaire approchait à grand pas et on allait dans le même lycée, heureusement. Harry était assit en tailleur sur mon lit en train de s'entraîner à dessiner, je lui avais appris à faire des croquis visage et je crois qu'il essayait de me dessiner. Pendant ce temps je traînais sur mon ordinateur.

- Louis? Résonna la voix d'Harry.

- Oui? J'ai répondu sans lever les yeux de l'écran.

- Est-ce que t'es gay? Demanda le bouclé.

Ses mots ont raisonnés plusieurs secondes en moi. J'étais surpris par sa question et pris de court car je ne savais pas quoi répondre. Alors bêtement j'ai regardé Harry en fronçant les sourcils, sans vraiment comprendre pourquoi il me demandait ça.

- Je sais pas, pourquoi tu me demandes ça?

- Parce que je crois que je suis gay, avoua t-il simplement avant de baisser les yeux. Je voudrais savoir comment en être sûr. Les autres ne m'insultent pas à moi, c'est injuste pour toi parce que toi tu... T'es juste plus... Délicat, mais ça veux pas dire t'es gay, ajouta t-il avec difficulté.

J'étais resté plusieurs secondes sans vraiment bouger mais le visage triste d'Harry m'avait fait réagir. Il semblait avoir honte et ça n'avait pas lieu d'être. Il avait le droit de se poser des questions, il avait le droit de vouloir être qui il voulait être et je trouvais injuste qu'il s'en prive pour moi.

- C'est pas ta faute si les gens m'insultent Hazz. Ils sont juste trop idiot pour comprendre que l'amour est libre, j'ai expliqué.

Harry n'avait rien dit, juste haussé une épaule maladroitement.

- Qu'est-ce qui te fait penser que tu es gay?

- J'en sais rien, je le ressens...

Il semblait s'être renfermé alors je n'ai pas insisté, je l'ai laissé réfléchir un peu tout seul. J'avais l'impression qu'il avait besoin de ça. Alors en attendant, j'ai tapé sur internet « caractéristique homosexuel ».  Une première définition s'était affiché mais je savais très bien qu'elle était la définition de ce mot. J'ai fait défilé vers le bas pour regarder quelques articles au titre un peu choquant.
Pour les politiques être gay était un choix.
Pour les croyant, c'était un virus qui pouvait se soigner par quelques médicaments et beaucoup de prière. Les hommes qui aimaient d'autres hommes étaient à bannir.

- Peut-être parce que j'ai besoin d'être avec quelqu'un avec qui je me sens protégé et en sécurité. Avec une fille, c'est pas possible. Ou peut être parce que les filles m'attirent pas tout simplement... Je me sens mieux quand je suis avec des garçons ou j'ai l'impression que je peux me sentir moi-même qu'avec certaines personnes. Je ne me vois pas embrasser une fille en fait, réfléchit Harry.

J'avais hoché la tête en écoutant Harry. Toutes ces explications inutiles sur internet m'insupportait. Comment les gens qui écrivaient ces articles pouvaient-ils être autant insensible? Ils racontaient qu'être gay inspirait la honte, la haine des autres, l'irrespect d'autrui.

- Puis j'aime pas les trucs de mec, le rap, foot, les jeux vidéos, la bagarre... Je fais pas ce genre de choses, tu le sais. Je pleure devant les films romantique, je préfère les bijoux, mettre des foulards dans mes cheveux et j'aimerais tellement essayer de me maquiller, rêva Harry, de mettre une robe! Il soupira lentement. C'est des trucs de filles ça, non? se demandait Harry.

- Je suppose que tu fais ce qui te plait Hazz. Être sensible et avoir des cheveux longs ne veux pas dire que tu es homosexuel.

Après ça, Harry paraissait encore plus perdu. Il aurait sans doute préféré que je lui dise que oui effectivement, il était gay. Au moins il aurait eu une identitée, il aurait su à quoi s'attendre mais là...

Je savais qu'on allait avoir une conversation comme celle là à un moment. C'était un période de chamboulement pour nous. Mais le fait de voir Harry comme ça, me donnait envie de l'aider alors je m'étais reconcentré sur mon ordinateur, naviguant de forum en forum. Des mecs parlaient de leurs doutes à des inconnus, des inconnus qui insultaient ces mecs. "Tapette, tafiole, pd, va te pendre sale pervers"... Une boule s'était logé dans mon ventre. Un mélange de colère, de haine et de peur. Putain, ça avait l'air si facile de rabaisser des gens derrière un écran. Je bouillonnais quand mon attention se porta sur un petit paragraphe où il y avait inscrit que plus d'un tiers des homosexuels avaient déjà tentés de se suicider. Mon cœur s'était brisé aussitôt, moi-même je ne savais pas si j'étais gay mais jamais je n'avais jamais pensé au suicide. Et si Harry y pensait, lui?

Je lâcha un long soupire de désespoir en pensant à tout ça. La gorge serrée, j'allais referma l'ordinateur mais une phrase a retenu mon attention et j'ai senti à ce moment là qu'il faillait arrêter. Mon cœur tambourinait et mon sang bouillonnait.

" Mieux vaux être mort que gay. "

J'ai stoppé là, contenant ma colère au fond de moi. Je ne comprendrais jamais cette haine.

- Ne fais pas cette tête, Hazz, j'ai dis.

Tout ça m'avait chamboulé alors je me suis levé pour rejoindre Harry sur mon lit. J'avais cette envie de le protéger de tout. J'essayais de le rassurer comme je pouvais, simplement en lui souriant et passant une main dans ses boucles douces.

- Je suppose qu'être gay c'est vouloir vivre avec un homme toute sa vie, faire l'amour avec un homme. Mais peut importe ce que tu es. Tu dois seulement te sentir bien, être toi-même, être avec des personnes qui te rende heureux. Moi, c'est tout ce qui m'importe; que tu sois heureux, je lui dit sincèrement .

- Tu as raison Lou, souriant Harry.

Le voir sourire me rendait heureux, sincèrement. Et je ne voulais pas que tout ce que je venais de lire sur internet l'atteignent et le rende malheureux. Et putain, si un jour il voulait en finir comme le font certains..? Il fallait que je rassure et que je protège Harry fasse à ça! J'avais glissé une main sous son menton pour voir ses pupilles si clairs.

- Promet moi, que tu sois gay ou non, de ne jamais te laisser influencer. Tu es grand et fort, tu n'as pas besoin d'écouter les autres te dicter ta conduite. Si tu tombes amoureux d'un homme, c'est ton choix c'est comme ça. Mais sache que je ne te jugerais jamais.

- Je sais Lou, t'inquiète pas pour ça, il souriait. Je voudrais juste savoir ce que je suis vraiment, dit-il en souriant légèrement.

- Moi aussi je voudrais savoir, tu sais. C'est compliqué...

- En fait, j'ai peur d'être autre chose que ce que les autres attendent de moi, tu vois? demanda Harry doucement. J'ai pas peur d'être gay ou quoi, j'ai juste peur du regard des autres, genre de décevoir ma mère...

- Tu sais, les autres comme tu dis, ils on juste besoin de juger les gens pour se rendre compte que dans leur vie, ils n'ont pas de soucis parce qu'ils n'assument rien. Tu n'as pas besoin d'eux, tu t'en fous Hazz, je dis en m'exprimant maladroitement.

Il y a eu un petit silence, Harry me regardait. Je voyais qu'il réfléchissait à ce que je venais de dire. Mais pour moi c'était la vérité, les gens fuyaient leur vraie identité pour répondre aux critères de la société. Moi je voulais juste qu'il soit heureux. J'ai soupiré mollement et Harry a encore une fois baissé les yeux vers nos genoux qui se frôlaient.

- Et tu sais très bien que ta mère ne te rejettera jamais, elle t'aime tellement! Tu pourras jamais la décevoir, j'affirme.

- C'est vrai, mais ça me fait peur, dit-il en posant ses mains mes mollets.

- Alors quoi? De peur de décevoir les autres tu vas t'empêcher de vivre ta vie? Je lui demanda.

- Hm, je sais pas. Je suppose que non, mais j'ai besoin d'être sûr de moi, dit Harry en dessinant des cercles avec ses doigts sur mes jambes.

J'avais hoché la tête bêtement. Harry était sûrement plus fort que ce que  je croyais . C'était pas quelques commentaires sur internet ou remarques à l'école qui allaient détruire notre idée qu'on ce faisaient de l'amour. Chacun devrait vivre sa vie comme il l'entend, que ça plaise ou non.

- Pour savoir tu devrais peut-être sortir avec quelqu'un, je proposa en souriant.

Harry avait hoché la tête en souriant, un sourire avec deux fossettes. C'était ça l'idée que j'avais eu pour Harry. Il devait tomber amoureux. Trouver la personne avec qui il se sent le mieux, avec qui il pourrait tout faire, tout dire, avec qui il pourrait rire et voir son avenir. D'être deux mais de se sentir un.

- Ça serait bien, oui, souffla le bouclé.

Il y a eu un petit silence encore, Harry n'avait pas l'air d'être emballé plus que ça. Il était concentré à triturer la couture de mon jean. Il allait sûrement être un peu timide au début mais connaissant Harry, ça ne durerait pas. Et de toute façon Harry était tellement beau, gentil, rigolo, intelligent qu'il n'aurait pas de mal à trouver quelqu'un. J'imaginais déjà Harry en couple. Et bizarrement, ça ne me plaisait pas tant que ça... Pas que je sois jaloux, je voulais le meilleur pour lui. Juste l'imaginer dans les bras d'un garçon ou même d'une fille, me faisait mal au cœur. Je ne savais pas réellement pourquoi...
Une douleur piquante s'installa dans ma poitrine, me faisant regretter d'avoir parlé un peu trop vite et sans réfléchir.

Puis j'avais réalisé qu'il fallait quelqu'un qui sache comment lui parler, comment le faire rire, comment prendre soin de lui.. Alors que c'était mon rôle, à moi? Le prendre dans mes bras et faire attention à lui?

- Qu'est-ce que tu comptes faire toi? demanda soudainement Harry en s'asseyant plus convenablement.

- Moi? Je sais pas. Attendre que ça tombe du ciel? Je blaguais.

- Non sérieusement? Si quelqu'un te plait tu ferais quoi? souria le bouclé, un peu gêné.

- Hm, je pense que je passerais du temps avec cette personne jusqu'à ce qu'elle s'en rende compte. Je la ferais rire et tout. Enfin voilà.. j'ai dit, pas très à l'aise.

- Et une fois qu'elle s'en ai rendu compte? C'est quoi ton plan? tenta Harry.

- Hm tu m'poses trop de question! Je grogna en allongeant ses jambes sur le lit. Je suppose que j'attendrais qu'on se retrouve seul pour pouvoir l'embrasser... Je sais pas Hazza, je marmonna en s'adossant au mur, toujours assit sur le lit.

Harry avait acquiescé une nouvelle fois en me regardant. Je sentais très bien qu'il réfléchissait depuis tout à l'heure, il avait l'air concentré et calme. Un long silence s'était installé mais ce n'était pas dérangeant.
C'était peut-être super simple de savoir ça, savoir si il était gay, parce qu'il fallait juste tomber amoureux pour le savoir. Et être amoureux ça avait l'air cool. Harry méritait ça. Il méritait de ressentir ses fameux papillons dans le ventre, avoir le cœur qui bat et les mains moites quand la personne qui te plaît est là. Et pour ma part je venais de comprendre que c'est ce que je ressentais quand j'étais avec Harry... Est-ce que c'était normal ? Juste parce qu'on était des meilleurs amis ou peut être qu'on était trop proche? J'étais un peu trop attaché a lui?

- Tu ne me jugeras jamais même si je fais une bêtise? demanda soudainement Harry en s'asseyant sur ses jambes face à moi.

- De quelle bêtise tu parles? Je veux pas que tu fasses une connerie Harry! je commençait à m'inquiéter.

- Non mais je parle pas de bêtise genre suicide ou mutilation t'inquiète pas! Me rassura t-il rapidement.

- Quel genre de bêtise alors? Je demanda, les sourcils froncé.

Je voyait Harry hésiter quelques secondes mais il se lança...

- Ce genre de bêtise... tenta Harry.

Il s'était redressé pour rapprocher son visage du mien et il avait posé ses mains dans mon cou en douceur. Je sentais presque son souffle sur mon visage. Ses lèvres n'étaient qu'à quelques centimètres... J'ai senti ses mains trembler sur ma peau, un peu comme mon coeur. J'avais soudainement très chaud mais ça me plaisait. Cette proximité me plaisait énormément. Alors j'ai fermé les yeux en me rendant compte de la situation. Et nos lèvres se sont touchées en douceur. C'était un baiser doux et j'y répondais même. J'étais presque soulagé en réalité. Des frissons parcouraient mon corps tout entier. Ça avait goût d'amour pour moi mais je n'étais sûr de rien. Quand il lit fin au baiser il avait les yeux fermés et paraissait apeuré.

Quelques secondes se sont écoulées, le temps que je retrouve les idées claires.

- J'appelle pas vraiment ça, une bêtise, je fini par dire un sourire en coin.

- Ah bon? T'appelle ça comment alors? demanda Harry les yeux toujours baissé.

Il était vraiment attendrissant et mon ventre papillonnait. J'ai relevais son menton pour la deuxième fois, j'ai vu de l'appréhension dans ses yeux alors j'ai souris pour le rassurer.

- Tu veux pas recommencer pour voir? Je lui demanda en souriant.

C'est là qu'un immense sourire a traversé son visage. Il avait l'air heureux. Heureux que je veuille recommencer. Alors il hocha la tête et posa à nouveau ses lèvres sur les miennes tout doucement et le baiser ne dira que quelques secondes, mais c'était assez pour que je puisse réalisé que cette soirée était réel.

Et cette fois il avait les yeux ouverts après notre bisou.

- Ce qui est sûr c'est que c'est vraiment pas une bêtise, je souris.

- Je crois que je suis amoureux de toi, avoua t-il.

Sa phrase m'a fait comme un électrochoc dans le cœur. Tout à vibré en moi. Et pour toute réponse j'ai glissé une main sur sa joue gauche et j'ai embrassé ses lèvres à nouveau. J'avais envie d'exploser de joie. Rapidement après, il venait installer son nez dans son cou, son corps complètement collé au mien. Je pouvais même sentir les battements de son coeur tellement qu'il était surpris.

- Tu sais maintenant les insultes on devra les supporter à deux, au moins ils auront une vraie raison de nous insulter parce-qu'il seront jaloux de nous. Qu'on soit heureux tous les deux, murmura Harry en fermant les yeux dans mon cou.

Mon cœur était rempli de joie et d'amour. C'était un moment incroyable. La réponse à toutes mes questions était juste là, devant mes yeux, depuis quatre ans. Mon Harry.

- Moi aussi, je murmura.

- De quoi? fronça t-il les sourcils.

- Moi aussi je suis amoureux de toi, je lui avoue avant de l'embrasser une nouvelle fois.