Lune À Sang
Le brouillard étreint son assurance, le vent balaye son passage, les arbres dansent autour d'elle, et le tonnerre résonne dans son crâne.
Il guette dans l'ombre d'une roche son prochain festin aux yeux de sa dictatrice. Cette astre aux reflets rougeoyants d'infamie pour unique prémisse l'aboutissement d'une essence.
Peut-être n'aurait-elle pas dû camper avec ses amis, ce soir. Ses amis dont elle ne distingue plus les traces. Ses amis qui semblent s'être envolés de leurs tentes respectives à l'idée de l'abandonner et ainsi s'amuser de ses craintes. Ce ne sont que des idiots.
Il savoure chacune des émotions qui traverse ses traits : la honte, la trahison, la colère, la solitude, la frayeur. Sa favorite étant la dominatrice des autres, l'horreur. Lorsqu'elle réalise qu'elle ne peut rien faire, qu'elle ne sait où aller, ni hurler à l'aide. De l'aide, elle en aura besoin. De manière inutile et inexistante toutefois.
Elle tremble sous le fouet de la tempête, et marche en direction du campement duquel elle s'était éloignée afin de chercher ses proches. Trop paniquée, elle ne ressent pas ce regard posé sur elle, qui la déshabille et la dévore.
Son poil humide frémit sous les frissons de l'imaginer combler sa faim. Sa mâchoire surdimensionnée manque de craquer tant ses crocs s'enfoncent dans sa gencive, tant il meurt de se jeter sur elle. Ses pattes arrières se crispent dans la terre boueuse. Ses yeux captent son sursaut, et il est déjà trop tard.
L'espace d'une seconde, elle entrevoit une parcelle de son bourreau. Probablement plus de deux mètres cinquante de hauteur, une fourrure épaisse, grasse, volant au gré du souffle et trempée jusqu'à la racine du poil. Ses iris obscures teintées de feu écarlate dévoilent sa férocité.
Ses crocs de trois centimètres de diamètre déchirent sa chair dans un hurlement étouffé par la tempête. Il déchiquette son épaule gauche sauvagement, sans retenue aucune. Ses cris se tuent dans l'espace temps, pour seul témoin une éclatante beauté demeurant très haut dans le cosmos, proche de l'univers, de l'infini, et de l'univers infini.
Ses os craquent sous le poids de ses muscles, de son imposante carrure. Il brise chacune de ses vertèbres et rompt ce qu'il reste de ses côtes. Le sang gicle de parts et d'autres des arbres, des feuilles au sol. Ses tibias se fracassent sourdement, tandis que les plus minuscules de ses os s'émiettent lamentablement. Ses gémissements se muent en murmures suppliants.
Il déguste un par un les plus enviables de ses organes, se délecte de sa carotide faisant fit de douce fontaine à plasma. Finalement repus, il traîne la dépouille d'os au creux de son antre, au près des autres. Elle aura été la plus délicieuse de son groupe. Il la balance dans un claquement osseux révulsant, puis s'en va sur le plateau de sa grotte. Là haut, il jappe d'abord son contentement, avant de rugir férocement son emprisonnement.
Celui d'un homme cloué dans une peau qui ne devrait pas être la sienne, qui ne peut que suivre ses premiers instincts dicté par la lune. Il s'époumone de son malheur jusqu'à plus de souffle, s'endort dans un sommeil hanté des victimes qu'il a encore dévorées en cette soirée sous le poids d'impulsions incontrôlées, avant de se réveiller pour un nouveau jour où il ne sera qu'un simple homme.
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