Mélanie ne comprenait pas vraiment l'accueil et l'attention qu'on lui portait. Elle n'était qu'une simple nouvelle employée, pas une reine. Elle reprit une grande inspiration, tapant ses talons sur le sol le plus silencieusement possible alors que qu'une bonne dizaine voire même une vingtaine de personnes arrivaient vers elle. Elle se sentait vraiment gênée d'un tel accueil alors qu'elle avait plus l'habitude de se fondre dans la masse, d'être comme « transparente ». Elle n'a jamais aimé se mettre en valeur même si elle avait troqué son pantalon africain contre un jean moulant, des baskets pour des talons et un gros pull en laine pour un t-shirt et un gilet en laine. Elle n'était pas superficielle mais elle se voyait vraiment mal arrivée en tenue dans laquelle les passants dans la rue la prennent pour une droguée sur son nouveau lieu de travail. Ce n'était pas conseiller.

-Bonjour Mélanie, tu es la nouvelle employée au bar ? Lui demanda un jeune blond aux yeux émeraude avec quelques tâches de rousseurs dispersées sur ses joues.

Elle le trouvait plutôt mignon et elle aurait pu le trouver « canon » si elle ne savait pas que Joe était dans la pièce ou du moins qu'il travaillait là. Bien rapidement, plusieurs personnes travaillant là et se trouvant dans un peu tous les domaines l'entourèrent en formant un cercle protecteur autour d'elle. La brunette jeta des regards tout autour d'elle et voyait au moins une tête et un corps l'empêcher de sortir et donc de s'enfuir. Mais il y avait quand même une certaine distance, ce qui l'empêchait d'étouffer et lui permettait de respirer un minimum malgré sa nervosité peint sur ses traits.

-Oui c'est moi, dit-elle avec la voix légèrement tremblante.

Mélanie commença à jouer avec sa bague, cherchant quelqu'un de très spécifique du regard. Joseph Mickaël Manganiello. Ce n'était donc pas n'importe qui mais malgré qu'il soit extrêmement musclé et très grand aussi, bâti comme un dieu grec, elle n'arrivait pas à le voir parmi la foule de personnes qui l'encerclait. Elle passa une main dans ses cheveux où son reflet blond fût rapidement remarqué.

-Viens alors que je t'explique tout, renchérit le blondinet.

Elle opina du chef et suivit le jeune homme derrière le comptoir. Ce fût à ce moment-là qu'elle le remarqua. Il était vers l'arrière, un peu à l'écart et la regardait avec des flammes dans les yeux. Ses joues virèrent à un rouge cramoisi et elle baissa le regard tellement elle n'arrivait pas à affronter celui plein d'intensité de celui qui l'attire en secret. Elle se mordit la lèvre inférieure et releva à nouveau la tête pour avoir –cette fois-ci- le courage d'affronter le regard plein d'intensité de Joe.

-Je devrais peut-être d'abord te présenter tous les membres de l'équipe... ? Songes-je à voix haute le blond qui la dévore des yeux et cela n'échappe pas à l'américain.

-Je crois que se serait peut-être bien, s'enquit Mélanie en riant nerveusement, jouant sa bague à son index.

Le blondinet lui fit un clin d'œil et elle se sentit encore plus gênée. Ce jeune homme la perturbait autant que Joe. Elle ne savait plus sur quel pied dansé tellement qu'il y avait d'hommes travaillant dans cette boîte qui était beau et musclé, mais surtout, qui la désarmait. Elle avait toujours affronté les hommes de face mais devant ce blond et Joe, elle ne savait pas quoi faire et encore moins quoi dire. Son cœur battait follement dans sa poitrine alors qu'en jetant un petit coup d'œil à son « pompier », elle remarqua qu'il avait la mâchoire contractée et le regard désapprobateur. Elle commençait à se faire un film mais il y avait beaucoup de réalité que de fiction dedans.

Elle s'imaginait que Joe se comportait ainsi pour elle parce qu'il n'aimait pas le « rentre dedans » que cet employé sans nom lui faisait, enchaînant les regards en biais et les clins d'œil plein de sous-entendu. Ce qui mettait le plus mal à l'aise la brunette était que cet homme qui se comportait ainsi avec elle, c'était la première fois qu'elle le voyait de toute sa vie. Jamais elle n'avait croisé son regard auparavant et c'était cela qui la perturbait. Autant Joe, elle ne le connaissait pas plus que cela, mais elle connaissait au moins son prénom. Rien que l'idée qu'il sache à présent comment elle s'appelle l'envoi aux anges. Joseph sait qu'elle existe mais aussi comment elle se prénomme.

-Il y a Jimmy, l'autre barman avec qui tu vas travailler. Moi c'est Fallon, je travaille aussi au bar. Il y a Shane, Joseph, Jack, Maurice et George qui sont nos cinq strip-teaseurs..., commença-t-il.

Il avait à peine dit les prénoms des cinq performeurs que le regard de Mélanie se perdit dans celui de Joe qui se mordait la lèvre inférieure. Elle avait les mains tremblantes et moites, le cachant du mieux qu'elle le pouvait. La brunette faisait semblant d'écouter Fallon alors qu'elle était perdue dans le marron des prunelles du « pompier ». Elle ne savait pas vraiment comment elle pourrait faire autrement parce qu'à ses yeux, Joe avait les plus belles prunelles amandes qui puissent exister sur cette putain de planète.

Elle n'exagérait pas ses pensées, qui n'étaient orientées que vers le performeur qui ne pouvait s'empêcher de la dévorer du regard lui aussi. Elle souriait timidement et quand le blondinet termina son monologue et que tout le monde repartit dans ses retranchements, elle réagit enfin. Elle n'avait même pas écouté la moitié de tout ce qu'il avait dit et ne s'en sentait pas le moins du monde gênée ou désolée. Elle n'y pouvait rien si Joe était constamment dans son esprit et qu'elle s'était perdue dans ses yeux. Il n'avait qu'à pas la regarder après tout.

Elle se mit derrière le bar et écouta attentivement les explications de Fallon quant à ce qu'il faut faire, Joe étant partit rangé la salle dans un coin où elle ne pouvait pas le voir, elle n'était pas déconcentrée. Elle passa sa main dans ses cheveux et déposa son sac à l'arrière, dans l'espace vestiaire qui est réservé uniquement au personnel dont elle en faisait partie à présent. Élizabeth ne savait même que Mélanie travaillait ici et la brunette n'était pas encore prête à le lui dire, sentant les sermons et les conseils arrivés en file indienne jusqu'à ses tympans.

Puis quand elle revenue au bar pour ranger un peu avant que la boîte n'ouvre, Joe s'installa devant elle, les bras croisés sous sa poitrine, posés sur le comptoir en bois vernis. Son cœur rata un battement et son rythme cardiaque partit en vrille mais le sourire qu'elle avait sur le visage alors que Joe était juste devant elle cachait le tout.