Chapitre 9
Juliette observa son reflet dans le miroir une nouvelle fois. Le mascara qu'elle avait utilisé venait agrandir son regard et elle avait même essayé un nouveau rouge à lèvre, un peu plus foncé que ce qu'elle avait l'habitude de mettre.
À vrai dire, elle n'en mettait jamais dans la vie quotidienne et n'aimait pas trop la sensation que ça laissait sur ses lèvres. Les seules occasions où elle était dans l'obligation d'en mettre était lors des jours de compétition. Peut-être était-ce l'inexpérience qui lui donnait cette impression, mais elle n'était pas très à l'aise avec.
Du coup, elle ne savait pas pourquoi, mais elle avait eu la soudaine envie d'essayer l'un de ceux qui dormait au fond de son tiroir. Il s'agissait d'un rouge mat qui tirait pratiquement sur le bordeaux et qui faisait étrangement ressortir ses yeux bleus.
Ses cheveux châtains encadraient son visage et accentuaient ses traits fins. Elle les avait laissés lisses et détachés, les laissant tomber librement sur ses épaules. Elle aimait beaucoup avoir les cheveux longs, elle trouvait qu'ils rajoutaient quelque chose à sa performance lorsqu'elle patinait et ne se voyait pas les couper de si tôt. Cependant, elle trouvait dommage de ne pas pouvoir les détacher plus souvent puisqu'ils la gênaient très facilement. C'était pourquoi elle s'était faite la promesse de les laisser dès qu'elle avait du temps libre et, jusqu'à présent, elle s'y tenait.
Elle avait choisi une tenue plutôt simple, un débardeur noir avec un col carré et qui était accompagné d'un collier en argent que Louis lui avait offert il y a deux Noëls de cela, ainsi qu'un pantalon taille haute également noir et qui, par miracle, n'avait pas nécessité d'ourlets.
Juliette n'arrivait pas à mettre le doigt sur la raison, mais son reflet renvoyait l'image d'une fille timide qui essayait de se donner l'air d'avoir confiance en soi. Était-ce parce qu'elle était légèrement sortie de sa zone de confort ? Elle ne savait pas, mais elle aimait l'apparence qu'elle s'était donnée, il fallait juste qu'elle l'assume jusqu'au bout.
Soupirant, elle se détourna du miroir et son regard s'arrêta sur la boule de poils noirs qui était couchée sur son lit. Elle s'en approcha et ne put s'empêcher de la prendre dans ses bras. Par chance, son chat, Nyx, était de ceux qui appréciaient qu'on les caresse et qu'on s'occupe d'eux, il ne dit donc rien et se blottit un peu plus contre elle.
Ses parents avaient décidé de lui en faire cadeau lorsqu'elle avait dû s'installer toute seule, jugeant qu'une présence animale était toujours mieux qu'un appartement vide et Juliette leur en était vraiment reconnaissante. C'était peut-être anodin pour certain, mais regarder dans ces grands yeux bruns plein de vie la faisait se sentir moins seule tard le soir alors qu'elle se préparait pour aller dormir.
Souvent, si ce n'est tout le temps, elle lui parlait, lui racontant comment s'était passée sa journée ou même ce qui la tracassait. Elle lui expliquait ce qui la rendait heureuse et ce qui lui faisait peur et l'angoissait, s'en servant pratiquement comme un journal intime. Ce n'était qu'un chat, mais elle était persuadée qu'il la comprenait et qu'il savait ce dont elle avait besoin.
Il venait se coucher près d'elle lorsqu'elle était fatiguée, demandait des caresses lorsqu'elle était stressée et avait besoin de s'occuper les mains pour ne pas se ronger les ongles. Il miaulait et lui sautait dessus lorsque la solitude s'emparait de son cœur. Personne ne pouvait la convaincre que ce n'était qu'une coïncidence.
« Tu m'expliques pourquoi je m'embête à me préparer comme ça aujourd'hui ? » Lui demanda-t-elle en lui gratouillant la joue.
Le chat se contenta de ronronner et de se frotter un peu plus fort à sa main. Un sourire se glissa sur les lèvres de Juliette qui l'observait avec tendresse. « J'aimerai bien être un chat moi aussi. Manger et dormir toute la journée, c'est un peu la vie rêvée. »
Comme pour contester ses paroles, il miaula et se libéra de son étreinte, retournant prendre sa place sur le lit.
La jeune fille s'apprêtait à lui répondre que sa vie à elle n'était pas de tout repos, mais le vibreur de son téléphone l'interrompit. Elle s'en saisit, s'attendant à voir un message de la part de Louis ou encore d'une des filles, mais fronça les sourcils lorsque deux autres notifications annonçant qu'Adam avait aimé certaines de ses publications apparurent sur l'écran.
La même sensation d'inconfort que lorsqu'elle était en sa présence s'installa au creux de son estomac. Elle n'arrivait pas à l'expliquer, mais la façon dont il la regardait et lui parlait la mettait profondément mal à l'aise et le fait qu'il s'immisçait maintenant dans sa vie privée n'arrangeait pas la situation.
Juliette avait tout fait pour l'éviter le jour des tests, restant près de Louis, de peur de devoir être seule avec lui. Il n'avait jamais eu un geste ou une parole déplacée à son encontre, mais elle n'était tout de même pas rassurée et préférait garder ses distances.
À contre-coeur, elle ouvrit les notifications et put constater qu'il n'avait aimé que les publications dans lesquelles elle était seule ou juste en présence d'Anastasiya et d'Alya. Ce détail aurait pu passer inaperçu si la majorité de ses autres photos n'étaient pas en rapport avec le patinage et que Louis ne se trouvaient pas dessus.
Sa respiration se coinça dans sa gorge. Elle ne voulait pas paniquer pour un rien, surtout pour un détail comme celui-ci, mais elle n'aimait pas la façon dont la situation évoluait. Elle avait déjà très bien compris que son meilleur ami n'aimait pas le garçon et elle ne pouvait pas l'en blâmer, mais elle ne voulait pas non plus qu'il y ait une incidence sur leur saison et sur son moral. Ils avaient tellement bien commencé.
Juliette ferma les yeux avant de supprimer les notifications et de verrouiller son portable. Ce n'était pas le moment pour se poser des questions, elle allait juste continuer de l'ignorer en espérant qu'il se lasse et qu'il la laisse tranquille. C'était le mieux à faire, pour tout le monde.
Après une dernière caresse à son chat, Juliette sortit de sa chambre pour pénétrer dans son petit salon et enfila une paire de chaussures. Elle s'empara ensuite de ses clés et d'un sac, vérifia une dernière fois que Nyx avait bien à boire et à manger, puis sortit de son appartement en fermant la porte à double tours derrière elle.
La soirée était encore douce, ne faisant pas regretter à Juliette son choix de vêtements, mais également son choix de transport. Sa destination n'était pas à côté de chez elle, il y avait bien entre vingt et trente minutes de marche, mais elle avait jugé que prendre l'air ne pourrait que lui faire du bien.
Elle aimait bien marcher, ça lui donnait l'impression de laisser ses mauvaises pensées derrière elle et d'en accueillir de nouvelles, plus agréables à supporter. Elle essayait donc d'en faire le plus possible, même si c'était compliqué puisqu'elle habitait juste à côté de l'endroit où elle se rendait pratiquement tous les jours.
Tout de même, dès qu'elle devait sortir et si c'était envisageable, elle y allait à pieds.
Juliette leva les yeux vers le ciel qui s'assombrissait de minutes en minutes. Le soleil couchant venait le colorer avec de jolies nuances de rose, illuminant les rues d'une chaleur rassurante. La brise était légère et transportait avec elle les arômes des différents restaurants peuplant les rues voisines. L'atmosphère était paisible et les piaillements des derniers oiseaux se faisaient entendre.
Elle aurait bien profité un peu plus de cet environnement, mais elle arrivait bientôt à destination. Quelques minutes plus tard, elle traversait l'allée d'une maison et allait toquer à sa porte d'entrée. Celle-ci ne tarda pas à s'ouvrir, révélant dans son encadrement une femme d'une quarantaine d'années dont des pattes d'oies venaient encadrer le regard marron.
« Juliette, est-ce que tu peux me rappeler ce que je t'ai déjà dit des millions de fois ? »
La jeune fille ne put s'empêcher de sourire en entendant le ton maternelle que la femme avait utilisé pour s'adresser à elle. « Que je n'ai pas besoin de frapper pour entrer, mais je crois bien que c'est peine perdue. »
Son rire était cristallin lorsqu'elle se décala pour la laisser entrer dans la maison. Juliette se débarrassa rapidement de ses chaussures et de son sac et suivit son hôte dans la cuisine d'où se dégageait une délicieuse odeur de repas encore inconnu pour elle.
« La véritable star du duo est enfin arrivée ! » S'exclama une jeune fille dont les yeux marrons se confondait avec ceux de la femme et alors que Louis était, comme à son habitude, avachi sur la table.
Chloé était la sœur de ce dernier et Juliette l'adorait. La première chose qu'elle lui avait demandé lorsqu'il lui avait annoncé qu'elle était invitée pour le dîner du soir était si sa sœur allait être présente. Louis avait essayé sur le fait que lui il serait présent, ce qui était plutôt logique, mais avait rapidement abandonné en se rendant compte que son argumentaire ne suffisait pas.
Juliette lui jeta un regard entendu. « Je vais finir par croire que si tu nous soutiens c'est uniquement à cause de moi. »
« Ce n'est un secret pour personne ici, exactement comme tout le monde sait que je suis ta personne préférée dans cette famille. » Elle écarquilla soudainement les yeux, y laissant transparaître une certaine panique. « On n'aurait peut-être pas dû dire ça à voix haute, maman pensait que c'était elle. »
La femme rigola alors que Juliette haussait les épaules. « Honnêtement, la deuxième place est très proche de la première. »
Chloé se tourna vers son frère qui les observait avec une exaspération évidente. « Oh Louis, tu es là, je t'avais oublié. Ne t'en fais pas petit frère, je suis sûre que tu as la très honorable quatrième place. Peut-être cinquième si on compte les poissons. »
Cette fois-ci, il leva les yeux au ciel. « Oh ahahah, vous êtes vraiment hilarantes ce soir. »
Sa sœur tenta de lui ébouriffer les cheveux et sortit dans le salon, mais pas avant d'avoir adressé un clin d'œil à Juliette. Cette dernière s'approcha de Louis et s'assit à côté de lui alors qu'il ne la lâchait pas du regard.
« Quoi ? » Finit-elle par lui demander, pensant qu'elle avait quelque chose sur le visage.
Il pointa du doigt ses lèvres. « C'est nouveau ? »
Juliette haussa les épaules, sentant le rouge lui monter aux joues. « J'avais envie d'essayer. »
Le regard de Louis n'avait pas dévié une seule seconde de son visage. Il l'observait comme s'il la découvrait pour la première fois, mémorisant chacun de ses traits comme s'il avait peur qu'elle disparaisse. Juliette était complètement happée par la couleur noisette qui composait ses iris et qui était particulièrement brillante ce soir-là.
« J'aime bien, ça fait ressortir tes yeux. »
Si la jeune fille fille ne rougissait pas déjà, elle était désormais sûre d'être rouge jusqu'à la pointe de ses oreilles. Ce n'était pas la première fois que Louis la complimentait de la sorte, il le faisait même très souvent, mais elle ne manquait jamais de réagir toujours de la même façon.
Elle n'était pas mal à l'aise, en tout cas pas comme elle l'était en présence d'Adam, mais son cœur ratait un battement à chaque fois et elle avait l'irrésistible envie de se cacher dans un trou de souris si elle avait pu. Elle aurait pensé qu'elle aurait fini par s'y habituer au bout de toutes ces années, mais l'effet était toujours le même.
« Merci. » Murmura-t-elle en détournant le regard avec un petit sourire pour se concentrer sur ce que sa mère était en train de faire. « Vous avez besoin d'aide ? »
Malgré tous les efforts qu'elle avait employé pour que Juliette accepte enfin de la tutoyer, la femme avait fini par abandonner et ne lui faisait plus de remarque à ce sujet. Elle lui tendit un plat contenant des apéritifs. « Si tu veux bien mettre ça sur la table s'il te plaît. »
Juliette s'en empara avec plaisir et sortit de la cuisine, n'entendant que l'écho de la voix de Louis dans son sillage. « Quoi ? »
Cependant, elle n'eut pas l'occasion d'entendre la réponse de sa mère puisque la porte d'entrée s'ouvrît, révélant le dernier membre de la famille, le père de Louis. C'était un homme de grande taille et d'une carrure assez large, mais dont l'effet impressionnant était amoindri par l'expression douce et avenante qui était perpétuellement établie sur les traits de son visage.
Un grand sourire se dessina sur ses lèvres lorsque ses yeux, qui étaient une exacte réplique de ceux de son fils, se posèrent sur la jeune fille. « Juliette, comment vas-tu ? »
« Très bien et vous ? » Lui répondit-elle alors que le reste de la famille les rejoignait.
« Oh le travail, tu sais ce que c'est. »
Juliette était tentée de lui répondre qu'elle n'était pas sure de savoir ce que c'était puisque son travail était littéralement sa passion et qu'elle y allait avec un grand plaisir chaque matin, mais elle n'en eut pas l'occasion puisque la mère de Louis invita tout le monde à s'asseoir.
C'est tout naturellement que les conversations s'enchaînèrent tout au long du repas alors que le cœur de Juliette se remplissait de gratitude à mesure que les heures passaient. C'était ce qui lui manquait le plus avec l'absence de ses propres parents, pouvoir manger avec eux à la fin d'une longue journée et leur raconter comment s'était passé la sienne.
Elle était tellement reconnaissante envers la famille de Louis de lui permettre de vivre ces moments aussi souvent qu'ils le faisaient alors que rien ne les obligeait à le faire.
Elle se sentait moins seule.
« C'est quand votre prochaine compétition déjà ? » Demanda Chloé en se servant une nouvelle portion de lasagnes.
« Dans trois semaines. » Répondit Louis en regardant sa sœur avec une mixture de dégoût et d'admiration. « Tu vas vraiment manger tout ça ? »
« Ne me juge pas ou tu peux être sûr que je ne viendrais pas vous voir. » Elle se tourna ensuite brusquement vers Juliette qui terminait doucement son assiette. « D'ailleurs, je n'ai pas vu performance des tests. »
« Tu ne lui as pas montrée ? » Demanda la jeune fille en fronçant les sourcils, sortant son téléphone sur lequel se trouvait la vidéo de leur passage.
Louis haussa les épaules. « Elle ne l'a pas demandé. »
« Menteur. » Marmonna sa sœur en levant les yeux au ciel. Elle s'empara du portable de Juliette et regarda la vidéo, faisant quelques commentaires par ci par là. « J'y connais rien hein, mais j'arrive à comprendre pourquoi vous avez terminé en tête. »
« Ce n'est pas vraiment comme ça que ça fonctionne, ce n'est pas un vrai classement. » Répliqua le garçon. « En plus, tu n'as même pas vu les performances des autres. »
Chloé le fusilla du regard. « Tu ne veux pas accepter le compliment et te taire ? »
Louis s'apprêtait à répondre, mais sa mère lui coupa la parole. « Qu'à fait le reste de l'équipe ? »
« Valeriy et Alya sont également les patineurs à suivre dans leurs catégories, mais ça a été un peu plus compliqué pour Ana' et Baptiste qui n'ont pas eu de très bons retours de la part des juges. » Répondit Juliette avec une grimace, se souvenant que trop bien de l'expression de ses amis lorsque Natalia leur avait annoncé. « Anton et Thibaut sont dans la moyenne, ils ne se sont juste pas vraiment démarqués. Les plus jeunes n'ont pas participé officiellement, c'était juste histoire de leur faire découvrir autre chose. »
« Louis, tu ne m'avais dit qu'il y avait un nouveau qui venait d'arriver ? »
Ce dernier s'immobilisa, une fourchette pleine à mi-chemin entre son assiette et sa bouche. Une ombre passa dans son regard alors réfléchissait à comment répondre à la question de son père. Juliette pouvait voir sur son visage qu'il n'en avait pas envie.
Elle prit donc cette responsabilité entre ses mains. « Adam oui, mais il fait aussi partie d'un duo, il ne patine pas seul. Le problème est qu'il est actuellement à la recherche d'une partenaire donc il n'a pas pu y participer. »
« Et c'est aussi compliqué qu'à l'époque pour trouver ? » Demanda sa mère avec curiosité. « Vous avez mis un moment avant de tomber l'un sur l'autre. »
« À partir d'un certain âge, c'est plus compliqué oui. Mais- »
Le rire sans humour de Louis l'interrompit. « Le truc c'est qu'il ne fait aucun effort. À chaque fois que Natalia lui présente une fille, c'est comme s'il faisait exprès de tout rater. Je l'ai vu patiner seul, il n'est pas mauvais, mais dès que quelqu'un est avec lui, il enchaîne les erreurs qui les mettent tous les deux en danger. Ce n'est pas étonnant qu'aucune ne veut tenter l'expérience, il n'a rien à faire ici. Il devrait juste rentrer chez lui. »
Juliette l'observa planter avec force sa fourchette dans son assiette. Elle savait très bien qu'il ne l'aimait pas, mais elle n'avait pas remarqué que ses sentiments à son égard étaient aussi négatifs. Le sujet retomba rapidement, chacun jugeant qu'il était préférable de ne plus le mentionner pour conserver la bonne humeur qui régnait autour de la table.
Le repas se termina bien plus rapidement que Juliette l'aurait aimé, indiquant qu'il était temps pour elle de retourner à son appartement, surtout si elle voulait être capable de se lever pour être à l'heure le lendemain matin pour leur entraînement.
« Tu es sûre que tu ne veux pas rester dormir ici ? » Insista la mère de Louis alors qu'elle enfilait ses chaussures et s'emparait de son sac.
Juliette secoua la tête avec un sourire reconnaissant. « Nyx m'attend, il va me faire la tête si je ne rentre pas. »
« C'est fous, » s'exclama Chloé en rigolant, « même le chat exprime ce qu'il ressent mieux que certaines personnes. »
Sa mère lui lança un regard d'avertissement alors que Louis soupirait. Juliette les observait avec confusion, ne comprenant pas le sous-entendu. Elle estima que ce devait être un clin d'œil qu'eux seuls pouvaient comprendre et n'essaya pas davantage.
« Louis. »
Ce dernier ouvrit la porte d'entrée et fit signe à Juliette de passer devant lui, avec un regard entendu en direction de sa mère. « Mademoiselle, je vous en prie. »
La jeune fille salua une dernière fois toute la famille et sortit dans la nuit, regrettant immédiatement de ne pas avoir emmené de veste. Louis ne tarda pas à s'en rendre compte et lui tendit son sweat à capuche sans un mot. Elle ne comptait même plus le nombre de pulls qui lui appartenaient et qui se trouvait dans son armoire.
Ils prirent la route de son appartement dans un silence confortable, la main de Louis trouvant rapidement la sienne. Ce geste envoya le train de pensées de Juliette sur une pente dangereuse. Son esprit se tourna malencontreusement vers Adam qui y faisait petit à petit son nid.
Elle n'avait pas voulu le mentionner devant ses parents et sa sœur, mais le garçon avait commencé à lui envoyer des messages privés durant la soirée et elle ne savait plus quoi faire. Elle n'avait aucune envie de lui répondre, mais l'ignorer ne semblait pas avoir l'effet escompté. Elle n'avait pas non plus envie d'en parler à Louis parce qu'elle savait qu'il allait s'énerver et elle ne voulait pas mettre en danger l'osmose de l'équipe.
Elle était coincée de tous les côtés.
Alors qu'ils étaient à quelques mètres seulement de son immeuble, Juliette tenta une approche qu'elle espérait ne pas regretter. « Tu penses qu'Adam va finir par trouver une partenaire ? »
L'effet fut immédiat et la jeune fille se mordit les doigts de ne pas avoir gardé ses pensées pour elle-même. Louis se raidit et, elle ne savait pas si c'était volontaire ou non, lui lâcha la main pour se gratter la joue avant de les remettre dans ses poches.
Juliette l'observa avec tristesse. Même s'il se tenait juste à côté d'elle, sa proximité lui manquait. Elle avait envie de reprendre sa main dans la sienne, mais elle ne savait pas comment s'y prendre.
« J'en sais rien. »
Elle s'attendait à ce qu'il développe sa pensée, mais il se mura dans un silence qui persista jusqu'à ce qu'ils soient devant la porte de son appartement. Juliette n'avait pas envie de terminer la soirée sur cette conversation, mais elle ne savait pas quoi dire et il ne semblait pas vouloir prendre l'initiative.
« Louis. » Elle ouvrit la bouche pour continuer, mais rien ne vint.
Dans une dernière tentative, elle le regarda simplement dans les yeux. Dans un premier temps, elle pouvait y voir la distance qu'il avait installé entre eux, mais, plus les secondes passaient et plus elle insistait, cette lueur qui lui était si familière finit par réapparaître.
« Tu le dis quand t'es arrivée, d'accord ? »
Le garçon hocha la tête et commença à reculer le long du couloir sans se détourner d'elle. « À demain. »
Juliette entra dans son appartement et ferma la porte derrière elle, mais pas avant d'avoir adresser un dernier sourire rayonnant à son meilleur ami.
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