Chapitre 47
Tout en attendant ses boissons, Louis observa les gens qui passaient autour de lui.
Il trouvait les aéroports fascinants. Fascinants parce que ça pouvaient être l'un des seuls endroits qui réunissait autant de personnes différentes, mais des personnes qui montraient qu'elles étaient différentes.
À partir du moment où un endroit accueillait du public, beaucoup de gens de mondes différents s'y concentraient, mais, particulièrement lorsque c'était du loisir, leur différence ne se voyait pas forcément sur leur visage ou dans leur attitude.
Dans un aéroport, non seulement on y trouvait des personnes qui partaient en vacances, mais également des personnes partant en voyage d'affaires ou alors allant rejoindre de la famille, rentrant chez eux. Ces différences étaient très visibles. Les travailleurs étaient pressés et stressés, les vacanciers étaient détendus et souriants et les autres moroses et lassés.
Cette diversité était passionnante à observer et Louis adorait s'imaginer ce qu'était le voyage d'une personne en fonction de son expression. Il leur créait des scénarios, parfois celui-ci se terminait bien ou alors mal si la personne se montrait désagréable avec le personnel.
De son côté, il ne savait pas dans quelle catégorie il se trouvait. Il allait travailler, oui, mais son travail était sa passion et son loisir à la fois. Ce qu'il allait vivre était stressant et angoissant, mais également l'expérience la plus heureuse qui pouvait lui être donnée. Il se trouvait donc entre deux, travailleur stressé aussi impatient que le vacancier.
Maintenant, est-ce qu'il renvoyait cette image, il ne savait pas.
Son regard se fixa sur une mère qui essayait désespérément de calmer son bébé qui pleurait dans ses bras. Elle avait l'air complètement épuisée, des cernes se creusaient sous ses yeux et la tension se peignait sur les traits de son visage.
A ses côtés, un homme était assis à la table et ne lui portait aucune attention, préférant lire son journal. Il ne la regarda même pas lorsqu'elle lui demanda de lui faire passer la tétine qui était posée sur la table, la lui tendant avec un soupire consterné.
Louis priait chaque jour pour ne jamais devenir comme ceci, indifférent à ce qu'il se passait autour de lui et insensible au sort de ses proches. Il ne comprenait même pas comment il était possible d'avoir aussi peu de considération pour une personne qui partageait vraisemblablement sa vie.
Comme il détestait ce qui était en train de se passer sous ses yeux. Il aurait tellement aimé pouvoir lui arracher son journal des mains et lui tendre son bébé pour qu'il s'en occupe, laissant à sa femme l'opportunité de se reposer un temps.
Louis jeta un coup d'œil à la bouteille d'eau qu'il avait dans les mains. Une idée lui traversa l'esprit. Une idée complètement stupide, certes, mais une idée quand même.
Avant qu'il ne puisse changer d'avis, il enleva le bouchon et fit le tour des tables pour passer derrière la famille. Arrivé à la hauteur de l'homme, il fit semblant de trébucher et renversa le contenu de sa bouteille sur le journal.
L'homme fit un bon, se relevant en lâchant le bout de papier désormais détrempé. « Qu'est-ce- »
« Oh non ! Qu'est-ce que je peux être maladroit parfois. » S'exclama Louis en exagérant, s'emparant de serviettes en papier et les dispatchant sur le journal, son efficacité étant proche de zéro. « Je suis vraiment désolé Monsieur, je ne voulais pas vous interrompre dans votre lecture. »
Le regard de l'homme passait du journal à Louis, la colère commençant à se lire sur son visage. Il ne lui laissa cependant pas le temps de réagir et prit un livre pour enfant qu'il y avait sur la table avant de lui tendre.
« Tenez, vous pourriez lire ça à votre bébé, ça aiderait peut-être à le calmer. Comme ça votre femme pourra se poser pendant quelques minutes. » Il se retourna vers le comptoir lorsque son nom fut appelé. « Heureusement que j'ai commandé d'autres boissons, ma bouteille ne m'aurait plus servi à rien. »
Il s'excusa une nouvelle fois auprès de l'homme qui était toujours aussi médusé et tourna les talons pour aller récupérer ses boissons qui l'attendaient. Il sortit du café avec satisfaction en remarquant que le bébé était désormais dans les bras de son père et qu'un petit sourire soulagé planait sur les lèvres de la mère.
Il avait effectué sa bonne action de la journée.
Louis alla donc rejoindre Juliette qui, assise en tailleur sur l'un des sièges qui faisaient face au tarmac, avait la tête dans les mains. Leurs valises étaient éparpillées autour d'elle et Alya et Valeriy prenaient la suite de la rangée, chacun dans leur propre monde.
Ses cheveux détachés étaient retenus par un bonnet assorti au sweat que leur avait donné Legov et qu'elle avait décidé d'inaugurer ce jour. Sa respiration était calme et régulière, mais il pouvait également voir qu'elle n'était pas totalement détendue. Il s'agissait de détails, mais son genou droit bougeait légèrement et la tension se voyait dans ses mains.
« Tiens. » Lui dit-il en s'asseyant à ses côtés et en lui tendant sa boisson.
Elle se redressa et lui adressa un petit sourire. « Merci. »
Son regard n'était pas fuyant à proprement parler, mais il avait du mal à se concentrer sur une seule chose à la fois. Il passait du verre en plastique qu'elle avait dans les mains à un enfant qui courrait un peu plus loin avant de revenir sur lui.
Elle dut voir l'interrogation dans ses yeux puisqu'elle haussa les épaules. « J'essaye de faire les exercices que m'a donnée le Docteur Dumeil, mais je ne pense pas qu'ils soient efficaces. J'arrive pas à me poser, il faut que je bouge. »
Louis posa sa boisson et se tourna vers elle. « Tu te souviens de ce qu'on faisait quand on s'ennuyait quand on était petits et que mes parents détestaient parce que ça faisait trop de bruit ? Natalia leur avait dit que c'était un bon exercice parce que ça nous permettait de travailler notre coordination et notre mémoire. »
« Tu veux dire, » elle fronça les sourcils en faisant des mouvements avec ses mains, « les trois petits chats ? »
« Exactement, tu t'en souviens ? »
« Vaguement, » une expression amusée se glissa sur son visage, « je me souviens juste qu'on réussissait à aller très loin et très vite et que tu étais toujours le premier à craquer et à perdre. »
« D'accord, voyons qui gagne maintenant alors. » Répondit-il d'un ton solennel et avec défis.
Dans un premier temps, Juliette le regarda avec incertitude. Ses yeux bleus brillaient et il pouvait presque voir son anxiété reculer et laisser sa place à la distraction. Elle finit tout de même par céder et se tourna pleinement vers lui.
C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent donc à frapper dans leurs mains en récitant la comptine des trois petits chats. Leur concentration à son maximum, ils accéléraient à mesure que les paroles défilaient. Ils allaient si vite qu'une seule seconde d'inattention était fatale.
Intrigué par ce remue ménage, Valeriy se pencha en avant et les regarda faire. « Qu'est-ce que vous faites ? »
Il n'en fallut pas plus à Juliette pour se mélanger et perdre ses moyens. Louis leva les bras en signe de victoire alors qu'elle se laissait tomber contre le dossier de sa chaise avec déception, mais ne pouvant dissimuler son sourire. « Ce n'est pas juste. »
« C'est une victoire magnifique et écrasante pour le jeune joueur. » Commenta Louis avant de leur faire des fausses révérences.
Valeriy fronça les sourcils en grimaçant et secoua la tête. « Laissez tomber, je ne veux pas savoir en fait. »
« J'aurais pu gagner si je n'avais pas été déconcentrée. » Marmonna la jeune fille en reprenant sa boisson. « Tu commençais à faiblir en plus. »
Louis leva les yeux au ciel et lui enleva son bonnet pour le mettre sur sa propre tête. « Mauvaise joueuse. »
Un silence confortable s'installa entre eux. Le garçon observa sa meilleure amie siroter son thé glacé le regard perdu dans le vide. Ce n'était pas grand-chose, mais il avait au moins eu le mérite de lui changer les idées pendant quelques minutes.
Leur départ pour les championnats était imminent, ils attendaient juste le signal pour se rendre à la porte d'embarquement.
Ils avaient également une chance inouïe. Cette année, et contrairement à l'année précédente où ils avaient été organisés dans un pays à l'autre bout du monde, les championnats se déroulaient à seulement trois heures d'avion de chez eux et avec une heure de décalage horaire. Le trajet n'allait donc pas être très compliqué et leur corps et leur esprit n'avaient pas d'adaptation à subir.
Leur stress était donc la seule chose qu'ils allaient devoir gérer.
Ils attendaient actuellement que Natalia revienne avec plus d'informations quant à leur embarquement, mais également quant à l'organisation à leur arrivée. Elle avait passé des heures au téléphone avec la fédération pour organiser leur séjour d'une semaine, tout en continuant à les entrainer quasiment tous les jours, sans jamais déléguer. Son investissement avait été impressionnant et Louis n'avait pas la moindre idée de comment elle avait fait pour tout gérer. Elle ne semblait même pas fatiguée par ses journées interminables.
S'il n'avait pas déjà le plus grand respect pour elle auparavant, maintenant il n'oserait plus jamais remettre en question son efficacité.
Louis soupira et tendit la main vers Juliette. Cette dernière s'en empara sans un mot, le regard toujours fixé devant elle. Il commença à jouer avec ses doigts d'un air distrait, s'ennuyant à en mourir. Il n'y avait pas pire que l'attente dans un aéroport, il détestait ça.
« On dirait quatre adolescents en perdition, c'est navrant. »
Tous se tournèrent d'un même geste vers la personne qui s'était adressée à eux. Natalia se tenait debout en face des chaises, son sac à dos sur les épaules. Elle aussi avait eu le droit à son lot de vêtement à l'effigie du pays, mais, en plus de ce flocage, il y avait également la désignation coach en dessous.
Louis grimaça. « On est en perdition, l'attente est en train de nous tuer. »
« On va bientôt pouvoir y aller, » répondit-elle en s'accroupissant face à eux, « mais d'abord, j'aimerai faire un petit point avec vous. »
Ce n'était une surprise pour personne. Elle avait déjà passé tous les détails en revu avec eux, leur expliquant les aboutissants et les objectifs, mais également comment allait se dérouler le séjour. Louis n'avait pas l'impression que c'était parce qu'elle ne leur faisait pas confiance, mais plutôt parce qu'elle y avait investi beaucoup d'énergie et qu'elle voulait que tout se passe sans accroc.
« Bon, ce n'est pas sans vous rappeler que vous représentez tout un pays, on attend donc de vous un comportement irréprochable. » Commença-t-elle, elle -même lassée de devoir répéter cent fois la même chose. « Faites attention à ce que vous dites et ce que vous faites, mais n'oubliez pas de profiter de cette opportunité. Vous l'avez méritée et il faut que ça reste un bon souvenir. »
Elle leur tendit ensuite des tours de cou au bout desquels se trouvaient des cartes plastifiées. Chacune avait leur nom et leur prénom, accompagné d'une photo, du pays qu'ils représentaient avec le nom de leur entraineur, ainsi que la catégorie dans laquelle ils concourraient.
« Déplacez-vous toujours avec cette carte et ne vous en vous défaites jamais. Il s'agit de votre carte d'identité, mais aussi de votre pass d'entrée. » Elle lança un regard d'avertissement aux garçons. « Ne la perdez surtout pas. Pour ce qui est de l'hôtel, Valeriy et Louis vous partagez une chambre et Alya et Juliette une autre. »
Cette dernière fronça les sourcils. « Encore ? »
Son amie leva les yeux au ciel alors que Valeriy explosait de rire. « Dis-le tout de suite si tu ne veux pas partager une chambre avec moi. On sait tous que je ne suis pas ton choix premier, mais j'attendais tout de même plus d'enthousiasme. Je ne suis pas une si mauvaise colocataire. »
Juliette commença à rougir et secoua la tête. « Non, ce n'est pas ça, c'est juste que- » Elle croisa le regard de Natalia et se recroquevilla sur son siège, rougissant de plus en plus. « Laisse tomber. »
Louis l'observa quelques secondes supplémentaires avec un sourire avant de se retourner vers son entraineuse qui le regardait à son tour d'un air entendu. « Je n'ai rien dit. » Se défendit-il.
La femme soupira et s'adressa à nouveau à l'ensemble du groupe. « Bon, ça va être une semaine très fatigante et stressante. Je sais que ça ne va pas être facile et que vous avez beaucoup de pression sur les épaules. Mais je crois en vous et je sais que vous pouvez y arriver. »
Elle les regardait tous chacun leur tour, prenant le temps de les considérer individuellement. Elle restait toujours aussi solennelle qu'à son habitude, mais une certaine émotion se lisait derrière ses yeux. Ils n'avaient pas l'habitude de la voir ainsi, elle qui était tellement professionnelle et sérieuse.
« Allez-y la tête haute, vous méritez votre place autant que tous les autres. Et, quoiqu'il arrive, sachez qu'on est tous très fiers de tout ce que vous avez accompli jusqu'à présent, soyez-le aussi. » Elle jeta un coup d'œil à sa montre et se releva. « Bon, on devrait y aller si on ne veut pas se retrouver sur le bord de la piste, sans avion. »
C'est ainsi que le groupe se retrouva à déambuler dans les larges couloirs de l'aéroport en direction de leur porte d'embarquement. Affublés de leur attirail national, ils ne passaient pas inaperçus et les gens se retournaient sur leur passage, motivés par la curiosité.
Il était difficile de leur en vouloir, qui ne serait pas curieux de savoir pourquoi quatre adolescents se promenaient dans un aéroport habillés comme de vrais patriotes ? Ce n'était pas quelque chose qu'ils croisaient tous les jours.
Tout de même, Louis en était fier. C'était le résultat d'un travail de plusieurs années, la récompense ultime pour un athlète. Porter ces vêtements voulait dire qu'il faisait parti des meilleurs de sa catégorie alors, s'il devait se transformer en panneau publicitaire à taille humaine avec tous leurs sponsors, ainsi soit-il. Il le faisait avec plaisir.
Tirant sa valise derrière lui, il suivit le mouvement en silence. Il ressentait déjà bien plus de stress qu'il n'en avait jamais ressenti et n'était pas sûr d'être préparer correctement à ce qu'ils allaient vivre, mais son impatience était à son maximum. C'était très contradictoire, mais il voulait que la semaine se termine et ne s'arrête jamais à la fois.
Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent à la bonne porte d'embarquement et se mirent dans la file pour faire vérifier leur enregistrement et leur identité. Les choses n'avançaient pas assez vites à son goût, il avait juste envie d'enfin quitter cet aéroport et d'être en chemin.
Alors qu'il restait moins d'une dizaine de personnes avant leur passage, le téléphone de Natalia sonna. Il la regarda répondre et s'éloigner de quelques pas alors qu'une légère contrariété se dessinait sur son visage.
Louis se tourna vers Juliette avec un signe de la tête envers leur entraineuse. « Combien est-ce que je te parie qu'elle ne va pas tenir toute la semaine ? »
La jeune fille fronça les sourcils. « Qu'est-ce que tu veux dire ? »
« Honnêtement, est-ce que tu l'as déjà vue aussi stressée ? » Il secoua la tête. « Ça fait des semaines qu'elle ne s'arrête pas et qu'elle court dans tous les sens, elle va finir par craquer, c'est obligé. »
Juliette l'observa à son tour, un air pensif brouillant son regard bleu. « Je pense qu'elle va tenir jusqu'au dernier passage, mais dès que la musique va s'arrêter, on va l'avoir perdue. »
Un sourire taquin se glissa sur ses lèvres. « Pas étonnant que vous vous entendiez si bien, vous êtes pareilles. »
« Si seulement. » Elle grimaça avec un soupire. « J'aimerai réussir à gérer mon stress de cette façon. Au moins, elle arrive à sauver les apparences et reste efficace. »
Louis fronça les sourcils. Il n'aimait pas son sous-entendu. « Toi aussi tu es efficace, tu ne serais pas arrivée jusqu'ici si tu ne l'étais pas. »
« C'est uniquement parce que tu es là. Tu penses vraiment que j'aurais eu la même carrière si j'étais restée en solo ? Je n'ai pas les nerfs pour. » Elle haussa les épaules. « Mais ce n'est pas grave. Tant que mon stress n'affecte personne d'autre que moi, ça me va. »
Plus elle parlait et plus Louis avait l'impression que son cerveau cessait de fonctionner. Peut-être qu'il avait mal entendu, il avait forcément mal compris. Elle ne pouvait pas dire quelque chose d'aussi faux et d'aussi stupide. Ça ne lui ressemblait pas. Non, son cerveau déformait ses propos.
« Ju', je crois que tu ne te rends pas compte à quel point tu as évolué depuis un certain temps. » Son air désintéressé s'effondra alors qu'elle fixait son regard dans le sien. « Il y a un moment dans la saison où tu aurais été incapable de patienter trois heures dans un aéroport avant une compétition aussi importante. »
« Je suis toujours aussi stressée et anxieuse. » Murmura-t-elle, la voix tremblante.
« D'accord, mais ce n'est pas parce que c'est ce que tu ressens que tu n'arrives pas à les gérer. Je suis stressé, Alya et Val' sont stressés et ce n'est pas pour autant que tu dirais ça de nous, non ? » Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais il ne lui en laissa pas le temps. « Arrêtes de toujours douter de toi, tu es bien plus forte que ce que tu ne veux bien admettre. »
Juliette resta silencieuse, visiblement prise de court par ses paroles. Elle scannait son visage comme si elle se demandait si elle devait lui rire au nez, le secouer dans tous les sens pour lui remettre les idées en place ou alors se réfugier dans ses bras.
Bien évidemment, il aurait préféré qu'elle opte pour la dernière option. S'il s'écoutait, il le ferait lui-même. Après tout, il le faisait déjà très souvent, beaucoup trop au goût de certaines personnes, mais il s'en moquait. Il aimait la sentir près de lui, particulièrement ces derniers temps, et elle le lui rendait bien.
Jamais elle n'avait été aussi encline à lui prendre la main, le prendre dans ses bras dans les moments les plus aléatoires ou tout simplement le toucher d'une quelconque manière que ce soit. Elle trouvait toujours le moyen qu'un contact physique se fasse entre eux et en était quasiment tout le temps l'initiatrice.
Autrement dit, Louis vivait sur un petit nuage.
À cet instant précis, il était persuadé qu'elle allait craquer et passer ses bras autour de son torse, posant la tête au creux de son cou. C'était sa position préférée. Mais elle ne le fit pas et se contenta de le regarder pendant quelques secondes supplémentaires.
« Est-ce que je peux récupérer mon bonnet ? »
Ainsi disparaissait ses espoirs de câlin.
3 chapitres.
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