Chapitre 39
Tout se passa très vite.
Louis n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il se passait que Juliette s'effondrait à côté de lui alors qu'ils n'avaient même pas encore atteint le bord de la patinoire. Il ne savait pas comment puisque son cerveau n'avait pas encore pris en compte l'ampleur des événements, mais il eut le reflex de de la retenir avant qu'elle ne touche le sol.
Ce mouvement l'obligea à s'accroupir sur la glace s'il ne voulait pas perdre l'équilibre et il se retrouva au sol au milieu d'une patinoire remplie de monde, sa meilleure amie inerte dans les bras. Il observa son visage avec de grands yeux, la panique commençant à se répandre dans son corps.
« Ju'. » S'agita-t-il d'une voix tremblante bien trop faible à son goût.
Bien sûr, celle-ci ne répondit pas. Il releva brusquement la tête en direction de Natalia qui se précipitait déjà vers eux, aussi rapidement qu'elle le pouvait sur une surface glissante. Son visage était plus tendu qu'il ne l'avait jamais été.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Lui demanda-t-elle d'une voix qui se voulait calme et en s'accroupissant à leurs côtés.
« Je- » Louis n'arrivait pas à réfléchir, ses pensées étaient en ébullitions. « J'en sais rien. On- on revenait normalement et elle s'est juste... évanouie. »
La femme hocha la tête, posant une main douce sur le front de Juliette avant de relever la tête vers lui. « Très bien, on va laisser faire les secours d'accord ? »
Le garçon s'apprêtait à lui demander où est-ce qu'elle voyait des secours avant de se rendre compte qu'ils n'étaient plus seuls. Un homme d'une carrure assez large lui demanda brutalement de s'écarter avant de le pousser comme un mal propre, n'allant pas assez vite à ses yeux.
Louis avait envie de se défendre, il n'avait déjà pas envie de laisser Juliette dans les mains de ces hommes qui manquaient très clairement de délicatesse, mais il ne voulait pas non plus qu'on lui parle de la sorte. Seulement, la présence de Natalia l'en empêcha alors qu'elle l'aidait à se remettre sur ses pieds.
A partir de ce moment-là, il n'avait plus la moindre idée de ce qui était en train d'être fait. Les secours ne mirent que quelques minutes à installer Juliette, qui n'avait toujours pas repris conscience, sur une civière pour l'évacuer et s'installer dans une pièce à l'abris des regards curieux.
Louis s'apprêtait à les suivre après avoir enfilé ses protèges-lames, mais son entraineuse le retint par le bras. Il se tourna vers elle avec confusion alors qu'il voyait déjà Juliette disparaitre de son champ de vision. Il n'allait pas pouvoir la retrouver s'il ne la suivait pas.
« J'ai besoin que tu restes ici pour regarder vos notes. » Lui dit-elle d'un ton tout à fait sérieux.
« Nos- » Louis fronça les sourcils avec confusion. « Nos notes ? Tu veux que je regarde nos notes ? Mais je m'en fous complètement de nos notes. Si elle se réveille et qu'elle se retrouve seule au milieu de tous ces hommes, elle va paniquer et- »
« Elle ne sera pas seule, je serais là. Fais-moi confiance. » L'interrompit-elle en insistant du regard.
Derrière elle, il aperçut Valeriy enjamber le muret qui séparait les gradins de l'espace réservé aux patineurs et aux entraineurs pour les rejoindre. La sécurité lui lança un regard mauvais et s'apprêtait à lui demander de partir avant qu'il ne lui montrer la carte qui leur avait été distribuée au début du séjour.
« J'ai besoin que tu sois professionnel pour vous deux. » Reprit-elle alors qu'il continuait à protester. « Et ça passe par assister à l'annonce de vos notes. L'épreuve est terminée Louis, c'est le classement final. J'ai besoin que tu sois présent. »
Comprenant bien qu'il n'y avait aucune chance pour qu'elle change d'avis, le garçon acquiesça à contre-cœur et la regarda partir avec l'un des secours qui était resté en retrait. Il resta sur place sans bouger, l'adrénaline commençant lentement à quitter son corps.
Valeriy le tira par le bras. « Allez viens. Elle a raison, puis Juliette voudrait que tu restes pour que tu puisses lui annoncer la bonne nouvelle quand elle se réveillera. »
Louis le suivit jusqu'au canapé prévu à cet effet et s'installa à ses côtés, la mort dans l'âme. C'était très étrange de se retrouver en sa présence, ça faisait des semaines qu'ils ne s'étaient pas adressés la parole. Mais, à l'heure actuelle, sa relation avec son ami n'était pas ce qui le préoccupait le plus.
Il soupira et se prit la tête dans les mains. Il était parfaitement conscient que tous les yeux étaient rivés sur lui, que ce soient les personnes présentes physiquement dans la patinoire, mais également celles qui suivaient la compétition depuis chez elles à travers le live qui était retransmis sur plusieurs sites. Mais, honnêtement, il n'en avait rien à faire, il ne pensait qu'à Juliette.
« Je ne devrais pas être ici. » Marmonna-t-il en fermant les yeux avec force, essayant de chasser certaines images qui lui polluaient l'esprit.
« Tu pourras y aller dès que les notes seront affichées. Eléonore vient de me dire qu'ils l'ont mise dans une pièce au premier étage, deuxième porte à gauche, juste à côté de celle où on s'entrainait. »
Quelques minutes supplémentaires passèrent avant que Valeriy lui donne un coup de coude, l'invitant à regarder l'écran. Louis fit mine de regarder, n'ayant absolument aucune idée de ce qui y était marqué, avant de se lever d'un bon et de se diriger vers la pièce qu'il lui avait indiqué après l'avoir remercié.
Il ne savait pas du tout où en était leur amitié, mais il était tout de même heureux de pouvoir compter sur lui dans cette situation.
Lorsque Louis trouva le couloir, la première chose qui le marqua fut le nombre de personnes qui attendait à l'extérieur. Pratiquement l'intégralité de l'équipe, à l'exception d'Alya qui se préparait pour sa dernière épreuve, attendait avec plus ou moins de patience.
Anastasiya, Baptiste et Anton étaient assis sur le sol, l'air contrarié, Thibaut était au téléphone un peu plus loin, très certainement avec Alya pour lui donner des nouvelles, et Eléonore était debout, les bras croisés sur la poitrine et fusillant du regard l'homme qui gardait la porte. Elena se tenait sur le côté, loin de tout le monde.
Louis ne s'arrêta pas et se dirigea tout droit vers la porte qu'un bras barra dès qu'il l'atteignit. Il leva les yeux vers l'homme qui faisait bien une tête et demie de plus que lui et lui lança un regard assassin.
L'homme haussa un sourcil d'un air dédaigneux. « Personne n'entre. »
« Personne n'entre sauf la famille. » Corrigea-t-il, bien décidé à ne pas se faire rembarrer une seconde fois. « Je suis sa famille alors je vais entrer. »
Mais l'homme ne se déplaça pas et le repoussa d'une main. « Personne n'entre. »
« Oh vous allez voir si je ne vais pas entrer. » Répliqua-t-il en avançant à nouveau, mais quatre mains l'attrapèrent par les bras et le firent reculer.
Louis se retourna brusquement vers Anton et Baptiste qui le lâchèrent rapidement. Il n'avait pas l'impression d'être si effrayant que ça, mais si c'était le cas, alors grand bien lui fasse. Il voulait entrer dans cette pièce et il allait y arriver.
« Ça sert à rien d'essayer. » Lui expliqua Anton avec désolation. « Eléonore a bien tenté, mais le résultat était le même. Natalia a même dû intervenir pour nous dire d'attendre, elle a dit qu'elle viendrait directement nous voir dès que ce serait bon. »
Il jeta un coup d'œil à la jeune fille, qui ne semblait pas plus ravie que lui et qui haussa les épaules, et soupira en se passant une main dans les cheveux. Il voulait juste voir Juliette pour s'assurer qu'elle allait bien, pourquoi est-ce que c'était aussi compliqué ?
Les minutes paraissaient interminables. Faisant les cent pas dans le couloir, tous les pires scénarios lui passaient par la tête. L'attente le rendait fou et il était persuadé qu'il venait de perdre définitivement sa meilleure amie. La partie logique de son cerveau lui disait que ce n'était pas vrai, mais rien n'y faisait. Il ne pensait plus raisonnablement.
Il s'arrêta une nouvelle fois devant l'homme à la porte, essayant de jauger ses chances de le maîtriser pour rentrer dans la pièce. Malheureusement, il était beaucoup plus grand et beaucoup plus fort que lui, ça ne faisait aucun doute qu'il allait le repousser aussi facilement que le bousier et sa boule de défections.
Il soupira de frustration et recommença à arpenter le couloir de façon à donner le vertige à quiconque l'observait. Il aurait pu continuer sur ce schéma pendant longtemps si une main n'était pas venue se poser sur son avant-bras.
Il se retourna et fit face à Elena qui le regardait d'un air triste et inquiet. Ses yeux sombres scannaient son visage à la recherche de quelque chose qu'il ne pouvait identifier, comme si elle cherchait la réponse à une question silencieuse qu'elle lui posait, mais dont il ne recevait pas le signal.
Seulement, Louis se dégagea et s'éloigna. Il ne voulait pas la voir.
Non, tout ce qu'il voulait c'était rentrer dans cette foutu pièce et-
La porte s'ouvrît et laissa apparaître les secours, matériel en main, qui sortirent et s'éloignèrent le long du couloir, emportant avec eux l'homme à la porte qui lança un dernier regard désagréable au garçon. Ce dernier le lui rendit bien.
La dernière à sortir fut Natalia qui prit soin de fermer la porte derrière elle. Tous se levèrent d'un bon et s'attroupèrent autour d'elle, Louis en première ligne. Il avait déjà bien trop attendu et n'aurait eu aucun mal à contourner son entraîneuse s'il ne la respectait pas autant. Il resta donc à sa place.
« Déshydratation et crise d'hypoglycémie. » Déclara-t-elle à voix haute, tous les yeux rivés sur elle. « Rien qui ne puisse pas s'arranger avec une bonne cure des bons nutriments. Ils la gardent tout de même en observation pendant une bonne heure, mais tout ira bien. »
Une vague de soulagement se répandit au sein du groupe, excepté chez Louis qui fixait Natalia sans ciller avec des yeux ronds. Il voulait le voir pour le croire, il était bien trop facile de parler sans savoir.
Celle-ci reporta son attention sur lui. « Tu peux aller la voir, mais- » Elle l'empêcha de rentrer dans la pièce comme un bulldozer. « -je veux que tu y ailles doucement, elle a besoin de se reposer. Je vais aller chercher ses parents avant de rejoindre Alya. Les autres, » elle jeta un regard circulaire au groupe, « il me semble que vous avez autre chose à faire. La journée n'est pas finie. »
Sur ses paroles, elle s'écarta et Louis poussa la porte sans regarder derrière lui.
La pièce était plutôt classique et ne sortait pas de l'ordinaire pour une salle d'entrainement. Le mur qui donnait sur le couloir était recouvert par un grand miroir alors qu'une barre venait longer les deux tiers de l'espace. Elle serait complètement vide si ce n'était pour le lit portatif des secours sur lequel était allongée Juliette.
Cette vue prit le garçon de court et il eut un mouvement de recul. Il avait beau savoir que ce n'était rien de grave et que tout allait s'arranger, ça n'en restait pas moins très étrange de la voir comme ceci. Même si elle avait simplement l'air de se reposer, la perfusion qui était reliée à son bras et la couverture de survie qui la recouvrait lui rappelaient bien que ce n'était pas la réalité.
La porte se referma plus brusquement qu'il ne l'avait prévu, le bruit sec faisant sursauter la jeune fille qui ouvrit les yeux et se redressa, peut-être trop rapidement puisqu'elle dut se rappuyer contre la tête de lit, son visage devenant aussi blanc que de la neige.
Elle mit quelques secondes à reprendre ses esprits avant de tourner la tête vers Louis qui n'avait, lui-même, pas bougé du seuil de la porte, ses mains ayant trouvé leur place dans ses poches. Maintenant qu'il savait ce qu'il en était, son inquiétude laissait progressivement sa place à de la colère et de la frustration.
Il était énervé. Enervé que ses inquiétudes se soient avérées véridiques et qu'elles n'aient pas été prises au sérieux, énervé contre Natalia, énervé contre lui-même. Enervé contre Juliette.
« Hypoglycémie et déshydratation, on sait tous les deux ce que ça veut dire, n'est-ce pas ? » Finit-il par dire d'un ton plus dur qu'il ne le voulait réellement, mais qui traduisait parfaitement les émotions contradictoires qui naissaient en lui.
Juliette soutint son regard pendant quelques secondes sans rien dire avant de baisser les yeux sur ses mains qu'elle commençait à malmener. Il n'aimait pas quand elle faisait ce geste, il n'aimait vraiment pas ce qui le causait.
« Je suis désolée. » Murmura-t-elle d'une voix si basse qu'il n'était pas sûr d'avoir entendu correctement.
« Ce n'est pas à moi que tu dois présenter tes excuses. » Cependant, il s'interrompit et fronça les sourcils. « En fait si, tu me dois des excuses. À moi, à Natalia et à toute l'équipe pour la frayeur que tu nous as faits. » Il secoua la tête, laissant enfin exploser toute sa rage. « Sérieusement Juliette, tu sais qu'il est important pour nous de manger correctement et de ne pas tomber dans ces travers. On nous le répète depuis des années. »
Elle releva brusquement la tête vers lui, les yeux brillants de larmes. « Parce que tu crois que je l'ai choisi ? Tu crois que je l'ai fait exprès ? »
Louis fut interpellé par l'animosité qui transparaissait dans sa voix. « Non, je pense que tu es tombée dans un engrenage que tu n'as pas réussi à gérer, mais je pense aussi que tu as choisi de ne pas te faire aider. Combien de fois Natalia est venue t'en parler ? » Il grimaça, se remémorant des moments déplaisants. « Combien de fois est-ce que je t'ai demandée si tout allait bien ? »
Il sut qu'il avait marqué un point lorsque la jeune fille prit une inspiration tremblante. Louis était conscient qu'il était cru dans ses paroles, mais il pouvait enfin lâcher ce qu'il se retenait de dire pendant des semaines. C'était le moment pour eux de crever l'abcès avant que leur relation n'en soit entachée à jamais.
« Tu aurais dû venir me voir. » Conclut-il, se moquant de montrer à quel point il avait été blessé par sa décision. C'était peut-être égoïste de sa part puisque ce n'était pas lui qui était malade, mais peut-être était-ce également ce qui allait la faire réagir. « On se disait tout avant, depuis quand est-ce que ça a changé ? »
« Depuis que tu as disparu. » Répondit-elle sans hésitation, essuyant la larme qui coulait le long de sa joue.
Louis plissa les yeux avec confusion, sa frustration se réveillant tout d'un coup. « Je suis devant toi, tous les jours ! »
« Vraiment ? » Le feu qui brillait dans ses yeux était hardent, lui montrant bien qu'il n'avait pas été le seul à se retenir de parler pendant ces quelques mois. « Tu passes ton temps avec Elena. Même quand je te proposais des choses, tu ne pouvais pas car tu avais déjà prévu quelque chose avec elle. »
Le garçon resta silencieux pendant plusieurs secondes. Ils y étaient, enfin.
Inconsciemment, il savait qu'il s'agissait du fond du problème et n'était pas étonné par son reproche. Il savait également que ça faisait de lui le fautif et qu'il aurait dû réagir avant que la situation n'en arrive à ce point. Mais il avait du mal à l'accepter.
« J'ai cru que tu l'aimais bien. » Rétorqua-t-il, une boule se formant au fond de sa gorge. « Tu m'as dit que tu étais heureuse pour moi. Qu'est-ce qui a changé ? »
Elle secoua la tête, l'évitant désormais du regard. « Rien n'a changé. »
« Alors pourquoi est-ce que tu m'as menti ? » Louis était dur. Dur et injuste. Il le savait, mais n'arrivait pas à s'en empêcher.
Le visage de Juliette se décomposa un peu plus alors qu'elle passait les jambes par dessus le lit, les laissant tomber dans le vide. « Est-ce que j'ai vraiment besoin de le dire ? »
« Oui. Dis-moi la vérité. »
Il ne pouvait plus supporter ces non-dits. Il avait besoin d'honnêteté, de mettre des mots clairs et précis sur la situation avant d'en devenir fou. Même s'il n'avait aucun mal à comprendre ses sous-entendus, il devait l'entendre de sa bouche.
Toujours sans le regarder dans les yeux, Juliette s'attarda sur sa perfusion, grimaçant de douleur en bougeant le bras. « Elle me fait mal, il faut que je l'enlève. »
Louis soupira, la rejoignant enfin, et s'empara d'un paquet de compresse qui était posé sur le support. « Ne le fait pas toute seule, on n'est pas dans les films et tu vas te vider de ton sang. Quitte à l'enlever, autant que je m'en charge et qu'on se fasse engueuler tous les deux. »
Il s'assit à ses côtés et lui prit délicatement le bras, appuyant avec la compresse sur le point de pression tout en retirant l'aiguille. Il essaya de faire doucement, mais ce n'était pas son métier et s'il savait comment faire, c'était uniquement parce qu'il avait vu les médecins le faire assez fréquemment dans sa vie.
« Désolé. » Murmura-t-il en la voyant grimacer. Il posa l'aiguille sur le support et lui fit signe de maintenir la compresse. « Garde appuyer pendant quelques minutes pour que le point d'hémorragie s'arrête. »
La jeune fille fit ce qu'il lui dit, restant silencieuse pendant quelques secondes. « Au moins, tu sais que si le patinage ne fonctionne pas, tu pourras travailler dans un hôpital. »
Louis renifla avec dédain. « Je n'ai pas envie de m'occuper du malheur des autres, j'ai déjà assez à faire avec le mien. »
Un silence s'installa entre eux durant lequel ils se contentèrent de rester assis l'un à côté de l'autre sans se regarder, leurs genoux se touchant. Ce n'était pas un silence pesant, mais il était lourd de sens. Beaucoup de choses restaient à dire.
Au bout de quelques minutes, Juliette craqua. « Je suis égoïste. »
Louis se tourna vers elle, mais elle refusait toujours obstinément de le regarder dans les yeux. Il ne voulait pas l'interrompre, pas alors qu'elle semblait enfin décidée à lui parler, et pas si ça voulait dire qu'elle se replie une nouvelle fois sur elle-même.
« Je ne devrais pas être jalouse d'Elena, c'est ridicule. » Elle secoua la tête en fermant les yeux. « Je sais que c'est ta décision, mais je n'ai pas envie que tu sortes avec elle. Ni avec personne d'autre d'ailleurs. »
Louis se contenta de l'observer, bouche bée. C'était quelque chose de penser savoir, c'en était une autre de l'entendre dire réellement.
« J'imagine que j'ai compris ce que je ressentais trop tard, » continua-t-elle en haussant les épaules, « maintenant je n'ai plus rien à dire. Tu es avec elle et si c'est ce que tu veux, alors... »
Elle ne termina pas sa phrase, mais laissant en suspend sa déception. C'était exactement ce qu'il fallait au garçon pour réagir. Son cerveau avait beau fonctionner au ralenti, il était conscient que s'il ne disait rien, alors c'était terminé.
« Je crois qu'on a rompu tout à l'heure. »
Sa déclaration eut l'effet désiré, Juliette se retourna brusquement vers lui avec de grands yeux. « Quoi ? Pourquoi ? »
Louis se passa une main dans les cheveux, essayant de trouver les bons mots. « Ça fait déjà quelques temps qu'on ne se comprend plus, depuis que Nyx a été malade à vrai dire. Elle n'a pas apprécié que je la laisse seule avec mes parents ce soir-là. »
« Je suis désolée. » Répondit-elle d'une petite voix dans laquelle se faisait entendre de la culpabilité.
Mais Louis secoua la tête. « Ne t'excuse pas, ça m'a permis de réfléchir. Je l'aime bien, mais mes sentiments pour elle ne se comparent pas du tout avec ce que je peux ressentir pour toi, donc bon. J'imagine que ça allait arriver tôt ou tard. »
Juliette ne dit rien, elle le regardait simplement d'un air qu'il n'arrivait pas à déchiffrer. Il était incapable de dire ce qu'elle en pensait, que ce soit en bien ou en mauvais. Seulement, il savait ce que lui-même en pensait et espérait sincèrement qu'ils soient sur la même longueur d'onde.
« Je n'ai pas envie qu'on se précipite dans quoi que ce soit. » Lâcha-t-il avant de se dégonfler et jaugeant sa réaction. Seulement, elle resta tout aussi impassible. « Honnêtement, j'ai besoin de rester seul pendant un moment et je pense qu'il serait mieux pour toi que tu te concentres sur ta guérison. »
Finalement, une lueur de culpabilité passa dans le regard de Juliette qui hocha la tête avec un sourire crispé. Il savait qu'elle ne pouvait qu'être d'accord avec cette décision. Elle était consciente que la situation dans laquelle elle était tombée était critique et que sa santé était plus importante que tout.
« Laissons les choses se faire naturellement. » Continua-t-il avec plus de conviction, rassuré par sa réaction. « Regarde, ça a plutôt bien fonctionné pour notre couple sur la glace et notre amitié. Il n'y a pas de raison pour que ça ne fonctionne pas là non plus. »
Cette fois-ci, un sourire plus naturel se dessina sur ses lèvres et elle acquiesça avec plus d'enthousiasme. Avant même qu'il ne puisse réagir, elle passa ses bras autour de son cou, laissant tomber la compresse qu'elle avait dans les mains sur le sol. Louis lui rendit son étreinte sans hésiter, enfouissant son visage dans ses cheveux.
Ils sentaient bons.
« Viens me voir si ça ne va pas. » Murmura-t-il en fermant les yeux pour profiter du moment. « Je ne demande qu'à t'aider, mais je ne peux pas le faire si tu ne me parles pas. »
Le soulagement dans sa respiration lui confirma qu'elle l'avait bien entendu.
Il n'avait pas la moindre idée de combien de temps ils restèrent comme ceci, mais Louis ne s'en plaignait pas. Ce n'était qu'un début, mais il espérait vraiment retrouver sa meilleure amie comme elle avait toujours été. Joyeuse et pleine de vie.
Au bout d'un certain temps, un coup contre la porte se fit entendre et ils durent se détacher l'un de l'autre. Cette dernière s'ouvrit et laissa apparaitre dans son encadrant Natalia qui s'écarta rapidement pour laisser entrer deux nouvelles personnes.
La femme, âgée d'une petite quarantaine d'années, avait des cheveux blonds et des yeux bleus saisissants. À son bras, un homme tout juste plus âgé qu'elle dont les cheveux étaient plus foncés, mais les yeux tout aussi clairs.
À la vue des nouveaux arrivants, Juliette lâcha une respiration tremblante alors que ses émotions prenaient le dessus et que ses larmes lui échappaient. « Maman. »
La femme ne perdit pas de temps pour prendre sa fille dans ses bras.
Louis s'écarta pour leur laisser de l'espace et alla rejoindre Natalia qui l'observait avec insistance. « Alors vos notes ? »
Le garçon la regarda, interdit. Il se doutait bien qu'elle n'allait pas lui demander ce qu'ils s'étaient dit pendant qu'ils étaient seuls, mais il aurait pensé qu'elle lui aurait au moins demandé comment allait Juliette sur le plan émotionnel.
« Nos notes ? » Demanda-t-il, bêtement.
L'entraineuse soupira et sortit son téléphone portable pour le lui tendre. « Je n'aurais jamais pensé dire ça un jour, mais heureusement que Valeriy est là. »
Louis baissa les yeux sur l'écran du téléphone qui était allumé sur une photo de l'écran sur lequel s'affichait leurs notes. Doucement, un sourire se glissa sur ses lèvres.
« Au fait, » dit-il à voix haute, s'adressant à toutes les personnes se trouvant dans la pièce, mais particulièrement à sa meilleure, « si ça t'intéresse, nous terminons premiers avec notre meilleur score de la saison. »
La jeune fille écarquilla les yeux. « C'est vrai ? »
Louis acquiesça, ayant du mal à retenir sa fierté. « Pour le classement général, et bien, je te laisse faire le calcul. »
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