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Chapitre 30

Tic tac, tic tac, tic tac.

Le bruit de l'horloge qui était accrochée au mur se répercutait dans la pièce à mesure que les secondes défilaient, venant briser le silence qui s'était installé. L'atmosphère n'était pas pesante, juste feutrée et immobile.

Assise sur le canapé, les jambes repliées sous elle alors qu'un plaid reposait négligemment sur ses genoux, Juliette regardait par les grandes fenêtres la neige tomber et recouvrir le sol de son duvet blanc. La nuit s'abattait progressivement sur la ville et les lampadaires commençaient à s'allumer, lui donnant un air féérique.

Cette vue était reposante, elle avait le même effet sur l'esprit qu'un chocolat chaud devant un film de Noël avec une bouillotte en bas du dos, entouré d'une lumière tamisée et d'une odeur de pain d'épice. Un effet doux et apaisant.

Seulement, pour Juliette, elle lui procurait également un sentiment de nostalgie et de tristesse. Peut-être était-ce parce qu'il y avait moins de lumière la journée ou que sa solitude était particulièrement présente lors des fêtes de fin d'année, mais son cœur la faisait souffrir et son âme était fatiguée.

Dans trois jours, elle allait rejoindre ses parents et entamer des vacances de deux semaines. Trois jours à devoir garder bonne figure la journée et craquer le soir. Trois jours à devoir faire comme si tout son être n'était pas douloureux et son esprit mélancolique. Trois jours avant de pouvoir laisser libre cours à ce qu'elle ressentait réellement.

Trois jours de solitude, trois.

Les flocons étaient tellement épais. Ils venaient noyer les rayons des lampadaires, étouffant leur lumière et s'accrochant au sol froid avec fermeté. Réunis, ils formaient un tapis élégant et moelleux, craquant au contact du pas des passants.

La neige tombait, les secondes passaient et elle était assise sur le canapé, murée dans le silence.

« Tu sais Juliette, ne rien dire pourrait parfois être bénéfique si ce n'était justement pas l'un de tes problèmes. »

Cette dernière se détourna des fenêtres pour observer le Docteur Dumeil qui venait de prendre la parole pour la première fois depuis plus de dix minutes. Ses cheveux blonds étaient rassemblés en deux tresses distinctes et son pull en laine beige remontait jusqu'au haut de son cou. Un carnet ouvert sur les genoux, elle lui faisait face et attendait patiemment.

« Je n'ai rien à dire. » Répondit-t-elle en retournant à sa contemplation.

« Si c'était vraiment le cas, tu aurais annulé ton rendez-vous et tu ne serais pas assise devant moi à regarder par la fenêtre d'un air pensif. Il y a quelque chose qui te travaille et tu ne sais pas si tu veux en parler. »

La jeune fille baissa les yeux vers le rebord de la fenêtre sur lequel se trouvait un sapin miniature. Elle repensa à son appartement qu'elle n'avait pas pris le temps de décorer contrairement aux années précédentes. Son propre sapin dormait dans l'un de ses placards et n'aurait pas l'occasion de voir le jour.

Elle aurait pu le sortir, mais sa tête pleine de pensées l'en avait empêchée. Oui, quelque chose la travaillait, mais non, elle n'avait pas envie d'en parler. A quoi bon après tout ? Ça faisait déjà plusieurs semaines que le problème était là et elle ne pouvait rien y faire. En parler n'allait rien apporter de plus mis à part la ridiculiser davantage.

« Tout va bien. » Se contenta-t-elle de répondre, toujours sans se tourner vers sa psychologue.

Son mensonge était flagrant, même pour quelqu'un qui ne la connaissait pas du tout, alors il ne faisait aucun doute que la femme n'y croyait pas. Mais Juliette n'en avait rien à faire, elle ne pouvait pas la forcer à parler. Pas contre son gré en tout cas.

« Et si on reprenait là où on s'en était arrêtées la dernière fois ? Qu'est-ce que tu en dis ? »

Juliette haussa les épaules. Elle pouvait toujours essayer, mais elle ne pouvait pas lui garantir des réponses sincères et utiles. Elle se sentait tellement vide de l'intérieure, comment pouvait-elle refléter sur ce qui y était ?

« Très bien, tu allais me raconter comment est-ce que tu gères ta vie seule, pourquoi est-ce que tes parents ont dû partir. »

Juliette soupira, elle avait oublié que c'était ce sur quoi elles s'étaient arrêtées. « Il n'y a rien à dire. La vie ici était trop chère donc ils ont dû reprendre leurs anciens travails pour continuer à me supporter dans ma carrière. »

« Comment est-ce que tu as vécu leur départ ? »

Elle haussa une nouvelle fois les épaules. « Je me suis adaptée. »

La psychologue se redressa sur son fauteuil. « D'accord, mais comment ? Je veux savoir ce que tu as ressenti à ce moment-là. »

« Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? » Céda-t-elle en se tournant vers le Docteur Dumeil, agacée par ses questions. Elle n'avait pas envie de parler. « Que ça a été dur et que je l'ai mal vécu ? Bien évidemment, j'avais quatorze ans et je devais apprendre à vivre sans mes parents. Mais j'avais tout le soutien qu'il me fallait avec ma coach et la famille de Louis donc j'ai survécu. »

La femme la regardait droit dans les yeux, ses iris bleues lui donnant l'impression de scanner chaque recoin de son âme. Juliette n'avait pas voulu être désagréable, elle savait que son métier n'était pas simple tous les jours et qu'elle voulait juste l'aider, mais elle n'avait vraiment pas envie de parler.

Oui, elle aurait très bien pu annuler son rendez-vous et elle n'aurait pas eu à parler, quelqu'un qui en avait vraiment besoin aurait pris sa place, mais rester assise sur le canapé en silence à regarder par la fenêtre ne la dérangeait pas. Elle n'avait pas l'impression que c'était du temps perdu, pas plus que d'attendre dans son appartement que l'heure de partir n'arrive.

« Est-ce que tu penses que ça a eu une incidence sur la pression que tu te mets dans la vie de tous les jours ? » Continua-t-elle, bien décidée à ne pas lâcher l'affaire.

Juliette leva la tête vers le plafond en écarquillant les yeux, se retenant difficilement de souffler de lassitude. « Je ne sais pas, je- j'en sais rien. Honnêtement ça m'étonnerait. »

« Et si je te disais que ce sentiment d'abandon est ce qui explique en grande partie tes crises de panique ? »

Un choc électrique lui parcourut le corps à l'entente de ces mots alors que la colère s'emparait d'elle. « Abandon ? Mes parents ne m'ont pas abandonnée, ils ont dû partir parce que je les ai suppliés de ne pas m'emmener avec eux ! Jamais ils ne m'auraient laissée si ce n'était pas ce que je voulais et s'ils n'étaient pas sûrs que j'étais en sécurité. »

« Juliette, » le Docteur Dumeil était calme et posé, ne réagissant pas à son soudain énervement, « le mot abandon n'a pas qu'une connotation négative, surtout en psychologie. »

Mais la jeune fille secouait déjà la tête, refusant d'entendre son explication. « Ils ne m'ont pas abandonnée, ils ne voulaient même pas partir. »

« Mais ils le sont, ils sont partis. » Cette fois-ci, son ton était ferme. Ce n'était pas tant de la mauvaise humeur, mais davantage pour se faire entendre. « Je ne dis pas ça pour te faire du mal ou insinuer qu'ils ne tiennent pas à toi car tu sais bien mieux que moi que ce n'est pas le cas. Mais, même si tu le sais, tu sais que ce n'était pas volontaire de leur part et qu'ils n'ont pas eu le choix, ton inconscient, lui, se sent abandonné. »

Juliette restait interdite, elle ne pouvait pas croire que c'était vrai. Elle était parfaitement consciente que ça n'avait pas été une décision facile pour ses parents et que s'ils avaient pu faire autrement, ils ne seraient pas partis. Encore aujourd'hui ils cherchaient un moyen de revenir, même si elle était à un peu plus d'un an de sa majorité et qu'ils n'avaient aucune garantie qu'elle revienne vers eux. Ils voulaient juste se rapprocher d'elle.

Alors non, Juliette ne pouvait pas se sentir abandonner, même inconsciemment.

« Ça n'a rien à voir avec mes crises de panique. » Répliqua-t-elle, fermement campée sur ses positions. « Si j'en fais c'est parce que je suis stressée et que j'ai peur qu'on échoue. »

La psychologue plissa les yeux, trouvant un nouveau moyen de rebondir sur ce qu'elle venait de dire. « Et pourquoi est-ce que tu as aussi peur d'échouer ? Pourquoi est-ce que tu ne penses pas comme Louis, que l'échec fait partie du parcours malgré tout ? »

« Parce que tout le monde veut que nous réussissions, ils attendent le meilleur de moi. » Répondit-elle simplement.

« Exactement. » Docteur Dumeil posa son stylo sur la table et appuya ses coudes sur ses genoux. « Juliette, tes parents sont partis et tu es restée. Pourquoi ? Parce qu'ils ont voulu te donner les meilleures chances de réussir, de faire la carrière que tu as toujours voulu faire. Ils ont tout sacrifié pour ça. »

La jeune fille la regarda avec incertitude, n'étant pas sûre de comprendre où elle voulait en venir. Oui, ses parents avaient tout sacrifié pour sa carrière, mais ce n'était pas pour ça qu'elle était stressée.

Bien sûr, elle avait une explication à sa théorie. « Tu as besoin de palier à ce sentiment d'abandon et, pour ça, tu utilises la raison qui les a poussés à partir. Il faut que tu réussisses parce que, si ce n'est pas le cas, alors leurs sacrifices n'auront servi à rien. Tu t'es retrouvée seule dans un objectif précis et si tu n'arrives pas à le remplir, alors pourquoi avoir dû endurer toute cette solitude ? »

Ses mots tourbillonnaient dans son esprit, s'entrechoquant les uns les autres et lui donnant mal à la tête. Palier à un pseudo-abandon avec un besoin maladif de réussir ?

L'horloge émit une légère sonnerie et le Docteur Dumeil regarda sa montre avant de fermer son carnet. « Réfléchis à ce que je viens de te dire, tu me diras ce que tu en penses à ton retour. Peut-être que tu pourras aussi en profiter pour me parler de ce qui te travaille autant depuis la dernière fois. »

Tout en se levant et en enfilant son blouson, Juliette ne répondit pas et se dirigea vers la sortie. Elle la salua après avoir pris son prochain rendez-vous et descendit rapidement les escaliers jusqu'à sortir du bâtiment.

Lorsqu'elle mit un pied dehors, un frisson la parcourut. Elle ne savait pas si c'était dû à la température extérieure ou à ce qu'elle venait d'entendre, mais ses tremblements ne voulaient pas cesser.

Pendant tout le trajet jusqu'à son appartement, ses pensées étaient tournées vers l'explication de sa psychologue. Malgré le recul qu'elle essayait de prendre sur la situation, elle avait du mal à accepter que ça pouvait être la vérité.

Bien sûr, elle arrivait à se sentir seule, particulièrement ces derniers temps, mais de là à se sentir abandonnée. Elle trouvait ce mot tellement fort par rapport à sa situation.

Alors oui, elle sentait le besoin irrésistible de réussir parce que c'était ce que tout le monde attendait d'eux, ils étaient l'espoir de l'équipe en danse sur glace. Elle était parfaitement consciente de la pression qu'elle se mettait, mais elle ne pensait pas que celle-ci était l'effet direct du départ de ses parents.

Ça ne pouvait pas être le cas.

Juliette grimaça lorsqu'elle déverrouilla la porte de chez elle et que cette dernière grinça en l'ouvrant. Son mal de tête avait vraiment mal choisi son moment pour apparaitre. Il fallait vraiment qu'elle s'en débarrasse avant de devoir repartir.

Se déchargeant de son blouson, elle caressa Nyx qui était venu à sa rencontre et alla chercher dans les placards de sa cuisine de quoi calmer les pulsations qui s'étendaient de ses tempes jusqu'à l'arrière de ses yeux.

Après quelques secondes de recherche, elle trouva enfin la boîte qu'elle voulait et l'ouvrit, mais déchanta rapidement en se rendant compte qu'elle était vide. Jurant à voix basse, elle fouilla un peu plus pour une seconde boîte, mais n'en trouva pas.

Eh bien, elle allait devoir faire sans.

C'est donc d'un pas trainant que la jeune fille se dirigea vers sa chambre, son chat sur les talons. Elle le regarda monter sur son lit d'un saut élégant et s'installer dans le creux que formait ses deux coussins. Elle aurait bien aimé faire la même chose.

Malheureusement, se coucher n'était pas dans ses plans immédiats.

Se tournant vers son armoire, elle ouvrit les deux battants et observa ce qui se trouvait à l'intérieur. Elle n'avait pas la moindre idée de comment s'habiller, mais l'envie d'enfiler un sweat bien trop grand pour elle et un simple legging était bien présente.

Seulement, une petite voix au fond d'elle lui disait qu'il fallait qu'elle fasse un effort, qu'il fallait absolument qu'elle se mette sur son trente-et-un. L'occasion était spéciale, sans pour autant être extraordinaire.

Puisque les vacances approchaient et que beaucoup d'entre eux partaient de la région, l'équipe avait décidé d'organiser une soirée de Noël et de Nouvel An chez Valeriy afin qu'ils se retrouvent tous une dernière fois avant les deux semaines sans se voir.

Juliette ne pouvait donc pas y aller comme elle irait à son entrainement de tous les jours, elle était certaine que les autres allaient s'apprêter au moins un minimum. De plus, tout le monde était présent, sans exception.

La jeune fille passa en revu plusieurs de ses robes, certaines qu'elle possédait depuis de nombreuses années déjà et qui ne lui allaient plus et d'autres qu'elle venait tout juste d'acheter et qu'elle n'avait pas encore eu l'occasion de mettre. Il y en avait une qu'elle aimait particulièrement, mais qu'elle n'était pas sûre de vouloir sortir ce jour-là. Elle l'avait achetée pour un évènement auquel elle espérait pouvoir participer dans un futur plus ou moins proche.

Elle se décida donc sur son dernier achat en date, une simple robe noire à l'effet satin qui lui arrivait mi-cuisse et qu'elle allait accompagner d'une paire de collants et d'une veste en laine qui venait un peu casser le look formel qu'elle ne voulait pas se donner.

Espérant que l'eau chaude pouvait aider à calmer son mal de tête, Juliette ne perdit pas de temps à se glisser sous la douche, imaginant parfaitement l'eau emporter toutes les pensées qui lui torturaient l'esprit et les noyer dans les canalisations. Si elle devait absolument réfléchir à cette histoire d'abandon, alors elle voulait attendre le lendemain pour le faire.

Elle aurait pu rester comme ceci pendant des heures, la chaleur de l'eau venait calmer ses muscles endoloris par l'entrainement et elle se sentait plus en paix avec elle-même, mais elle savait également que ses parents n'allaient pas être ravis en recevant la facture à la fin du mois.

A contre-cœur, elle éteignit le robinet et sortit de la douche pour venir s'enrouler dans une serviette. Elle se sécha les cheveux et tenta tant bien que mal de les onduler. Malheureusement, et comme à leur habitude, l'un des côtés n'en faisait qu'à sa tête et le résultat n'était pas tout à fait ce qu'elle attendait.

Elle abandonna rapidement l'idée et les laissa comme ceci, se glissant ensuite dans sa tenue et se tournant vers le miroir. Elle commença à se maquiller, ignorant délibérément le regard fatigué et dénué de joie que lui renvoyait son reflet, s'appliquant à ce que ses deux traits d'eye-liner soient symétriques et qu'elle ne rate pas ses cils à l'étape du mascara.

Une fois satisfaite du résultat, son regard tomba sur la petite boîte de rouges à lèvres qui était posée sur son étagère. Sa petite voix intérieure la poussait à en mettre un, celui qui se voyait le plus, le rouge. Elle pouvait en mettre après tout, ça ferait ressortir ses yeux. Cédant à la pression, elle s'empara du tube et appliqua le produit sans dépasser.

Ne supportant plus de se voir dans le miroir, elle sortit de la salle de bains pour se rendre dans la cuisine, enfilant sa paire de chaussures par la même occasion. Son rendez-vous ayant eu lieu juste après son entrainement, elle avait tout juste eu le temps de se préparer avant de devoir repartir si elle ne voulait pas être en retard.

Elle vérifia que Nyx ne manquait de rien et s'empara de son manteau et de ses clés. Son regard s'arrêta sur la table de la cuisine sur laquelle trônaient une clémentine et un morceau de brioche et son estomac fut entendre sa complainte.

Elle n'avait pas mangé depuis la veille au soir, n'ayant tenu sa journée qu'avec un verre de jus de fruit ce matin-là et un chocolat chaud le midi. Elle aurait dû prendre la clémentine, son corps lui réclamait les protéines qu'elle pouvait lui apporter, mais Juliette s'en détourna et quitta son appartement.

Elle n'avait pas le temps.

Par chance, Valeriy n'habitait pas très loin de chez elle et n'était qu'à une dizaine de minute de marche. Elle arriva donc rapidement à destination et frappa à la porte, impatiente de rentrer et se mettre au chaud.

La porte s'ouvrit, révélant dans son encadrement la silhouette élancée du garçon. Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'il l'aperçut. « Comme toujours, à l'heure et de bonne humeur. »

Juliette était bien tentée de répondre qu'elle était en effet à l'heure, mais pas de bonne humeur, mais elle jugea plus sage de se retenir et de ne rien répondre. Au lieu de quoi, elle le remercia lorsqu'il se décala pour la laisser entrer.

Il n'eut même pas le temps de refermer la porte que deux nouvelles personnes apparaissaient derrière. Sans le vouloir, elle se retrouva face à Louis et Elena, main dans la main et grand sourire aux lèvres.

Ils étaient venus ensemble. Bien évidemment qu'ils étaient venus ensemble, ils étaient ensemble.

Un bonnet sur la tête, Louis avait troqué son jogging habituel pour un jean noir qu'il avait accompagné d'un pull en laine blanc qui contrastait avec ses yeux noisettes. A son bras, Elena était habillée d'une jolie jupe en cuir noire avec un top blanc qui faisait ressortir son port de tête. Ses cheveux parfaitement ondulés tombaient en cascade sur ses épaules Elle était modestement maquillée, mis à part son rouge à lèvres qui se faisait remarquer.

Un rouge à lèvres rouge.

Un frisson parcourut Juliette alors qu'une main l'attrapait par le bras et l'entrainait dans le salon. « Viens avec moi. »

Elle laissa Eléonore la trainer jusqu'au canapé et la forcer à s'assoir, beaucoup trop hantée par ce qu'elle venait de voir pour réagir. Son estomac vide faisait des tours sur lui-même, lui donnant la nausée.

« J'aime beaucoup ton rouge à lèvres, » déclara son amie dans l'espoir de détendre l'atmosphère, sans se rendre compte que c'était justement ce qui posait problème, « il est très joli. »

« Je n'aurais pas dû le mettre. » Marmonna Juliette à la recherche d'un bout de tissus ou de papier pour l'enlever. « Il faut que je l'enlève. »

Eléonore écarquilla les yeux et s'empara de ses mains pour l'empêcher de prendre une serviette en papier. « Surtout pas. » Le regard qu'elle lui lança lui dit qu'elle savait très bien pourquoi elle voulait l'enlever. « Il te va très bien et tu es super belle avec. »

Juliette prit une inspiration tremblante et hocha la tête. Mince, elle n'aurait vraiment pas dû en mettre. Malgré elle, elle passa le reste de la soirée à être fixée dessus.

Elle se sentait tellement mal ces derniers temps, son moral n'était pas aux beaux fixes et un rien l'envoyait dans une spirale qu'elle ne pouvait pas contrôler. Ce rouge à lèvres était suffisant pour lui rappeler tout ce qui n'allait pas dans sa vie.

Une fois que tout le monde était arrivé, la musique avait été mise, les boissons servies et les conversations entamées. Les dernières heures s'étaient déroulées dans le flou le plus total pour Juliette, elle n'avait pas la moindre idée de comment ils étaient arrivés à tous se retrouver assis autour de la table basse du salon à discuter tous ensemble.

Actuellement, Anastasiya était occupée à se défendre alors que les questions fusaient de tous les côtés. Apparemment, un garçon serait entré dans sa vie, mais elle aurait décidé de le garder secret. « Ça ne sert à rien, je sais parfaitement comme vous êtes tous. Je ne vous dirais rien. »

Des protestations éclatèrent alors qu'un sourire mesquin se dessinait sur les lèvres de Baptiste. « C'est un joueur de hockey. » Déclara-t-il en se raclant la gorge, l'air de rien.

La jeune fille ouvrit la bouche, outrée, et lui donna un coup sur le bras. « Tu m'avais promis que tu ne dirais rien ! »

De nombreuses questions se firent entendre, certains se plaignant qu'elle se soit entichée d'un joueur de hockey et déclarant que c'était le pire choix qu'elle avait pu faire. La rivalité entre patineurs artistiques et joueurs de hockey n'était pas un mythe.

L'attention de Juliette dériva rapidement sur Louis qui était assis sur le sol en face d'elle. Son bras était passé autour de la taille d'Elena, celle-ci étant elle-même appuyée contre son épaule à écouter la conversation avec un grand sourire, n'hésitant pas à intervenir pour donner son avis.

Il était venu la voir plus tôt dans la soirée, voulant s'assurer que son rendez-vous s'était bien passé. Mais la réponse de Juliette était restée évasive, elle n'avait pas su, ni pu, lui expliquer ce que sa psychologue pensait du départ de ses parents et de ses conséquences.

Depuis, elle était restée seule dans son coin, écoutant les conversations d'une oreille sourde et Louis n'était pas revenu la voir. Elle avait essayé d'y aller elle-même, à vrai dire cela faisait plus d'une dizaine de minutes qu'elle essayait de lui demander de la ramener chez elle parce qu'elle se sentait de plus en plus mal, mais il restait vissé aux côtés d'Elena et elle n'osait pas les déranger.

Elle s'était donc résignée à attendre, mais ne savait pas si elle allait en être capable plus longtemps. Elle avait la fâcheuse impression que son corps et son esprit lui échappaient, se sentant aussi faible mentalement que physiquement.

N'y tenant plus, Juliette se leva, tentant tant bien que mal de ne pas se faire remarquer, et se dirigea vers ses affaires. Il fallait qu'elle rentre chez elle ou au moins qu'elle prenne l'air. Enfilant son manteau, elle posa une main sur la poignée, mais une voix l'interpella avant qu'elle ne puisse l'abaisser.

Elle se retourna et aperçut Valeriy qui s'approchait d'elle, un air inquiet sur le visage. « Tu pars ? »

« Non, enfin je ne vais pas tarder. J'ai juste besoin d'un peu d'air frais. » Elle jeta un coup d'œil par dessus son épaule pour voir son meilleur ami déposer un baiser sur la joue de la brune, comme il le faisait si bien avec elle. Juliette essaya de ne pas grimacer lorsque son estomac se contracta. « En fait je vais y aller, je ne me sens pas très bien. »

Valeriy fronça les sourcils, visiblement contrarié. « Tu ne vas pas rentrer toute seule quand même ? »

« J'ai essayé de demander à Louis, mais il est occupé. » Elle balaya sa remarque de la main. « Ce n'est pas grave, ce n'est pas très loin. »

Mais le garçon secouait déjà la tête. « Je vais te raccompagner. »

Avant même qu'elle ne puisse protester, il s'emparait de son blouson et les entraînait dehors. Ils entamèrent le trajet dans un silence confortable, aucun d'eux n'ayant envie de perturber la tranquillité de la nuit. L'air frais avait calmé les sens de la jeune fille, mais sa tête restait pleine, prête à exploser dès qu'elle serait dans son lit.

Au bout d'un certain temps, Valeriy se tourna vers elle, posant ses yeux bleus sur son profil. « Tu es sûre que ça va Juliette ? Tu n'as vraiment pas l'air bien depuis quelques jours. »

Cette dernière déglutit difficilement, sa gorge se nouant à l'entente de l'inquiétude qui peignait son ton. Est-ce que sa façade était si mauvaise que ça ? Il était si rare qu'il soit aussi sérieux avec elle.

Ne voulant pas l'alarmer davantage, elle hocha la tête avec petit sourire. « Ce n'est que de la fatigue, les vacances vont faire du bien. »

Son excuse sonnait fausse même à ses oreilles et elle pouvait très bien sentir qu'il n'était pas convaincu et qu'il voulait insister, mais elle lui était reconnaissante lorsqu'il ne le fit pas. Au lieu de quoi, ils continuèrent leur chemin dans le silence.

Ce n'est qu'arriver devant l'immeuble de Juliette qu'il n'y tint plus et que Valeriy l'arrêta et la força à le regarder. « Écoute, je suis désolé pour Louis, je ne sais pas ce qui lui passe par la tête. »

« Qu'est-ce que tu veux dire ? » Lui demanda-t-elle, ayant très bien remarqué le froid qui s'était installé entre eux. Ils s'étaient tout juste adressé un regard ce soir-là.

« Sortir avec Elena. » Son expression se durcit, chose qui était si rare chez lui. « Cette fille ne lui correspond pas du tout, je ne sais pas pourquoi il s'est mis dans la tête que c'était une bonne idée. Elle est beaucoup trop- » Il ne termina pas sa phrase, ne trouvant pas les mots adaptés pour décrire sa pensée.

Juliette, elle, n'en pensait pas moins, mais elle secoua tout de même la tête en signe de désaccord. « Elle est très gentille et elle fait beaucoup d'efforts depuis quelques temps pour s'intégrer, tu ne devrais pas être aussi dur avec elle. »

Valeriy grimaça. « Même. Il s'est lancé dans une histoire sur un coup de tête et je sais déjà que ça va mal finir. Il n'a pas réfléchi. »

« Au contraire, je ne pense pas qu'il aurait pris cette décision s'il n'était pas sûr de lui. » Rétorqua-t-elle, ignorant la brûlure qui s'emparait de son cœur.

« D'accord, mais toi alors ? Tu- »

« Je t'arrêtes tout de suite Val', je sais ce que tu penses. » Juliette croisa les bras sur sa poitrine, essayant de faire barrage au froid qui commençait à s'insinuer dans ses vêtements. « C'est très gentil de t'inquiéter pour moi, mais tu ne devrais pas. »

Le regard qu'il lui lança la prit aux tripes. « Tu vas me dire que ça ne te fait rien ? Que ce que je lis sur ton visage depuis qu'il a commencé à traîner avec elle n'est que dans ma tête ? »

Juliette sentit les larmes briller dans ses yeux, mais elle ne voulait pas les laisser couler. Pas tout de suite. Elle détourna le regard et le fixa sur la pointe de ses chaussures pour essayer de reprendre ses esprits. Il fallait qu'elle attende qu'elle soit chez elle, seule.

« Tant qu'il est heureux, c'est tout ce que je demande. » Elle releva la tête avec un sourire et lui serra l'avant-bras. « Merci de m'avoir raccompagnée. »

Valeriy lui retourna son sourire, même si elle pouvait voir dans ses yeux que c'était à contre-coeur. « Je n'allais quand même pas te laisser rentrer toute seule à cette heure-ci. Quel genre de gentleman je ferais ? »

Cette réflexion lui arracha un rire. Elle le remercia à nouveau et le salua avant de tourner les talons et de rentrer dans l'immeuble. Elle ne savait pas comment ses jambes réussirent à la porter jusqu'au deuxième étage, mais toutes ses forces la quittèrent dès qu'elle mît un pied dans son appartement.

Cette nuit-là, Juliette s'endormît en pleurant, enfouie dans sa couette et priant pour se réveiller de ce mauvais rêve.

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