Chapitre 21
PS : Bonne année 2024, que tous vos rêves se réalisent et que le bonheur vienne frapper à votre porte. <3
Juliette regardait tout autour d'elle en se mordillant la lèvre et en se tirant sur les doigts. La pièce dans laquelle elle se trouvait n'était pas très grande, mais était plutôt chaleureuse. Plusieurs chaises étaient alignées contre les murs et une petite table était calée dans un coin sur laquelle se trouvaient des magasines vieux de quelques années.
Des posters étaient accrochés aux murs orange et gris sur lesquels on pouvait y lire différents messages de prévention sur la dépression, le burn-out ou encore la bipolarité et l'insomnie. Il y avait également d'autres troubles psychologiques dont elle n'avait jamais entendu parler.
Juliette ne se sentait pas du tout à sa place.
Lorsqu'elle avait pris son rendez-vous, elle pensait que c'était plutôt une bonne idée et que ça ne pourrait pas lui faire de mal. Mais maintenant qu'elle patientait en salle d'attente, elle la trouvait complètement stupide. Pourquoi est-ce qu'il avait fallu qu'elle prenne ce rendez-vous, pourquoi ?
Sortant son téléphone, la jeune fille ouvrit la conversation qu'elle avait avec Louis et lui envoya un message qui traduisait parfaitement son état d'esprit : Viens me chercher, je n'ai rien à faire ici.
Sa réponse ne se fit pas attendre : On en a déjà discuté Ju', ça ne peut que t'aider.
En quoi est-ce que ça peut m'aider ? Je ne suis pas dépressive ou bipolaire ou je ne sais quoi, je n'ai rien à lui dire ! Juliette était peut-être légèrement dans l'exagération, mais elle voulait vraiment sortir de cette pièce.
Elle pouvait presque sentir l'exaspération se dégager du message suivant de Louis : Essaye au moins cette fois et si ça ne te plait pas, tu ne reprends pas de rendez-vous.
Elle était prête à le supplier, à le soudoyer, de ne pas la laisser faire ce rendez-vous, mais elle n'en eut pas le temps puisque la porte de la salle d'attente s'ouvrit et dévoila une jeune femme dans son encadrement.
Juliette ne savait pas à quoi elle s'était attendue, peut-être à une femme d'une cinquantaine d'années avec des rides profondes et des lunettes rectangles qui tenaient par miracle sur le bout de son nez. Au lieu de quoi, la femme qui se tenait face à elle devait tout juste avoir trente ans et n'avait pas de lunettes. Ses cheveux blonds étaient coupés en un carré court et ses yeux bleus reflétaient le sourire que dessinait ses lèvres.
Même sa voix était douce lorsqu'elle l'appela par son prénom. « Juliette ? Si tu veux bien me suivre. »
Cette dernière se leva d'un bond avec un bonjour pratiquement silencieux, regrettant déjà de ne plus pouvoir prendre ses jambes à son cou. Timidement, elle la suivit hors de la salle d'attente et jusqu'à une autre porte qui se trouvait un peu plus loin dans le couloir.
Celle-ci donnait sur une pièce beaucoup plus grande que la première. Le parquet en bois était d'origine et lui donnait un aspect chaleureux que les murs d'un blanc cassé ne procuraient pas. Les grandes fenêtres étaient dissimulées derrière de fins rideaux rougeâtres et, lorsque les rayons du soleil les traversaient, la pièce se teintait d'une jolie couleur confortable.
Plusieurs meubles en bois massif étaient dispersés dans le cabinet, dont un large bureau qui était entouré de plusieurs chaises et où trônait un ordinateur dernier cri. Une pile de dossiers était nettement rangée dans un coin alors qu'un pot avec des stylos de différentes couleurs était placé à côté de l'écran.
Plus loin, un canapé quatre places et un fauteuil entouraient une table basse sur laquelle était disposée un plateau contenant deux verres et une carafe d'eau. Une assiette avec des biscuits venait compléter l'assortiment.
« Désolée, je n'ai pas eu le temps de ranger après mon dernier rendez-vous. » La femme, qui répondait au doux nom de Docteur Dumeil, lui sourit. « Dis-moi, où est-ce que tu veux t'installer ? »
Juliette écarquilla les yeux. Quel genre de question est-ce que c'était ? Qu'était-elle censée répondre à ça ? Elle regarda autour d'elle avec hésitation avant de montrer le bureau du doigt. Le canapé semblait beaucoup trop familier pour qu'elle soit à l'aise dessus alors qu'elle venait de pénétrer dans un endroit inconnu avec une personne qu'elle ne connaissait ni d'Eve, ni d'Adam.
Non, il fallait qu'elle conserve un aspect professionnel.
Elle l'invita donc à s'assoir sur l'une des chaises alors qu'elle prenait elle-même place derrière son bureau. Juliette s'assit et la regarda sortir ses affaires et extraire un dossier de sa pile. Elle fronça les sourcils, elle avait déjà un dossier à son nom ?
« Alors, » dit-elle en se tournant finalement vers la jeune fille, « je te propose qu'avant de commencer quoi que ce soit, on se présente. Ça te va ? » Juliette trouvait cela très étrange qu'elle lui demande son avis à chaque fois, mais elle hocha la tête. « Très bien, alors moi c'est Aurélie Dumeil, j'ai trente et un an et je suis docteure en psychologie depuis plusieurs années déjà. Je suis mariée et j'ai une petite fille de deux ans, mais qui va bientôt fêter ses trois ans. »
Juliette l'observait pendant qu'elle parlait, ne sachant trop quoi penser de son épanchement sur sa vie personnelle alors qu'elle était littéralement en train de travailler. Alors oui, elle n'avait pas trop d'expérience avec les psychologues, mais, de ce qu'elle avait vu dans les films et séries, ils ne s'amusaient pas à raconter leur vie à chacun de leurs patients.
« À ton tour maintenant, dis-moi un peu qui tu es, ce que tu aimes faire pendant ton temps libre, tes passions, tes loisirs, comment ça se passe au lycée- »
Juliette l'interrompit en secouant la tête. « Oh je ne- je ne vais pas au lycée. »
Docteur Dumeil fronça les sourcils et prit un stylo pour marquer quelque chose dans son dossier. « Tu es déscolarisée ? »
« Non pas du tout, enfin pas vraiment, » balbutia-t-elle, ayant étrangement du mal à expliquer la situation, « j'ai juste une bourse de l'Etat qui me permet de poursuivre ma carrière sportive en priorité avec en marge mon cursus scolaire. »
Le visage de la psychologue s'éclaira. « Oh, donc tu es sportive professionnelle. Qu'est-ce que tu pratiques ? »
En temps normal, Juliette n'était pas timide. Elle était silencieuse, certes, et préférait regarder que parler, mais elle n'était pas timide. Cependant, aujourd'hui elle n'arrivait pas à sortir de sa coquille et aurait voulu disparaitre.
« Du patinage artistique. Enfin, » elle grimaça, « ce n'est pas vraiment du patinage artistique, c'est de la danse sur glace. Ce n'est pas pareil. »
« Quelle est la différence ? Je sais ce qu'est le patinage, mais je ne savais pas qu'il y avait plusieurs catégories. »
Juliette n'arrivait pas à savoir si elle était réellement intéressée ou si elle faisait simplement son travail, mais elle aimait bien informer les personnes qui ne s'y connaissaient pas sur les fondements de son sport. Elle répondit donc avec bonne volonté.
« Ce sont deux disciplines différentes en fait et la danse sur glace se fait uniquement par couple. Il existe aussi du patinage artistique par paire, mais, encore une fois, elles sont différentes. » Expliqua-t-elle en haussant les épaules. « Le patinage est exactement ce que le grand public en connait, des sauts et des pirouettes. C'est ce qui est principalement noté, que ce soit en solo ou en couple. Pour la danse sur glace, il n'y a ni saut ni pirouette. On a nos propres éléments et portés et on est notés sur le côté artistique en plus du côté technique. »
« En fait, la danse sur glace est exactement ce qui est dit dans son nom, c'est de la danse sur la glace ? » Cette formulation arracha un petit sourire à la jeune fille qui acquiesça. « Si c'est ce que tu fais, ça veut dire que tu danses avec quelqu'un ? »
Cette fois-ci, un véritable sourire se glissa sur ses lèvres. « Oui, Louis, c'est mon meilleur ami. Ça fait maintenant huit ans qu'on patine ensemble. »
« Ah oui, ça fait pas mal de temps quand même. » Déclara Docteur Dumeil avec admiration.
Juliette se redressa avec fierté. « C'est plutôt rare à notre âge. Actuellement, on est le seul couple sur le circuit à avoir dépassé les cinq ans. »
« Vous devez bien vous connaitre. »
« Par cœur ! Ça peut paraitre cliché, mais on se connait parfaitement et on sait quand quelque chose ne va pas chez l'autre. C'est d'ailleurs lui qui m'a conseillée de venir. » Dit-elle comme si c'était tout à fait logique.
« Il a l'air d'être très attentionné. Qu'est-ce qui lui a fait penser que tu devais venir consulter ? »
Juliette soupira et baissa les yeux sur ses mains. « Je suis assez anxieuse et il m'arrive de faire des crises de panique quand je suis très stressée, notamment les jours de compétitions. Il pense que ça s'empire avec le temps et que j'en ai beaucoup faites dernièrement. »
« Et tu penses qu'il a raison ? »
« Je ne sais pas trop, » répondit-elle en haussant les épaules, « d'habitude je n'en fais que lors des gros événements, comme la finale de la saison par exemple. Mais il est vrai que j'en ai eu trois plutôt mauvaises ces derniers mois et durant des moments anodins. »
« Tu crois que Louis a une idée de ce qui les provoque ? »
Juliette fronça les sourcils, ne sachant trop quoi répondre. « Je ne suis pas sûre, j'imagine qu'il pense que c'est dû au stress. C'est ce que je lui dis toujours après tout. »
« Et ce n'est pas le cas ? Le stress n'en est pas la raison ? »
La jeune fille se renfrogna sur elle-même. Elle venait juste de se rendre compte de la technique qu'avait utilisé la psychologue pour l'amener à parler de son problème et elle était complètement tomber dans le panneau. La faire parler de ce qu'elle aime, utiliser Louis pour qu'elle explique ce qu'elle ressentait réellement. Elle soupira une nouvelle fois, elle ne pouvait plus faire marche arrière.
« Je ne sais pas ce qui les provoque, » marmonna-t-elle, regrettant amèrement d'avoir été aussi naïve, « je suis stressée et j'ai peur d'échouer donc je panique. »
« Et est-ce que tu sais d'où te vient cette peur ? »
Juliette se retint de lever les yeux au ciel. « Est-ce que je serais ici si je le savais ? Vous ne pensez pas que si c'était le cas, j'aurais été capable de gérer mes crises toute seule depuis longtemps ? »
Cette réflexion arracha un sourire au Docteur Dumeil. « Tu as raison, tu ne serais pas devant moi si tu le savais. C'est pour ça qu'on va essayer de trouver les réponses ensemble aujourd'hui, si tu es d'accord bien évidemment ? »
Juliette la toisa durant quelques secondes. Cette conversation avait rapidement pris un tournant qu'elle aurait aimé éviter. Mais comment pouvait-elle s'attendre à ce que ce soit le cas en se tenant littéralement devant une psychologue ? Celle-ci faisait son métier et Juliette était celle qui était venue à elle. Elle ne pouvait pas lui en vouloir d'essayer de l'aider.
De plus, ses peurs n'avaient rien d'irrationnelles. Est-ce que ce n'était pas normal pour un sportif de carrière de craindre la défaite ? Est-ce qu'ils n'étaient pas tous dans ce cas-là ?
« C'est plutôt logique. » Répondit-elle en regardant enfin Docteur Dumeil dans les yeux. « Ce que je veux dire c'est que la peur d'échouer n'a rien de nouveau dans le monde professionnel ou même loisir et scolaire de surcroît. J'imagine que vous même vous avez peur de ne pas réussir à atteindre un patient qui a vraiment besoin de votre aide. »
La femme hocha la tête. Son regard retranscrivait toute la bienveillance qu'elle avait à son égard. « Tu as tout à fait raison, tout le monde ressent cette peur à un moment ou un autre. Même ton ami, qu'il le montre ou non. Par contre, ce qui n'est pas normal est que cette peur entraîne des crises de panique à répétition et de l'anxiété maladive. » Juliette déglutit. Elle se sentait exposée, mais pas jugée. « Dis-moi, qu'est-ce que tu ressens dans ces moments de crise ? Raconte-moi un peu le déroulement de la dernière en date. »
La jeune fille voulait ignorer ce moment aussi bien qu'elle arrivait à ignorer la cause de ce débâcle. Si elle en parlait maintenant, tout ce qu'elle avait ressenti ce jour-là allait revenir en force pour la torturer encore plus. Seulement, la femme qui se trouvait face à elle était psychologue, peut-être réussirait-elle à l'aider à gérer tout ce flot d'émotions.
« On a connu une période compliquée dans nos entraînements et c'était essentiellement de ma faute. » Finit-elle par dire tout en recommençant à se triturer les doigts. « Un jour, ça s'est très mal passé et, je ne sais pas, j'étais persuadée qu'on ne pourrait jamais revenir à ce qu'on était, que c'était la fin. »
« Mais vous avez réussi n'est-ce pas ? Vous êtes revenus ? »
Juliette hocha la tête. « Oui, on a terminé premiers lors de la dernière compétition et tout est rentré dans l'ordre. »
Docteur Dumeil se pencha en avant, ses yeux bleus scannant tous les recoins de son âme. « Alors pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tu penses toujours que quelque chose ne va pas ? »
Son cœur rata un battement. Qu'entendait-elle par cette question ? Tout était réellement rentré dans l'ordre, leurs entraînements se passaient encore mieux que d'habitude et ils n'avaient jamais été aussi proches, si cela était possible. À l'instant présent, Juliette n'avait plus aucun doutes.
« Je- Je ne suis pas sûre de comprendre ce que vous voulez dire. » Lui répondit-elle en fronçant les sourcils.
La psychologue lui sourit et nota quelque chose sur son dossier. « Ce n'est pas grave, on reviendra dessus plus tard. »
Juliette ne dit rien et attendit sa prochaine question.
Cependant, durant le reste de leur rendez-vous, elles ne revinrent pas sur cette pensée. Juliette lui parla de sa situation familiale, de ses peurs de décevoir son entourage, mais également de ses ambitions. À chaque fois qu'un nouveau sujet venait sur le tapis, elle devait expliquer ce qu'elle ressentait et ce qu'elle en pensait.
En sortant du cabinet, la jeune fille était épuisée mentalement. Elle était drainée de toutes ses émotions et avait juste envie de se blottir dans son lit et de pleurer toutes les larmes de son corps. Sauf que ce n'était pas possible.
Le chemin du retour se passa comme dans un brouillard. Elle ne se vit pas marcher jusqu'à la patinoire, elle ne se vit pas aller jusqu'aux vestiaires pour enfiler ses patins et elle ne se vit pas se rendre jusqu'à la glace. Elle reprit conscience uniquement lorsque Louis entra dans son champs de vision.
Celui-ci était appuyé contre la balustrade, le regard rivé sur ceux qui étaient en train de s'entraîner.
Ses cheveux châtains avaient bien poussés depuis la dernière fois qu'il s'était rendu chez le coiffeur et Juliette adorait ça. Elle aimait lorsqu'ils étaient un peu plus longs, ils étaient doux et elle prenait un véritable plaisir à y passer sa main. Son jogging noir se confondait avec ses patins alors qu'il avait enfilé sa veste aux couleurs de l'équipe par dessus un simple t-shirt blanc.
Ses mains étaient croisées devant lui et il jouait distraitement avec la bague qu'il portait à son majeur droit. Juliette avait exactement la même et ne s'en défaisait jamais.
Même si elle n'avait pas fait de bruit, il se tourna dans sa direction et se redressa en la voyant s'approcher, ses yeux s'illuminant. « Alors, comment ça s'est passé ? »
Elle soupira en s'arrêtant devant lui. « C'était horrible, j'ai détesté. » Il fronça les sourcils alors qu'elle passait ses bras autour de son torse et fermait les yeux pour écouter les battements de son cœur. Elle était prête à s'endormir debout s'il le fallait. « Mais j'y retourne dans deux semaines. »
Elle sentit ses muscles se détendre. « C'est bien, c'est une bonne chose. Ça va t'aider. »
Juliette voulait le croire sur parole, c'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle avait reprit un rendez-vous. Mais l'état dans lequel elle se trouvait actuellement l'effrayait. Cette séance lui avait demandé autant d'efforts qu'une journée d'entraînement, même si ceux-ci étaient mentaux et non physiques.
Elle soupira une nouvelle fois, enfouissant son visage dans son t-shirt et prenant un grand bol d'air de son odeur. Louis ne portait pas de parfum, il n'en avait pas besoin. Le mélange de son odeur corporelle naturelle avec celle de son gel douche était l'idée même que l'on pouvait se faire de l'odeur parfaite. Elle était enivrante. Son shampoing aussi sentait bon, Juliette espérait vraiment qu'il n'en change jamais. Ses cheveux étaient doux et ils sentaient bons.
La jeune fille rappela ses pensées à l'ordre, elle ne pouvait pas se laisser se déconcentrer de la sorte. De plus, une question lui trottait dans la tête depuis que le Docteur Dumeil lui en avait parler.
« Louis ? » Le garçon murmura, faisant vibrer sa cage thoracique. « Est-ce que tu as peur ? »
Il ne répondit pas pendant quelques secondes, mais Juliette était bien incapable de dire pourquoi. De toute manière, elle se perdait de plus en plus dans la chaleur que dégageait son étreinte.
« Et bien, tu sais bien que les serpents me terrifient. » Finit-il par répondre. « Mais je n'ai pas peur des araignées donc je peux venir enlever toutes celles qui se trouvent dans ton appartement sans soucis. Mais pas les serpents non, tu te débrouilles toute seule. »
La jeune fille rigola et se força à se détacher de lui. Elle regretta immédiatement son geste lorsque la fraîcheur de la patinoire la rappela à l'ordre. Heureusement, dans sa transe, elle avait pensé à prendre sa veste qu'elle enfila sans tarder.
« Je sais bien, » elle secoua la tête et se tourna enfin vers la glace, « mais je voulais plutôt savoir s'il t'arrivait d'avoir peur qu'on échoue. »
Le regard de Louis s'adoucît alors qu'il ne la lâchait pas des yeux. « Évidemment que ça m'arrive, c'est une possibilité que je ne peux pas ignorer. Je suis sûr que même Natalia y pense parfois. »
Juliette grimaça, elle n'était pas sûre que c'était la réponse qu'elle attendait. « Comment est-ce que tu fais pour la gérer ? Tu es toujours si calme pendant les compétitions. »
« On ne peut pas dire que c'était le cas pendant la dernière, les rôles étaient inversés. » Répliqua-t-il avec un sourire. Cependant, celui-ci laissa rapidement sa place à une expression sérieuse. « Mais sinon je pense à tous les efforts qu'on met dans nos entraînements au quotidien. Alors oui, on n'est pas à l'abris d'accidents de parcours ou de chutes ou de je ne sais quoi d'autre, tout peut arriver. Sauf qu'on s'entraîne d'arrache-pied depuis huit ans et qu'on est bon dans notre discipline, il n'y a pas un monde où tout ceci ne compte pas pour quelque chose. Le monde est cruel, mais pas à ce point. »
Juliette l'observa. Il semblait si sûr de ses paroles, elle était jalouse de sa positivité. Elle aurait aimé avoir une telle confiance en leur destin. Bien sûr, elle savait qu'ils étaient pour l'instant le meilleur couple sur le circuit, mais il y avait tellement de variables qui pouvaient entrer en jeu. Elle ne pouvait pas les ignorer.
« Après, » reprit-il, une lueur malicieuse prenant place dans ses yeux noisettes, « une petite peur ne fait jamais de mal à personne. C'est justement ce qui nous pousse à aller plus loin. »
Un sourire se glissa sur les lèvres de la jeune fille. Même si leur point de vue était radicalement différent sur certains points, il trouvait toujours le moyen de comprendre le sien et de ne pas lui jeter la pierre. Il la rassurait sans cesse et elle lui en était tellement reconnaissante.
Décidant qu'elle avait eu sa dose de pensées profondes pour la journée, Juliette donna un coup de tête vers la patinoire. « Qu'est-ce que tu faisais ? »
« Je regardais les autres s'entraîner avant que tu arrives. » Répondit-il en haussant les épaules. « Valeriy vient de passer et maintenant c'est au tour d'Elena. Je ne suis vraiment pas un expert en patinage artistique chez les femmes, mais, tu savais qu'elle était aussi douée ? »
Juliette observa cette dernière qui s'apprêtait à entamer une série de mouvements et écarquilla les yeux lorsqu'elle termina et retourna près de Natalia pour écouter ses observations.
La jeune fille ne l'avait jamais vraiment vu patiner, leurs heures d'entraînement ne correspondant pas. Elle ne connaissait donc pas son niveau, ni ne la connaissait-elle vraiment. Elle ne lui avait jamais réellement parlée.
Elle ne savait pas trop à quoi elle s'était attendue, mais certainement pas à ce qu'elle enchaîne des sauts avec quatre rotations et des réceptions parfaites, ce qui était plutôt rare chez les femmes, surtout après un certain âge.
Louis fronça les sourcils. « D'accord, aux vues de ta tête, j'imagine que tu penses la même chose que moi. »
« Disons que je comprends mieux pourquoi elle a décidé de ne pas faire sa dernière saison dans la catégorie junior. Avec un tel niveau, ce serait inutile et ça gâcherait la saison de toutes ses concurrentes, y compris Alya. » Répondit-elle en pensant au niveau de son amie qui était déjà exceptionnel.
Ils continuèrent à observer son entraînement, faisant quelques fois des commentaires sur des figures qu'ils trouvaient particulièrement impressionnantes, avant de devoir eux-mêmes poser le pied sur la glace pour leur propre entraînement.
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