Chapitre 19
PS : Joyeux Noël les amis. <3
Alors que Louis approchait de l'immeuble de Juliette, une sensation désagréable s'installa dans son estomac. Il ne savait pas s'il devait l'associer à du stress ou à un autre sentiment, mais le résultat était le même. Il n'aimait pas ce qu'il ressentait.
Il n'avait pas arrêté de ressasser la conversation qu'ils avaient eu la veille, s'il pouvait vraiment appelé ça une conversation. Certes, il lui avait dit d'oublier ce qu'il s'était passé, mais c'était comme s'ils s'étaient tous les deux mis d'accord pour complètement ignorer le problème. Ils n'avaient pas mentionné une seule fois ses sentiments.
Louis ne savait toujours pas quoi en faire et il ne savait pas non plus ce que Juliette en pensait. Enfin, vue la panique que cette révélation avait entraînée, ça ne devait pas être positif. Non seulement cette réalité lui minait le moral, mais il avait peur qu'à force de la nier, elle revienne leur exploser au visage et empirer leur relation déjà fragilisée.
Il aurait voulu en discuter plus profondément, vraiment mettre les choses au clair, mais il n'avait pas pu s'y résoudre. La façon dont elle l'avait regardé, dont elle l'avait supplié de l'aider alors qu'elle n'arrivait plus à respirer l'avait détruit.
S'il en parlait davantage, il risquait de la perdre définitivement et il ne pouvait pas se le permettre, pas alors qu'elle avait plus que jamais besoin de son assistance. Son stress et son anxiété n'avaient jamais été aussi hors de contrôle, ça commençait à devenir dangereux et il fallait qu'ils trouvent une solution.
Il devait penser à son bien-être et à leur carrière et, si cela voulait dire rester dans l'ignorance et devoir endurer une déception qui menaçait de l'envelopper dans un désespoir sans fin, alors ainsi soit-il. Elle était bien plus importante que ses sentiments.
Il espérait juste ne pas devoir regretter sa décision plus tard.
Pour l'instant, Louis était déterminé à renouer le lien qui s'était brisé entre eux. La suite de leur entraînement avait été moins catastrophique que le début de la journée, ils réussissaient désormais à communiquer pour essayer de trouver des solutions, mais c'était loin d'être suffisant.
Leur équilibre était toujours mauvais, leur synchronisation un véritable champs de bataille et ils ne se comprenaient plus s'ils n'utilisaient pas leurs mots. Il ne comptait plus le nombre de fois où ils étaient tombés et où leurs portés avaient été un échec. Ils risquaient la blessure à chaque fois que les choses n'allaient pas dans le bon sens.
Natalia les avait fait travailler jusque tard le soir, essayant de terminer sur quelque chose de potable. Elle ne comprenait pas ce qu'il leur arrivait et en voulait toujours à Louis pour l'histoire avec Adam. Si elle se doutait que les deux histoires pouvaient être liées, elle ne le montrait pas. Peut-être savait-elle que le problème était personnel et qu'elle ne voulait donc pas s'en mêler. Pourtant, avant de les laisser partir, elle leur avait demandés de remettre les choses en ordre et que c'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle ne remplaçait pas leur journée de repos par un entraînement supplémentaire.
Sa demande était claire et elle ne leur laissait pas le choix.
Louis soupira en poussant le porte de l'immeuble et en entamant sa montée jusqu'au deuxième étage. Il avait organisé une journée qu'il pensait pourrait les aider. Il avait bien pris en compte leurs deux ressentis, mais également ce qu'ils étaient dans l'obligation de faire pour retrouver ce qu'ils avaient perdu.
Arrivé devant l'appartement de la jeune fille, il frappa deux fois, mais n'eut pas le temps de rentrer de lui-même que la porte s'ouvrait déjà à la volée. Cette dernière se trouvait de l'autre côté, sa veste sur le dos et les baskets aux pieds. Ses cheveux étaient rassemblés en un chignon un peu plus serré que lorsqu'elle restait chez elle à ne rien faire et elle l'observait avec un regard pétillant.
« T'as l'air de bien trop bonne humeur pour un mercredi matin. » Remarqua-t-il en se décalant pour la laisser sortir.
Elle haussa les épaules et ferma la porte à clés. « J'ai juste hâte de voir ce que tu as préparé et- » Elle s'interrompît soudainement avant de secouer la tête. « On a du travail donc autant le faire avec positivité. »
Louis fronça les sourcils. Il n'était pas sûr que c'était vraiment ce qu'elle voulait dire, mais préféra ne pas poser de question. Savoir ce qu'il se tramait dans la tête de l'autre n'était pas l'objectif de cette journée. Enfin si, mais pas dans ce sens là.
« Où est-ce qu'on va ? » Demanda-t-elle alors qu'ils sortaient du bâtiment et entamaient leur route.
« Pas très loin d'ici, ce n'est qu'à quelques minutes de marche. » Il secoua la tête en la voyant ouvrir la bouche. « Avant que tu me demandes, non tu ne connais pas, tu n'y es jamais allée car ça ne fait pas très longtemps que ça a ouvert. C'est juste une activité qui va nécessité du travail d'équipe et c'est exactement ce qu'il nous faut. »
Louis sentait qu'elle avait envie de lui poser plus de question, certainement pour savoir à quoi s'attendre, mais elle se contenta de hocher la tête.
Durant toute la durée de leur trajet, Juliette ne fit que parler. Il n'avait pas la moindre idée de ce qui lui arrivait, elle qui était plutôt de nature à observer et à ne parler que lorsque c'était nécessaire quand ils se déplaçaient. Le silence n'avait jamais été un problème entre eux, Louis avait même appris à chérir ces moments puisqu'il pouvait simplement profiter de sa présence de la manière la plus naturelle qu'il soit, c'est-à-dire en la regardant.
Seulement, aujourd'hui, elle ne se taisait pas. Elle parlait et parlait, encore et toujours, sans jamais s'arrêter et en le laissant tout juste en placer une. Ce n'était pas le genre de conversation à sens unique qu'elle se forçait à avoir pour palier à son malaise, elle semblait juste sincèrement impatiente et excitée d'être avec lui.
Sa gestuelle était rapide et saccadée, de telle façon qu'elle avait du mal à se contenir. Elle ne marchait pas à ses côtés, elle sautillait, regardant tout autour d'elle comme si elle découvrait le monde pour la première fois. À chaque fois qu'elle se tournait vers lui, un grand sourire venait éclairer son visage et la rue s'effaçait autour d'eux.
Louis ne se souvenait même pas de la dernière fois qu'il l'avait vue comme ceci, si pleine de vie et simplement heureuse, et ce serait mentir que de dire que son cœur ne ratait pas un battement à chaque fois que ses yeux bleus se posaient sur lui ou que son bras le frôlait.
C'était une sensation merveilleuse, mais qui ne faisait que lui rappeler qu'il ne pouvait plus penser de cette manière. Il avait été dans l'attente pendant tellement longtemps que c'en était devenu naturel, ces pensées, mais, maintenant qu'il était fixé, il fallait qu'il passe à autre chose.
Pour leur bien à tous les deux.
« C'est ici ? » Demanda Juliette, le tirant soudainement de sa réflexion.
Louis acquiesça et l'entraîna vers l'entrée. Le bâtiment qui s'étendait face à eux était plutôt simple, mais imposant. Il était difficile d'en comprendre l'étendue puisque seule la façade était visible de l'endroit où ils se tenaient. S'il savait que l'intérieur était immense, c'était uniquement parce qu'il savait où ils mettaient les pieds. Le hall d'entrée donnait sur une vaste pièce dans laquelle étaient dispersés de nombreux dispositifs, tous plus différents les uns que les autres. L'assortiment avait un air comique.
Juliette fronça les sourcils alors que son regard parcourait la pièce. « Qu'est-ce que-»
Mais elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'un jeune homme de quelques années de plus qu'eux s'approchait. Son physique était tout aussi impressionnant que le bâtiment dans lequel il travaillait. Louis avait l'impression de se trouver devant une armoire à glace ou un de ces hommes qui sortaient tout droit d'une publicité pour salle de sport.
« Bonjour et bienvenu, » déclara le nouveau venu avec un sourire cordial, « comment est-ce que je peux vous aider ? »
Louis le salua en retour. « J'ai appelé hier pour savoir s'il était possible de réserver ? »
« Pour la journée c'est bien ça ? » Il acquiesça. « Bien sûr, vous connaissez le principe j'imagine ? »
« A vrai dire, pas du tout. » Intervint Juliette avant de lancer un regard appuyé à son meilleur ami. & Je ne sais même pas où on est et ce que vous faites. »
Louis lui répondit par un sourire en coin alors que le jeune homme s'activait à lui expliquer tout en les entrainant vers le comptoir pour les faire payer. « Le concept est plutôt simple. Vous avez à votre dispositions plusieurs parcours, chacun avec un fonctionnement différent, mais l'objectif reste le même. Renforcer le travail et la cohésion d'équipe. »
Il profita que l'attention de Juliette n'était pas sur lui pour payer leurs deux parts. Il savait pertinemment qu'elle allait le lui reprocher, mais il n'en avait rien à faire. C'était son idée, c'était à lui de payer.
« Une fiche explicative se trouve au début de chaque parcours, mais vous n'êtes pas obligés de les respecter tant que c'est fait avec sécurité. Nous acceptons les groupes de deux à huit personnes maximums. Il s'agit généralement de séminaire en entreprise ou de journée d'intégration pour des groupes scolaires comme on a aujourd'hui. »
« Huit personnes ? » La jeune fille fronça les sourcils avec incertitude. « Vos exercices doivent être plus compliqués lorsque le groupe est moins important alors. »
« Pas forcément, j'ai vu des groupes de deux ou de trois réussir sans trop de problème alors que c'était une catastrophe lorsqu'ils étaient plus nombreux. Tout va dépendre de la façon de fonctionner ensemble et de se comprendre. » L'employé pointa du doigt une porte qui se trouvait derrière eux. « Les vestiaires sont juste ici, vous y trouverez des casiers qui se ferment à dés pour y déposer vos affaires. Si vous avez des questions, plusieurs encadrants sont disposés un peu partout sur le site, n'hésitez pas à aller les voir. »
Les deux amis le remercièrent et allèrent poser leurs affaires dans l'espace prévu à cet effet. Le sac de Louis était plus lourd que d'habitude et commençait sérieusement à lui tirer sur l'épaule. Il le glissa dans l'un des casiers avec plaisir.
« Qu'est-ce que tu traines la-dedans ? » Lui demanda Juliette alors qu'elle le regardait faire, dubitative.
Il se contenta de hausser les épaules, ignorant délibérément sa question. « Alors, qu'est-ce que tu en penses ? »
Elle le suivit à nouveau jusqu'au hall, ayant délaissé sa veste pour un simple débardeur. « L'idée n'est vraiment pas mauvaise, maintenant à voir si ça fonctionne. »
Louis ne pouvait pas la contredire sur ce point, mais il était plutôt optimiste. Cette activité leur permettait de sortir du cadre du patinage et s'appuyait exactement sur ce qui leur posait problème. Petit plus, elle leur permettait également de s'entrainer physiquement.
Ils firent le tour des parcours qui leur étaient proposés pour décider par lequel commencer. lis se mirent d'accord sur un exercice qui consistait à aider l'autre à franchir les obstacles. C'était un point qui ne devrait pas trop leur poser de problèmes, ils avaient l'habitude de devoir compter l'un sur l'autre et ce n'était pas là où ça bloquait.
Louis ne fut donc pas étonné lorsqu'ils plièrent le parcours en peu de temps. Ils auraient même pu le faire plus rapidement, mais ils avaient explose de rire à chaque fois que l'un d'eux manquait de tomber.
Juliette les traina ensuite vers le parcours qui devait se faire les veux bandés pour l'un alors que l'autre le dirigeait à la voix. Elle lui laissa tout juste le temps de s'arrêter à ses côtés qu'elle attachait déjà le bandeau derrière sa tête et qu'elle lui sautait sur le dos. S'il y avait une chose pour laquelle elle n'était pas faite, c'était bien guider une personne aveugle. Les jambes de Louis étaient marquées à vie.
Cela faisait tellement longtemps qu'ils n'avaient pas passé un aussi bon moment rien que tous les deux qu'ils n'arrivaient même pas à prendre les choses au sérieux.
Le temps de midi arriva bien plus rapidement que prévu. Louis alla chercher les sandwichs qu'il avait préparé le matin même, et oui il avait fait les choses correctement, et ils s'installèrent à même le sol dans un coin.
Alors que Louis était en train de lui parler d'une série qu'il avait découverte la veille tout en attrapant une serviette qui se trouvait entre eux par terre, il sentit le regard de Juliette se poser sur sa main. Fronçant les sourcils face à son expression contrariée, il bougea ses doigts comme pour lui prouver que tout allait bien.
« Ça ne me fait plus mal tu sais. » Dit-il en haussant les épaules et en prenant un morceau de son sandwich.
« Oh vraiment ? » Sans crier garde, elle lui prit la main et appuya sur ses jointures. Surpris, il retira sa main et grimaça de douleur. « Pour quelqu'un qui n'est plus censé avoir mal. »
Louis fit la moue. « En même temps, si tu appuies dessus comme ça. »
La jeune fille leva les yeux au ciel. « Tu es droitier et t'utilises que ta main gauche depuis ce matin, ne viens pas me dire que c'est normal. »
Elle baissa le regard sur son propre sandwich qu'elle ne touchait plus et il sut à cet instant précis que sa douleur n'était pas ce qui la préoccupait. « Je sais que vous m'en voulez pour ce qu'il s'est passé, Natalia et toi, mais si c'était à refaire, je réagirai exactement de la même manière. »
Juliette ferma les yeux en soupirant. « Louis. »
Mais il secouait déjà la tête, bien décidé à se défendre. « Il n'avait pas à t'insulter de cette façon, c'était irrespectueux. Je sais bien que la violence ne résout rien, mais il le méritait et ça allait arriver un jour ou l'autre. »
Juliette ne répondit pas tout de suite et ne le regardait pas non plus dans les yeux, mais Louis ne comptait pas revenir sur ses paroles. C'était vrai, il ne regrettait pas son geste. Le seul regret qu'il avait était de ne pas l'avoir fait plus tôt.
« Tu n'es pas quelqu'un de violent, je n'aime te voir l'utiliser. »
La voix de son amie n'était qu'un murmure, mais elle eut le même effet sur lui que si elle lui avait hurlé ces paroles au visage. Un deuxième regret s'installa au fond de lui, celui de l'avoir fait devant elle.
« Désolé, » répondit-il finalement avec plus de douceur que ce dont il avait fait preuve jusqu'à présent, « mais je ne pouvais pas le laisser t'insulter comme ça. »
Un autre silence s'installa entre eux, mais qui ne dura que quelques secondes. Juliette se tourna enfin vers lui. « Merci. De m'avoir défendue je veux dire. »
Louis se contenta de la regarder. Ses yeux bleus étaient fixés dans les siens. Ils brillaient, certainement dû à la lumière qui traversait les fenêtres pour venir illuminer la pièce, et étaient encadrés par de longs cils qu'elle avait accentué avec une discrète couche de mascara. Une mèche s'était échappée de son chignon et reposait délicatement sur son front. Ses joues étaient légèrement saupoudrées de rouge alors que son teint était aussi délicat que de la porcelaine.
Elle était magnifique.
Il l'avait toujours trouvé très belle, dès la première fois où il l'avait vue, mais maintenant que ses traits d'enfant laissaient leur place à ses traits d'adulte, il était persuadé qu'elle était beaucoup plus jolie que toutes les filles qu'il avait pu rencontrer jusqu'à présent. C'était indéniable.
Un choc électrique lui traversa le corps, le ramenant à la réalité. Il fallait qu'il pense à autres chose. Il laissa donc son regard tomber sur ses mains qui tenaient son sandwich à moitié mangé. « Tu vas le terminer ? »
Surprise par ce brusque changement de conversation, Juliette suivit son regard. « Euh, tu sais très bien que non. » Elle lui tendit donc ce qu'il restait et il s'en empara avec plaisir. « C'est pour ça que tu les as fait aussi gros d'ailleurs. »
Un sourire enjôleur se dessina sur les lèvres de Louis. Peut-être que c'était le cas, peut-être que ça ne l'était pas.
Ils terminèrent tranquillement, discutant de ce qu'ils allaient faire par la suite. Après un matin passé dans la décontraction, ils se mirent d'accord pour approcher l'après-midi avec plus de sérieux et pour travailler sur la fondation de leur problème. La compréhension et la synchronisation.
Ils ne tardèrent pas à s'y remettre, se dirigeant immédiatement vers l'exercice qui les intéressait. Celui-ci n'était pas composé d'un seul parcours d'obstacles, mais de deux parcours qui se ressemblaient en tout point. L'objectif était que chacun d'eux déroule le dispositif en même temps que l'autre et de manière identique. Ils devaient sauter, ramper, monter à la corde, éviter tout objet qui se mettait sur leur route en parfaite synchronisation avec l'autre.
Ils en étaient capables, ils l'avaient déjà fait après tout. Avant.
Leur premier essai ne fit pas concluant. Ils essayèrent de mettre ce résultat sur le dos de la découverte du parcours, mais Juliette avait dû lui dire de ralentir à plusieurs reprises et Louis avait du mal à ressentir sa présence à ses côtés.
Cependant, ils ne lâchèrent rien. Ils y passèrent l'après-midi, recommençant dès que leur avancée déraillait ou qu'ils sentaient qu'ils n'étaient pas dans le bon état d'esprit. Ils firent tout de même plusieurs pauses pour passer sur d'autres exercices et ne pas se lasser.
Fin d'après-midi, alors que le soleil était pratiquement couché suite au passage à l'heure d'hiver qui avait eu lieu il y a quelques semaines de cela, ils retournèrent près des deux parcours. Les mains posées sur sa taille, Juliette lui lança un regard et, sans un mot, ils se mirent tous deux en action et s'élancèrent sur leur piste respective.
Louis franchit le premier obstacle tout en gardant une oreille attentive à la respiration de sa partenaire qui se trouvait toujours à ses côtés. Il ralentit au niveau du troisième obstacle lorsqu'il sentit qu'elle perdait de la distance sur lui et l'entraîna dans son accélération lorsqu'elle parvint à le rattraper.
Leurs deux cloches, qui se trouvaient en haut des cordes, sonnèrent en même temps et Louis descendit le plus rapidement possible pour repartir dans l'autre sens. Arrivé en bout de course, il toucha le mur en même temps que la petite main de Juliette.
À bout de souffle, il se tourna vers elle et ils s'effondrèrent sur le sol avant d'exploser de rire.
« Alors, tu penses que mon idée a marché ? » Lui demanda-t-il une fois qu'ils avaient réussi à se calmer.
Elle se tourna vers lui avec un sourire. « Je pense qu'on est plutôt pas mal pour l'instant. »
Louis se contenta de cette réponse. Il n'avait pas besoin de lui en demander plus, il voyait très bien à son expression que l'espoir l'animait à nouveau. S'ils avaient réussi à se retrouver sur un parcours d'obstacles, alors ils pouvaient se retrouver sur la glace.
Le garçon se leva difficilement, lui tendant la main pour qu'elle en fasse de même. « Allez viens, j'ai une dernière chose à te proposer. »
Juliette fit la moue, mais accepta tout de même son aide. « Vraiment ? Parce que là j'ai juste envie de retrouver mon lit. »
Louis haussa les épaules pour toute réponse. Ils rassemblèrent leurs affaires avant d'aller chercher leurs sacs dans les casiers et de sortir dans la fraîcheur du début de soirée.
Les lampadaires venaient éclairer les rues alors que les gens n'étaient toujours pas rentrés chez eux, profitant de cette période de vacances scolaires. Le froid n'était ni sec, ni humide, rendant la température parfaite pour une sortie le soir. La ville était toujours animée et l'approche des fêtes de fin d'année s'emparait de l'ambiance générale.
« Sérieusement, qu'est-ce que tu veux faire le soir en plein centre ville ? Je veux bien que ce soit joli, mais on ne peut pas dire qu'il y ait grand chose à y faire quand tout est fermé. » Demanda Juliette en rigolant alors qu'ils s'apprêtaient à tourner sur la place de l'Hôtel de Ville.
Louis n'eut pas besoin de répondre que ce qu'il avait prévu s'offrait à leurs yeux. La jeune fille ouvrit la bouche avec choc alors qu'elle prenait en compte la scène qui s'étendait devant eux. Elle semblait avoir oublié qu'en période de fête, le centre ville vivait jusque tard le soir et que la municipalité faisait en sorte que le plus d'activité possible soit proposé à ses habitants.
Voilà pourquoi une grande patinoire provisoire avait été installée sur la place, entièrement décorée de guirlandes lumineuses qui allaient d'un lampadaire à un autre, de la musique se déversant des enceintes qui entouraient la glace.
Fière de lui, Louis se tourna vers sa meilleure amie qui ne semblait toujours pas remise de son choc. « Je- j'avais oublié. » Elle le regarda, la confusion se peignant sur son visage. « Mais... Pourquoi ? »
Il haussa les épaules. « Tu m'as dit que tu voulais prendre du plaisir à patiner avec moi et je suis d'accord pour dire qu'avec cette histoire de championnats, on a oublié ce qui était vraiment important. Comment veux-tu qu'on arrive à faire quoi que ce soit si on ne sait même plus pourquoi on patine ensemble ? » Il prit une grande inspiration, soudainement incertain de son idée. « J'ai pensé que ce serait mieux pour nous d'essayer en sortant du cadre professionnel. On patine que tous les deux et rien que pour le plaisir. Pas d'objectif, pas de pression, pas de coach qui scrute le moindre de nos faits et gestes, juste nous deux sur la glace dans un lieu plutôt sympa. »
Juliette ne répondit pas, elle ne faisait que l'observer sans ciller. Il n'arrivait pas à lire ce qui se trouvait dans ses yeux, mais son silence le rendait nerveux. Est-ce qu'il était allé trop loin avec cette proposition ? Il avait juste voulu organiser quelque chose qui les aiderait à se reconnecter, passer du temps ensemble, mais peut-être le voyait-elle autrement ?
« C'est- » Elle secoua la tête, à cours de mots. « Je t'adore Louis, vraiment, mais même pour toi je refuse de mettre mes pieds dans les patins qu'ils louent à toute la ville. »
Un rire échappa au garçon. « Parce que tu crois vraiment que je nous ferais subir une telle torture ? » Il enleva son sac de son épaule et l'ouvrit, révélant leur paire de patins respective. « Pourquoi est-ce que tu penses que je me trimballe un sac aussi lourd depuis ce matin ? »
Un sourire illumina le visage de Juliette alors qu'elle s'emparait de ses patins et se dirigeait vers le banc qui longeait la patinoire pour les enfiler. Rassuré, Louis la suivit après avoir payé pour leurs tickets, se débarrassant de ses baskets pour mettre ses patins.
Ils entrèrent sur la glace et entamèrent directement un tour de piste.
Il y avait suffisamment de monde pour que l'ambiance soit festive, mais pas assez pour que ce soit désagréable. Certains ne se découlaient pas de la barrière par peur de tomber, mais d'autres étaient plus à l'aise et patinaient tranquillement tout en discutant entre eux. Le centre de la glace était désert, personne n'osait s'y aventurer, ce qui voulait dire que c'était à cet endroit qu'elle était le moins abîmée.
Les deux amis n'hésitèrent pas une seule seconde pour s'y rendre, patinant comme des enfants, comme lorsqu'ils avaient huit et dix ans.
Après une quinzaine de minutes à zigzaguer, tourner, patiner, Louis s'approcha de Juliette et lui proposa sa main. « Mademoiselle, si vous voulez bien m'accorder cette danse. » Elle posa sa main dans la sienne avec une petite révérence. « Un programme en tête ? »
Elle lui lança un regard entendu, son sourire ne la quittant pas une seconde. « Tu sais très bien lequel je veux. »
Une lueur illumina ses yeux lorsqu'il acquiesça. Il connaissait très bien le programme auquel elle faisait référence. Il y avait une chorégraphie qu'ils n'avaient jamais montré à personne et qu'ils gardaient précieusement pour les occasions spéciales. Ils l'avaient mise sur pieds, tous les deux, et y avaient intégré les éléments qu'ils aimaient le plus faire. Elle était précieuse et elle leur ressemblait.
C'était le programme préféré de Juliette, elle ne jurait que par lui.
Louis ne perdit pas de temps pour prendre sa place au centre de la patinoire. Il allait falloir qu'ils fassent attention aux gens qui les entouraient, mais il ne comptait pas laisser cette occasion passer pour faire ce qu'ils aimaient, c'est-à-dire patiner ensemble.
Sans un mot, ils commencèrent leur chorégraphie comme ils l'auraient fait s'ils étaient sur leur patinoire. Ils n'avaient pas besoin de musique pour se comprendre, Louis se calait sur le rythme de Juliette et elle sur le sien. Leur peau se rencontrait pour se séparer à nouveau, leurs pas les entraînant loin de l'autre pour les rassembler à nouveau.
C'était une chorégraphie remplie d'émotions, emportant avec elle des non-dits et de l'espoir. Elle valait bien plus que mille mots.
Louis ne la lâchait pas des yeux lorsqu'il le pouvait. Il voulait profiter de ce moment, non seulement à travers leur danse, mais également en la voyant prendre le plaisir dont elle avait tant besoin. Il avait l'impression de la voir renaître sur la glace, ses mouvements étaient plus gracieux que jamais et la passion en exultait.
Sa respiration se coupait à chaque fois que leurs regards se croisaient. Elle l'hypnotisait, tout autant que la première fois qu'ils avaient posé le pied ensemble sur la glace.
Leur musique imaginaire s'interrompît alors que leur chorégraphie arrivait à la fin, les laissant le souffle court au centre de la patinoire, les yeux dans les yeux. Ils avaient réussi, ils avaient retrouvé leur connexion. Louis sursauta en entendant des applaudissements résonner autour d'eux. Il avait tellement été pris dans le moment qu'il en avait oublié qu'ils étaient en public.
Après avoir salué leur audience comme il se doit, Juliette se tourna vers lui et le cœur du garçon chavira une nouvelle fois. Il avait l'impression de se trouver devant une petite fille qui venait tout juste de découvrir une passion qui allait la suivre pendant des années et la gratitude qu'elle lui adressait était beaucoup trop pour qu'il puisse la supporter.
Toujours sans un mot, elle s'approcha et passe les bras autour de son torse en enfouissant son visage dans son cou. Louis lui rendit son étreinte, fermant les yeux et s'enivrant de son odeur.
Il ne voulait plus la lâcher, pas après la crise qu'ils venaient de traverser, aussi courte soit-elle. Il avait besoin d'elle, tout autant qu'elle avait besoin de lui. Peut-être qu'il n'avait pas besoin qu'elle le rassure comme il pouvait le faire après l'une de ses crises de panique, mais il fallait qu'elle soit avec lui.
Il n'y avait pas d'explication, il avait juste besoin d'elle.
Il la sentit se rapprocher un peu plus de lui alors qu'elle lui murmurait à l'oreille d'une voix lourde de sens, reflétant parfaitement ses propres pensées. « Ne pars pas s'il te plaît. »
Le cœur de Louis se serra. Il resserra son étreinte, s'enfonçant encore plus dans sa présence dans ses bras. « Je ne vais nulle part. »
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