Année : 2013

Age : 14 ans

Le choix de poster cette rédaction en première m'a paru évident du fait qu'elle illustre parfaitement, à mon sens, le fait qu'une rédaction reste quelque chose de personnel même si elle est réalisée pour un dessein non-personnel.

Le sujet était ici d'imaginer l'histoire derrière la photographie d'une très jeune fille et d'un tout aussi jeune garçon agenouillés côte à côte, puis d'en ressortir une morale.

Quand j'avais six ans, ma meilleure amie Chloé perdit son père. Ma mère, qui connaissait la famille, fut invitée à l'enterrement. J'avais décidé de l'accompagner pour tenir compagnie à mon amie.

Le cortège entrait dans le cimetière en direction de l'endroit où le père de Chloé allait être enterré. Celle-ci, qui était d'habitude si pleine de vie et enjouée demeurait silencieuse. Je restais auprès d'elle, tout aussi discret. Quand nous nous arrêtâmes, la tante de Chloé nous demanda de nous mettre à l'écart, car la scène qui allait suivre ne se prêtait pas à de jeunes enfants. Que voir le cercueil de son père s'en aller sous terre aggraverait son chagrin. Nous fîmes demi-tour puis nous nous assîmes. Chloé fondit en larmes. J'essayais de la consoler, mais rien n'y faisait, elle continuait de pleurer. Alors je décidais de la prendre dans mes bras jusqu'à ce qu'elle se calme. Le moi enfant se dit alors que si cela faisait souffrir ses proches, mieux valait ne jamais mourir.

Aujourd'hui encore, je ne peux m'imaginer la tristesse qu'à ressentie Chloé après la mort de son père, étant donné que je ne connais moi-même pas le mien et que ma mère vit encore. Mais je pense sincèrement qu'il est plus supportable d'être dans mon cas, de ne pas connaître l'un de ses parents et donc de n'avoir jamais senti sa présence et son amour plutôt que de perdre tout cela en un instant.

Note : 19/20

Je pense que je me souviendrai de cette rédaction toute ma vie. Tout d'abord, parce que je n'en n'étais pas peu fier à l'époque, mais surtout car il s'est passé quelque chose d'extraordinaire pour moi au moment du rendu.

En effet, cette année-là, j'étais tombé dans une très (très très) mauvaise classe. La pire que j'ai jamais eue, d'ailleurs. Et je la détestais cette classe, enfin, jusqu'au jour des rendus de copies. Ma professeure (que j'avais déjà eu la joie d'avoir l'année précédente), avait sélectionné deux rédactions, dont la mienne, qui lui semblait être les meilleures du groupe. Elle avait donc lu les textes, et arrivée à la dernière partie du mien, elle avait annoncé à la classe : "là, bien sûr, on rentre dans le cadre de la fiction".

Mais ce n'est pas de la fiction, et elle ne le savait pas. Je me souviendrai toujours du regard triste et honteux qu'elle m'avait lancé lorsque j'avais secoué ma tête de gauche à droite. Je l'avais néanmoins incité à continuer la lecture, et arrivée à la fin, ma classe m'avait applaudi. Ca peut sembler bête, mais c'était un de mes meilleurs moments du collège. Ces gens que je ne supportais pas pour la plupart avaient été touchés par mon texte ! J'étais aux anges, et depuis, ma classe m'avait paru beaucoup plus agréable...

Enfin, c'est probablement grâce à cette rédaction que j'ai décidé de me mettre à écrire.