Souvenirs Perdus (C18)
ALEK
Je me réveillai tard, très tard. Je m'étais endormi vers minuit et demie. J'avais pensé à elle une majorité de la nuit, alors qu'elle ne se rappelle déjà plus de moi. Avec chance, je ne la rencontrerai pas aujourd'hui. Je n'avais aucune séance cette journée-ci, mais ma sur nous avait inscrits au bénévolat de l'hôpital. Le travail allait commencer dans environ une heure et je ne voulais vraiment pas y aller de peur de la revoir.
Malheureusement pour moi, Em' n'avait pas oublié, pour sa part. Alors, je ne fus pas très surpris lorsque je l'entendis tambouriner à ma porte.
- Alek? Il faut que tu te lèves.
- Encore cinq minutes...
- Tu as dit la même chose il y a une heure.
- Si je ne m'en souviens pas, ça veut dire que ce n'était pas important.
- Alek ! Il est 14h27 ! Je te laisse 5 secondes pour te lever, sinon...
- Sinon quoi?
- Je vais entrer dans ta chambre.
Oh bordel.
- 1... 2... 3... 4...
Je me leva, m'habilla et ouvrit la porte en même temps qu'elle.
- 5 !
Elle sursauta, mais resta impassible. Elle se mit à rire.
- Quoi?
Elle ne dit rien et continua à me fixer. Ou plutôt à fixer mon chandail.
- Eh merde.
- Je te l'ai acheté l'année passée pour Noël. Je croyais que tu l'avais jeté.
- Je pensais la même chose, figures-toi.
Je me débarrassai de cet affreux chandail de chats déguisés en lutins pour en enfiler un autre.
- Beaucoup mieux, lança-t-elle en souriant.
La minute d'après, une fois assis à table, elle avait perdue son sourire. Elle afficha son regard inquiet.... Oh non.
- Est-ce que ça va aller?
- Em', je ne suis pas fait en chocolat! Et en plus, je ne la connais que depuis... une journée. On s'entendait bien, c'est tout.
- Je sais, c'est juste que...
- Que quoi?
- Que vas-tu faire si tu la croises à l'hôpital?
- Avec chance, je ne la croiserai pas.
- Tu ne vas pas pouvoir l'éviter éternellement... On risque de la voir un de ces jours.
- On ne l'avait jamais remarquée avant.
- Oui, mais....
- Écoute, j'apprécies que tu t'inquiètes, mais t'es pas ma mère.
- Je voulais juste t'aider... l'entendis-je marmonner.
- Je n'ai pas besoin de ton aide et je n'en veux pas non plus alors, laisse-moi tranquille.
- Alek, je...
- La ferme !
Elle me regarda, terrifiée. Elle laissa couler une larme qu'elle semblait retenir depuis 2 minutes. Une nouvelle voix se fit entendre.
- Il se passe quoi ici ? J'ai entendu des gens crier.
- Il ne se passe rien du tout. En fait, rien qui ne te regarde.
- Si Emery pleure, ça me concerne.
- Ah, l'avis du Psy..., je me tourna vers Em et continua, Il y a un temps où t'en avait autant rien à faire que moi...
- Alek, n'en vient pas là... dit-elle.
- En venir où ? Au fait que tu te foutais de sa gueule avant, et plus maintenant ?
- Tu avais promis de ne rien dire...
- Et toi, tu avais promis, non, tu m'avais promis que se serait toi et moi contre tout le monde. Pourtant, ces temps-ci, j'ai l'impression que c'est lui et toi contre moi.
- Alek, tu dois te calmer. Ne vois-tu pas que tu l'as fait assez souffrir comme ça ?
-Je n'ai pas besoin de ton avis de pseudo psychologue.
Je partis en colère, claquant la porte de la cuisine.
PDV EMERY
Je tressaillis lorsque la porte se referma trop fort à mon goût. Un des effets secondaires de la schizophrénie, c'est la bipolarité. Non, en fait, je dirais plus l'instabilité mentale. Ce n'était pas sa première crise, pourtant, sa dernière remonte à plus de deux ans. Je savais qu'il allait éclater d'un jour à l'autre, mais ça n'empêche pas le mal d'agir ou de me blesser. Bien sûr, Alek est, normalement, de nature douce alors c'est toujours...
hm...
surprenant?
Oui, surprenant...
Où en étais-je?
Ah oui...
Donc, c'est toujours surprenant de le voir colérique comme ça.
Ensuite, Ethan était présent... Et Alek a ressassé le passé....
Alors, je m'attendais à ce que Mad me demande de quoi Alek parlait...
Jusqu'à maintenant, j'avais réussi à enfouir ces secrets au fond de mon âme. Ethan, en posant ses habituelles questions, allait à la pêche aux souvenirs perdus. Ceux auxquels je ne voulais plus penser.
- Emee, de quoi parlait-il ?
- Mad, de quoi, précisément, parles-tu ?
- N'essaie pas de me faire croire que tu ne le sais déjà pas...
- Je vois vraiment pas de quoi tu parles, Mad...
J'étais désespérée au point d'avoir l'air d'une sotte. Je ne voulais pas en parler, décidément.
- Ne me Mad pas, Emee.
- Très bien alors, ne me Emee pas !
- Ne rends pas les choses difficiles.
- En quoi la situation est-elle difficile?
- Emery.
- Quoi ?
- Réponds à ma question, dit-il sur un ton autoritaire, en pesant chacun de ses mots.
- Je ne veux pas ressasser le passé, du moins, pas celui-là, marmonnais-je.
- Quoi ? Parle plus fort, tu veux ?
- JE NE VEUX PAS. Tu le prendrais mal, tu ne m'écouterais pas jusqu'à la fin.... et je...
- Et tu quoi ?
- Je ne veux pas risquer de te perdre.
- Raconte toujours...
Pause de 3 minutes et 13 secondes pendant laquelle Emery réfléchit intensément
- Au début, lors de nos premières séances, Alek et moi avons fait un pacte. C'était nous contre le reste du monde.
- Aye, ça, j'avais compris, mais..
- Tch ! Laisse-moi parler à la fin ! Bon, j'étais rendue où.... Ah oui ! Alors, plus on avait de séances, plus Alek te détestait, bien sûr, maintenant, il t'apprécie. Quand tu m'as demandé de sortir avec toi... dans la soirée, Alek m'a donné un gage. Il m'a dit que si j'arrivais à te faire tomber amoureux de moi... il m'a dit.. il m'a juré que les voix partiraient. Bien sûr, à cette époque, je n'étais pas très futée. Alors, j'ai accepté. En même temps, Alek m'a donné l'idée de t'espionner, d'espionner ta vie, en quelque sorte. Mais, je me suis prise dans mon propre piège. Je suis tombée amoureuse de toi. Alek en a prit tout un coup, il ne me parlait plus. Jusqu'à ce qu'il apprenne à te connaître...
Un long silence se fit entendre. Cette phrase ne fait aucun sens, puisque... enfin, peu importe.
- Ethan, dit quelque chose...
- Quelque chose.
- Ce n'est pas drôle.
Il prit une grande inspiration.
- Alors, si je comprends bien, tu te servais de moi...
- Au début, mais... je..
- Est-ce que t'es en train de dire que tu as le droit de te servir de moi tant que c'est au début ?
- Quoi ? Non ! Ethan, je...
- Va voir Alek.
- Quoi ?
- Tu devrais aller voir s'il va bien.
- Mais, Mad, je reste avec toi..
- Laisse-moi décompresser ! Veux-tu bien ? Va-t'en, s'il-te-plaît.
Souvenirs, souvenirs. À force d'hanter ton esprit, ils finissent toujours par détruire ta vie. Enfouir, ce qui est destiné à sortir, ce n'est jamais futé. Peut-être bien que tu n'as pas changé. Les souvenirs perdus retrouvent toujours la rue.
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